Couverture de la deuxième guerre du Colle par les magazines Newsweek

LA MISE EN ACCUSATION MU ANIME IRAKIEN

        If the administration wants to take rnilitary action against Iraq – and I believe it should – it will have to find a provocation, a casus belli. […] Washington will have to try to provoke a crisis over inspections. The United States should propose a new and vigorous system of U.N. inspections – with a clear deadline for compliance. If Saddam refuses or delays, he will give Arnerica a rationale that has U.N. sanction and can be used to build international support. […] And even if the inspections do not produce the perfect crisis, Washington will still be better off for having tried because it would be seen to have made every effort to avoid war. […] Unless Saddam is stopped, in a few years the world will almost certainly face a nuclear-armed megalomaniac. Thafs why we need to get to work, find a trigger and – then carefully start shooting.1 Ceci est un aperçu de ce que Fareed Zakaria propose à ses lecteurs dans la livraison de Newsweek datée du 2 septembre 2002, une semaine avant le premier anniversaire des attentats du World Trade Center. Il s’agit du même Fareed Zakaria qui est cité dans l’introduction à propos d’une histoire de « briefing » secret sur l’attitude à adopter envers l’Irak. La rencontre qui éclaboussera plus tard en scandale a lieu juste après le 11 septembre, à la demande de l’entourage de Bush Fareed Zakaria écrit les suggestions incendiaires ci-dessus en tant que rédacteur-en-chef de Newsweek International. Une façon de dire que le journaliste en question est bel et bien une voix qui fait autorité au sein de sa publication. C’est aussi une manière de donner une idée sur la position de principe de départ que Newsweek choisit dans le débat sur la nécessité ou non d’envahir l’Irak de Saddam. On retiendra tout d’abord, que cette nécessité ne fait aucun doute au sein de cette rédaction. M. Zakaria écrit clairement qu’il pense que son pays « doit mener une action militaire » contre une nation souveraine, un état membre de l’ONU pour « éviter d’avoir à faire face », plus tard, « à un mégalomaniaque armé [d’un arsenal] nucléaire ». Cet appel aux armes fait fi du fait qu’aucun des incidents classiques qui déclenchent généralement les conflits inter-états ne s’est encore produit. D’ailleurs, son auteur invite explicitement les stratèges de l’administration Bush à « provoquer » l’incident idéal dont il semble être sûr que Saddam ne leur fera cadeau : le « smoking gun » comme on dit dans le jargon journalistique. Auquel cas, souligne-t-il, l’Amérique aura au moins le mérite d’ « avoir essayé » d’ceuvrer pour la paix, et Washington pourra ainsi « passer pour [la capitale où l’on] fait tout pour éviter la guerre ». Cela pourrait se passer de commentaires, sauf qu’à la différence de ses confrères du magazine britannique The Economist, M. Zakaria assume pleinement et individuellement la paternité de son article, histoire de le faire passer pour une chronique d’opinion, même si, du reste, son joumal endosse la quintessence de sa position. Ceci dit, la position de Newsweek par rapport à l’attitude belliqueuse de l’Amérique peut paraître moins partisane parfois, voire même très critique à travers les récits et commentaires de certains de ses freelances, ce qui arrive rarement avec l’autre magazine. Même dans de pareils cas, Newsweek ne manque pas de rappeler à l’occasion certains des crimes de Saddam Hussein, de sa famille et de son entourage. Ainsi, l’hebdomadaire contribue beaucoup à la campag,ne de diabolisation de celui que Christopher Dickey et Evan Thomas désignent comme un « psychopathe » que l’occident qui le dénigre aujourd’hui a largement concouru à créer : « Through years of both tacit and overt support, the West helped create the Saddam of today American officiais have known that Saddam was a psychopath ever since he became the country’s de facto ruler in the early 1970s ».’ Cette ambivalence dans l’approche du conflit à venir nait de la position assez incommodante du magazine, assimilable à un sursis, avec le souci d’une part de ne pas agacer le lectorat américain encore très favorable à la guerre et de courir ainsi le risque de passer pour un média antipatriotique — avec tout ce que cela suppose comme pertes commerciales. D’autre part, un périodique de la dimension de Newsweek se passerait volontiers de rappels à l’ordre sur l’impérieuse nécessité d’éviter de trop tirer sur — ironie du sort — la fibre patriotique souvent brandie par l’entourage de Bush comme parade contre toute forme de dissidence à leur projet de guerre préventive. Autant dire qu’en cette veillée d’armes, toutes les excuses existent pour qui veut tordre le cou à des règles élémentaires de la pratique du journalisme telles que l’objectivité et 1′ impartialité. Contrairement à la précédente campagne menée en terre afghane qui ne suscita qu’une opposition relativement marginale, l’ « Operation Iraqi Freedom » permet à peine aux médias nationaux de se prévaloir des garanties du premier amendement à la constitution des États-Unis qui proclame notamment la liberté absolue de la presse. Orpheline de ces garanties, une certaine presse se résout à chanter dans l’air du temps des faucons va-t-en-guerre — un exercice auquel des vedettes de plateaux de télévision se livrent à coeur joie — ou alors à souffler le chaud et le froid pour profiter des périodes fastes qu’occasionnent les guerres de cette ampleur. Ambivalence ou technique de marketing, ce double-jeu n’a pas échappé à la vigilance de certains observateurs perplexes devant l’inconstance qui caractérise la couverture globale de Newsweek lors de ce conflit : The terrorist attacks of September 11, 2001 had a profound and discemible impact on Newsweek coverage of the resulting War in Afghanistan. In contrast, Newsweek coverage of the 2003 War in Iraq did net follow an easily identifiable pattern. [Some] Newsweek covers from the War in Iraq […] reflect both pro-war and anti-war sentiments. 2 Pour la rédaction de The Economist par contre, diaboliser Saddam et ses « acolytes » pour cautionner l’extension de la lutte contre le terrorisme dans le Golfe Persique va de soi, comme en témoigne la position de principe qui se dégage de sa ligne éditoriale depuis le 11 septembre. Le président Bush verrait certainement de meilleurs patriotes [adoptifs] en l’équipe qui rédige cet hebdomadaire qu’en ses compatriotes qui rédigent Newsweek. Ici, on le prend presque au mot. Quand, par exemple, George Bush taxe le Raïs de Bagdad de « tyran » pour justifier son projet impopulaire, ou fait allusion à sa personne en mettant les terroristes en garde contre toute nouvelle atteinte à la quiétude du monde « civilisé », The Economist lui emboite le pas et fait part de sa conviction sur la solidité des arguments qui militent en faveur DICKEY Christopher and THOMAS Evan, « How the US Helped Create Saddam Hussein », MSNBC website, de la guerre et sur le fait que la question des inspections qu’agitent les opposants à la guerre — comme alternative — serait opportune s’il n’y avait pas ces arguments : George W. Bush, en 2002 : « « We will not allow any terrorist or tyrant to threaten civilization with weapons of mass destruction » ».1 The Economist, deux mois avant le début de la guerre : « In truth, of course, the quarrel over the role of the inspectors is a quarrel about the case for war if evetything else fails. This newspaper thinks the case is strong ».2 Après ce premier aperçu, les positions initiales des uns et des autres commencent à prendre forme. Elles pourraient se résumer ainsi qu’il suit : avis favorable, soutien affiché sans ambages à la guerre pour le magazine britannique ; opinion moins tranchée du côté de son compère américain qui souffle le chaud et le froid. C’est ainsi que pour les détails, il sera question dans le chapitre à venir de voir comment ces positions se manifestent à trois différents niveaux correspondant chacun à une étape particulière de l’évolution du conflit : d’abord sur le sujet désigné ici  comme les contrecoups de la première crise du Golfe, ensuite sur la lecture faite par chaque magazine des évènements du 11 septembre et du soutien présumé de Saddam à ses auteurs, et enfin sur l’épineuse question des armes de destruction massive que détiendrait l’Irak — question qui continue d’être le nceud de la polémique sur l’opportunité de cette guerre.

