L’abeille a une importance économique et environnementale. Elle présente un intérêt scientifique fascinant par son modèle d’étude en sociobiologie et en neurobiologie. En agronomie, la pollinisation assurée par les abeilles augmente le rendement qualitatif et quantitatif de nombreuses plantes cultivées (1). L’abeille, aussi bien importante pour son rôle d’auxiliaire de l’agriculture et bio-indicatrice de l’environnement, en assurant la pérennité de nombreuses espèces végétales sauvages.
L’agriculture par son intensification, apparaît actuellement dépendante des pesticides .
Les pesticides, appelés également produits phytosanitaires, produits phytopharmaceutiques, agropharmaceutiques ou produits de traitement, sont des poisons destinés à tuer les herbes (herbicides), les insectes (insecticides), à lutter contre les champignons (fongicides), ou à se débarrasser de divers animaux jugés nuisibles (souricides, raticides, nématicides…) (3). Jusqu’à présent les risques phytosanitaires pour les insectes auxiliaires sont évalués par la mortalité mesurée après exposition des insectes au laboratoire. Or il existe un décalage important par rapport aux risques d’exposition en conditions naturelles, où il existe des zones refuges et où le produit peut évoluer rapidement.
Le miel de Madagascar était classé parmi les meilleurs miels de haut de gamme sur le plan international dans les années 30. En ce temps, les exportations des produits de l’apiculture tels que le miel, la cire constituaient dans leur ensemble la troisièmesource de revenu de la Grande Ile. Cependant, les exportations ont progressivement diminué pour enfin s’arrêter complètement en 1951 suite à une baisse de la qualité du miel produit .
Contexte général de l’étude
Présentation générale de Madagascar
Territoire
Madagascar, en malgache « Madagasikara », pays insulaire situé dans l’Océan Indien, est constitué de l’île de Madagascar et de plusieurs petites îles. Sa capitale est Antananarivo, aussi connue sous le nom de Tananarive (7). Madagascar se situe à 400 km de la côte Est de l’Afrique et au Sud de l’équateur. L’île est séparée de l’Afrique par le Canal du Mozambique (Figure 1). Madagascar avec ses 587 000 km² et ses 5 000 km de littoral, constitue l’une des plus grandes îles du monde. L’île s’étend du Nord au Sud sur 1 580 kilomètres et d’Est en Ouest sur 500 km.Elle est organisée en 6 provinces, 111 sous-préfectures, 1 250 communes et 13 476 villages (8). La Grande Ile constituée de 22 régions depuis l’année 2003, garde encore ses structures de communes, puis quartiers ou « fokontany », et enfin les villages ou hameaux. Madagascar est la quatrième île du monde par la superficie. Un plateau central montagneux de 800 à 1 200 m d’altitude, les Hautes Terres domine l’île. Partiellement volcaniques, les montagnes s’élèvent jusqu’à 2 876 m au Maromokotro, dans le Tsaratanana au nord. La chaîne de l’Ankaratra, près de la ville d’Antananarivo, atteint 2 643 m d’altitude. À l’Est, le terrain s’abaisse en pente raide vers une étroite bande côtière en bordure de l’océan Indien, tandis qu’à l’Ouest, il décline doucement vers une plaine côtière plus large, bordant le canal de Mozambique. Les terres les plus fertiles se trouvent le long de la côte et dans les vallées fluviales du plateau central. La côte nord jusqu’au cap d’Ambre est très découpée. Cet aspect massif du relief et la complexité du système de drainage des eaux ne favorisent pas l’établissement de voies de communications.
Le pays dispose de ressources mellifères considérables, dont nombreuses sont endémiques de l’Ile. La flore malgache, très diversifiée, entre 8 500 et 12 000 espèces selon les estimations, renferme notamment plus de 1 000 espèces d’orchidées, et 6 des 8 espèces connues de baobabs. L’arbre du voyageur et le flamboyant, aujourd’hui cultivés dans tout le monde tropical, sont originaires de la Grande Île.
Climat
On distingue deux courants aériens qui déterminent le climat à Madagascar : l’alizé humide, venu du Sud Est, souffle toute l’année sur le versant oriental et la mousson du Nord- Ouest, domine cette partie de l’Ile d’octobre en avril. Le Sud et le Sud- Ouest ne sont pas touchés, ni par l’alizé, ni par la mousson, et possèdent un climat subdésertique. L’année se divise en deux grandes saisons, une saison fraîche et sèche, et une saison chaude et orageuse avec de fortes pluies. La pluviométrie se trouve assez forte et presque en permanence sur la côte Est, les précipitations annuelles peuvent atteindre jusqu’à 3050 mm, la région reçoit beaucoup d’eau, apportée par l’alizé. La mousson est à l’origine des pluies violentes et orageuses qui s’abattent l’été sur les massifs du nord. Le climat se tempère sur le plateau central, où les précipitations sont moins abondantes, les étés assez chauds et les hivers frais. Les régions arides du sud et du sudouest reçoivent moins de 380 mm par an. La chaleur règne toute l’année sur les régions côtières et le plus gros des pluies tombent entre novembre et avril, c’est la période de convergence de l’alizé et la mousson. En pleine saison chaude, la température maximale est de 33°C alors qu’en plein hiver, la température gravite autour de 5°C. Le développement de l’apiculture est lié à la présence de vastes étendues de plantes à nectar, la flore malgache abondante et variée bénéficie en partie de la pollinisation par les abeilles.
