Depuis les années 1960 et les premières réflexions sur les limites de la croissance économique, le monde assiste à la prise de conscience graduelle de l’Homme par rapport à l’importance de l’Environnement. Ces préoccupations environnementales se sont également intéressées au tissu productif, c’est-à-dire les entreprises, auprès desquelles interagissent les hommes, l’environnement et la création de richesse. Le concept de responsabilité sociétale des entreprises, abrégée RSE, se développe et se traduit aujourd’hui comme étant la mise en application du développement durable dans les entreprises. Il s’agit d’une démarche volontaire adoptée par les entreprises, et mise en œuvre de manière à concrétiser leurs engagements en matière sociale, sociétale et environnementale. Minimisation de la consommation d’énergie, amélioration des conditions de travail ou participation dans des actions communautaires, de nombreuses actions sont alors effectuées dans le cadre de cette mise en application du développement durable au niveau des entreprises.
La RSE va faire l’objet d’attentions particulières au niveau mondial, et principalement dans les pays développés. Des écrits, des guides et outils divers sont créés afin de faciliter l’adoption de cette démarche volontaire par les entreprises, quelques soient leurs secteurs d’activité, leurs natures ou leurs tailles. La situation est loin d’être similaire à Madagascar, où la démarche reste surtout l’initiative des entreprises internationales implantées sur le territoire malgache et insufflée par leurs maisons mères respectives.
En tant qu’organe régulateur et acteur prépondérant dans la mise en œuvre de solutions environnementales à Madagascar, l’Office National pour l’Environnement ou ONE s’intéresse à la RSE et veut notamment aider les entreprises dans leurs démarches par la création d’outils opérationnels et de guides à cet effet. Par ces contributions, l’ONE poursuit l’objectif de donner les orientations nécessaires et adaptées en matière de bonnes pratiques RSE aux entreprises opérant à Madagascar. Durant le stage que nous avons effectué auprès de cet organisme, nous avons voulu créer un outil qui soit à la fois facile à utiliser et complet, renseignant son utilisateur sur les différents aspects à considérer en termes d’orientations et de réalisations en matière de RSE.
Définition
Le développement durable
Le développement se définit comme étant une amélioration de la qualité et des conditions de vie de la population. La notion de durabilité traduit une continuité dans le temps. La Commission Mondiale de l’Environnement et du Développement (CMED) des Nations Unies, dans le Rapport Brundtland (1987), définit le développement durable comme étant : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » .
Le développement durable ne se réduit pas à la protection de l’environnement comme beaucoup de personnes le pensent encore. Le développement durable est une notion globale, au croisement de piliers forts, que sont traditionnellement l’environnement, le social et l’économie. Un développement qui se dit « durable » doit impérativement prendre en compte ces trois piliers de façon simultanée.
La responsabilité sociétale des entreprises ou RSE
« La responsabilité sociétale (ou sociale et environnementale) des entreprises (RSE) est un concept dans lequel les entreprises, qu’elles soient grandes, moyennes ou petites et où qu’elles soient, intègrent les préoccupations sociales, environnementales, économiques et de gouvernance dans leurs activités et dans leurs interactions et relations avec les parties prenantes, sur une base volontaire » (ONE, 2013). En outre, c’est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable.
Origine
Dans les années 1950, l’économiste américain Howard R. Bowen fut le premier à évoquer le concept de RSE dans la littérature consacrée aux entreprises en faisant paraître Social Responsibilities of the Businessman, en 1953. Il décrivait une société mondialisée dans laquelle la vie des citoyens était déterminée par quelques centaines d’entreprises qui détenaient un véritable centre de pouvoir. « Pour répondre à ce défi, Bowen proposa une synthèse très novatrice : passer de l’opposition classique entre managers et actionnaires à l’idée stratégique de soumettre l’entreprise à une légitimité résultant d’un contrat avec la société. Ainsi venait de naître la Corporate social responsibility (…). La RSE s’affirma dès lors comme réponse à l’excès de pouvoir des multinationales, par une limitation du caractère absolu du droit de propriété des actionnaires (en particulier les marchés financiers), au profit de ce que l’on appelle partout aujourd’hui les parties prenantes » (Rosé, 2007).
A partir des années 1970, nous assistons à la naissance d’un intérêt pour les problématiques écologiques (réchauffement de la planète, destruction de la couche d’ozone, déforestation…) et d’une conscientisation sur la responsabilité sociale et environnementale, à l’échelle mondiale, et consacrée notamment par la déclaration de Stockholm en 1972. Ce mouvement prend racine dans le contexte socio économique de l’époque : guerre du Vietnam, politique de l’apartheid en Afrique du Sud, accidents environnementaux (explosion de l’usine chimique de Bhopal, marée noire de l’Exxon Valdez, etc.)… et s’accélère dans les années 1990. La RSE, en tant que déclinaison pour l’entreprise des concepts de développement durable, a été à l’ordre du jour au sommet de la Terre de Johannesburg en 2002.
