Une définition du Musée Territoire
Actuellement, il n’existe pas de définition établie du concept de Musée Territoire. Cependant, il est important de noter qu’un Musée Territoire est avant tout un musée où les collections seraient assimilées au territoire. D’après le Conseil international des musées (ICOM), « un musée est une institution permanente, sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public et qui fait des recherches concernant les témoins matériels de l’homme et de son environnement, acquiert ceux-là, les conserve, les communique et notamment les expose à des fins d’études, d’éducation et de délectation. » Un musée est donc un lieu dans lequel sont collectés, conservés et exposés des objets afin de cultiver le visiteur. Un Musée Territoire est un musée qui donne à voir un territoire. Dans le cas précis du Musée Territoire de la guerre 14/18, les vestiges, les lieux et les monuments en rapport avec la Première Guerre mondiale sont présentés directement sur leur site et dans leur contexte. Ce type de musée aura pour finalité d’illustrer l’histoire sur le territoire de la Communauté de Communes du Canton d’Attichy. Son but principal sera d’être un vecteur du passé tout en transmettant l’authenticité des faits et des sites pour ne pas oublier l’histoire qui a marqué le territoire à travers les générations. Le Musée Territoire concourt également à l’expression de l’identité d’un territoire : il rend compte de l’évolution de nos pratiques en rapport avec celle-ci. Ainsi, ce type de musée devient le reflet d’une vision collective du territoire où est exprimée l’identité réelle du lieu. Ce concept s’appuie sur l’idée d’un système ouvert qui a l’avantage d’être adaptable dans le temps et dans l’espace. Cela a pour visée de faire découvrir le territoire et son histoire sans poser de problème de compréhension quelque soit la porte d’entrée utilisée. Aussi, cela permet un premier développement adaptable au budget et au délai relatif au centenaire, sans pour autant compromettre un développement ultérieur plus large, en partenariat avec les collectivités voisines.
En quoi un Musée Territoire permet-il de développer un territoire ?
Le Musée Territoire est une conception nouvelle qui n’est pas encore très bien matérialisée. Un Musée Territoire reprend par sa définition l’assemblage d’un territoire avec son potentiel historique développé sur plusieurs sites. Il se base sur une connaissance du territoire pour faire ressortir son meilleur potentiel, la Première Guerre mondiale dans notre cas. Il s’intéresse en premier lieu à des sites déjà médiatisés qui attirent de nombreux visiteurs, c’est-à-dire des portes d’entrée touristiques capables de drainer les touristes jusqu’au cœur du territoire via une mise en valeur plus poussée de ces lieux. En suivant une même thématique ou un même patrimoine, de nouveaux sites vont alors se dégager : ceux qui semblaient négligeables comparés aux potentialités des précédents vont pouvoir être valorisés. Mais comme la demande se fait plus forte, l’offre se voit elle aussi augmentée. C’est aussi l’occasion de développer d’autres secteurs touristiques porteurs sur le territoire, d’aborder de nouvelles thématiques telles que l’architecture, un autre aspect de l’Histoire, une culture à part entière… Ces nouveaux attraits renforceront l’intérêt porté au territoire et de nouveaux sites seront à nouveau mis en lumière ou feront l’objet d’un renouveau. Les visiteurs seront alors amenés à découvrir les sites en rapport avec la thématique mais aussi les lieux de détente, de loisirs, le patrimoine architectural du secteur ou les produits et spécificités locales durant leur séjour. Par conséquent, le Musée Territoire offre un tournant économique au territoire puisqu’il permettra de valoriser une économie à l’échelle locale à travers la production artisanale, les gîtes et chambres d’hôtes, les restaurants… Les touristes resteront plus longtemps sur le territoire au vu de tous les sites qu’ils pourront découvrir. Ils consommeront donc plus et reviendront probablement ultérieurement afin de découvrir les sites qu’ils n’auront pas eu le temps de visiter. Ce Musée Territoire va également faire l’objet d’une nouvelle ouverture sur les territoires alentours car le concept se veut modulable, flexible à la fois dans le temps et dans l’espace. Le touriste, grâce aux échanges entre les territoires, sera également invité à se déplacer sur de plus grands espaces et donc à découvrir des zones qu’il n’aurait pas visitées a priori. C’est aussi l’occasion pour le territoire de présenter ces richesses grâce à une labellisation qui sera un gage de renommée : symbole identitaire recherché par de nombreux touristes. De plus, cet engouement touristique souhaité sur l’ensemble du territoire permettra de renforcer les mesures de protection de celui-ci. L’arrivée de visiteurs en masse permettra de donner les moyens aux organismes concernés d’entretenir, de valoriser mais aussi de restaurer et de protéger des sites naturels et patrimoniaux qui pourraient faire l’objet d’une dégradation. De ce fait, les zones naturelles seront plus surveillées et de nouveaux sites pourront être classés ou subventionnés. Un Musée Territoire donne enfin l’occasion aux structures associatives locales de développer tout un panel d’offres touristiques ponctuelles sous forme d’expositions, de sons et lumières, de représentations, de balades (randonnées pédestres, équestres)… Ainsi, un Musée Territoire est donc un projet de grande envergure, novateur et multicritère qui apporte un regain économique au territoire en développant ses nombreux sites et ses spécificités. Tous les points énoncés ci-dessus confirment l’intérêt pour un territoire de s’approprier le concept et de le réaliser.