Le climat tropical d’altitude des Hauts-Plateaux favorable aux eucalyptus et arbres fruitiers « tempérés » (orangers, pêchers, pommiers) convient aux abeilles ; l’apiculture y est prospère. Le climat tropical sec de l’Ouest et Nord-Ouest favorise l’apiculture, avec au Sud de la « Tsiribihina » une couverture de savane herbeuse à Heteropogon (Danga), et au Nord une concentration d’Acacia et de palissandre, essences mellifères au miel d’un goût très apprécié. Le climat tropical humide de l’Est et du Nord-Est si riche en caféiers, avocatiers, orangers et diverses essences forestières se prête également à l’apiculture .
Population
La population, originaire d’Indonésie et d’Afrique, dépasse aujourd’hui les 18 millions d’habitants dont la densité démographique varie entre 10 et 300 habitants par km² et la moyenne est de 30 habitants par km² (10). La population est encore très jeune, la moitié à moins de 20 ans et4 % seulement à plus de 60 ans (11). En 2008, la population était estimée à 20 042 551 habitants, la croissance démographique, assez élevée, atteignait un taux annuel de 3 %, la mortalité infantile s’élevait à 56 ‰, et l’espérance de vie moyenne à la naissance ne dépassait pas 63 ans. La densité globale de population était de 35 habitants au km2, les Hautes Terres étant plus densément peuplées que les côtes.
La population est à 70 % rurale et le système agraire est traditionnellement basé sur la riziculture de plaine et l’élevage de bovins. Malgré la diversité du peuplement de l’île, une langue commune s’est constituée avec le parler des « Merina », d’origine malayo-indonésienne. Ce malgache, officiellement « malagasy », est la langue nationale du pays, et l’une de ses trois langues officielles avec le français pour des raisons historiques et l’anglais introduit en 2007 dans le but de développer les échanges commerciaux avec les pays anglophones, et en particulier l’Afrique du Sud .
Economie
Malgré l’existence de ressources naturelles considérables, Madagascar est classé parmi les pays les plus pauvres du monde. La nation vit dans une instabilité politique, marquée par des crises politiques et économiques consécutives. En 2004, 72 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté, le produit national brut (PNB) était de 5,19 milliards de dollars, soit seulement un PNB par habitant de 280 dollars.
C’est un pays à vocation pastorale, L’économie malgache est essentiellement basée sur l’agriculture, qui occupe 78 % de la population active en 2002 et représente 27,5 % du PIB. Le relief montagneux et l’érosion des sols réduisent les surfaces cultivables à 5,1 % de la superficie totale. De plus, le passage quasi-régulier des cyclones fait obstacle au développement rural du pays. L’essentiel de la production est destiné à la consommation intérieure et l’autosuffisance est à peine atteinte. Les principales cultures sont le riz, le manioc, les haricots, le maïs, les patates douces, les pommes de terre et le taro. Le café, les clous de girofle, la canne à sucre, le sisal, le tabac et la vanille, dont Madagascar est l’un des principaux producteurs au monde, sont destinés à l’exportation. C’est un pays d’élevage, la Grande Ile comptait en 2006 un cheptel de 9,69 millions de bovins, 1,2 million de caprins et 1,6 million de porcs, qui restent dans le circuit national car le pays est soumis à un embargo de l’Union Européenne depuis la fin de l’année 1997 sur les denrées alimentaires d’origine animale, à l’exclusion des produits de la pêche et de l’aquaculture et cela constitue aussi un facteur important qui empêche le développement de l’élevage.
L’apiculture malgache
L’abeille malgache
A Madagascar seule une variété d’abeille est présente : c’est l’abeille Apis mellifera unicolor. Elle est qualifiée de très active et douce (12), des caractères qui facilitent le travail de la ruche, ce qui rend facile toutes sortes de manipulations par l’apiculteur ou d’autres acteurs de la filière (capture, domestication, contrôle sanitaire,…etc.) L’abeille autochtone Apis mellifera var. unicolor est native de Madagascar. Elle est de petite taille et de faible pilosité sur le corps. Deux écotypes sont connus : celui des Hauts-Plateaux peu agressif, sédentaire et travailleur, et celui des côtes agressif et assez paresseux .
