CONTRIBUTION DES INSTITUTIONS A LA PERFORMANCE ECONOMIQUE EN PRESENCE DE RENTES

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Caractéristiques d’une économie rentière

Le concept d’ « Etat rentier » a été initialement utilisé par Mahdavy (1970) pour désigner sans toutefois définir un seuil, toute économie qui reçoit sur une base régulière des montants substantiels de rente externe. Les rentes externes apparaissent ainsi comme des revenus versés par des individus ou des gouvernements étrangers dans un pays.
Quatre caractéristiques sont identifiées par Beblawi et Luciani (1987) pour décrire les économies de rentes :
D’ abord, la rente est au centre de toutes les activités. A elle seule, est la base de l’économie et il n’existe aucun autre secteur productif important dans l’économie. Aussi, celle-ci provient de flux financiers étrangers, elle est donc externe à l’économie de par son origine. L’existence d’une rente interne ne suffit pas à caractériser une économie de rente, puisqu’ elle témoigne d l’existence d’un secteur productif local. De même, seule une minorité de la société est engagée dans la genèse de la rente : la majorité de la population n’est impliquée que par la distribution et l’utilisation de cette richesse. Une économie ouverte avec un niveau élevé d’échange extérieur ne saurait être une économie rentière, dans la mesure où la plus grande partie de la société est engagée dans le processus de création de la richesse. Enfin, le gouvernement joue un rôle central dans la distribution de la rente car il est le principal bénéficiaire de la rente externe.
Une des conséquences de telles caractéristiques réside dans le fait que la présence de la rente externe libère ainsi l’Etat de son besoin de collecter les recettes fiscales comme le souligne Luciani (1994), il est donc le principal acteur de l’économie nationale.
Au-delà de tout, dans le cadre de notre recherche nous privilégions la définition de la Banque Mondiale (2011) qui aborde les rentes de ressources naturelles comme le total des revenus qui peut être généré à partir de l’extraction des ressources naturelles, moins le coût de l’extraction des ressources. Quant est –il des institutions ?

Présentation de l’essence du concept institutionnel

Il est question ici de présenter les aspects multidimensionnels et polymorphes du concept institutionnel.

Les institutions, une notion à diverses définitions

Les institutions de par leur nature sont polysémiques, un consensus toutefois existe quant à ce que les institutions ne sont pas. Déjà, un des précurseurs des économistes de l’institution, John Commons (1931) présentait ce concept comme une forme de comportement collectif qui réalise « le contrôle, la libération et l’expansion de l’action individuelle ».
À cette définition, plusieurs autres viennent se greffer dont celle d’Avner Greif (2006) qui définit les institutions comme « un système de facteurs sociaux qui génère conjointement une régularité des comportements » et celle de Glaeser et al (2004) qui l’appréhendent simplement comme « des contraintes qui sont raisonnablement permanentes et durables ».
Toutefois, une définition couramment utilisée dans la littérature est celle relative à l’interprétation de North (1994) pour qui les institutions apparaissent en somme comme des règles de jeux de la société qui structurent les interactions humaines dans le domaine politique, économique et sociale. Cependant, North (1994) insiste sur la différence qui existe entre les institutions et les organisations, car pour lui ces derniers sont des groupes d’individus qui œuvrent pour un but ou un objectif commun ayant les mêmes intérêts. Les parties politiques, les églises, les écoles, les agences gouvernementales en sont quelques exemples.

