Contribution génétique des fondateurs immigrants

Descendants aux trois premières générations

Nous avons ensuite regardé plus particulièrement le nombre de descendants sur les trois premières générations, soit les enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, pour l’ensemble des Filles du roi ayant une descendance dans BALSAC (n = 582). Nous avons observé que les périodes couvertes par chacune des générations se chevauchent. En effet, les Filles du roi n’avaient pas toutes le même âge à leur arrivée en Nouvelle-France. Les plus jeunes, si elles ont survécu, ont pu se marier à plusieurs reprises.

Les plus âgées ont eu moins de chances de procréer (de nouveau), et ont disposé de moins de temps pour contracter plus d’une union. Ainsi, certaines Filles du roi se sont mariées plus d’une fois, et il arrive que certains enfants issus d’une première union se marient eux-mêmes avant un remariage de leur mère. La variabilité des intervalles intergénérationnels dont nous avons parlé plus tôt intervient également dans le chevauchement des générations. C’est aussi la raison pour laquelle les périodes de mariage s’étalent sur des périodes relativement étendues : 82 ans pour les Filles du roi (1634-1716), 105 ans pour leurs enfants (1656-1761), 135 ans pour leurs petits-enfants (1679-1814), et enfin 159 ans pour leurs arrière-petits-enfants (1705-1864).

Le Tableau 3.3 présente la distribution des Filles du roi en fonction de leur nombre d’enfants mariés. Plus de la moitié d’entre elles ont eu entre un et quatre enfants, et 95% ont engendré un maximum de neuf enfants. On peut voir qu’en moyenne, les 582 femmes ayant des descendants à la première génération ont eu 4,5 enfants mariés, le record de 14 enfants mariés appartenant à Nicole Philippeau (ou Philipot), laquelle est suivie d’Anne Lagoue et Françoise Desportes qui ont eu 13 enfants mariés. Nous avons présenté Anne Lagoue au point précédent. Nicole Philippeau, d’origine inconnue, est arrivée en 1671. Elle se marie la même année avec Mathurin Gauthier dit Landreville, dont elle aura 17 enfants (Landry, 2013). Françoise Desportes, quant à elle, est originaire de Paris. Arrivée en 1669, elle se marie la même année à Sillery avec Pierre Renaud dit Locat, dont elle aura 15 enfants (Landry, 2013).

Deux Filles du roi se démarquent lorsque l’on regarde la distribution des Filles du roi en fonction de leur nombre de petits-enfants mariés (Tableau 3.4). Il s’agit de Nicole Philippeau (82 petits-enfants) et Anne Lagoue (79 petits-enfants). Elles font partie, avec Catherine Fièvre (74 petits-enfants), Elisabeth ou Isabelle Salé (80 petits-enfants) et Catherine Pillat (81 petits-enfants), des cinq femmes ayant eu le plus de descendants mariés à la deuxième génération. Toutefois, plus de la moitié des Filles du roi (54%) ont eu moins de 20 petits-enfants mariés, et un peu plus des trois quarts (77%) en ont eu moins de 30, la moyenne se situant à 21 petits-enfants mariés. Catherine Fièvre a été présentée au point précédent. Elisabeth (Isabelle) Salé est originaire de Paris. Arrivée en 1670, elle se marie la même année à Trois-Rivières avec Jacques Marcot, dont elle aura 15 enfants (Landry, 2013). Catherine Pillat, quant à elle, est originaire de La Rochelle. Arrivée en 1663, elle se marie une première fois en 1665 à Montréal avec Pierre Charron dit Ducharme (12 enfants) et une seconde fois en 1709 à Montréal avec Sébastien Brisson dit Laroche, dont elle n’aura aucun enfant (Landry, 2013).

La variabilité du nombre de descendants mariés était déjà importante à la seconde génération (le minimum étant d’un seul petit-enfant, et le maximum de 82 petits-enfants). Cette différence ne fait que s’accentuer à la génération suivante, certaines femmes n’ayant qu’un seul arrière-petit-enfant, alors que d’autres, plus de 400, le maximum de 413 arrière-petits-enfants mariés étant atteint par Catherine Pillat (Tableau 3.5). Le quart des Filles du roi ont, à la troisième génération, 30 descendants mariés et moins. Parmi elles, 49 n’ont qu’un seul arrière-petit-enfant.

