CONTRIBUTION DES MICROFINANCES DANS LE DEVELOPPEMENT SOCIOECONOMIQUE

Définitions de la microfinance

   Plusieurs définitions de la microfinance sont offertes dans la littérature des IMF et parmis ces définitions ceux proposés ci-dessous1 semblent beaucoup aider pour sa réelle compréhension. « La microfinance est une approche participative du développement permettant aux gens de prendre le contrôle de leurs vies et de devenir autonome… il n’est pas nécessaire de disposer des moyens considérables pour avoir des idées créatives en affaire, pour épargner en fonction de ses propres priorités et pour au final planifier son avenir ». « L’accès durable à la microfinance aide à réduire la pauvreté en permettant la génération de revenus et la création d’emplois, en donnant la possibilité aux enfants d’aller à l’école et aux familles d’avoir des soins médicaux, et en permettant aux gens de faire les choix qui répondent aux mieux à leurs besoins. Ensemble, nous pouvons et nous devons construire des secteurs financiers accessibles à tous qui aident les gens à améliorer leurs conditions de vie ». « La microfinance est bien plus qu’un simple outil pour la génération des revenus. En renforçant les rapports de forces en faveur des pauvres, et en particulier des femmes, elle est devenue un mécanisme clé pour l’atteinte des Objectifs des Millénaires pour le Développement, et plus spécifiquement pour l’atteinte de la cible globale de réduction de moitié, de l’extrême de pauvreté et de la faim, à l’horizon 2015 ». A Madagascar on définit la microfinance comme étant « l’offre à titre habituel de services financiers de proximité à des personnes physiques ou morales n’ayant pas accès au système bancaire traditionnel. Ce sont des services d’épargne et de crédit qui sont nécessaires pour promouvoir ou soutenir des activités génératrices de revenus permettant à cette catégorie de population d’améliorer son niveau de vie, d’atteindre une meilleure intégration sociale et d’accéder à un développement humain durable »5 Ainsi, la microfinance se définit souvent par les deux fonctions d’intermédiation sociale et financière. Loin d’être une simple affaire de banquier, la microfinance est un outil de développement. L’accès aux services financiers et le développement de la microentreprise est l’un des grands piliers du développement durable (au côté de la Démocratie, de l’Education et des infrastructures)

Le crédit

   En 2006, 133 millions de personnes ont contracté des microcrédits auprès de 3316 IMF. Parmi les clients les plus pauvres (70% du total) 4, 85% sont des femmes. La microfinance a ainsi apporté des pratiques novatrices en termes de crédit bancaire, remettant en question toute la théorie économique sur le crédit. En effet, ces techniques, dont le crédit solidaire, ont prouvé qu’il était possible de prêter à des populations considérées par les banques traditionnelles comme trop risquées et dépourvues de garanties nécessaires pour être solvables. Ce système fonctionne sur la caution solidaire, donc la confiance apportée par un groupe d’emprunteurs (de 3 à 20 personnes), tout le groupe étant responsable du remboursement des prêts accordés à un des membres. Les relations  sociales permettent de composer avec l’asymétrie informationnelle entre prêteur et emprunteur ; ce principe représente l’innovation majeure apportée par la microfinance. La pratique des crédits par les institutions se fait également, et même de plus en plus, sous forme de crédit individuel. Le crédit est accordé à une seule personne liée à une institution, moyennant une garantie matérielle ou la caution d’une autre personne. Ces institutions servent en général les plus riches parmi les pauvres, avec des montants plus élevés que dans le cas des crédits solidaires. Les microcrédits, dont les taux d’intérêt sont très élevés et les montants faibles, sont utilisés en général pour financer des fonds de roulement de court terme ou des petits investissements pour démarrer des microentreprises. Les techniques d’octroi, particulièrement les prêts groupés, permettent d’atteindre des taux de remboursement de plus de 90%12. Ces crédits ont du succès auprès des pauvres car ils sont une forme d’épargne forcée. En effet, les pauvres ont besoin d’épargner, mais ils ont du mal à y arriver seuls à cause de l’insécurité de l’épargne domestique et de leur vulnérabilité face à la tentation de dépenser. Les IMF sont de plus en plus convaincues par cet argument, ce qui se traduit par un élargissement de leur offre aux services d’épargne