Le caractère polymorphe du concept institution

Généralement, deux catégories d’institutions sont recensées : les institutions formelles et les institutions informelles. Comme précédemment souligné, les institutions formelles apparaissent non seulement comme un ensemble de règles juridiques, politiques, et économiques écrites ; mais aussi comme un ensemble de contrats régulé par une entité qui peut être l’Etat ou ses administrations. Les institutions informelles quant à elles ne sont pas écrites. Elles sont un ensemble de coutumes, de croyances, de conventions ou de normes de conduites dans la société (North, 1990). Leur exécution est assurée de manière endogène par l’individu.
Cependant, les analyses dans la littérature économique privilégient les travaux sur les institutions formelles catégorisées en deux champs. Les institutions économiques régissant l’interaction humaine dans la sphère économique. Elles sont déterminées comme un choix collectif dans la société, influençant la performance économique et la distribution des ressources dans le futur. De même, elles régulent les motivations économiques : les motivations à épargner, à s’éduquer, à innover, à investir, à adopter de nouvelles technologies, etc. (Acemoglu, 2012).
Ces institutions peuvent être divisées en plusieurs classes selon Rodrik (2003) : les institutions de création du marché telles que les institutions de droits de propriété, les institutions de régulation12 du marché comme les organismes de régulation, les institutions de stabilisation du marché comme les institutions monétaires et budgétaires, et les institutions de légitimation du marché à l’exemple des institutions de protection et d’assurance sociale.
Les institutions politiques quant à elles déterminent les motivations et les contraintes des acteurs clés dans la sphère politique. Elles ne se limitent pas seulement à l’élaboration d’une constitution ou à savoir si la société est démocratique. Les institutions politiques incluent également le pouvoir et la capacité de l’Etat à gouverner et à réguler la société. Il est important de considérer d’une manière large, les facteurs qui déterminent comment le pouvoir politique est distribué dans la société particulièrement la capacité des différents groupes d’individus à agir collectivement dans le but d’atteindre leurs objectifs ou d’empêcher d’autres individus à atteindre les leurs (Acemoglu et al, 2012). Plusieurs types d’institutions politiques peuvent être citées telles que les formes de gouvernement à l’exemple de la démocratie, la dictature, les contraintes sur les politiciens et l’élite politique (Acemoglu et al, 2004).
En conséquence, au-delà des aspects multidimensionnels et polymorphes des institutions, nous retenons la décomposition élaborée par Acemoglu (2012) dans notre travail. Ceci dans le but de tenir compte du caractère multidimensionnel. Il devient alors pertinent d’analyser les institutions vis-à-vis de la performance économique, en vue d’appréhender les écarts de développement entre les économies.

Les Institutions, un Elément clé dans la Stimulation de la Performance Economique

Le rôle joué dans la performance économique d’un pays par les institutions occupe une place privilégiée ces dernières années dans les discussions aussi bien politiques, économiques, etc. Pour mieux appréhender un tel fait, un certain nombre de pré requis est exigé. Principalement, il s’agit de dévoiler d’abord les principaux courants qui entourent cette notion, ensuite d’exposer la contribution des institutions (politiques et économiques) sur la performance économique proprement dite, et enfin d’exhiber la relation de causalité bidirectionnelle existante autour des institutions et la performance économique.

Les principaux courants institutionnels au sein de l’analyse économique

S’il est reconnu qu’il existe une pluralité de théories institutionnelles, il est également reconnu que ces théories partagent une opinion commune, la reconnaissance du contexte institutionnel dans la gestion et la prise de décision d’une organisation. C’est pour cette raison que nous présentons l’ancienne école institutionnelle et la nouvelle école institutionnelle.

Ancienne Ecole institutionnelle (AEI)

L’ancienne école institutionnelle trouve son origine dans les travaux des institutionnalistes américains dont les précurseurs sont Veblen, Mitchell, Commons et Ayres (Hodgson, 1989). Bien qu’il existe une différence importante sur leur point de vue, ces auteurs s’insurgent contre les hypothèses irréalistes du modèle économique néoclassique. Spécifiquement, ils rejettent l’hypothèse de comportement économique rationnel et le concept de conditions d’équilibres. Toutefois, la théorie de l’ancienne école institutionnelle n’est pas clairement délimitée, mais elle peut être résumée par un ensemble d’hypothèses formulées par Hodgson (2000) : Ainsi, l’AEI maintient que l’action humaine est contrainte par les institutions, mais elle reconnait aussi que celles -ci permettent aux individus de mener des actions significatives. Pour cette école également, les institutions peuvent être formelles ou informelles, inaltérables et permanentes du fait qu’elles ont tendance à s’auto renforcer. Enfin, elle affirme que de telles institutions ne sont pas indépendantes des individus qui composent les différents milieux sociaux, à contrario elles existent à travers les comportements de ces individus.