L’analyse du Cahier des Charges
Le cahier des charges s’articule autour des trois grands thèmes suivants :
1) La création de parcours et l’aménagement des sites : En ce qui concerne le concept de Musée Territoire, la proposition de parcours est une des possibilités à envisager et intervient dans la continuité du travail réalisé par l’UTC. Le sens du parcours permettra de questionner le regard actuellement porté sur la période 14/18. Cependant, d’autres types d’interventions pourront être évoqués afin de compléter le regard actuellement porté sur la guerre 14/18. Il convient tout de même de noter qu’aucun aménagement direct sur les monuments historiques existants ne sera à proposer. Le fait de se concentrer uniquement sur la thématique 14/18 peut être remis en question et une diversification vers une autre forme de tourisme (tourisme vert…) pourra être réfléchie. A terme, un ou plusieurs circuits à visée pérenne devront être proposés ainsi que d’éventuelles animations ou propositions annexes, l’ensemble pouvant être mis concrètement en place suite à notre travail. De ce fait, la signalétique et l’accessibilité devront être développées. L’ensemble des actions devra être budgété et des sources de financements seront éventuellement identifiées.
2) La médiation : Le volet médiation ne sera pas abordé de façon détaillée. Notre travail permettra d’avoir une base d’informations (textes, cartes, illustrations, photos…) sur le parcours pour pouvoir dans le futur savoir comment mettre en place la communication. Cependant, des idées pourront être énoncées.
3) L’événementiel : A ce sujet, les étudiants devront proposer des idées applicables facilement sans aller jusqu’à la formation de partenariats. Ces dernières devront avoir un fort impact sur le court et le long terme et être forces de proposition pour d’autres structures.
Le tourisme
Les deux objectifs principaux du SCOT pour le tourisme sont les suivants :
– valoriser le potentiel touristique de l’Oise Aisne Soissonnaises en établissant une stratégie concernant l’ensemble des communes, et s’insérant dans la logique des deux pays (Soissonnais et Compiégnois)
– porter des actions ciblées à partir des sites forts du territoire et mettre en place à court terme des actions qui vont contribuer à améliorer la gestion du tourisme à l’échelle des deux communautés de communes.
Deux des trois orientations générales d’intérêt territorial proposées sont d’une part le développement d’une offre touristique globalisée sur le thème de la Grande Guerre (de la Clairière de l’Armistice au Chemin des Dames en passant par le musée de Blérancourt et les sites témoins présents sur l’Oise Aisne Soissonnaises), et d’autre part la recherche de partenariats avec le site des campingcaravaning de Berny-Rivière pour sorties ou activités « clé en main ». Une approche spatialisée est à envisager en déterminant quatre entités touristiques majeures à l’échelle du territoire : les structures d’accueil, les hébergements, la restauration, les loisirs et les festivités. Un seuil minimum est à définir pour chacune de ces entités, afin de généraliser l’offre touristique sur le territoire. L’approche spatialisée consiste également à créer les équipements.