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       Passée la stupeur du spectacle épouvantable de septembre 2001, il a fallu quelques jours seulement, voire quelques heures aux enquêteurs américains pour prioriser la piste islamiste et se lancer aux trousses des terroristes d’Al-Qaïda. Se croyant ainsi offerts l’occasion inespérée d’établir des liens peu plausibles entre Saddam Hussein et Oussama Ben Laden — et donc la preuve que les attentats de Manhattan sont bien une déclaration de guerre de la part de l’Irak — le président Bush et son administration se mettent à tirer sur les ficelles du droit à la riposte, avant que l’indignation nationale et la sympathie du reste du monde ne s’affaissent. L’Amérique étant le prototype du pays de tous les contrastes, c’est aussi pendant ces moments de ferveur populaire autour de la bannière étoilée que commencent à s’assembler les pièces d’un puzzle mettant en avant la thèse conspirationniste au sommet de l’état. L’administration elle-même serait derrière le 11 septembre Mais ce coup de gueule de citoyens « alarmistes » de l’espèce de Michael Moore, Noam Chomsky et Amy Goodman, ne suffira pas à calmer les ardeurs du gouvernement, décidé qu’il est à orienter l’information dans le sens de son vieux contentieux avec l’Irak, et à garder intact l’unité des américains : Reluctant to provide much in the way of real news, the administration stressed that patriotism and loyalty were expected from the media and the public. For their reporting in the hours following the September 11 attacks, the news media eamed praise for stating what they did and did not know.’ Avant la fin du mois de septembre, l’administration fédérale met tout en oeuvre pour que la catastrophe qui vient de secouer l’Amérique serve à raffermir l’unité nationale. Elle se veut très claire quand aux conditions d’une bonne gestion de cet événement douloureux qui frappe tout le pays : le sens du « patriotisme et de la loyauté » envers la nation constitue sa seule « attente de la part des médias et du public ». S’il est alors à déplorer que dès « les premières heures suivant les attaques du 11 septembre », certains organes de presse se laissent entraîner par les flots de la stratégie gouvernementale consistant à troubler la conscience des citoyens indociles, il faut aussi se féliciter du fait que pour leur part, les éditorialistes de Newsweek dérogent à la règle sur ce point précis, au risque de ne pas faire l’objet, comme certains de leurs confrères, de « compliments pour avoir déclaré ce dont ils étaient sûrs et ce dont ils n’étaient pas sûrs ». Même si le magazine ne fait aucun mystère de son empressement à voir des Gls fouler le sol irakien, sa rédaction se refuse tout de même à faire du 11 septembre un fonds de commerce. En août 2002, un éditorial signé Fareed Zakaria invite les décideurs politiques, dès le titre et sans ambages, à envahir l’Irak mais à ne pas y aller seuls : « Invade Iraq But Bring Friends », tonne l’article’. Pour ce faire, M. Zakaria conseille à l’administration Bush de mettre sur pied une coalition internationale, ce qui passera nécessairement par un exposé objectif de ses griefs et de ses arguments, et non pas par une simple stimulation de la corde sensible des « amis » de l’Amérique. En langage moins diplomatique, il faut que les États-Unis disent la vérité à leurs futurs alliés, surtout si l’on tient compte du fait que le couple Saddam-Ben Laden est fort bien connu de la plupart des services de renseignement occidentaux pour son incompatibilité d’humeur. Mieux, l’éditorial concède que l’Irak ne constitue pas une menace immédiate pour la paix dans le monde, prenant ainsi le contre-pied de certains officiels américains. Pour son auteur, ce n’est pas demain que ce pays pourra se servir de son arsenal chimique et biologique : The threat Iraq poses is not ovexwhelming–yet. Saddam’ s chemical and biological arsenal is difficult to use. He has rarely cooperated with terrorists in the past, and there is no evidence that he has any links with Al Qaeda.

L’IRAK : BASE ARRIERE RU TERRORISME ?

       Accuser Saddam Hussein de soutenir le terrorisme international peut paraître plus facile pour l’administration américaine sous George Bush que la tentative avortée de certains de ses hauts responsables de lier l’Irak aux attaques contre les deux tours du World Trade Center, contre une partie de la façade ouest du Pentagone et au crash d’un quatrième « avion fou » en Pennsylvanie en septembre 2001. Ils s’y essayent, d’ailleurs, avec à peu près autant de succès que lorsqu’ils cherchent à prouver que pour s’emparer des quatre Boeings d’American et de United Airlines, Mohamed Atta et ses 18 complices ont bénéficié de l’appui de Bagdad. Contre l’avis du FBI, de la CIA et d’autres services de renseignement étrangers, le président en personne, son Vice-président Dick Cheney, le Secrétaire d’état Colin Powell, la Conseillère à la Sécurité Nationale Condoleeza Rice… et Tony Blair, le plus fidèle allié étranger de George W. Bush, s’aventurent à compter l’Irak parmi les pays qui soutiennent le terrorisme. Ils font publiquement état de leurs convictions que des activistes à la solde des réseaux terroristes sollicitent conseils et patronage auprès du régime irakien avant de perpétrer certaines de leurs activités criminelles un peu partout dans le monde. Malgré le fait que les groupes et mouvements ciblés par ces hauts responsables se réclament de la mouvance dite islamiste ou salafiste ; malgré le fait qu’à cause de leur interprétation radicalisée des textes religieux, ces organisations estampillées « terroristes » considèrent le Raïs irakien comme un hérétique, une ancienne marionnette au service de l’Occident qui le bannie et l’accule aujourd’hui ; et enfin, malgré l’orgueil nationaliste que l’on connait à Saddam Hussein et qui le conduit à se fermer à une bonne partie du monde extérieur, bien avant l’embargo onusien des années ’90, ces voix autorisées de l’administration républicaine s’obstinent à intoxiquer leur opinion nationale avec des scénarii catastrophes mettant l’Irak en scène en parfaite entente avec ses alliés supposés du monde de la terreur. Naturellement, qui parle d’intoxication présuppose le concours incontournable de supports médiatiques. Dans le contexte spécifique des relations heurtées entre Washington et Bagdad, préludes de l’invasion de mars 2003, des organes de presse d’audience internationale de la trempe de Newsweek et de The Economist collent  bien aux appétits propagandistes des faucons va-t-en-guerres du gouvernement américain. Mieux, les architectes de cette propagande se rendront bientôt compte qu’au regard des tendances éditoriales qui se dégagent dans les éditions quotidiennes d’une bonne majorité des médias nationaux et de certaines parutions anglo-saxonnes étrangères, le paysage médiatique pris globalement aura juste besoin d’être « briefé » régulièrement dans le sens de la politique belliqueuse des États-Unis envers l’Irak. La ferveur patriotique de mise depuis le 11 septembre 2001 et l’impopularité de Saddam auprès de ces médias feront le reste. Ceci est particulièrement vrai pour les magazines Newsweek et The Economist.

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Table des matières

Introduction: Intrigue et présentation des magazines
Première partie : Newsweek, The Economist et la mise en accusation du régime irakien 
Chapitre I: Les contrecoups de la première guerre du Golfe 
1. Les massacres de kurdes
2. Les cas de torture et d’exécutions sommaires
3. Le non respect par l’Irak de résolutions de l’ONU
Chapitre II: Le 11 septembre et le soutien présumé de Bagdad aux  réseaux terroristes 
1. L’Irak : sponsor du 11 septembre 9
2. L’Irak : base arrière du terrorisme 9
Chapitre III: La question des armes de destruction massive 
1. Le débat autour des armes de destruction massive
2. Bush accuse, Saddam récuse, les inspecteurs de l’ONU se prononcent
Deuxième partie: Le débat sur la légalité et la légitimité de la guerre 
Chapitre I: La logique de la guerre préemptive/préventive au regard du droit international 
1. La légalité de la guerre vue par Newsweek et The Economist
2. La légitimé de la guerre vue par Newsweek et The Economist
Chapitre II: L’ONU face à ses responsabilités — impuissance ou complaisance ?
1. l’ONU : un colosse bancal ?
2. Crise au Conseil de Sécurité : des états-membres entre complaisance et fronde
Chapitre III: Réactions de l’opinion américaine et de la communauté internationale 
1. Etat d’esprit et réactions de l’opinion publique américaine
2. Les alliés de Bush face à leurs opinions publiques nationales
3. La guerre vue par le reste de la communauté internationale
Troisième partie : Du départ des troupes aux premières heures de l’occupation 
Chapitre I: Culte du soldat de la coalition et fascination pour l’arsenal américanobritannique 
1. Culte du soldat de la coalition
2. Fascination pour l’arsenal américano-britannique
Chapitre II: Arrivée des forces alliées : en libérateurs ou à nouveau envahisseurs ? 
1. Accueil populaire éventuel de la coalition: des raisons d’y croire ?
2. Hostilité et froideur des civils irakiens : la désillusion ?
Conclusion
Bibliographie

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