Créer une véritable jonction touristique

Le tourisme fluvial rassemble l’intégralité des activités touristiques pratiquées sur ou le long d’un cours d’eau. Il constitue un usage récent de la ressource en eau, puisqu’il n’a été le fruit d’un véritable essor qu’à partir des années 1980. Ainsi, les collectivités ont progressivement pu constater que les voies d’eau, même artificielles, représentent de réels atouts pour le développement de leur territoire. C’est le cas du Canal du Midi qui constitue un lien de deux cent quarante et un kilomètres entre les villes de Toulouse et de Sète. Cet ouvrage imaginé par Pierre-Paul Riquet a été inauguré en 1681, après quinze années de travaux, afin de relier la mer Méditerranée à l’océan Atlantique sans devoir contourner la péninsule ibérique. Autrefois commercial, aujourd’hui touristique, il constitue désormais un symbole et un axe majeur de développement pour la région Languedoc-Roussillon-Midi Pyrénées. En effet, même si le transport de marchandises a longtemps été florissant, actuellement presqu’aucune activité commerciale n’est à recenser, alors que 1/5 du tourisme fluvial en France est consacré au Canal du Midi. Son histoire, son tracé, ses 64 écluses nécessaires au passage des péniches, ses ambiances méditerranéennes avec des paysages et des villages typiques constituent un charme propre au Canal du Midi et sont autant de facteurs propices à l’attractivité touristique de cet ouvrage. Pour alimenter le Canal du Midi, des cours d’eaux artificiels, nommés les Rigoles de la Plaine et de la Montagne, ont été creusés dans les années 1660. La Rigole de Plaine capte l’ensemble des eaux préalablement collectées dans différents réservoirs de la Montagne Noire par la Rigole de la Montagne. Par conséquent, celle-ci achemine l’eau depuis la commune de Sorèze (81), jusqu’au seuil de Naurouze (11), lieu où les eaux se dirigent soit vers Toulouse et l’océan Atlantique, soit vers Sète pour rejoindre la mer Méditerranée. Elle constitue donc un lien entre le Canal du Midi, qui a une attractivité mondiale et le triptyque « Aux Sources du Canal du Midi », avec un tourisme plus local et axé sur l’aspect naturel et patrimonial du site. C’est pourquoi, elle peut représenter un axe structurant pour la région, et créer des synergies entre de nombreux acteurs. Néanmoins, elle est à l’heure actuelle insuffisamment exploitée, et de nombreux outils devraient être mis en place pour améliorer sa visibilité.

Le tracé sinueux de la Rigole de la Plaine

L’alimentation en eau du Canal du Midi

Le Canal du Midi est un chenal artificiel français creusé au XVIIème siècle permettant de rejoindre la Garonne à la mer Méditerranée par voie navigable. Il traverse trois départements qui sont la Haute-Garonne (31), l’Aude (11) et l’Hérault (34). Plus précisément, le Canal relie Toulouse et l’étang de Thau (près de Sète) à Marseillan sur une distance de deux cent quarante et un kilomètres .

Au sens strict, le Canal du Midi désigne le tronçon qui va de Toulouse jusqu’à la mer Méditerranée. Ainsi il forme, avec le canal latéral à la Garonne, le « canal des Deux Mers » permettant de rejoindre l’océan Atlantique et la mer Méditerranée par voie fluviale sans passer par le détroit de Gibraltar, ce qui allongeait le trajet de plus de trois mille kilomètres. A l’époque, ce contournement de l’Espagne exposait les navires de marchandises aux pirates, et engendrait davantage de frais puisque chaque passage de Gibraltar était taxé par le Royaume d’Espagne. C’est pourquoi, l’idée de créer un canal reliant l’océan Atlantique et la mer Méditerranée était à la fois économique, politique et militaire. En effet, ce Canal permettait un gain de temps considérable, tout en permettant l’affaiblissement économique du Royaume d’Espagne et l’enrichissement de la France. Cette réflexion remonte à l’Antiquité et, jusqu’au XVIIème siècle, de nombreux ingénieurs poussés par divers dirigeants se sont essayés à des projets de canal qui ont tous été écartés étant peu fiables dans l’organisation de l’alimentation en eau. Bien que divers moyens aient été proposés pour alimenter le canal (dériver des eaux de rivières pyrénéennes ou bien détourner l’eau de l’Ariège), les différentes maquettes furent systématiquement abandonnées, puisqu’elles n’assuraient pas un débit continu et suffisant pour permettre la navigation tout au long de l’année. Une autre difficulté évoquée fut d’amener l’eau jusqu’au seuil de Naurouze (ou seuil du Lauragais), lieu avec l’altitude la plus élevée (cent quatre-vingtneuf mètres) sur le tracé prévu du canal, qui constitue donc le bief de partage.