Bien que les trois-quarts des femmes (75%) ont au plus 120 arrière-petits-enfants, un petit nombre se démarque encore, avec plus de 300 descendants mariés à la troisième génération. Outre Catherine Pillat, on note Martine Crosnier (309 descendants), dont nous avons parlé plus haut, Elisabeth Salé (310 descendants) et Nicole Philippeau (338 descendants), que nous avons citées précédemment, Agnès Elisabeth Lefebvre (353 descendants) et Marie Madeleine Després (366 descendants).

Régions et périodes de mariages des Filles du roi et des trois générations suivantes

L’observation des lieux de mariage des descendants aux trois premières générations nous donne des indications sur l’occupation progressive du territoire québécois. Le Tableau 3.6 présente la distribution des mariages au Québec selon la région BALSAC, et le Tableau 3.7 présente la distribution des mariages qui ont eu lieu hors du Québec.

Les régions sont présentées selon un gradient géographique allant de l’ouest à l’est de la province. Tel que nous pouvons le voir dans le Tableau 3.6, des mariages apparaissent dans de nouvelles régions au fil des générations, à mesure que ces régions s’ouvrent à la colonisation.

Les Filles du roi se sont mariées (ou remariées) principalement dans les régions de l’agglomération de Québec (50%), de la Côte-de-Beaupré (13%) et de l’Île-de-Montréal (11%). Ces régions correspondent grosso modo aux régions administratives de la Capitale-Nationale (agglomération de Québec et Côte-de-Beaupré) et de Montréal. Pour ces deux régions, Tremblay (2014) a estimé l’ancienneté du peuplement à partir de l’année du plus ancien mariage répertorié dans la région concernée. Pour la région de la Capitale-Nationale, le plus ancien mariage a été célébré en 1621. Pour la région de Montréal, c’était en 1647. Les lieux d’une partie relativement importante (13%) des mariages n’ont pas été répertoriés, car il s’agit d’actes réalisés devant un notaire. Le RPQA indique les lieux de ces mariages comme étant des contrats de mariage ayant été signés dans un « lieu indéterminé au Québec ». Nous avons remarqué que la proportion d’actes notariés, pour la période 1634-1714, était d’environ 10% à l’échelle de BALSAC, soit une proportion similaire à celle présentée dans le Tableau 3.6 (12,9%). Les contrats de mariage, parfois même faits à la hâte entre deux parties qui ne s’uniront finalement pas, semblaient être chose fréquente en Nouvelle-France, « les sentiments [cédant] manifestement le pas aux impératifs du marché matrimonial » (Charbonneau et al., 1987). La proportion des actes notariés ne cesse de diminuer, pour atteindre moins de 2% des mariages dès la troisième génération. Aussi, si le lieu du mariage est indiqué comme étant la Province de Québec dans BALSAC, c’est que la région exacte n’était pas connue. La proportion des mariages dont la région exacte n’est pas connue demeure toutefois très faible (moins de 1%).

D’autres régions apparaissent à la première génération : la Rive-Nord-Ouest de Montréal (région administrative de Laval), les Laurentides (région administrative du même nom) et le Bas-Saint-Laurent (région administrative du même nom). Tremblay (2014) datait pour ces régions l’ancienneté du peuplement à 1679, 1690 et 1685 respectivement. Toutefois ces nouvelles régions représentent une partie minime des lieux de mariage des enfants des Filles du roi (1% environ). L’agglomération de Québec récolte le quart des mariages à la première génération, suivie par l’Ile-de-Montréal (21%) et la Côte-de-Beaupré (11%).

À la seconde génération, on voit apparaitre un très faible nombre de mariages dans les régions de Charlevoix (0,5%) et de la Beauce (0,1%). Ces régions correspondent aujourd’hui aux régions administratives de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches (dont l’ancienneté du peuplement est estimée à l’année 1679 selon Tremblay (2014)). La région de l’Île-de-Montréal gagne en importance et dépasse désormais l’agglomération de Québec (19% des mariages et 18% des mariages respectivement), et le Richelieu (région administrative de la Montérégie) accueille désormais un nombre plus important de ménages (11% des mariages des petits-enfants des Filles du roi).