Production et Commercialisation
D’après les statistiques du Ministère de l’élevage, l’apogée de la production apicole enregistré est de 38 000 t de miel en 1929, dont 65,8% furent exportées et 1080 t de cire, exportée en totalité. Le miel malgache a connu ses heures de gloire entre 1920 et 1940, où il était très apprécié en Europe du fait de sa qualité supérieure (6). En 1982, Madagascar était le troisième producteur de miel du continent africain après l’Ethiopie et l’Angola, et dont la production était de 13 100 t. L’Afrique entière produisait au total 97 840 t (13). Une dégradation progressive de la filière a été constatée à partir de 1951, cela par faute de surveillance sanitaire de la filière, l’absence de traçabilité des produits, et simultanément l’occurrence de cas de fraudes, Madagascar s’est écarté du marché mondial, notamment du marché européen et cette situation se trouve consolidée par la soumission de Madagascar à un embargo de l’Union Européenne en fin de l’année 1997 sur les denrées alimentaires d’origine animale, y compris le miel Cependant le miel malgache reste en grande partie dans le circuit intérieur, la plupart des demandes sont en provenance des industries de confiseries de Tananarive depuis l’année 2000, même si toutefois quelques parties ont été exportées chez les Iles voisines (Comores et Maurice) et la République de Corée, Madagascar a pu exporter 13,3 t en 2000 et 14,1 t en 2001, et l’exportation a été réduite à 0,8 tonne en 2002 .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
I. Contexte général de l’étude
1.1. Présentation générale de Madagascar
Territoire
Climat
Population
Economie
1.2. L’apiculture malgache
L’abeille malgache
Production et Commercialisation
L’arrivée de « Varroa destructor » à Madagascar
1.3. La distribution et les utilisations de pesticides à Madagascar
I.4. Opportunités et exigences du marché mondial du miel
Le marché mondial du miel
Le marché du miel dans l’Union Européenne
II. Revue de la littérature sur le monde des abeilles
2.1. Historique de l’apiculture chasse à l’apiculture élevage
2.2. L’abeille dans le règne animal :
2.3. Anatomie et physiologie de l’abeille adulte
2.3.1. La tête
2.3.2. Le thorax
2.3.3. L’abdomen
Le jabot
L’intestin moyen
L’intestin postérieur
Le rectum
Les organes internes
2.4. Description des membres de la colonie d’abeilles
2.4.1. La reine
2.4.2. Les ouvrières
2.4.3. Les mâles (ou Faux-bourdons)
2.5. Dynamique de population
2.5.1. Eléments généraux
2.5.2. La dérive des ouvrières
2.5.3. Le pillage
2.5.4. L’essaimage
L’essaimage naturel
L’essaimage artificiel
2.6. Défense de la colonie d’abeilles face aux agents pathogènes
2.7. Les produits de la ruche
2.7.1. Le miel
Le miel de nectar
Le miel de miellat
2.7.2. La cire
2.7.3. Le pollen
2.7.4. La gelée royale
2.7.5. La propolis
2.7.6. Le venin
DEUXIEME PARTIE : ETUDE PERSONNELLE
III. Méthodologie
3.1. Les objectifs de l’étude
3.1.1. Objectif général
3.2. Les zone d’étude
3.2.1. Site de Manakara
3.2.2. Site de Fenoarivo Est
3.3. Phase exploratoire
3.3.1. Compilation bibliographique
3.3.2. Stratégie des enquêtes et entretiens
3.4. Effectifs, Enquêtes et Sites
3.4.1. Enquête apiculteurs et agriculteurs
3.4.2. Enquête autres acteurs
3.5. Prélèvement et analyse au laboratoire
3.5.1. Les matériels apicoles
3.5.2. Echantillonnage
3.5.3. Référence et description de la méthode analytique
3.6. Phase de saisie, traitement des données et rédaction
IV. Présentation des résultats
Site de Manakara
Site de Fenoarivo Est
Difficultés rencontrées
4.1. Résultats et interprétations des enquêtes auprès des apiculteurs
4.1.1. L’exploitation des apiculteurs
Description de l’exploitation apicole
Contrainte des apiculteurs
4.1.2. Ressources mellifères, production et commercialisation de miel en 2010
4.1.3. Contrôle sanitaire et hygiène de la production
Les maladies des abeilles
Les prédateurs des abeilles
Traitement et prophylaxie effectués dans la ruche autour du rucher
4.1.4 La formation des apiculteurs
4.2. Résultats et interprétations des enquêtes auprès des agriculteurs
4.2.1. Description rapide de l’exploitation agricole
4.2.3. L’utilisation des produits phytosanitaires
4.3. Résultats et interprétations des analyses de laboratoire sur les résidus de pesticides dans le miel
4.4. Résultats et interprétations des entretiens auprès des autres acteurs de développement rural des deux zones
4.4.1. Site de Manakara
4.4.2. Site de Fenoarivo-Est
V. Discussion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES