Paris, capitale française qui accueille 2 229 621 habitants en son sein, 12 millions dans la région, est une vraie mégapole européenne. Elle possède d’ailleurs la plus forte densité de population d’Europe avec près de 21 000 habitants au km². Ces chiffres sont à la fois un atout car Paris est une ville très dynamique, source d’emplois et d’activités, mais c’est aussi une cause de nombreux problèmes tels que: embouteillages, pollutions, bruits… Comment mieux gérer les flux afin de diminuer ces nuisances ? Il est clair que nos habitudes actuelles devront être modifiées d’ici quelques années si l’on veut contribuer à réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre (objectif de l’UE signé à la COP21 : réduction de 40% des émissions d’ici à 2030). La transformation des modes de déplacements est inévitable dans les villes où le collectif et semi-collectif devra remplacer l’individuel et où l’écologique substituera le polluant. Une conséquence de cette transformation sera le changement des habitudes de la population. Cependant, changer les habitudes et les modes de vie s’avère parfois compliqué et souvent très lent. Par conséquent, les pouvoirs publics, qui ont la capacité de favoriser les conditions de ces changements, voire de les inciter, ont un rôle majeur à jouer. Dans cette étude, nous allons nous intéresser aux questions de transports et plus particulièrement à la circulation des véhicules individuels dans Paris. Comment réduire la place de la voiture dans le centre de Paris et désengorger les axes majeurs de la capitale? De multiples enjeux sont au coeur de ce sujet et pour y répondre la mairie de Paris met en oeuvre depuis plusieurs années de nouveaux services afin de rendre la ville agréable à vivre pour tous. Cependant un outil utilisé depuis peu dans de grandes agglomérations semblables à Paris semble apporter une solution appropriée aux défis actuels. Alors qu’en est-il vraiment? De ce diagnostic orienté sur les transports et les particularités de la ville de Paris, nous tenterons de montrer en quoi l’idée d’un projet de péage urbain est pertinente et utile. Un péage urbain est un projet propre à une ville. Paris est une ville unique qui aura besoin d’un péage sur mesure. Nous verrons les aménagements nécessaires à sa création ainsi que le territoire sur lequel il s’installera. Nous nous pencherons alors sur les mesures à mettre en place afin que la création d’un péage urbain au cœur de Paris, remplisse aux mieux ses objectifs en diminuant au maximum ses inconvénients
Les usages de la voiture à Paris
Paris une ville congestionnée
Les déplacements en Île de France
Tout d’abord, la question des déplacements et des transports ne peut être traitée au niveau de la ville mais au niveau de la région. En effet c’est au Conseil régional qu’incombe la compétence des transports publics et de la mobilité. De plus, il est préférable d’avoir une vision d’ensemble à une échelle adéquate, les déplacements à Paris étant fortement impactés par ceux du reste de la région. Ainsi, comment caractériser les habitants de l’île de France et leurs déplacements? Premièrement, tandis que la moyenne des autres régions se situe autour de 90%, 71% des ménages franciliens possèdent au moins une voiture (étude Omnil effectuée en 2010), et cette proportion varie fortement en fonction du lieu de résidence: plus les ménages habitent loin de Paris, plus la proportion des ménages motorisés est grande. Cela est très intéressant car cela montre l’unicité de cette région en France.
Cela paraît évident car le réseau de transports en commun est beaucoup plus développé dans la capitale que dans les banlieues éloignées, les distances à effectuer sont plus faibles et le nombre de stations est plus grand. Maintenant il convient de savoir quelle est l’utilité de la voiture et pourquoi l’utilisation de la voiture est-elle préférée à un autre mode de transport. Sur le graphique suivant, on peut voir le nombre de déplacements en voiture selon le motif en Ile de France.
La raison dominante pour laquelle les habitants utilisent leur voiture est pour se rendre au travail, en revenir, ou faire des déplacements en lien avec le travail, ce qui représente environ 5 millions de déplacements quotidiens (environ 37% des déplacements totaux). Il est aussi important de noter que la voiture est utilisée pour ce genre de trajet dans plus de 40% des cas et que les conducteurs sont généralement seuls. C’est donc un peu moins de la moitié de tous les déplacements domicile-travail qui sont effectués en voiture, ce qui reste selon l’Observatoire de la mobilité en Ile de France (Omnil) assez élevé. Ce phénomène est d’ailleurs facilement identifiable aux heures de pointe où les grands axes franciliens, tels que le périphérique et les autoroutes reliant Paris et sa banlieue, ainsi que le centre-ville de Paris, sont complètement encombrés. Cependant, qu’en est-il des déplacements des parisiens par rapport à leur région? Contrairement au reste de la région, seuls 10% des Parisiens prennent leur voiture pour se déplacer. Par ailleurs leur zone de mobilité reste principalement dans Paris car seulement 28% des déplacements (quels que soient leurs modes) se font vers d’autres départements (Paris est une ville mais aussi un département). Alors d’où viennent les voitures qui embouteillent les grands boulevards et axes autoroutiers? Principalement des communes de la grande couronne. Paris étant la ville la plus attractive d’île de France, elle reçoit en moyenne 1,5 fois plus de déplacements qu’elle n’en émet chaque jour, ce qui correspond à un peu plus d’un million de personnes qui entrent dans Paris tous les matins et en sortent tous les soirs. Cela représente un important flot de véhicules entrant et sortant chaque jour de Paris.