Au XVIIème siècle, Pierre-Paul Riquet eut l’idée de contourner les eaux de la Montagne Noire afin d’alimenter le canal. Pour assurer un débit suffisant dans les deux versants du Canal, il envisagea un système d’irrigation complexe avec deux rigoles qui récupèrent les eaux de plusieurs rivières naturelles de la Montagne Noire, où la pluviométrie est plus importante, et les acheminent jusqu’à Naurouze. Deux bassins sont dans le même temps envisagés pour procurer un débit continu tout au long de l’année au canal. Par conséquent, c’est seulement sous le règne de Louis XIV que le projet se concrétise, sous l’impulsion de Colbert, ministre et contrôleur général des finances. En effet, différents arguments, comme les enjeux politiques et économiques évoqués plus haut ainsi que le développement du commerce du blé sont avancés. Suite à diverses études de faisabilité et la construction de Rigoles d’essai, l’édit royal d’octobre 1666 autorise le début des travaux au 1er janvier 1667. Après quatorze années de travaux, grâce à plus de douze milles personnes au plus fort de la construction qui ont excavé près de sept millions de mètres cubes, le Canal est inauguré et mis en service en 1681. Simultanément, le réservoir de Saint-Ferréol, d’une contenance de six millions trois mètres cubes, fut construit entre 1667 et 1672 également sous la direction de Pierre-Paul Riquet. La digue sera rehaussée et épaissie par Vauban en 1691. Le Lampy-Vieux d’une contenance d’un million sept mètres cubes (remplacé par le Lampy Neuf) sera construit au siècle suivant entre 1777 et 1782. Prévu par Pierre-Paul Riquet mais réalisé en 1957, le barrage des Cammazes d’une capacité de vingt millions de mètres cubes est mis en eau sur le Sor. Il finalise le système d’alimentation du canal puisque quatre millions de mètres cubes y sont destinés mais permet en particulier d’approvisionner près de deux cent communes en eau potable. De la même manière, le barrage de la Galaube permet d’alimenter en eau le Canal, mais a principalement été construit, en 2000 pour compléter l’alimentation en eau potable du barrage des Cammazes. Ainsi, la Rigole de la Montagne, d’une longueur de vingt-quatre kilomètres, capte les eaux de l’Alzeau, de la Bernassone, du Lampy et du Rieutort et les achemine jusqu’au lieu-dit Conquet (1), où elles peuvent éventuellement être dérivées vers le Sor, en amont du barrage des Cammazes. La Rigole de la Montagne se déverse ensuite dans le Laudot, sur lequel se trouve le réservoir de Saint-Ferréol (2). Dans le même temps, la Rigole de la Plaine prend son origine dans le Sor, au lieu-dit « Pont-Crouzet » (3). À l’épanchoir des Thoumazes (4), le Laudot rejoint la Rigole de la Plaine ; cet ouvrage permet de réguler le niveau d’eau de la Rigole, parallèlement à un contrôle du débit d’eau en sortie du réservoir de Saint-Ferréol. L’ensemble des eaux sont enfin canalisées jusqu’au seuil de Naurouze (5). La figure 2 ci-dessous schématise l’alimentation en eau du Canal du Midi.

L’ensemble de ce système permet d’assurer les quatre-vingt-dix millions de mètres cubes nécessaires au bon fonctionnement du Canal du Midi. Aujourd’hui, bien que les eaux de la Montagne Noire constituent les principales ressources du Canal, d’autres cours d’eau permettent son alimentation, en veillant notamment à compenser les pertes dues à l’évaporation. Ainsi, la Rigole de la Plaine constitue la seule source d’alimentation du Canal du Midi entre Toulouse et Carcassonne.

La Rigole de la Plaine, un paysage d’exception

La Rigole de la Plaine s’écoule donc du lieu-dit « Pont-Crouzet » à Sorèze (31) jusqu’au seuil de Naurouze à Montferrand (11) sur une longueur de trente-huit kilomètres. Elle suit la ligne de partage des eaux entre le bassin versant méditerranéen et celui de la Garonne, avec un dénivelé de vingt-et-un mètres depuis la prise d’eau jusqu’au seuil de partage des eaux. Elle est en outre alimentée principalement par le Sor et par le réservoir de Saint-Ferréol, qui stocke diverses eaux de la Montagne Noire. Elle fut creusée à la fin des années 1660, dans la première phase de travaux du Canal du Midi, car le système d’alimentation était indispensable à la mise en eau du Canal. Sur l’ensemble de son linéaire, la Rigole a une largeur d’en moyenne deux mètres, puisque son calibre avait été doublé dans la première moitié du XVIIIème siècle. Elle est longée d’un sentier autrefois utilisé comme chemin de halage, et l’ensemble est cerné de deux rangées d’arbres.

