Dans les pays en voie de développement, et particulièrement en Afrique, les problèmes de santé sont encore fortement dominés par la pathologie infectieuse. Par ailleurs, dans le domaine de l’ORL, une préoccupation reste celle des corps étrangers de la sphère ORL qui s’illustrent par leur grande fréquence et leur gravité.
Il s’agit des corps solides exogènes :
– introduits dans les oreilles, les fosses nasales ou la cavité buccale ;
– ingérés dans le pharynx ou l’œsophage au cours de la déglutition ;
– ou passés par inhalation dans le larynx, la trachée ou les bronches.
En pratique courante, les corps étrangers de l’œsophage, siégeant de sa partie cervicale sont pris en charge en ORL. Les corps étrangers ORL ont fait l’objet de nombreux travaux [1-2] à travers le monde, tous insistant sur l’aspect clinique et leur gravité. Au cours du dernier demi-siècle, les faits marquants ont été l’amélioration des possibilités de diagnostic de ces corps étrangers et leur prise en charge sur le plan chirurgicale et anesthésique. Au Sénégal [4-9], les accidents en ORL restent fréquents, contrastant avec le peu de nombre de service d’ORL. Devant ce constat, nous avons mené une étude rétrospective descriptive dont l’objectif est de déterminer le profil épidémiologique clinique et thérapeutique des corps étrangers en ORL chez l’enfant au Centre Hospitalier Régional de Saint- Louis.
RAPPELS
RAPPEL ANATOMIQUE
La sphère ORL est composée de plusieurs régions (figure 1) qui sont :
– les oreilles ;
– les fosses nasales et les sinus de la face ;
– la cavité buccale et les glandes salivaires ;
– le pharynx ;
– le larynx ;
– la face ;
– et la partie antérolatérale du cou.
Dans le cadre de notre étude, le rappel anatomique portera sur:
– l’oreille externe ;
– les fosses nasales ;
– le pharynx constituant les voies aéro-digestives supérieures ;
– le larynx, la trachée et les bronches constituant les voies respiratoires inferieures.
Nous rappellerons aussi l’anatomie de l’œsophage car dans la pratique courante, les corps étrangers œsophagiens relèvent pour la plupart des services d’ORL.
L’oreille externe
Organe de l’équilibre et de l’audition, l’oreille comprend trois parties : L’oreille externe (OE), l’oreille moyenne (OM) et l’oreille interne (OI). Dans notre étude nous parlerons essentiellement de l’oreille externe Elle comprend l’auricule ou pavillon de l’oreille, le méat acoustique et le tympan.
– l’auricule ou le pavillon de l’oreille en forme de cône est la partie saillante de l’oreille; il est formé de cartilage élastique recouvert de peau, accueillant les sons extérieurs.
– le méat acoustique externe ou conduit auditif externe est un tube courbé d’environ 2,5cm de longueur creusé dans l’os temporal. Il s’étend du pavillon au tympan.
– le tympan ou membrane du tympan est une mince cloison semi transparente qui sépare le méat acoustique externe et l’oreille moyenne.
Les fosses nasales
Les fosses nasales sont deux cavités situées au milieu du massif facial supérieur et séparées par une cloison sagittale.
– En avant, elles sont protégées par un pavillon ou pyramide nasale qui présente un sommet ou racine du nez, une base représentée par les deux orifices narinaires, deux faces latérales qui s’appuient sur la cloison nasale.
– En arrière, chaque cavité nasale débouche dans le cavum par un orifice osseux ou choane.
– Latéralement, les fosses nasales communiquent avec les sinus de la face.
Le pharynx
Le pharynx est un conduit musculo-membraneux en forme d’entonnoir disposé verticalement d’environ 13cm de longueur, qui prend naissance au niveau des choanes et s’étend à la hauteur du cartilage cricoïde. Il se situe juste derrière les cavités orale et nasale, au-dessus du pharynx et immédiatement devant la vertèbre cervicale. Il est composé de trois (3) étages pharyngés du haut vers le bas:
❖ Le rhinopharynx
C’est la partie supérieur du pharynx, il se trouve derrière les cavités nasales et s’étend jusqu’au palais mou. Sa paroi comporte cinq (5) ouvertures : les deux choanes ; les deux orifices qui mènent dans les trompes auditives et l’ouverture qui donne l’oropharynx.
❖ L’oropharynx
C’est la partie intermédiaire du pharynx, située derrière la cavité orale et s’étend vers le bas du palais mou jusqu’à la hauteur de l’os hyoïde. Il ne possède qu’une ouverture qui communique avec la bouche.
❖ Le laryngopharynx
C’est la partie inférieure du pharynx. Il prend naissance en hauteur de l’os hyoïde et s’étend jusqu’au cartilage cricoïde du larynx. Il s’ouvre à l’arrière sur l’œsophage et en avant sur le larynx.
Le larynx
Conduit aérifère impair, le larynx est l’organe essentiel de la phonation. Il est situé à la partie médiane et antérieure du cou, en avant du pharynx, en arrière du corps thyroïde, en dessous de l’os hyoïde et au-dessus de la trachée. A la naissance, le larynx se trouve en position haute au niveau de C3. En effet, cela permet d’assurer une bonne coordination respiration/déglutition et d’expliquer le caractère nasal de la voix. Tout au long de l’enfance, parallèlement à sa croissance, le larynx descend progressivement dans le cou Jusqu’à hauteur de C6, qui correspond à sa position chez l’adulte. À cet effet, différentes dimensions évolutives sont enregistrées en rapport avec l’âge de maturation. Ainsi, il s’agit :
– 4 à 5cm à la naissance ;
– 6 cm à 6 mois ;
– 8 cm à 4 ans ;
– 10 cm à 14 ans ;
– 11 à 13 cm chez l’adulte.
C’est un organe complexe constitué par des pièces cartilagineuses, des éléments musculo- aponévrotiques, ainsi que des articulations. Ainsi Chez l’enfant, surtout le nourrisson, le larynx a une armature cartilagineuse beaucoup moins rigide que chez l’adulte. D’un autre côté les cartilages laryngés sont constitués par:
– Le cartilage cricoïde : situé à la partie inférieure du larynx, il présente une partie antérolatérale appelée arc cricoïdien et une partie postérieure ou chaton.
– Le cartilage thyroïde : c’est le plus volumineux des cartilages laryngés, situé immédiatement au-dessous de l’os hyoïde.
– Le cartilage épiglotique : impair et médian, est situé dans l’angle rentrant du cartilage thyroïde dont il déborde en haut le bord supérieur. Chez l’enfant, l’épiglotte est plus volumineuse, plus verticale et plus proche de la région oropharyngé que chez l’adulte. Elle est aussi truffée de pertuis et la muqueuse comporte d’importantes formations lymphoïdes.
– Les cartilages aryténoïdes, pairs et symétriquement disposés de chaque côté de la ligne médiane, les cartilages aryténoïdes ont la forme d’une pyramide triangulaire dont la base repose sur le chaton cricoïdien. Chez l’enfant, les aryténoïdes ont un processus vocal relativement important constituant la moitié de la corde vocale. Cela peut expliquer certaines difficultés d’intubation.
Trachée et bronches
La trachée est un conduit fibro-cartilagineux faisant suite au larynx et se terminant dans le thorax en donnant deux branches de bifurcation, les bronches souches; celles-ci à leur tour vont donner plusieurs ramifications pour les lobes pulmonaires.
❖ La trachée
Elle comporte un segment cervical s’étendant du bord inférieur du cartilage cricoïde (C6) au plan horizontal passant par le bord supérieur du sternum, à hauteur de la deuxième (2éme) vertèbre thoracique et un segment thoracique. Sa longueur est de 12 cm en moyenne chez l’adulte. Son diamètre varie avec l’âge :
– 5 cm à la naissance
– 8 cm à 5 ans
– 10 cm à 10 ans
– et 16 cm chez l’adulte.
Ce calibre augmente légèrement de haut en bas et est plus grand chez la femme que chez l’homme.
❖ Les bronches
Issues de la bifurcation trachéale, les deux bronches souches descendent obliques en bas et en dehors en formant entre elles un angle de 60° à 80°. Leur longueur moyenne est de 6 cm ; leur diamètre de 15 à 16 mm. Notons que la bronche droite est très oblique en bas, en dehors et en arrière, presque verticale. Elle est également plus grosse et plus rectiligne que la bronche gauche.
Ce qui explique que les corps étrangers inhalés se retrouvent volontiers à droite. Les bronches souches se terminent en donnant les bronches lobaires au nombre de :
– trois à droite: supérieure, moyenne et inférieure
– deux à gauche : supérieure et inférieure.
L’œsophage
L’œsophage est un conduit musculo-membraneux qui fait suite au pharynx et achemine les aliments jusqu’à l’estomac. Il commence donc à la hauteur de la 6eme vertèbre cervicale pour se terminer à la hauteur de la vertèbre dorsale dans l’estomac au niveau du cardia. On lui distingue trois portions:
– Cervicale de la 6eme vertèbre cervicale à la 2eme vertèbre dorsale,
– Thoracique de la 3eme à la 10eme vertèbre dorsale et
– Abdominale au niveau de la 12ème vertèbre dorsale.
❖ Dimensions
La longueur moyenne de l’œsophage est de 25 cm chez l’adulte dont 5 à 6 cm pour la portion cervicale. 16 à 17 cm pour la thoracique et 2 cm pour l’abdominale. Son diamètre est en moyenne de 25 cm. Cette longueur est relativement plus grande chez le nouveau-né en raison de la brièveté du pharynx. La distance arcade dentaire-cardia varie avec l’âge:
– 16 cm à 1 mois
– 22 cm à 2 ans
– 32 cm à 9 ans
– 34 cm à 12 ans
– 40 cm chez l’adulte.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. RAPPEL ANATOMIQUE
1. L’oreille externe
2. Les fosses nasales
3. Le pharynx
4. Le larynx
5. Trachée et bronches
6. L’œsophage
II. RAPPEL PHYSIOPATHOLOGIQUE
1. Physiologie de l’audition
2. Physiologie des fosses nasales
2. Physiologie du larynx
3. Physiologie de la déglutition et situation des fausses routes alimentaires
4. Conséquence de la présence d’un corps étranger dans les voies respiratoires
5. Conséquences d’un corps étranger du conduit auditif externe
6. Conséquences d’un corps étranger œsophagien
III. DIAGNOSTIQUE DES CORPS ETRANGERS EN ORL
1. La symptomatologie clinique
1.1. Corps étranger du auditif externe
1.2. Corps étranger des fosses nasales
1.3. Corps étranger du pharynx
1.4. Corps étrangers laryngo-trachéo-bronchique
1.5. Corps étranger œsophagien
2. Paracliniques
2.1. L’examen radiologique
2.2. L’examen endoscopique
IV. ASPECT THERAPEUTIQUE
1. Extraction au fauteuil
1.1. Lavage évacuateur
1.2. Extraction à la micro-pince
2. Extraction endoscopique
2.1. Le matériel endoscopique
2.2. L’équipe endoscopique
2.3. L’extraction endoscopique
3. L’anesthésie
4. Extraction chirurgicale
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I. OBJECTIFS
1. Objectifs généraux
2. Objectifs spécifiques
II. METHODOLOGIE
1. Cadre de l’étude
1.1. Présentation physique de la région de saint louis
1.2. Présentation administrative de la région de Saint-Louis
2. Cadre de l’exercice
2.1. Centre hospitalier régional de saint louis(CHRSL)
2.2. Service d’ORL
III. PATIENTS ET METHODES
1. Type et période d’étude
2. Population d’étude
3. Critères d’inclusion et d’exclusion (ou de non inclusion)
4. Collecte des données et paramètres étudiés
5. Analyse des données
IV. RESULTATS
1. Epidémiologique
1.1. Fréquence
1.2. Année de consultation
1.3. Âge
1.4. Sexe
1.5. Adresse
1.6. Délai de consultation
2. Clinique
2.1. Siege du corps étranger
2.2. Selon la nature des corps étrangers
2.2.1. Nature des corps étrangers Narinaires
2.2.2. Nature des corps étrangers auriculaires
2.2.3. Nature des corps étrangers des VRI
2.2.4. Nature des corps étrangers du cavum
2.2.5. Nature des corps étrangers œsophagiens
3. Aspects thérapeutiques
4. Evolution
DISCUSSION
I. ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES
1. La fréquence
2. L’âge
3. Le sexe
4. Délai de consultation
II. ASPECTS CLINQUES
1. Le siège du corps
2. La nature du corps étranger
III. ASPECTS THERAPEUTIQUES
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Références bibliographiques
ANNEXES