Les zones économiques de Paris
En effet, le centre et l’ouest de Paris sont les zones à plus forte activité économique . Les sources de ces activités sont diverses: Tourisme, commerces, bureaux, centres commerciaux. Ces lieux sont donc à la fois source d’emplois pour toute la région (environ 900 000 personnes travaillent dans Paris et habitent à l’extérieur) mais aussi source de visite et d’achats liés aux activités touristiques et commerciales très développées dans le centre et l’ouest parisien.
Ainsi les arrondissements étant les plus fréquentés (accueillant le plus de véhicules par rapport à leur émission) en automobile et les plus attractifs en terme d’activités et donc d’emplois sont les 1er-2ème-3ème-4ème-6ème-8ème-9ème-10ème arrondissements. En croisant ces informations, on comprend que la forte attractivité économique de ces territoires centraux et de l’ouest parisien génère l’essentiel des flux entrant dans la capitale. Par ailleurs, c’est dans ces arrondissements que les embouteillages sont les plus fréquents et les plus importants.
Les problèmes écologiques à Paris
La pollution de l’air
Concernant la pollution de l’air par différents gaz qui, à partir de certains taux, sont considérés comme dangereux pour la santé, il faut bien préciser qu’elle possède de nombreuses origines: les industries, le chauffage des ménages, les voitures… Pour se concentrer sur l’impact de la voiture sur la pollution de l’air, nous allons tout d’abord définir les gaz qui lui sont associés: ce sont les gaz d’échappement des moteurs qui relâchent sans cesse de grandes quantités de monoxyde de carbone, de mono et dioxyde d’azote et de nombreuses particules fines très cancérigènes. Ces gaz sont à l’origine de nombreux symptômes tels que des maux de tête, des irritations des voies respiratoires pouvant aller jusqu’au cancer des poumons dans certains cas. Le transport routier est une des causes majeures de la concentration de ces gaz dans l’air. Par exemple, l’oxyde d’azote (regroupant monoxyde et dioxyde d’azote) étant un des gaz les plus dangereux serait produit à hauteur d’environ 55% par les véhicules. Viennent ensuite l’industrie et la production d’énergie. En Ile de France, Paris est la ville la plus touchée par la pollution par ce gaz d’après l’organisation Air Parif qui fait un état des lieux de la pollution de l’air dans la région.
La pollution atmosphérique a également un effet désastreux sur les façades d’immeubles, engendrant des coûts importants de ravalement tant pour les collectivités que pour les contribuables. C’est surtout sur les parties basses d’immeubles plus protégées des pluies que les traces noires de la pollution se remarquent le plus. Cela est surtout lié à la pollution au dioxyde de soufre qui était très élevée durant la période d’industrialisation de Paris mais beaucoup moins aujourd’hui, remplacé par la pollution des gaz du trafic routier.
La pollution sonore
La pollution sonore est un facteur très différent de la pollution de l’air, car les sons peuvent être interprétés différemment selon les personnes et certains lieux peuvent être caractérisés par une ambiance sonore particulière, ce qui en fait un atout et non une pollution. C’est pourquoi une approche de la pollution sonore simplement par son intensité mesurable semble totalement inappropriée. Il convient donc d’introduire le terme de bruit qui peut prendre plusieurs définitions. Nous garderons ici la définition de l’Organisation Internationale de Normalisation qui est justement reprise par la Mairie de Paris dans son rapport de projet de plan de prévention du bruit dans l’environnement 2015-2020. Celle-ci définit le bruit comme « un phénomène acoustique produisant une sensation généralement considérée comme désagréable ou gênante. » Dans le but de rendre la ville plus agréable à ses habitants, la diminution des intensités sonores de différents « bruits » est donc judicieuse. L’intensité a donc tout de même une certaine importance, d’autant plus qu’en fonction de celle-ci, des risques pour la santé des personnes sont présents: en effet selon l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) le bruit peut avoir des effets très néfastes sur la santé surtout pendant la nuit. Ainsi une échelle de risques en fonction de l’intensité sonore a été établie. Au dessus de 50 décibels commence un risque pour la santé et le bruit a un impact sur les individus graduellement jusqu’à un risque fort à partir des 90 décibels.
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Table des matières
INTRODUCTION
DIAGNOSTIC
I. LES USAGES DE LA VOITURE A PARIS
A. Paris une ville congestionnée
1. Les déplacements en Île de France
2. Les zones économiques de Paris
B. Les problèmes écologiques à Paris
1. La pollution de l’air
2. La pollution sonore
C. Les mesures prises et les projets de la ville et de la région
1. La réglementation des véhicules
2. Les projets de transport du Grand Paris
3. Autres mesures visant à diminuer les pollutions et les embouteillages
CONCLUSION
II. LE PEAGE URBAIN, UN SYSTEME QUI A FAIT SES PREUVES
A. Qu’est ce qu’un péage urbain?
1. Définition du péage urbain
2. L’utilisation du péage urbain comme outil d’aménagement
B. Les bilans des villes européennes
1. Londres, une ville avec des problématiques proches de celles de Paris
2. Milan, un exemple de franche réussite de péage urbain
CONCLUSION
PROJET
I. UN PEAGE URBAIN ADAPTE A PARIS
A. La participation citoyenne
B. Le choix de la zone
C. Fonctionnement général du péage
1. Quels sont les équipements à installer ?
2. Politique tarifaire
3. Modalités de paiement de la taxe
D. Quels sont les effets secondaires ?
II. LES AMENAGEMENTS ANNEXES A PREVOIR
A. Les parking relais
B. Les transports en commun
1. Modernisation et amélioration de la qualité du service
2. Sécurité et développement du réseau
C. Les autres modes de déplacements
III. LES LIMITES DU PROJET
A. Les logiques électorales
B. Les investissements
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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