Corrélation entre tentative de suicide et consommation d’alcool dans le cadre du dispositif VigilanS

À l’occasion de la 23e Journée nationale pour la prévention du suicide le 5 février 2019, Santé Publique France (1) révélait qu’en 2017, 7.2% des Français âgés de 18 à 75 ans avaient tenté de se suicider au cours de leur vie, soit plus de 3 millions de personnes. Au cours des douze derniers mois, ils étaient 4.7% à avoir pensé au suicide et 0.39% à avoir tenté de le faire. Le suicide est un phénomène complexe, c’est l’interaction de divers facteurs, qu’ils soient biologiques, psychologiques ou environnementaux.

Les études épidémiologiques ont permis de mieux identifier et comprendre les mécanismes impliqués dans la vulnérabilité aux idées suicidaires et à la crise suicidaire. Elles ont ainsi permis de diminuer la mortalité et la morbidité suicidaire de façon efficace. Des groupes de travail comme « Prévention du suicide », constitué en 2016 par la Direction Générale de la Santé ont formulé des propositions stratégiques ciblant les personnes les plus à risque. Le dispositif VigilanS fait partie de ces propositions pour créer et maintenir le lien avec les populations vulnérables. C’est un outil prometteur qui est amené à se développer à l’échelle nationale d’ici 2020. L’alcool est une autre cause majeure de morbi-mortalité à l’échelle mondiale et nationale. Le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié en février 2019 (2) rappelle que l’alcool tue 41 000 personnes par an en France. Les troubles mentaux liés à l’utilisation d’alcool figurent dans 4.5% des causes de décès par suicide, avec une possible sous estimation ou méconnaissance des problèmes d’alcoolo-dépendance au moment de la certification des causes de décès.

Le comportement suicidaire

Le comportement suicidaire se réfère à un ensemble de comportements allant des idées suicidaires au suicide, en passant par la planification et la tentative de suicide.

Facteurs de risques de comportement suicidaire

Le comportement suicidaire est un continuum commençant par des idées suicidaires et pouvant se poursuivre avec la planification, les tentatives et le suicide. Plusieurs facteurs sont associés à un risque accru de comportement suicidaire, les plus importants sont les maladies psychiatriques, les tentatives de suicide (TS) antérieures, la toxicomanie (3), les facteurs de stress aigus, la perturbation des relations interpersonnelles (4) et les antécédents d’abus (psychologiques, physiques ou sexuels) au cours de la vie (5). Bien que les idées suicidaires soient souvent à l’origine de comportement suicidaire et constituent de bons indicateurs du risque de tentatives de suicide (6), seule une faible proportion passe de l’idéation au comportement (7). Environ un tiers des personnes ayant des idées suicidaires (IDS) au cours de leur vie tenteront de se suicider, dont 60% dans l’année suivant les premiers symptômes (7). Les caractéristiques qui influencent les pensées suicidaires peuvent différer de celles qui motivent l’action (8). Un antécédent de TS est un facteur de risque majeur pour la survenue d’une autre tentative, mais aussi d’un décès par suicide (9). On estime qu’environ 10% des suicidants mourront de suicide, dont 1 à 2% dans l’année qui suit (10). De même, 20 à 25% des victimes de suicides ont un antécédent de tentative de suicide dans l’année précédant leur décès (11). Les enquêtes font état d’un risque de décès par suicide 30 fois supérieur à la population générale chez les personnes ayant déjà tenté de se suicider (11). Les taux de suicide sont plus élevés dans les 6 premiers mois suivant une TS. Les TS violentes et graves augmentent davantage le risque suicidaire de même que les TS multiples. Une seule cause ou facteur de risque ne permet pas d’expliquer un acte suicidaire. Souvent, c’est un cumul de plusieurs facteurs de stress qui accentue la vulnérabilité d’une personne aux comportements suicidaires. De même, l’existence d’un facteur de risque ne conduit pas nécessairement à un comportement suicidaire .

Facteurs de risque liés aux sociétés et au système de santé :
– Les obstacles à l’accès aux soins de santé ;
– La stigmatisation associée à la demande d’aide : particulièrement pour les personnes en demande d’aide à la suite d’un comportement suicidaire, des problèmes de santé mentale ou d’abus de substance ;
– L’accès aux moyens létaux ;
– La couverture médiatique et l’utilisation inappropriée des médias sociaux : l’exposition à des exemples de suicide augmente le risque de comportement suicidaire ou bien l’utilisation de médias comme internet pour s’informer sur les moyens de suicide.