Nouvelle école institutionnelle (NEI)

La nouvelle économie institutionnelle ou « Néo institutionnalisme » est basée sur les fondements néoclassiques et regroupe un ensemble de courants de pensée (Khan, 1995). Cette dernière examine comment l’économie peut être influencée par les institutions en place ou par de nouvelles institutions. En d’autres termes, elle cherche à s’interroger sur le rôle joué par les institutions dans la coordination économique. Les principaux représentants de l’économie néo-institutionnelle sont Coase (1910) et Williamson (1932).
pour Ménard (2003), la vision de la NEI résulte de la séparation faite par Davis et North (1971) entre l’environnement institutionnel faisant référence aux règles du jeu, règles politiques, sociales, légales, qui maintiennent l’activité transactionnelle des acteurs ; et les accords institutionnels qui renvoient quant à eux aux pratiques d’utilisation de ces règles par les acteurs ou, plus précisément, aux modes d’organisation des transactions.
Cette distinction proposée a progressivement conduit à deux volets du programme de recherche néo-institutionnel : un premier volet qui met en avant l’essence même des institutions ainsi que leurs rôles en insistant sur la dimension historique. Le second volet quant à lui se focalise sur l’examen des structures de gouvernance ou encore mode d’organisation des transactions, des arbitrages entre ces modes et leur efficacité. Il s’agit en réalité d’une vision micro-économique, matérialisée par la théorie des coûts de transaction (Ménard, 2003).
En effet, le précepte des coûts de transaction stipule que les agents économiques disposent uniquement d’une rationalité limitée13 tout en se comportant de manière opportuniste. L’origine de la vision de Williamson et de la théorie des coûts de transaction est d’affirmer que toute transaction économique engendre des coûts préalables à leur réalisation : coûts liés à la recherche d’informations, aux défaillances du marché, à la prévention de l’opportunisme des autres agents. Les transactions se situant au centre de l’activité économique, la mise en place d’un dispositif efficace pour assurer les transactions en vue de tirer profit des avantages de la division du travail et l’organisation de la production sont donc essentielles. Seule l’institution est apte à pallier au problème de défaillance du marché. La firme apparait alors comme une institution alternative au marché, importante une fois que les coûts de transaction sur celle-ci sont élevés. La théorie des coûts de transactions se présente dès lors, comme un instrument d’analyse comparative de l’efficacité économique des différents modes de coordination tels que: le marché, la firme ou d’autres formes hybrides dans un environnement donné.

L’apport des institutions économiques et politiques sur la performance économique

Si d’une manière générale, les institutions apparaissent comme « des règles de jeux dans la société », qui déterminent à la fois les coûts de production et l’efficacité avec laquelle les marchés opèrent, il est évident que si un pays manque d’institutions ou si ces institutions fonctionnent de manière à ne pas favoriser les relations du marché alors les activités commerciales et la performance économique nationale seront détériorées.
Il convient cependant de souligner que par performance économique, la littérature bien que contrasté l’assimile généralement à la croissance du revenu par tête (David, 2010). Bien que dans la réalité, cette définition semble limitée car la performance économique inclut d’autres éléments comme le chômage, la pauvreté et les inégalités (Sen, 1999).
En conséquence, l’influence de la nouvelle économie institutionnelle mise en avant par North (1990) a permis d’élucider un certain nombre d’énigmes sur la performance économique, notamment dans les pays à faible revenu. Au lieu d’attribuer la mauvaise performance économique aux facteurs tels que le climat, la constitution génétique de la population et autres, il devient urgent de chercher les causes et les solutions sur l’aspect institutionnel (économique et politique).

l’importance des institutions économiques sur la performance économique

Les institutions économiques, sont généralement définies comme les institutions exécutant la fonction économique. En particulier, elles influencent les investissements dans le capital physique, humain, la technologie et l’organisation de la production. Pour Wiggins(2006), elles peuvent se subdiviser en trois catégories : les institutions d’établissement et de protection des droits de propriété, les institutions de facilitation de transactions et les institutions de coopération économique
Ainsi, l’intérêt des institutions économiques sur la performance économique est antérieur à l’histoire. Les premiers repères de l’importance des institutions viennent d’Adam Smith (1970). Dans la richesse des nations, Smith affirme que « les règles de droits » sont les facteurs institutionnels majeurs qui encouragent le commerce et l’industrie. Il montre que la différence dans les taux d’investissement et donc les taux de croissance est fonction de l’importance de l’existence des règles de droits et des droits de propriété. Enfin, il affirme que plus le niveau de sécurité est élevé, moins il y’a risque d’expropriation ; et plus le niveau d’investissement est élevé alors le niveau de croissance économique sera élevé. Plusieurs auteurs explorent leurs importances sur la performance économique et notamment la croissance économique.
Déjà, North et al (1973) affirmaient que les institutions affectent la croissance économique en influençant les droits de propriété, les structures d’incitations et les coûts de transaction. Pande et al (2005) démontrent que la croissance de long terme est plus rapide dans les pays ayant une grande capacité institutionnelle à contracter, une bonne application de la loi, et une protection élevée de droits de propriété. De telles institutions améliorent la bureaucratie centrale du gouvernement et augmentent le niveau de confiance.
Wiggins (2006) montre que le fonctionnement des institutions économiques affecte trois variables économiques importantes, qui sont des déterminants clés de la croissance économique. Tout d’abord, l’investissement : lorsque les droits de propriété sont bien sécurisés, toutes choses étant égales par ailleurs, les propriétaires des capitaux sont plus enclins à investir. De ce fait, s’il devient plus facile de faire du commerce, d’obtenir du crédit, de conserver une partie du profit sans charge fiscale excessive, alors les investissements sont encouragés. Ensuite, les innovations technologiques : lorsque les droits de propriété intellectuelle sont protégés, ceci stimulent les investissements privés dans la recherche et le développement des innovations. Enfin l’organisation économique, lorsque les institutions économiques facilitent les transactions et la coopération entre les individus dans les entreprises formelles ou dans les coopératives moins formelles, alors l’organisation économique apparait plus effective et efficace, ce qui stimule les bénéfices de la spécialisation et des économies d’échelles.
Acemoglu et al (2012) développent une ébauche de structure sur les différences des institutions selon les pays, basée sur un ensemble de faits historiques. Ils montrent, que les institutions économiques déterminent les motivations, les contraintes sur les acteurs économiques et façonnent les résultats économiques. Elles affectent la distribution des ressources et en conséquence encouragent l’émergence de la croissance économique quand les institutions politiques allouent le pouvoir politique aux groupes dont les intérêts portent en gros sur la mise en application des droits de propriété.
Aaron et Rodrik (2000) quant à eux élaborent un résumé pour souligner comment les institutions économiques agissent sur la performance économique. Ils identifient alors quatre catégories d’institutions:
(a) les institutions de droits de propriété dont les précurseurs sont Pejovitch et Furubotn : ce sont des règles ou des normes qui garantissent le contrôle sur le retour des biens investis ou les valeurs produites. Dans cette catégorie, les institutions se réfèrent aux règles de droits, à la qualité d’application de la loi, l’exécution des contrats, aux risques d’appropriation et aux procédures d’alternance de l’exécutif. En effet, ces droits affectent la performance économique en affectant les décisions d’épargne ou des investissements des acteurs économiques dans le capital physique ou humain, et toutes les décisions relatives à la conclusion d’un contrat bénéfique. Ils affectent également la performance économique en augmentant un certain niveau de confiance lié au risque de contrats.
(b) les institutions de régulation : correspondent aux règles et normes qui préviennent la faillite du marché et les problèmes d’agence. Elles indiquent la manière dont les services publics sont indépendants de la politique, l’importance avec laquelle les décideurs politiques sont ouverts à capturer les groupes d’intérêt et la manière dont les décideurs politiques sont responsables devant le public en général et les actionnaires en particulier. Elles peuvent être mesurées par le niveau de corruption ; l’évasion fiscale, la qualité de la bureaucratie, etc. Ces institutions affectent alors la performance économique en augmentant l’efficacité de la politique publique et en réduisant les risques de comportement anti concurrence, de recherche de rente, de free rider c’est-à-dire de « passager clandestin ».
(c) les institutions de stabilisation macroéconomique : Ce sont des institutions qui peuvent réduire l’instabilité macroéconomique en baissant l’incidence sur la volatilité macroéconomique induite par les politiques ou par l’augmentation de la résilience de l’économie aux chocs extérieurs. La force des institutions de stabilisation peut être mesurée par l’indépendance de la banque centrale, par la transparence et la crédibilité du processus budgétaire et autres. Les institutions de stabilisation peuvent affecter la performance économique en réduisant l’incertitude et en rendant la croissance économique durable.
(d) les institutions de résolution de conflits : ce sont les normes, les règles et les principes mis en place pour résoudre les conflits sociaux, économiques, politiques et ethniques. Les institutions de résolution des conflits sociaux et économiques traitent des échecs de coordination, des problèmes de distribution, et les questions d’inclusion ou d’exclusion dans l’économie formelle. Les institutions de résolution des conflits ethniques ou politiques traitent des questions telles que la violence, la loi et l’ordre, la sécurité personnelle, etc…. . Si les institutions de résolution des conflits économiques ou sociaux affectent la performance économique en réduisant le risque des situations de dilemme du prisonnier et les résultats sous-optimaux associés ; les institutions de règlement des conflits politiques et ethniques affectent quant-à-elles la performance économique par l’amélioration de la sécurité intérieure.