L’agglomération de Québec où, rappelons-le, la célébration de la moitié des mariages des Filles du roi a eu lieu, continue de perdre proportionnellement en importance à la troisième génération au profit d’autres régions plus proches géographiquement de Montréal. Même dans l’Ile-de-Montréal, la proportion de mariages diminue, à cause du peuplement de plus en plus important des régions limitrophes des grands centres. Environ 15% des mariages des arrière-petits-enfants des Filles du roi, toutefois, ont eu lieu dans l’Île-de-Montréal et dans le Richelieu, et 13% en Côte-du-Sud (région correspondant à une partie des régions Chaudière-Appalaches et Bas-Saint-Laurent actuelles). La Gaspésie, malgré un nombre négligeable de mariages (seulement 10), accueille des descendants On note, pour les Filles du roi, trois mariages dont le lieu est indéterminé. Le premier cas concerne Claude Damisé. Lors de son mariage avec Pierre Perthuis en 1668, elle est dite divorcée de Jean-Baptiste Paradis dans BALSAC. Claude n’a toutefois jamais été mariée avec Jean-Baptiste Paradis, mais a eu de lui un enfant illégitime, qui a par la suite été adopté par son mari. C’est le lieu de son « union » illégitime qui est indéterminé. Le second cas concerne Catherine Guichelin, dont l’histoire a été brièvement abordée au Chapitre 2. Une « union » dite virtuelle (sans acte provenant des sources de données d’état civil) avait été créée dans BALSAC, avec un père inconnu, pour répertorier ses trois enfants illégitimes mariés. C’est le lieu de cette « union » avec un père inconnu qui est indéterminé. Le troisième cas concerne Catherine Bruneau. Une « union » virtuelle a été créée dans BALSAC avec Jean-Paul Maheu, dont le lieu est indéterminé. Dans cette union, l’homme est dit divorcé de Marguerite Tesson (Fille du roi également), et la femme est dite divorcée de Jean Monin. Jean-Paul Maheu et Catherine Bruneau n’ont en fait jamais été mariés. Ils sont toutefois parents d’une fille illégitime, Marie-Anne, née vers 1689 (RPQA), vraisemblablement alors qu’ils étaient encore mariés à leurs conjoints respectifs (Marguerite Tesson, décédée entre 1684 et 1694, et Jean Monin, décédé en 1712). Marie-Anne est la seule enfant de Catherine Bruneau.

Le nombre de mariages célébrés à l’extérieur du Québec dont le lieu n’a pas pu être déterminé est très important pour les trois générations suivantes (35, 42 et 144 mariages respectivement). On remarque tout de même de rares retours en France, à la première et troisième génération, dont deux mariages sur l’île de Saint-Pierre-et-Miquelon. L’essentiel des mariages hors-Québec semble toutefois avoir lieu ailleurs au Canada, particulièrement en Acadie (5 mariages à la première génération, 11 à la deuxième génération, et 14 à la troisième génération) et aux États-Unis, notamment au Michigan (10 mariages à la deuxième génération et 10 à la troisième génération). Le Michigan actuel faisait partie, à l’époque de la Nouvelle-France, du territoire du Pays-d’en-Haut. La région des Grands-Lacs était avant tout peuplée de nations amérindiennes. Le peuplement de la région n’a pas été privilégié par la métropole française, mais des coureurs des bois, attirés par la traite des fourrures, des militaires et des missionnaires habitaient le Pays-d’en-Haut. Si le métissage entre les Français et les Amérindiennes comme politique d’assimilation des populations amérindiennes a été tantôt encouragé, tantôt dissuadé, il a résulté en l’apparition de nouvelles communautés métisses, qui suivaient le plus souvent le mode de vie amérindien (Kermoal, 2012). En 1706, le sieur de Cadillac a fait venir des familles originaires de la vallée du Saint- Laurent au Fort Pontchartrain, qu’il a fait édifier sur la rive nord de la rivière Détroit (où se trouve le Michigan actuel). On comptait près de 450 Canadiens à Détroit en 1763, lors de la Conquête britannique (Teasdale, 2012).

Les provinces canadiennes de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse ont également accueilli des descendants des Filles du roi. Aux États-Unis, l’État de New York (faisant alors partie du Pays-d’en-Haut) a également reçu quelques descendants des Filles du roi.

Analyses démogénétiques ascendantes

Introduction

Ce chapitre vise à exposer les résultats issus des analyses démogénétiques ascendantes. Ces analyses ont été réalisées à partir du corpus généalogique contemporain dont la constitution a été expliquée au Chapitre 2.

