DEFINITION DU CADRE D’ANALYSE ET POSITIONNEMENT THEORIQUE
De quelle performance parlons-nous ? Quel système d’information vise-t-on ? A quelles relations entre systèmes d’information et performance nous nous intéressons? Ces questions sont importantes à clarifier dès le début de ce travail de recherche tant elles peuvent être déterminantes dans la compréhension de la nature, du sens et du poids de l’éventuelle contribution des systèmes d’information à la performance de l’entreprise.
De quelle performance parlons-nous ?
La contribution des systèmes d’information à la performance de l’entreprise dépend largement de la nature de la performance à analyser. Le travail de Hitt et Brynjolffson (1994) montre l’effet différencié des systèmes d’information selon l’indicateur de la performance suivi :
– Les systèmes d’information ont un impact positif significatif sur la productivité : produire, grâce aux technologies de l’information, plus d’output tout en utilisant moins d’input.
– Les systèmes d’information ont un impact substantiel sur la création de valeur pour le consommateur : bénéfices ressentis par les consommateurs grâce aux technologies de l’information).
– Les systèmes d’information n’ont pas d’impact mesurable sur l’amélioration de la performance business de l’entreprise : constitution d’un avantage compétitif générant une plus grande part de revenus.
Aussi, nous nous proposons dans ce qui suit d’approfondir la notion de la performance à travers ses différentes conceptions et niveaux d’analyse.
Les différentes conceptions de la performance
La performance de l’entreprise est une notion générique, souvent utilisée pour faire référence à une où plusieurs notions plus précises telles que : la productivité, le rendement de l’actif, la qualité du service rendu au client…etc.
Trois principales conceptions de la performance regroupent ces différentes notions (Raymond, 2002) : la performance financière, la performance opérationnelle et la performance concurrentielle.
La performance financière
La théorie financière définit souvent la performance d’une entreprise par sa valeur financière, i.e. le prix du marché de l’entreprise. Trois facteurs fondamentaux déterminent la valeur financière : le cash-flow, les prévisions à long terme de cash-flow et le coût du capital. La valeur actualisée des cash-flows d’une entreprise (flux de trésorerie futurs), et non ses résultats industriels, détermine le cours de son titre, les résultats n’étant souvent que des « illusions » des pratiques comptables en cours (Caby et Hirigoyen, 2001). La valeur financière est ainsi souvent confondue avec sa valeur boursière ou sa valeur calculée à l’aide de l’une des méthodes traditionnelles d’évaluation (méthode EVA/MVA, modèle du Goodwill, modèle des Free Cash Flows…). La valeur financière est donc une notion universelle puisqu’elle se réfère dans son calcul à des indicateurs bien identifiés et objectifs.
Toutefois, en examinant les prix d’acquisition ou de cession des entreprises, on remarque que celui-ci n’est pas soumis aux règles traditionnelles de l’évaluation financière, mais qu’il intègre bien d’autres variables au caractère plutôt subjectif. On parle alors de valeur stratégique ou économique. Ce sont Modigliani et Miller (1961, 1966) qui ont été à l’origine de l’approche en termes de valeur économique ou de valeur stratégique. Dans ce cadre, la valeur reflète celle perçue par les acquéreurs industriels. Ces derniers évaluent l’entreprise dans une optique de continuité de l’exploitation : des opportunités de croissance offertes, des synergies possibles, un positionnement dans un secteur, etc. La valeur stratégique intègre ainsi deux variables : la valeur des actifs existants, et la valeur de croissance attendue par la perspective de continuité d’exploitation. La création de valeur est l’accroissement de la valeur économique de l’entreprise. Elle est égale à la différence entre la valeur du marché d’une entreprise et la valeur comptable nette de ses actifs .
Ces conceptions de la valeur issues de la théorie financière ont inspiré plusieurs études empiriques autour de l’impact des technologies de l’information et de la communication sur la performance financière de l’entreprise, par exemple : la valeur du marché (Dos Santos, Peffers et Mauer, 1993), le taux de profit, le rendement des actifs (Bergeron et al. 1998).
