Contribution du compartiment sol dans le cadre de la Réduction des Emissions dues à la Déforestation

LES PROJETS PILOTES REDD MALGACHES

               Il existe 5 projets pilotes REDD à Madagascar : « Makira », « Corridor Ankeniheny Zahamena » (CAZ), « Corridor Fandriana Vondrozo » (COFAV), « Programme Holistique de Conservation des Forêts » (PHCF) et « FORECA » (FOrêts engagées comme REservoirs de C) soutenus par 6 promoteurs (Conservation Internationale (CI) ; Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) ; Coopération Suisse ; Good Planet ; Wildlife Conservation Society (WCS) et World Wild Fund for nature (WWF)) (Tableau 1). Participant à la réduction des émissions de GES par l’évitement de la déforestation sans quantifier celle issue de l’évitement de la dégradation, ils contribuent à la conservation de la biodiversité selon l’Annexe 1 et à l’amélioration des conditions de vie des populations riveraines des forêts. Ces projets sont souvent mis en place dans des Aires Protégées et liés à des processus de transferts de gestion de ressources naturelles renouvelables. Soit ils ont pour vocation la création et vente d’unités C (cas des projets Makira, CAZ, COFAV) dont une part des bénéfices est destinée à financer l’Aire Protégée, soit ils se fixent des buts méthodologiques (cas de PHCF et REDD FORECA). Un défi sous-jacent à ces projets est la réalisation d’un bilan C pertinent suivant des standards mesurant le stock additionnel qui est le stock généré grâce à l’existence du projet. A ce niveau, il a été constaté une prise en compte systématique du stock de C de la biomasse aérienne et rarement celui du sol exclu pour des raisons conservatives ou « conservatively excluded ». Ce qui signifie que dans les zones de projet REDD, l’étude au champ du COS est considéré potentiellement destructif de l’écosystème tel qu’il est préférable de ne pas le quantifier (Busson et al, 2009 ; CI, 2011 ; Silva, 2010). Un ou plusieurs sites de superficies variables : petites à très étendues et parfois même à cheval sur plusieurs régions appartient à un projet. Dans un site, une ou deux grandes catégories de formations forestières peuvent être rencontrées. Pour les 5 projets pilotes REDD malgaches, 4 grands types de forêts sont représentées : la forêt humide, la forêt sèche, la forêt de tapia et les mangroves. Les sites répartis dans le nord, le sud, l’est et l’ouest du pays (Busson et al, 2009) recouvrent non seulement des types de forêt mais aussi des types de sols avec une large gamme de sols ferralitiques et des conditions de climat variées : sec et humide. Dans ces sites, l’importance de la contribution du compartiment sol est peu connue par opposition à celle de la biomasse aérienne, compartiment privilégié à ce jour. Compte tenu de ces situations, les zones des 5 projets pilotes constituent des milieux d’étude idéals dans le cadre de l’Evaluation de la contribution du compartiment sol dans le cadre de la REDD à Madagascar.