La distribution régionale des 63 048 sujets de départ mariés au Québec en 1960 est présentée au Tableau 4.1. Elle a été établie à partir de la région de mariage des parents, qui fournit en effet une bonne indication du lieu d’origine des sujets, car c’est souvent dans cette région qu’ils ont vu le jour. Les parents de nos sujets de départ se sont mariés sur une période de 124 ans (1850-1974). On peut donc penser que les lieux de mariages présentés au Tableau 4.1 correspondent à la distribution de la population québécoise durant cette période.

On constate ainsi que l’Ile-de-Montréal a un poids démographique plus important à l’échelle du Québec (18% des sujets). Les régions de l’Estrie, des Bois-Francs, du Bas-Saint-Laurent et du Saguenay-Lac-Saint-Jean accueillent toutes environ 6% des sujets, suivies de près par l’agglomération de Québec (5%). Rappelons que les régions sont présentées selon un gradient géographique ouest-est de la province. Si la région de mariage des parents est dite indéterminée (14% des sujets), cela signifie qu’on ne peut attribuer de lieu au mariage. Cette situation se présente lorsque les parents ne sont pas mentionnés dans l’acte de mariage des sujets de départ ou lorsque l’identité des parents est connue, mais qu’on n’a pas d’information sur leur mariage.

À partir de ce corpus généalogique, il a été possible d’effectuer différents types d’analyses : d’abord sur la structure des généalogies, puis sur les fondateurs immigrants identifiés dans ces généalogies, et enfin sur les Filles du roi spécifiquement.

Complétude généalogique

Le nombre d’ancêtres d’une personne double à chaque génération. Les différentes sources de données généalogiques ne permettent toutefois pas nécessairement de retrouver tous les ancêtres attendus d’un sujet à chaque génération. Les paramètres utilisés pour le calcul de l’indice de complétude sont donc le nombre d’ancêtres effectivement retrouvés (connus) et le nombre d’ancêtres attendus (ou théoriques) pour une profondeur généalogique donnée. Le nombre d’ancêtres attendus correspond au nombre d’ancêtres maximal que l’on s’attend à retrouver, en théorie, à chaque génération. Comme l’écart entre de nombre d’ancêtres retrouvés et le nombre d’ancêtres attendus grandit au fil des générations, l’indice de complétude, lui, diminue progressivement. Il peut être interprété comme un indicateur de la qualité et de la richesse des généalogies. L’indice de complétude est calculé selon la formule suivante (Vézina et al., 2005):

Profondeur généalogique

La profondeur moyenne des généalogies du corpus représente la somme des indices de complétude sur l’ensemble des générations, et correspond à la génération moyenne d’interruption des branches des généalogies (Vézina et al., 2004). La profondeur généalogique maximale représente, quant à elle, la longueur maximale des branches généalogiques analysées. La profondeur généalogique moyenne peut être calculée selon la formule suivante (Vézina et al., 2004) :

Analyse des fondateurs immigrants

La reconstitution des généalogies ascendantes a permis d’identifier les fondateurs immigrants, et d’observer leurs effectifs et leur contribution génétique. Nous avons trouvé que la contribution génétique des 11 660 fondateurs immigrants aux 63 048 sujets de départ est de 74,5%, c’est-à-dire que 74,5% des gènes des sujets de départ proviennent de ces fondateurs immigrants (Tableau 4.5). Si tous les individus apparaissant au bout des branches généalogiques des sujets de départ avaient pu être identifiés comme étant des fondateurs immigrants, 100% des gènes des sujets de départ auraient été transmis par ce groupe de fondateurs. Toutefois, certains individus apparaissant à la fin des branches généalogiques n’ont pas pu être clairement identifiés comme fondateurs immigrants, les recherches généalogiques effectuées par BALSAC n’ayant pas permis de préciser leur statut migratoire. De plus, certains fondateurs de lignées généalogiques ne sont pas immigrants : on pense par exemple aux fondateurs d’origine autochtone et aux individus adoptés. Le statut migratoire peut parfois être déterminé à partir d’informations contenues dans les actes de mariage mais dans la plupart des cas on soit aussi avoir recours à d’autres sources telles que les recensements nominatifs ou des listes de passagers.