Principes clés des microfinances

   Le Groupe consultatif d’assistance aux plus pauvres, a établi onze principes essentiels pour les microfinances, des principes qui ont été endossés par le G8 en juin 200416
1. Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de prêts. Les pauvres ont comme tout le monde, besoin d’une vaste gamme de services financiers pratiques, souples, et d’un prix raisonnable. Selon la situation dans laquelle ils se trouvent, les pauvres peuvent avoir besoin non seulement de crédit, mais aussi d’instruments d’épargne, de services de transfert de fonds et d’assurances.
2. La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreté. L’accès à des services financiers viables permet aux pauvres d’accroître leurs revenus, de se doter d’actifs et de se protéger dans une certaine mesure des chocs extérieurs. La microfinance permet aux ménages pauvres de ne plus avoir à lutter au quotidien pour simplement survivre mais de faire des plans pour l’avenir et d’investir afin d’améliorer leur nutrition, leurs conditions de vie, et la santé et l’éducation de leurs enfants.
3. La microfinance est le moyen de mettre des systèmes financiers au service des pauvres. Les pauvres constituent la vaste majorité de la population dans la plupart des pays en développement. Or un nombre considérable d’entre eux n’ont toujours pas accès à des services financiers de base. Dans beaucoup de pays, la microfinance continue d’être considérée comme un secteur marginal et relever essentiellement des activités de développement des bailleurs de fonds, des pouvoirs publics, et d’investisseurs soucieux des intérêts de la collectivité. Pour qu’elle puisse réaliser pleinement son potentiel en desservant un grand nombre de pauvres, il faudrait que la microfinance devienne une partie intégrante du secteur financier.
4. Il est nécessaire d’assurer la viabilité financière des opérations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres. La plupart des pauvres ne sont pas en mesure d’avoir accès à des services financiers en raison de l’absence d’intermédiaires financiers solides offrant des services de détail. La mise en place d’institutions financièrement viables n’est pas une fin en soi. C’est la seule façon d’accroître l’envergure et l’impact des opérations de manière à porter leur volume à un niveau supérieur à ce que peuvent offrir les bailleurs de fonds. La viabilité s’entend de la capacité d’une entité fournissant des microfinancements à couvrir l’intégralité de ses coûts. Elle permet d’assurer la poursuite des opérations de l’entité en question et de la fourniture de services financiers aux pauvres. La viabilité financière passe par la réduction des coûts de transaction, l’offre de meilleurs produits et services répondant aux besoins des clients, et l’adoption de nouveaux moyens de servir les pauvres qui n’ont pas accès aux services bancaires.
5. La microfinance implique la mise en place d’institutions financières locales permanentes. Pour créer des systèmes financiers destinés aux pauvres, il faut mettre en place des intermédiaires financiers intérieurs solides en mesure de fournir en permanence des services financiers à ceux-ci. Ces institutions doivent pouvoir mobiliser et réinjecter l’épargne intérieure dans l’économie, accorder des crédits et fournir toute une gamme de services. La mesure dont elles dépendent des financements des bailleurs de fonds et des pouvoirs publics – y compris les banques de développement financées au niveau des États diminuera progressivement à mesure qu’elles, et les marchés des capitaux privés, se développeront.
6. Le microcrédit n’est pas toujours la solution. L’octroi de microcrédits n’est pas nécessairement une solution adéquate pour tout le monde ou dans toutes les situations. Les indigents et ceux qui souffrent de la faim, qui n’ont ni revenus ni moyens de rembourser un emprunt doivent recevoir d’autres formes de soutien avant de pouvoir emprunter. Souvent, il vaut mieux faire de petits dons, améliorer les infrastructures, mettre en place des programmes d’emploi et de formation et fournir d’autres services non financiers pour lutter contre la pauvreté. Dans toute la mesure du possible, ces services non financiers doivent aller de pair avec la constitution d’une épargne.
7. Le plafonnement des taux d’intérêt peut nuire à l’accès des pauvres aux services financiers. Il est beaucoup plus onéreux d’accorder un grand nombre de petits prêts qu’un petit nombre de prêts de montant élevé. À moins que les fournisseurs de microfinancements ne puissent demander des taux d’intérêt nettement supérieurs aux taux moyens des prêts bancaires, ils ne seront pas en mesure de couvrir leurs coûts, de sorte que leur croissance et leur viabilité sont tributaires d’une offre très limitée et incertaine de financements à des taux bonifiés. Lorsque les pouvoirs publics réglementent les taux d’intérêt, ils fixent généralement ces derniers à des niveaux trop bas pour que les opérations de microfinancement puissent être viables. Toutefois, il importe aussi que les fournisseurs de microfinancements ne répercutent pas les coûts que pourraient entraîner des inefficacités dans leurs opérations sur leurs clients en fixant leurs prix (taux d’intérêt et autres commissions) à des niveaux nettement supérieurs à ce qu’ils devraient être.
8. Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers, mais non les fournir directement. Les autorités nationales jouent un rôle important en menant une action favorable au développement des services financiers tout en protégeant l’épargne des pauvres. Les mesures les plus favorables au microfinancement qu’un gouvernement peut prendre consistent à assurer la stabilité macroéconomique, à ne pas plafonner les taux d’intérêt, et à éviter d’introduire sur le marché les distorsions qu’engendrerait la poursuite de programmes de prêts bonifiés non viables et sources d’arriérés considérables. Les autorités peuvent aussi appuyer les services financiers destinés aux pauvres en améliorant le climat des affaires, en luttant contre la corruption, et en améliorant l’accès aux marchés et à l’infrastructure. Dans certains cas, en l’absence d’autres financements, l’État peut avoir de bonnes raisons de financer des institutions de microfinancement indépendantes et solides lorsqu’il n’existe pas d’autres financements.
9. Les financements bonifiés des bailleurs de fonds doivent compléter les capitaux du secteur privé, ils ne doivent pas les remplacer. Il importe que les bailleurs de fonds utilisent, pendant un temps, des instruments appropriés de don, de prêt et de participation pour renforcer les capacités institutionnelles des prestataires de services financiers, développer l’infrastructure nécessaire (agences de notation, agences d’évaluation du crédit, capacités d’audit, etc.), et appuyer des services et produits innovants. Dans certains cas, il leur faudra peut-être fournir plus longtemps des financements bonifiés pour pouvoir atteindre des groupes de population qui sont difficiles à toucher parce qu’ils vivent dans des régions faiblement peuplées ou pour d’autres raisons. Pour que leur appui financier soit efficace, les bailleurs de fonds doivent chercher à intégrer les services financiers axés sur les pauvres dans les opérations des marchés financiers locaux ; faire appel à des compétences spécialisées pour la conception et la mise en œuvre des projets ; exiger que les institutions financières et les autres partenaires respectent des normes de performance minimales pour continuer à bénéficier d’un appui ; et planifier dès le début leur stratégie de désengagement.
10. Le manque de capacités institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle. La microfinance est un domaine spécialisé qui conjugue les services bancaires à des objectifs sociaux, et un renforcement des capacités est nécessaire à tous les niveaux, des institutions financières aux instances de réglementation et de contrôle et aux systèmes d’information, jusqu’aux organismes de développement de l’État et aux bailleurs de fonds. La majeure partie des investissements, publics et privés, effectués à ce titre devrait viser le renforcement des capacités.
11. L’importance de la transparence des activités financières et des services d’information. Il est indispensable de disposer d’informations exactes, comparables et présentées selon un format standard sur les résultats financiers et la performance sociale des institutions financières qui fournissent des services aux pauvres. Les organes de contrôle et de réglementation des banques, les bailleurs de fonds, les investisseurs et,surtout, les pauvres qui sont les clients des services de microfinancement, doivent avoir accès à ces informations pour bien évaluer les risques et les avantages de leurs opérations. Après avoir bien compris les principes des microfinances, l’étude sur le développement socioéconomique est nécessaire pour bien trouver leur relation.