RAPPEL DE LA PROBLEMATIQUE ET DES HYPOTHESES

                 Le sol constitue un compartiment important en termes de capacité à stocker du C. Il contribue largement à assurer la fonction « puits » de C de l’écosystème forestier. Pourtant, ce compartiment semble négligé par rapport à celui de la végétation. Puis, l’étude de sa taille et de ses changements reste complexe et laborieuse compte tenu de sa grande variabilité spatiale, son gradient vertical marqué et la multiplicité de ses déterminants. Toutefois, des études sur le COS ont pu être menées à Madagascar. Au niveau national, le COS a été évalué sur 0-30 cm de profondeur. A l’échelle infranationale, des mesures locales ont été effectuées à travers des études académiques ou via des études initiées par les promoteurs de projets dans des zones REDD. Malgré tout, une grande lacune persiste sur les connaissances sur le COS en termes de taille et de changements de stocks puisque la carte nationale du COS servant de référence reste statique et les mesures locales de stocks de C sous REDD effectuées sont centrées sur le CBA. Ainsi, on constate un manque en ce qui concerne l’étude de la taille du COS et sa dynamique sous REDD à Madagascar. En capitalisant les données stocks de C disponibles, et en utilisant Ex-ACT pour l’évaluation ex-ante du bilan C de REDD, il serait possible d’établir l’état initial des stocks et d’étudier le devenir du COS sous deux niveaux d’évaluation : Tier 1 et Tier 2. Dans ce sens, la question qui se pose est : « Selon les données stocks de carbone disponibles et les simulations dans Ex-ACT, quelle est l’importance du stock de carbone du sol comparé à celle de la biomasse aérienne, puis quel sera le devenir du COS sous REDD à Madagascar? ». En réponse à cette problématique, les hypothèses de recherche émises sont :
– Hypothèse 1 : Le stock de carbone du sol (0-30 cm) est aussi important que celui de la biomasse aérienne dans les zones REDD. Cette hypothèse stipule que le réservoir sol peut stocker sur 0-30 cm de profondeur une quantité aussi importante de C que la végétation. Cette affirmation est admise comme première hypothèse sachant qu’en forêt tropicale, les sols contiennent presque autant de C que la végétation (Sombroek, Nachtergaele et Hebel, 1993). A Madagascar, dans le site REDD du projet PHCF à Fort Dauphin, lesmoyennes de ratio défini par le rapport entre la quantité du C du sol et celle de la biomasse aérienne étaient de 0,6 ± 0,3 allant jusqu’à 1,3 ± 0,5 en forêt humide et de 1,2 ± 0,7 atteignant 2,7 ± 1,0 en forêt sèche. Il a été constaté que le ratio moyen était toujours proche de 1 (Rakotonarivo, 2010). Ces observations à Fort-Dauphin couplé à la négligence du potentiel de stockage de C par le sol conduisent à étudier de près les stocks de C du sol sous REDD à Madagascar sur la profondeur de 0-30 cm pour laquelle les données stocks de C sont plus disponibles.
– Hypothèse 2 : Pour un projet REDD (30 ans), la quantité de carbone séquestrée dans le sol (0-30 cm) est supérieure à celle de la biomasse aérienne. Le stock de C du sol peut augmenter ou diminuer en fonction du bilan des apports par restitution et des pertes par minéralisation et biodégradation de la matière organique. Il s’en suit soit une accumulation de C, soit une libération et distribution dans les profondeurs, vers d’autres parcelles ou d’autres réservoirs de C que le sol (ex : les océans) (Arrouays et al, 2003 ; Robert et Saugier, 2003). Il en est de même pour la végétation qui peut capter le C par photosynthèse et le rejeter par respiration ou en cas de dégradation de la biomasse vivante (ex : suite au feu ou à une exploitation forestière). Malgré cette similitude entre le fonctionnement du sol et de la végétation, les études sur la dynamique du C ont montré que la perte observée pour la végétation peut se faire plus rapidement que celle du sol en cas de déforestation (Lo Seen et al, 2010 ; LRI et Good Planet, 2011). En effet, si la perte de C peut être totale (100%) et immédiate pour la végétation, elle se ferait de façon partielle et progressive (sur 15années) avec 20 à 25% de perte sur 0-100 cm et 0-30 cm de sol en climat sec et 15% pour ces mêmes profondeurs en climat humide (LRI et Good Planet, 2011). Ainsi, en cas de déforestation sachant que la valeur du stock de C du sol est globalement voisine de celle de la végétation, cette dernière est susceptible d’émettre une plus grande quantité de C que le sol en une période prédéfinie. Le stock de Carbone de la Biomasse Aérienne (CBA) se perdrait donc plus massivement que le COS. En même temps, il a été découvert que sous REDD, le potentiel d’évitement d’émission de C pour le sol était de près de 60% au Kenya (Wildlife Works, 2011). Ceci témoigne d’une capacité de séquestration de C par le sol pouvant dépasser nettement celle de la végétation. Ainsi, si le COS est présumé aussi important que le CBA initial, la question est ici de savoir si le COS peut dépasser le CBA en fin de projet REDD en termes de quantité de C restante.
– Hypothèse 3 : Dans Ex-ACT, Tier 2 donnerait des résultats différents du Tier 1. Lors de la simulation sous Ex-ACT pour l’étude du devenir du C tout au long du projet, les calculs se feraient parallèlement sous Tier 1 et Tier 2. En utilisant Tier 1 pour calculer les émissions et les stocks de C à partir de coefficients par défaut, Ex-ACT produirait des résultats moins précis qu’avec Tier 2 qui se base sur des données locales (GIEC, 2006). Les différences entre les données de sortie des Tiers 1 et 2 seraient significatives. Pour l’étude du devenir des stocks de C sous REDD, Tier 2 donnerait des résultats présumés différents du Tier 1 qui se base sur des coefficients par défaut.

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Table des matières

I. Introduction
II. Etat des connaissances
II.1. Les projets pilotes REDD malgaches
II.2. Types de sols et carte nationale du COS a Madagascar
II.3. Evaluations ponctuelles du COS à Madagascar
II.4. Mesures du CBA dans le cadre de la REDD a Madagascar
II.5. Outils d’évaluation du bilan C, focus sur Ex-ACT
III. Méthodologie
III.1. Rappel de la problématique et des hypothèses
III.2. Sites d’étude
III.3. Evaluation des COS et CBA actuels
III.3.1. Approche spatiale
III.3.2. Approche selon Ex-ACT
III.4. Etude du devenir des stocks de C dans le cadre de la REDD : simulation sous Ex-ACT 
III.4.1. Les différentes étapes
III.4.2. Collecte de données
III.4.3. Définition des données stocks de carbone à utiliser
III.5. Analyse statistique des données
III.6. Cadre opératoire de la recherche
IV. Résultats, interprétations et discussions
IV.1. Taille du COS et du CBA
V.1.1. COS selon l’approche spatiale
IV.1.2. Tailles et importance de COS et CBA selon Ex-ACT, etat initial
IV.2. Devenir du COS et du CBA sous REDD via Ex-ACT
IV.2.1. Evolution des superficies de végétations « sans projet » et « avec projet »
IV.2.2. Changements de stocks de C dans le cadre de la REDD
IV.3. Comparaison des résultats des Tiers 1 et 2
IV.4. Discussions méthodologiques
V. Conclusions
Références bibliographiques

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