Etat des lieux touristique
Au niveau touristique, la CCCA bénéficie de deux portes d’entrée 1 principales que sont Rethondes avec la Clairière de l’Armistice (il est important de noter que ce lieu est sur le territoire de la ville de Compiègne) et Pierrefonds, renommé pour son château médiéval. Les fréquentations annuelles des deux sites sont respectivement de 100 000 et 140 000 visiteurs (selon l’Office de tourisme de Pierrefonds). Les touristes sont principalement étrangers (parmi eux, 36% d’Anglais, 17% de Belges, 10% d’Allemands, 8% de Néerlandais, selon l’Office de tourisme de Pierrefonds). Beaucoup sont demandeurs en tourisme vert et aiment réaliser des parcours et des randonnées ; le Comité Départemental du Tourisme (CDT) en propose déjà quelques uns selon les étudiants de l’UTC. Cependant, quelques freins viennent gêner le développement d’un parcours lié à la Première Guerre mondiale. Beaucoup de sites intéressants et originaux, comme les carrières qui ont servi de lieu de cantonnement aux soldats et dans lesquelles ils ont sculpté la pierre, appartiennent à des privés dont les noms ne sont pas mentionnés dans le rapport. Les carrières sont préoccupantes en termes de sécurité et d’accessibilité pour les visiteurs (effondrements possibles…). De plus, peu d’informations touristiques sont disponibles dans le secteur sur le thème de la Grande Guerre et les sites sont souvent peu entretenus et manquent de valorisation. Bien que l’hébergement soit diversifié au sein de la CCCA, il n’en reste pas moins insuffisant. Afin de réaliser une étude des sites répertoriés, le patrimoine a été classé selon une typologie :
cimetières militaires et carrés militaires dans les cimetières civils
commémoratif : stèles, plaques
vestiges : sites (hors carrières) comme les bunkers, les lavoirs…
lieux : infirmerie…
carrières : lieux de cantonnement
En Allemagne
Peu d’Allemands se rendent sur les vestiges de la Première Guerre mondiale. Deux hypothèses peuvent alors être envisagées : soit les Allemands ne connaissent pas précisément l’histoire et les territoires traversés par les soldats, ils ne peuvent donc pas se rendre sur les points stratégiques de la Grande Guerre, soit ils ne souhaitent pas pratiquer un tourisme de mémoire. La France et l’Allemagne ont un désir de travailler ensemble. A titre d’exemple, la commune d’Attichy est jumelée avec une commune allemande, Einhausen. Ainsi, deux échanges de jeunes sont organisés par an. Lors de leur passage en France, les jeunes allemands, leurs familles ainsi que les familles d’accueil françaises se sont rendus à la Clairière de l’Armistice et au Mémorial de Péronne. Il est important de noter que ces visites culturelles sont vouées à la transmission de la mémoire. Aussi, l’association Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (Service d’Entretien des Sépultures Militaires Allemandes) a pour but de sensibiliser la jeunesse à la paix et de faire rencontrer les jeunes de nationalités différentes. Un des ateliers proposés par l’association pour ces jeunes est d’entretenir les cimetières militaires allemands de Moulin sous Touvent et de Nampcel. Ainsi, l’association définit clairement des ambitions civiques et pédagogiques, permettant donc de transmettre aux jeunes l’idée importante de paix.
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Table des matières
Introduction
Partie 1 : La notion de Musée Territoire et son application à la CCCA
A. Le concept de Musée Territoire
1) Les villes musées
2) Un territoire pour musée
3) Le sentier de découvertes
B. L’application du concept de Musée Territoire à la CCCA
1) La création de parcours et l’aménagement des sites
2) La médiation
3) L’événementiel
1) L’organisation du territoire
2) L’habitat
3) Les transports et les réseaux
4) L’économie
5) Le tourisme
6) Les paysages
7) L’environnement
1) Le rendu d’analyse (tome 1)
i. Etat des lieux touristique
ii. Mémoire et Histoire
2) Le projet (tome 2)
3) Le développement du projet
i. Le concept
ii. Le projet
iii. Les outils pour la création du Musée Territoire
iv. Les outils pour la gestion du projet
1) Critique du rendu d’analyse
2) La critique du projet
i. La présentation du projet
ii. La médiation du projet
3) La critique du développement du projet
i. Le concept de Musée Territoire
ii. Critiques des propositions annexes au parcours
iii. Les parcours proposés et leur critique générale
1) Scénario d’évolution 1 : plusieurs parcours reliés entre eux
2) Scénario d’évolution 2 : un parcours global
1) La Communauté de Communes du Pays du Noyonnais (CCPN)
i. Carlepont
ii. Cuts
iii. Noyon
2) La Communauté de Communes du Pays des Sources (CCPS)
i. Lassigny
ii. Thiescourt
3) La Communauté de Communes des Deux Vallées (CC2V)
i. Le-Plessis-Brion
ii. Mâchemont
4) La Communauté de Communes du Pays de la Vallée de l’Aisne (CCPVA)
i. Ambleny
ii. Saint-Pierre-Aigle
iii. Coeuvres-et-Valsery
iv. Dommiers
Partie 2 : L’état des lieux touristique
A. L’offre touristique générale
1) En France
i. En Picardie
ii. Dans la région Nord-Pas-de-Calais
iii. Dans la Meuse
iv. En Ile-de-France
v. Bilan
2) A l’étranger
i. En Angleterre
ii. En Belgique
iii. En Allemagne
iv. En Afrique du Nord
v. Bilan
1) La mémoire
2) Concernant la Première Guerre mondiale
3) Le tourisme de mémoire
1) La perception actuelle de la guerre 14/18
2) Comparaisons avec la Révolution française
3) L’hypothèse de l’oubli
i. L’oubli à l’échelle géographique
ii. L’oubli à l’échelle temporelle
4) Les perspectives pour la CCCA : un projet qui a de l’avenir
B. Le tourisme dans la CCCA
1) La population ciblée
2) La construction du questionnaire
3) Le traitement des réponses
i. Typologie des personnes interrogées
ii. Les habitudes de séjour
iii. Les pratiques touristiques : mode de vacances, transports, visites et NTIC
iv. Le tourisme de la Grande Guerre
v. L’événementiel de 2014-2018
C. Les enjeux pour le développement du territoire de la CCCA
Conclusion
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