Les prêts groupés à base de caution solidaire

   Le marché du crédit se caractérise par l’échange d’un actif liquide contre une promesse de remboursement du principal et de paiement d’un intérêt pour l’usage de ces capitaux. Le manque d’information sur la qualité des emprunteurs et leurs projets (leur capacité de remboursement et leur volonté effective de paiement) rend le marché déficient car les prix seront fixés de telle manière que les bons emprunteurs s’abstiendront de toute transaction alors que les mauvais s’y lanceront. En microfinance, pour capter cette information, la technique de prêt de groupe de caution solidaire peut être utilisée. Comme mécanisme de lutte contre la sélection adverse dans une relation de crédit, le prêt de groupe de caution solidaire présente des principaux avantages. D’abord le prêt groupé est une solution au problème d’information précontractuelle. Car c’est dans une confiance qu’ils se témoignent réciproquement qu’ils acceptent de constituer un groupe de caution solidaire. Ceux qui ne seront pas sur de jouer franc jeu ne seront pas admis comme membre du groupe à constituer. Les bons risques se sélectionnent donc entre eux et cela va exclure toute hétérogénéité des risques au sein des groupes optimaux. En second lieu le risque défaut sera maitrisé parce que les membres d’un même groupe de caution solidaire se connaissent bien et se sélectionnent souvent sur base de la confiance mutuelle, ils s’engagent aussi solidairement les uns envers les autres. Cet engagement communément appelé « responsabilité conjointe » est peut-être la toile de fond de tout crédit groupé. En effet, chaque membre du groupe est personnellement responsable et redevable (en lieu et place du membre fautif) de la totalité de l’encours, même s’il n’a pas encore bénéficié du prêt. La responsabilité conjointe garantit le remboursement du crédit à l’organisation de microfinance malgré la défaillance de l’emprunteur. Le risque s’en trouve maîtrisé car les emprunteurs ont plus de chance de se faire rembourser par le fautif et surtout de l’aider, de par leur solidarité, à obtenir à nouveau du crédit. D’un autre coté on peut bénéficier d’une réduction des coûts du crédit. Les membres d’un même groupe de caution solidaire se réservent, par le crédit qui les lie tous, tout droit de regard sur le projet en cours de financement. Ils exercent ainsi un contrôle mutuel en lieu et place de l’organisation de microfinance. Ceci réduit les frais de suivi et d’exécution qu’aurait engagés cette organisation. Enfin on peut constater la possibilité d’accroissement du montant des prêts, vu que dans les prêts de groupe, le fait que l’organisation de microfinance accorde du crédit à tour de rôle à chaque membre d’un même groupe « libère » celle-ci de la pression de devoir accorder simultanément un crédit à tous ses clients. Il est donc possible, en fonction des ressources prêtables, que le montant moyen accordé à chaque membre soit plus important.

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Table des matières

INTRODUCTION
I) APPROCHE GLOBALE DE LA MICROFINANCE ET DU DEVELOPPEMENT SOCIOECONOMIQUE
I-I) Généralité sur la microfinance
I-I-1) Définitions de la microfinance
I-I-2) Contexte et historique de la microfinance
I-I-3) Les produits actuels de la microfinance
I -1-4) Principes clés des microfinances
I-II) Notions sur le développement socio-économique
I-II-1) Approche empirique du développement socio-économique
I-II-2) Des indicateurs de développement socio-économique
II) LES FONDEMENTS THÉORIQUES DE L’EFFICACITÉ DE LA MICROFINANCE
II-I) LES THEORIES FONDEES SUR L’ASYMETRIE DE L’INFORMATION
II-I-1) Les prêts groupés à base de caution solidaire
II-I-2) Les incitations dynamiques et autres facteurs
II-II) La théorie de la répression financière
II-III) La théorie des coûts de transaction
II-III-1) L’origine et les facteurs influençant les coûts de transaction
II-III-2) Les possibilités organisationnelles d’économiser sur les coûts de transaction et la sélection des emprunteurs
II-III-3) L’ébauche d’une mesure concrète des coûts de transaction
II-IV) La théorie des droits de propriété en microfinance
II-IV-1) Définition et catégorisation des droits de propriété
II-IV-2) Théorème de Coase et problèmes d’efficacité des organisations de microfinance
III) LES APPORTS DE LA MICROFINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT
III-I) La microfinance pour éradiquer la pauvreté
III-II) Un moyen pour la promotion de l’éducation des enfants
III-III) Amélioration de l’état de santé des femmes et des enfants
III-IV) Émancipation des femmes
III-V) LA MICROFINANCE COMME LEVIER DE CHANGEMENT
III-V-1) Microfinance comme étant une production marchande
III-V-2) Microfinance et développement local
III-V-3) Microfinance, politiques publiques et démocratisation
CONCLUSION

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