Une multitude de paysages

À cheval entre trois départements, la Rigole du Canal du Midi serpente le Lauragais, région historique et culturelle, sur une quarantaine de kilomètres. Elle occupe une superficie de deux-cent-trente hectares. La Rigole suit les courbes de terrain en conjuguant lits naturels de rivières et chenaux artificiels pour la plupart du linéaire. Sur sa longueur sont présents 68 ouvrages d’art dont des ponts, des déversoirs et des épanchoirs.

Une diversité floristique et faunistique

La Rigole en elle-même ainsi que le sentier qui la longe sont cernés de deux talus où s’alignent des rangées d’arbres en grande partie plantés par l’Homme. On note que la diversité arboricole est assez importante le long de la Rigole de la Plaine, par rapport aux berges du Canal du Midi qui sont majoritairement peuplées d’une seule espèce : le platane.

À la construction du canal, Pierre-Paul Riquet planta des arbres pour stabiliser les berges du Canal et des Rigoles, mais, au XVIIIème siècle, ils sont progressivement remplacés par des mûriers pour l’élevage de vers à soie. Lorsque vint la fin de la culture de la soie ; au début du XIXème siècle, une politique de plantation introduit diverses espèces sur les bords du Canal du Midi et de la Rigole de la Plaine, telles que du Peuplier d’Italie, des saules, de l’Orme, des chênes, des frênes, du Pin Maritime et du platane en faible quantité. A partir de 1820, peupliers, frênes et ormes sont abattus en grand nombre et remplacés par des platanes puisque leur enracinement important sembla favorable à la solidité des berges et puisque le bois dur est apprécié pour le chauffage. Lorsque le Canal est devenu domaine public à la fin du XIXème siècle, le productivité a une moindre importance et se développe de plus en plus une végétation spontanée. Néanmoins, de par la valeur esthétique et l’ombrage qu’ils créent, les platanes restent l’espèce majoritaire, particulièrement sur le Canal du Midi où les plantations d’alignement sont associées à l’image du canal. La Rigole de la Plaine possède une relative plus grande diversité d’espèces puisque les politiques de replantation de platanes (ou d’autres espèces à l’heure actuelle) se concentrent sur le canal, où la notion de paysage est primordiale pour l’attractivité touristique. Effectivement, depuis le début des années 2000, les platanes sont de plus en plus atteints du chancre coloré, maladie provoquée par un champignon microscopique. A l’heure actuelle, des plans de gestion sont mis en œuvre par VNF à propos de la replantation suite à l’arrachage des platanes. Cependant, ils concernent avant tout le Canal du Midi, puisque son image est fortement associée aux plantations d’alignement, ce qui est moins le cas pour la Rigole de la Plaine et car les platanes de la Rigole ne sont pas encore atteints par le chancre coloré.

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Table des matières

Introduction
Partie I – DIAGNOSTIC : Une voie d’eau à cheval sur des territoires variés
I. Le tracé sinueux de la Rigole de la Plaine
A. L’alimentation en eau du Canal du Midi
B. La Rigole de la Plaine, un paysage d’exception
1. Une multitude de paysages
2. Une diversité floristique et faunistique
C. Des usages majoritairement touristiques
II. Un système d’acteurs complexe
A. Propriété
B. Gestion et entretien
C. Valorisation touristique
D. Synthèse des acteurs
III. Une hétérogénéité dans les aménagements de la Rigole de la Plaine
Partie II – ENJEUX : Une fracture entre le Canal du Midi et « Aux sources du Canal du Midi »
I. Un attrait pour le tourisme fluvestre
II. Deux pôles grandement touristiques
A. Le Canal du Midi
B. Aux sources du Canal du Midi
III. La Rigole, un potentiel insuffisamment exploité
Partie III – PROJET : Créer une véritable jonction touristique
I. Sauvegarder l’existant
A. Conserver le patrimoine
B. Uniformiser les aménagements
C. Optimiser l’accessibilité
II. Développer une attractivité à plus grande échelle
A. Utiliser la voie ferrée désaffectée
B. Attirer d’autres types de touristes
C. Etendre la visibilité touristique
III. Les intérêts et limites
Conclusion

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