Facteurs de risques liés à la communauté et aux relations :
– Les catastrophes naturelles, les guerres et les conflits ;
– Les difficultés liées au déplacement et à l’acculturation ;
– La discrimination ;
– Le sentiment d’isolement et le manque de soutien social : l’isolement peut précipiter le risque de comportement suicidaire en cas de stress psychologique ;
– Le conflit relationnel, la mésentente et la perte.

Facteurs de risques individuels :
– Antécédents de tentative de suicide : de loin le meilleur indicateur de risque de suicide.
– Les troubles mentaux : on estime que 90% des personnes qui se suicident présentent des troubles mentaux ;
– L’usage nocif d’alcool et d’autres substances psychoactives : environ 20% de tous les décès par suicide peuvent être attribués à la consommation d’alcool ;
– La perte d’emploi et les pertes financières ;
– Le désespoir : notamment la vision en l’avenir, la perte de motivation et les attentes de la personne ;
– La douleur et les maladies chroniques : les comportements suicidaires sont 2 à 3 fois plus élevés chez les personnes atteintes de maladies chroniques ;
– Les antécédents familiaux de décès par suicide ;
– Les traumatismes ou les abus : particulièrement les difficultés dans l’enfance ou au sein de la famille qui majorent les risques de troubles mentaux et de suicide ;
– Les facteurs biologiques et génétiques.

Facteurs protecteurs :
– Des relations personnelles solides ;
– Les croyances religieuses et spirituelles ;
– Les stratégies d’adaptation positives et le bien-être : un équilibre émotionnel, une vision optimiste et une forte identité personnelle pour faire face aux difficultés de la vie. De même, une bonne estime de soi, un sentiment d’efficacité personnelle et des compétences en résolution de problèmes.

Épidémiologie mondiale des conduites suicidaires

Le suicide est un phénomène universel qui n’épargne aucune population. Il fait partie des grandes priorités de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui fixe dans son plan d’action un objectif de réduction de 10% du taux de suicide à l’échelle mondiale d’ici 2020 (12). Selon l’OMS (13), près de 800 000 personnes décèdent chaque année par suicide dans le monde, soit une personne toutes les 40 secondes. En 2016, le suicide représentait 1.4% de tous les décès dans le monde, ce qui en faisait la 18e cause de mortalité. En 2016 (14), le taux mortalité par suicide à l’échelle mondiale était estimé à 10.6 décès pour 100 000 habitants, 13.5 chez les hommes et 7.7 chez les femmes.

Différences selon l’âge

Dans toutes les régions du monde, le pourcentage de tous les décès par suicide et son importance en tant que cause de mortalité varient selon l’âge. En 2016 (14), le suicide était la 2e cause de mortalité (après les accidents de la route) chez les jeunes adultes de 19–29 ans à l’échelle mondiale, avec 8.5% de tous les décès. Dans cette population à faible taux de mortalité, le suicide reste un évènement rare. Chez les 30-49 ans, il représentait 4.1% de tous les décès et constituait la 5e cause de mortalité. Les taux de suicide étaient plus bas chez les moins de 15 ans et plus élevés chez les plus de 70 ans, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, et dans la plupart des régions du monde.

Méthodes de suicide

Les modes opératoires les plus utilisés à l’échelle mondiale sont par ordre de fréquence (17): la pendaison, l’ingestion de pesticides et les armes à feu. Les suicides par précipitation et par ingestion médicamenteuses sont des méthodes répandues dans certaines régions. Cependant, il existe de nombreux moyens et la méthode varie souvent selon le type de population concerné. Dans les PRE, la pendaison est utilisée dans un suicide sur deux, et les armes à feux employées dans 18% des cas. À l’inverse, dans les PRFI, l’auto-intoxication par des pesticides est l’une des méthodes les plus utilisées, en particulier dans les zones rurales.

Évolution du comportement suicidaire dans le monde 

On notera une baisse du nombre absolu de suicides à l’échelle mondiale, entre 2000 et 2016 (15), avec une baisse de près de 16% chez les hommes et de 20% chez les femmes sur cette même période. Cependant, cette baisse est également observée à l’échelle régionale (hors PRFI d’Afrique), mais à l’échelle nationale on retrouve une réelle diminution dans moins de 50% des états membres.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ÉTUDE THEORIQUE
I. LE COMPORTEMENT SUICIDAIRE
FACTEURS DE RISQUES DE COMPORTEMENT SUICIDAIRE
ÉPIDEMIOLOGIE MONDIALE DES CONDUITES SUICIDAIRES
1. Différences selon le niveau de revenu du pays
2. Différences selon le sexe
3. Différences selon l’âge
4. Méthodes de suicide
5. Évolution du comportement suicidaire dans le monde
6. Les tentatives de suicide
ÉPIDEMIOLOGIE EUROPEENNE DES CONDUITES SUICIDAIRES
ÉPIDEMIOLOGIE DES CONDUITES SUICIDAIRES EN FRANCE
1. Différences selon le sexe
2. Différences selon l’âge
3. Méthodes de suicide
4. Évolution du comportement suicidaire
5. Les tentatives de suicide
6. Hospitalisations pour tentative de suicide
7. Idées suicidaires
ÉPIDEMIOLOGIE DES CONDUITES SUICIDAIRES EN NORMANDIE
1. Le suicide en Normandie
2. Les tentatives de suicide en Normandie
3. Données en Seine Maritime
VALIDITE DES DONNEES
II. LA CONSOMMATION D’ALCOOL
GENERALITES
1. Facteurs de risque et de vulnérabilité
2. Mortalité & morbidité
3. Pathologies liées à l’alcool
LA CONSOMMATION D’ALCOOL DANS LE MONDE
1. Modes de consommations d’alcool
2. Mortalité attribuable à la consommation d’alcool
3. Évolution de la consommation d’alcool
CONSOMMATION D’ALCOOL EN EUROPE
CONSOMMATION D’ALCOOL EN FRANCE
1. Modes de consommations
2. Consommation d’alcool selon l’âge
3. Mortalité attribuable à la consommation d’alcool
4. Évolution de la consommation d’alcool en France
5. Hospitalisations liées à l’alcool
CONSOMMATION D’ALCOOL EN NORMANDIE
III. COMPORTEMENT SUICIDAIRE & CONSOMMATION D’ALCOOL
A. LIEN ENTRE CONSOMMATION D’ALCOOL ET DEPRESSION
1. Impact de la consommation d’alcool sur la dépression
B. LIEN ENTRE CONSOMMATION D’ALCOOL ET COMPORTEMENT SUICIDAIRE
1. Impact de la consommation d’alcool sur le suicide
a) Effets de l’alcool à court terme
b) Effets de l’alcool à long terme
c) Impact de l’impulsivité
IV. LE DISPOSITIF VIGILANS
A. ORIGINES DE LA VEILLE SUICIDAIRE
1. Les dispositifs de veilles
2. Élaboration d’un algorithme
B. MISE EN PLACE DU DISPOSITIF VIGILANS
1. Déroulement du dispositif
2. « VigilanSeurs »
3. Évaluation du dispositif VigilanS
a) Impact sur la morbidité suicidaire
b) Impact sur la mortalité par suicide
c) Impact sur la récidive suicidaire
C. LE DISPOSITIF VIGILANS EN HAUTE-NORMANDIE
DEUXIEME PARTIE : ÉTUDE PRATIQUE
I. PROBLEMATIQUE
II. METHODOLOGIE
CRITERES D’INCLUSION ET D’EXCLUSION
RECUEILS DES DONNEES
HYPOTHESES
ANALYSES STATISTIQUES
CONSIDERATIONS ETHIQUES ET CONSENTEMENT
III. RESULTATS
RESULTATS DESCRIPTIFS
1. Données sociodémographiques
2. Données à l’inclusion
3. Données à 6 mois
4. Stratification selon la récidive
IV. DISCUSSION
PRINCIPAUX RESULTATS
1. Population à l’inclusion
2. Prise en charge
3. Récidive suicidaire
4. Consommation d’alcool et suicide
5. Dispositif VigilanS
ORIGINALITE ET FORCES DE NOTRE ETUDE
LIMITES DE NOTRE ETUDE
PERSPECTIVES
V. CONCLUSION
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
RESUME

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