Effectifs des fondateurs immigrants

Le Tableau 4.5 présente la distribution des effectifs des 11 660 fondateurs immigrants selon le sexe, la période d’arrivée et l’origine. La période d’arrivée a été estimée par la date de leur premier mariage sur le sol québécois.

Pour l’ensemble des périodes, plus de la moitié (53%) des fondateurs immigrants sont d’origine française. Un peu moins du cinquième (19%) arrivent d’Amérique du Nord. Un peu plus de 17% sont originaires du reste de l’Europe (excluant la France).

Un peu moins de la moitié des fondateurs immigrants (47%) est arrivée au Québec au 18e siècle, un peu plus du quart s’y est établi avant 1700. Au 17e siècle, ce sont les fondateurs immigrants d’origine française qui constituent la quasi-totalité (98%) des effectifs. S’ils représentent toujours une part importante des effectifs au 18e siècle, c’est cependant dans une moindre proportion (52%), mais tout de même largement supérieure à celle des fondateurs venus d’Amérique du Nord (28%). Ce sont les fondateurs d’origine européenne (excluant ceux d’origine française) qui constituent la plus grande proportion des effectifs installés après 1800, soit 44%.

Les fondateurs immigrants d’origine française sont arrivés en majorité avant 1800 (50% avant 1700, 45% au 18e siècle, pour un total de 95%). On voit la majorité des Européens (65%), excluant les Français, s’établir au Québec à partir du 19e siècle. C’est au cours de cette période que les premiers pionniers irlandais sont venus s’installer sur le territoire québécois (Letendre et al., 2007), ainsi que d’autres immigrants venus d’ailleurs en Grande-Bretagne (Henripin, 2003). La famine, qui a frappé l’Europe en 1847, a particulièrement touché les Irlandais catholiques, qui sont alors arrivés en grand nombre au Québec (Letendre et al., 2007). Les fondateurs immigrants originaires du reste du Canada ou des États-Unis sont, eux, venus en majorité pendant le 18e siècle (66%) : les Loyalistes arrivent en grand nombre sur le territoire québécois (Henripin, 2003) à la fin de la guerre d’indépendance américaine (1775-1783), ainsi que les Acadiens (Bergeron et al., 2008) au cours du Grand Dérangement (1755-1785).

Le Tableau 4.5 nous permet aussi de constater que les effectifs masculins sont nettement plus élevés que les effectifs féminins. Le rapport de masculinité, calculé en divisant le nombre d’hommes par le nombre de femmes, est de 2,2 pour l’ensemble des fondateurs immigrants, c’est-à-dire que l’on compte un peu plus de deux hommes pour une femme. Il est le plus élevé pour les fondateurs arrivés au 18e siècle, période à laquelle on dénombre 3,4 hommes pour une femme. Il y a, au total, 4 fondateurs immigrants français pour une fondatrice immigrante française. C’est au sein des effectifs originaires d’Amérique du Nord que l’on observe les seuls rapports de masculinité inférieurs à 1, c’est-à-dire que l’on compte plus de femmes que d’hommes. Cette observation est due aux effectifs importants de fondatrices immigrantes acadiennes arrivées sur le sol québécois, principalement au 18e siècle (Bergeron et al., 2008). Le rapport de masculinité pour les fondateurs originaires d’Amérique du Nord se maintient toutefois à 1, toutes périodes confondues.

Le rapport de masculinité des effectifs de fondateurs immigrants français se maintient toujours au-dessus de deux hommes pour une femme. Il est cependant beaucoup plus élevé pour les fondateurs arrivés au 18e siècle, période pour laquelle le rapport de masculinité s’élève à plus de 16 hommes pour une femme. Il a été estimé que 4500 soldats français ont été envoyés en Nouvelle-France entre 1755 et 1759, au cours de la guerre de Sept Ans (Charbonneau et al., 2000). Dans son étude sur les bataillons de La Sarre et de Royal Roussillon présents au Canada au cours de la guerre de Sept Ans, Landry (1979) évaluait qu’environ 15% des soldats de ces bataillons se sont mariés au Canada dans ou à proximité de paroisses faisant office de quartiers d’hiver. On compte également cinq fondateurs immigrants d’origine européenne (excluant ceux d’origine française) pour une fondatrice européenne au cours de cette période. On voit en effet arriver, au 18e siècle, des soldats d’origine germanique servant dans l’armée française pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763), ainsi que des mercenaires d’origine allemande, recrutés par l’armée britannique au cours de la guerre d’Indépendance américaine (Tremblay, 2010). L’immigration d’origine germanique au cours de ce siècle est connue pour être principalement masculine.

Il est parfois impossible de statuer avec certitude sur l’origine des fondateurs. C’est la raison pour laquelle un certain nombre d’entre eux (n=1098, soit 9,4%) n’ont pas d’origine déterminée (Tableau 4.5). Par contre, comme on le verra à la section suivante, leur contribution génétique au corpus généalogique contemporain n’est que de 0,6% (Tableau 4.6). On constate enfin que la majorité (60,3%) des fondateurs dont l’origine est indéterminée est arrivée après 1800 (Tableau 4.5).

Contribution génétique des fondateurs immigrants

La contribution génétique se définit comme la probabilité qu’un gène provenant d’un ancêtre donné soit transmis à un sujet donné. Elle se définit aussi comme la proportion du pool génique du sujet en question provenant de l’ancêtre donné (Jomphe et al., 2002). Près des trois quarts (74,5%) des gènes des sujets de départ mariés au Québec en 1960 sont issus des 11 660 fondateurs immigrants que nous avons identifiés. La distribution de la contribution génétique de ces fondateurs selon le sexe, la période d’arrivée et l’origine est détaillée dans le Tableau 4.6.

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Table des matières

Résumé 
Abstract 
Table des matières 
Liste des tableaux 
Liste des figures
Remerciements 
Introduction 
Chapitre 1 – Contexte historique et problématique 
1.1 Contexte colonial
1.2 Caractéristiques des pionniers
1.3 Caractéristiques générales des Filles du roi
1.3.1 Origines géographique et socio-économique
1.3.2 Dénombrement des contingents de Filles du roi
1.3.3 Arrivée en Nouvelle-France et marché matrimonial
1.4 L’approche généalogique et les fondateurs de la population canadienne-française
1.4.1 Approche généalogique dans une perspective génétique
1.4.2 Notions d’immigrant fondateur et de contribution génétique
1.4.3 L’effet fondateur et ses conséquences
1.4.4 Origines et contributions génétiques des groupes de fondateurs
1.4.5 Les lignées paternelles et maternelles
1.4.6 Histoire du peuplement et maladies héréditaires
1.5 Objectifs de recherche
Chapitre 2 – Source des données et constitution des corpus 
2.1 Introduction
2.2 Le fichier BALSAC
2.3 Le Registre de population du Québec ancien (RPQA)
2.4 Comparaison des listes de Filles du roi
2.5 Cas problématiques
2.5.1 Filles du roi en double dans le fichier BALSAC et mariages multiples
2.5.2 Filles du roi ayant eu des enfants illégitimes
2.6 Repérage des Filles du roi dans BALSAC et étude de leur descendance
2.7 Constitution d’un corpus généalogique et analyses démogénétiques ascendantes
Chapitre 3 – Étude des descendances 
3.1 Introduction
3.2 Descendants totaux et distincts
3.3 Descendants aux trois premières générations
3.4 Régions et périodes de mariages des Filles du roi et des trois générations suivantes
Chapitre 4 – Analyses démogénétiques ascendantes 
4.1 Introduction
4.1.1 Complétude généalogique
4.1.2 Profondeur généalogique
4.2 Analyse des fondateurs immigrants
4.2.1 Effectifs des fondateurs immigrants
4.2.2 Contribution génétique des fondateurs immigrants
4.3 Analyse des Filles du roi
4.3.1 Occurrences et recouvrement
4.3.2 Analyse régionale
4.3.3 Variabilité des contributions génétiques individuelles régionales
4.4 Analyse des lignées maternelles
Chapitre 5 – Discussion 
Conclusion
Annexe A – Corpus des 727 Filles du roi retenues pour cette étude, en ordre alphabétique
Annexe B – Filles du roi ayant eu des enfants illégitimes
Annexe C – Distribution des effectifs de fondateurs immigrants selon le sexe, la période d’arrivée et l’origine
Annexe D – Classement selon leur contribution génétique régionale des 10 Filles du roi ayant les contributions les plus élevées dans l’ensemble du Québec
Bibliographie

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