La performance opérationnelle
La théorie économique de la production a beaucoup nourri les études empiriques sur la question de l’impact des TIC sur la valeur de l’entreprise. Pour ces études, la notion qui traduit le mieux la valeur opérationnelle de l’entreprise est : la productivité. La productivité recouvre principalement deux notions différentes : la productivité partielle des facteurs de production (travail et capital) et la productivité globale des facteurs.
La productivité partielle des facteurs de production se mesure en faisant le rapport entre la quantité produite et la quantité de facteur utilisé pour l’obtenir. On distingue dès lors deux types de productivité partielle (dite aussi apparente) :
– La productivité du travail : elle évalue la quantité de biens ou services produits par heure de travail. C’est donc le rapport entre la quantité produite et la quantité du travail utilisé pour l’obtenir.
– La productivité du capital : elle évalue la quantité de biens ou services produits à l’aide d’une unité monétaire investie. C’est donc le rapport entre la quantité produite et le montant de capital investi.
La productivité apparente du travail étant définie comme la production par heure de travail, dépend fortement du stock de capital, et en particulier des machines dont disposent les travailleurs. Ainsi, son augmentation ne traduit pas forcément une plus grande efficacité de la main d’œuvre et peut découler d’une simple augmentation du capital due à l’investissement. On peut aussi avoir le même raisonnement pour la productivité apparente du capital : une augmentation de la productivité du capital peut, à son tour, découler d’un investissement supplémentaire en main d’œuvre ou en capital et non à une plus grande efficacité du capital. Pour pallier à cette carence, on a recours à la notion de productivité globale des facteurs de production. La productivité globale des facteurs de production traduit « le volume de la production non seulement au volume du travail, mais à ceux également des autres facteurs : principalement le volume du capital fixe, et parfois aussi, suivant les types et niveaux d’analyse, le volume des transactions intermédiaires. Dans ce dernier cas la mesure utilisée pour la production n’est plus le volume de valeur ajoutée, mais doit intégrer de façon cohérente le volume de consommations intermédiaires « .
L’INSEE définit la productivité globale des facteurs de production par le rapport entre la production réalisée par une unité économique et l’ensemble des facteurs de production (capital et travail) utilisés lors du processus de production.
Les gains de productivité sont réalisés en produisant la même quantité de biens ou de services à l’aide d’une quantité toujours plus faible de facteurs de production (capital, travail). Ils peuvent aussi être réalisés en produisant plus de quantité de biens ou services avec la même quantité de facteurs de production. Tout comme dans le cas de la théorie financière, la théorie économique de la production a inspiré plusieurs études empiriques sur les questions de l’impact des technologies de l’information sur la valeur de l’entreprise. Malgré le biais qu’elle présente, la productivité partielle des facteurs (ou gains de productivité partielle des facteurs) demeure l’indicateur de valeur le plus utilisé dans ces études, sans doute à cause de sa facilité de calcul.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre I. Contribution des systèmes d’information à la performance des organisations : positionnement théorique et construction du cadre conceptuel d’analyse
Introduction
Section I. Définition du cadre d’analyse et positionnement théorique
Section II. Revue critique du courant structurationniste et proposition d’un cadre conceptuel d’analyse
Section III. Le cadre conceptuel à la lumière des projets ERP : évolution du cadre d’analyse et énoncé de la problématique de recherche
Conclusion
Chapitre II. Contribution des systèmes d’information à la performance de TopInsure : Analyse longitudinale du changement de l’activité de gestion des sinistres
Introduction
Section I. choix de l’étude de cas comme stratégie de recherche : démarche et implications methodologiques
Section II. Etude du contexte et du contenu du changement de l’activité de gestion des sinistres IARD de TopInsure
Section III. Processus de transformation de l’activité de gestion des sinistres IARD et place du dispositif technologique déployé dans ce processus
Conclusion
Chapitre III. Modélisation de la dynamique du changement de l’activité de gestion des sinistres et analyse de son effet sur la performance des Centres de Services
Introduction
Section I. Nature, sources et pertinence des données collectées
Section II. Enoncé du modèle d’analyse et etude longitudinale de ses variables
Section III. Modélisation de la dynamique du changement des équipes de gestion et de son effet sur leur performance
Conclusion
Chapitre IV. Discussion des résultats, apports, limites et pistes d’approfondissement
Conclusion générale
Bibliographie
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