Ce qui consistait donc à l’origine en une « démarche d’autorégulation de la part des entreprises qui consiste à impliquer une partie de la société civile pour contrebalancer le pouvoir hégémonique de l’actionnariat » (Boutaud, 2010), s’est vu renforcer par les critiques de la mondialisation économique portées par la société civile et par l’émergence du concept de développement durable, faisant aujourd’hui de la RSE ce concept multidimensionnel.
Principes
Une démarche RSE signifie que l’entreprise met en place des solutions qui contribuent à améliorer la société et à protéger l’environnement, en liaison avec les parties prenantes. Dans le cadre d’une RSE, l’entreprise va travailler à préserver la planète, être soucieuse de l’équité sociale et ceci dans une logique de rentabilité économique qui va permettre la survie des territoires et la création d’emplois et de richesses. Cela induit un changement culturel radical dans la mesure où l’on n’est plus centré uniquement sur l’entreprise et ses résultats. Salariés, clients, fournisseurs et environnement en général doivent être pris en compte. Cette démarche revient à avoir une autre vision de son entreprise, plus ancrée sur son territoire. Elle conduit à aller au-delà des réglementations, à anticiper.
Parties prenantes concernées
L’entreprise, en tant qu’acteur économique, interagit avec un grand nombre d’acteurs aussi bien internes qu’externes. La responsabilisation de l’entreprise passe obligatoirement par ces acteurs, mais s’applique également à ceux-ci. Les parties prenantes de l’entreprise peuvent être classées en trois groupes :
– Les parties prenantes « traditionnelles » :
Ce sont les dirigeants, les employés, les clients, les revendeurs, les fournisseurs, les concurrents… qui évoluent dans l’environnement immédiat de l’entreprise. Les parties prenantes internes (dirigeants et employés) sont responsables de la mise en œuvre de la RSE au niveau de l’entreprise. La RSE étant d’abord un changement culturel au sein de l’entreprise, voire une façon de revisiter ses modes de décisions et de fonctionnement, le rôle et l’implication des managers, à commencer par le premier d’entre eux, le chef d’entreprise, vont être décisifs dans l’appropriation de la démarche par toute l’entreprise. À un degré moindre, c’est la même chose pour les membres du personnel de l’entreprise qui doivent être convaincus et formés dès le début de la démarche. Les autres parties prenantes, mais également les employés,sont bénéficiaires directs de la mise en œuvre de la RSE par l’entreprise. Mais elles sont également tenues à respecter un certain mode de conduite en adéquation avec la démarche RSE dans leurs différentes interactions avec l’entreprise.
– Les parties prenantes « périphériques » :
Parmi les parties prenantes périphériques, nous pouvons citer les actionnaires minoritaires, les diverses associations qui interagissent avec l’entreprise (associations industrielles, associations de consommateurs…), ou encore l’autorité publique par le biais de ses représentants… Elles prennent également part à la mise en œuvre de la démarche RSE par l’entreprise en tant que témoins des engagements de l’entreprise, mais également en servant de « baromètres » permettant à l’entreprise de faire les bons choix afin de mieux orienter sa démarche.
– Les « nouvelles » parties prenantes :
Les considérations responsables de l’entreprise atteignent un cercle plus élargi de parties prenantes dans la mise en œuvre de la RSE. En effet, s’ajoutant aux acteurs économiques traditionnels qui interagissent avec l’entreprise, nous avons les représentants de la société civile . Les organismes non-gouvernementaux, les associations à but non-lucratif, les riverains, les institutions scientifiques… sont autant de parties prenantes qui, d’une part, sont bénéficiaires de la démarche RSE menée par l’entreprise, et d’autre part, constituent des aides précieuses qui peuvent mener l’entreprise dans la bonne voie en matière de RSE.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. CADRE GENERAL DE LA RSE
I.1.Définition
I.1.1.Le développement durable
I.1.2.La responsabilité sociétale des entreprises ou RSE
I.2.Origine
I.3.Principes
I.4.Parties prenantes concernées
I.5.Objectifs, enjeux et bénéfices attendus
I.5.1.Objectifs
I.5.2.Enjeux
I.5.3.Bénéfices attendus
I.6.Mise en œuvre
I.7.Outils, normes et grands référentiels
I.7.1.Cadre international
I.7.2.Cadre régional
I.7.3.Cadre national
I.7.4.Normes
I.8.Limites et freins
II. IMPLICATION DE L’ONE DANS LA DEMARCHE RSE AUPRES DES ENTREPRISES
II.1.Historique et développement de l’organisation
II.2.Objectifs
II.3.Outils créés pour la mise en œuvre de la démarche RSE
II.4.Perspectives
III. CAS D’APPLICATION SUR UN COMPLEXE HOTELIER
III.1.Cadre général
III.2.Outils, normes et référentiels existants
III.2.1.Cadre international
III.2.2.Cadre régional
III.2.3.Cadre national
III.2.4.Normes
III.2.5.Tourisme durable : une démarche responsable, proche de la RSE
III.3.Cas d’application et test de l’outil
III.3.1.Description du projet
III.3.2.Méthodologie
III.3.3.Résultats
III.4.Observations et constats
III.4.1.Evaluations environnementales (MECIE) vs Démarche RSE
III.4.2.Pour les structures de petites ou moyennes tailles
III.5.Recommandations
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES