L’un des objectifs du millénaire pour le développement selon la communauté internationale est la réduction de moitié de la pauvreté avant 2015. Les pays les plus concernés par la pauvreté se trouvent particulièrement en Afrique. Depuis quelques années, la lutte contre la pauvreté est devenue le centre de la politique générale de la plupart des Etats d’Afrique. Madagascar est encore classé parmi les pays les plus pauvres très endettés, car le revenu par habitant est de 250$ (source www.cadtm.org) et la seuil de pauvreté est de1$ par jour. Alors la population malgache vit en dessous du seuil de la pauvreté.
Depuis les années 60, le modèle de politique économique malgache n’a jamais cessé de changer. En passant par l’économie libérale de l’époque coloniale. Pendant la deuxième République, régime socialiste, l’économie malgache est basée par l’investissement à outrance. Le retour à l’économie libérale, la privatisation des sociétés avec la participation des bailleurs de fonds sont les axes stratégiques du régime actuel. Malgré tout, la pauvreté demeure dans notre pays. La pauvreté est jugée comme la conséquence de l’insuffisance de revenu dont la principale source est l’emploi non productif. C’est ainsi que l’OMEF effectue des études sur les secteurs porteurs d’emplois dans toutes les régions de Madagascar, et recherche des stratégies de promotion d’emplois en vue de contribuer au développement local. C’est dans cette optique que nous avons choisi le thème : « Coopérativisation, comme stratégie de développement local : cas des pêcheurs crevettières traditionnelles et artisanales dans le District de Mahajanga I ». En effet, nous avons mené des enquêtes sur les secteurs porteurs d’emplois dans le District de Mahajanga I et on constate que la filière crevette est très importante parmi les autres filières, surtout sur la vie des pêcheurs traditionnels et artisanaux. En fait, ce District possède d’énormes potentialités qui n’attendent qu’à être développées. Beaucoup d’études ont été faites sur la pêche et ont fait ressortir que les crevettes sont les sources de revenus des pêcheurs dans le District de Mahajanga I. Cette étude concerne notamment la création d’emploi productif dans le cadre d’un développement local. En ce qui concerne la méthodologie de cette recherche, elle comprend deux phases bien distinctes. La première phase consiste à consulter les ouvrages et les sites Internet ayant rapport à notre thème. Des enquêtes et des entrevues avec des personnes ressources ont été également faits afin de compléter et de mettre à jour nos informations. Tandis que la seconde phase est constituée par des entretiens auprès des pêcheurs du Mahajanga I. En effet, des descentes sur terrain ont été nécessaires pour cerner les problèmes que les pêcheurs devront faire face dans l’exercice de leur profession.
Théorie du développement local
Historique
Le développement local s’est imposé dans les années 1970 d’abord comme remise en question des politiques de développement régional, puis, comme complément aux politiques macro-économiques dans les années 1980. Ainsi, dans les années 1970, les Opérations Dignité et surtout l’expérience du JAL dans le Bas-Saint-Laurent remettent en cause les politiques de développement régional qui n’ont pas eu de retombées positives pour les zones les plus défavorisées (par exemple, la fermeture de paroisse). Par la suite, soit à partir des années 1980 et notamment avec la création des Sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC), le développement local est reconnu comme complémentaire aux politiques industrielles plus orientées vers la nouvelle économie et l’exportation.
Définition du développement local
Le développement local est un développement qui s’efforce de changer la situation d’un territoire et de ses habitants. Il tente d’en valoriser les qualités (ressources, atouts, valeurs) d’en minimiser les handicaps, d’en contourner les contraintes. Il est initié et mis en œuvre par et avec la participation de ses habitants et de leurs «institutions ». Il tente de répondre à leur aspiration et de valoriser leur « richesse » collective. Un territoire est un espace géographique défini par la relation qu’entretiennent ses habitants avec lui, on parle de territoire quand cette relation est un élément déterminant de l’identité collective des populations qui y vivent ou qui en sont originaires.
Le mot « local » accolé à celui de « développement » est lourd de signification. Le «local » repose sur la notion de territoire ouvrant ainsi la voie à la discussion sur les échelles de pertinence d’un territoire. Le niveau local correspond, le plus souvent, à une zone d’économie locale formée par une ou des villes et leurs hinterlands ruraux . Cette discussion est alimentée par la dimension du mot territoire et de la représentation que les sociétés humaines en ont. Le territoire peut être : «Le résultat d’un découpage administratif, parfois arbitraire, sans correspondance avec la géographie humaine ; – il peut coïncider avec l’espace vécu, – ou tout simplement être le champ d’action autour d’un ensemble d’acteurs du développement. Quand au mot développement, il est souvent perçu comme un processus de transformation qui accompagne la croissance dans une évolution à long terme». Vu sous l’angle du « local », le développement signifie la durée qui doit marquer toute action de développement et l’espace c’est à dire le territoire local concerné par cette démarche.
Selon j.Mangin « Le développement local c’est pour les sociétés locales la faculté de localiser leur développement, en s’appuyant sur les caractéristiques de leur espace: richesses naturelles, humaines, spécificité de l’espace, organisation sociale propre, tradition culturelle. Pour cela, il faut que la société « récupère » un certain nombre de fonctions sur cet espace, mais aussi opère une sorte de rupture avec le passé. Le développement local vise ainsi à recréer un espace structuré par des pôles, relativement autonome, capable de négocier avec l’extérieur… »
« Le développement local est une démarche globale de mise en mouvement et en synergie des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources humaines et matérielles d’un territoire donné, en relation négociée avec les centres de décision des ensembles économiques, sociaux et politiques dans lesquels ils s’intègrent » (P. Houée, 1989). Par ailleurs, le développement local est la contribution qu’un petit territoire apporte au mouvement général du développement en terme plus value économique, sociale, culturelle et spatiale. C’est un produit de nature globale instrumenté par le projet de territoire d’une équipe, articulé autour d’initiative économique et écologique. Le développement local est une organisation à construire par de l’information en reliant des acteurs publics et privés, engagés dans une dynamique projet sur un territoire. C’est un développement qui concerne une localité c’est-à-dire espace géographique déterminée. C’est un développement territorial ou système de production localisée .
Condition de réussite du développement local
Le développement est une mentalité qui modifie le comportement social. Il y a des condamnations sociales qui bloquent le développement dans une localité comme la journée FADY qui existe encore et surtout en milieu rural. A cause de cette tradition la production est limitée car il y a des jours ou les gens n’iront pas au travail. Alors pour développer une localité, il faut faire le maximum de travail et d’oublier la coutume qui ne fait que bloquer le développement dans un territoire :
– Le développement local doit se dérouler sur un territoire qui fonctionne comme tel. Sa conception doit reposer sur un consensus explicite qui s’exprime à travers un ensemble de priorité ou d’objectifs
– Sa mise en œuvre doit associer des habitants
– Il doit être conduit par des institutions ou des dispositifs qui sont à la dimension du territoire où il s’applique
-Le recours à un espace d’initiative constitue un premier facteur important. Il suppose une législation et une réglementation souples en matière d’association, un espace d’initiative économique que la libéralisation de l’économie favorise, la reconnaissance de la diversité des formes d’organisation sociale et de leur contenu culturel, etc.
-L’existence d’enjeux techniques et économiques importants et perçus comme tels par lesintéressés est un facteur essentiel. Ce n’est en effet qu’autour d’objectifs réellement mobilisateurs et partagés par le grand nombre que peuvent se construire des dynamiquesnouvelles.
-La présence de leaders locaux est un autre facteur important que l’on retrouve dans lesdynamiques locales les plus prometteuses. Paysans ou intellectuels fortement enracinés dans leur milieu ont un rôle souvent déterminant mais qui n’est durable que s’il y a volonté et capacité des leaders à animer la dynamique amorcée, à décentraliser les responsabilités, à favoriser le partage des tâches, etc.
-L’utilisation de stimulations extérieures est enfin un facteur constant. En font partie les appuis pour accroître l’accès à l’information des acteurs locaux et leur formation, des propositions techniques, des soutiens matériels et financiers, etc.Encore faut-il que ces appuis viennent renforcer les stratégies endogènes et non les infléchir à partir de modèles et de normes extérieures.
-Le besoin de nécessité d’accumulation est très important pour le développement d’un territoire car il n’y a pas de croissance économique s’il n’ y a pas d’accumulation ou d’épargne.
-Le fondement de la bonne gouvernance dans un pays est l’un des conditions de réussite du développement L’emploi productif constitue une source importante de croissance, la section suivante traite cet aspect.
Concept d’emploi productif
Rôle de l’emploi productif dans la lutte contre la pauvreté
Un emploi productif est un emploi où on peut accroître la productivité par l’amélioration de techniques de production. Et la figure ci-après montre le cercle vertueux entre la croissance économique et les emplois productifs. Donc en amont des productions, l’importance des formations et des transferts technologiques sont mis en évidence. Et en aval, seul l’augmentation de la productivité permet d’acquérir de l’épargne conduisant ainsi à la croissance .
L’emploi dans le contexte international et national
Depuis le sommet des chefs d’Etat et du Gouvernement sur la pauvreté et d’emploi en septembre 2004 à Ouagadougou, la promotion de l’emploi entre dans les priorités du Gouvernement malgache pour mieux cibler les groupes vulnérables dans la lutte contre la pauvreté car la sensibilisation des équilibres macroéconomiques est nécessaire mais les effets restent encore insuffisants pour atteindre l’ensemble des couches les plus défavorisées.
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Table des matières
Introduction générale
Première Partie : Approche théorique du développement local
Section 1- Théorie du développement local
Section 2- Concept d’emploi productif
Section 3- La notion et rôle de coopérative dans le développement
Section 4- Contexte socio-économique du District de Mahajanga I
Conclusion partielle
Deuxième Partie : Stratégie d’amélioration de l’emploi des pêcheurs crevettières traditionnelles et artisanales dans le District de Mahajanga I
Section 1- Etat de lieu
Section 2- Etude de marché de la filière et
Section 3- Situation de coopérative ou de groupement des pêcheurs crevettières traditionnelles et artisanales
Section 4- Contribution de la filière au développement du District
Section 5. Projet de construction des infrastructures nécessaires à l’exploitation des crevettes « construction de bassin crevettière » dans le district de Mahajanga I
Section 6: Coût de projet
Section 7: Impacts du projet
Conclusion générale
Bibliographie
Tables des matières
Annexes