L’influence des institutions politiques sur la performance économique.

A priori bien que la littérature admet que le niveau de revenu soit fortement corrélé aux institutions économiques, les institutions politiques apparaissent comme des causes profondes du développement à travers leur impact sur les politiques et les institutions économiques. Un tel raisonnement a été mis en avant par Acemoglu et al (2004) via la hiérarchisation des institutions, qui montrent que les institutions politiques fixent les étapes dans lesquelles les institutions économiques peuvent être bâties. Vu ainsi, leur rôle est indirect et s’opère à travers leur impact sur les institutions économiques qu’un pays choisit ou sur les effets que les politiques économiques et les institutions exercent sur la performance économique notamment la croissance.
De ce fait, Les institutions politiques répartissent le pouvoir politique dont les détenteurs peuvent décider d’agir sur l’évolution de ces institutions afin de conserver ce pouvoir. Conjointement, la composition économique d’une société peut accorder un avantage à certains groupes d’agents par rapport à d’autres dans la distribution du pouvoir politique, de telle manière que les réformes qui visent à établir une meilleure croissance économique peuvent être affectées par la distribution de celui-ci qui, finalement concourt à façonner les institutions, dans un certain sens (Foucault, 2001). Cavalcanti et al (2005) affirment que les institutions politiques sont le moteur de la croissance lorsqu’elles sont stables. En effet, lorsqu’elles le sont, on note un accroissement de la croissance à contrario lorsqu’une vague d’instabilité surgit alors la croissance ralentit.
De manière globale, il convient de mentionner que dans la littérature économique, lorsqu’on analyse l’effet des institutions politiques sur la performance économique ou croissance, on fait généralement référence à la forme du régime politique, à l’instabilité politique ou à la gouvernance.
En ce qui concerne la forme, elle est usuellement définie par le type de régime tel que la démocratie ou l’autocratie. Par démocratie par exemple, Gurr (1990) retient trois principales composantes essentielles et interdépendantes pour la caractériser : la première est liée aux institutions d’expression des préférences des citoyens (les élections et le vote populaire à titre d’illustration), la deuxième aux contraintes institutionnalisées misent en place à l’exercice du pouvoir par l’exécutif, la troisième enfin vise à garantir les libertés civiles.
Le processus démocratique apparait alors comme plus adéquat à la prospérité économique en raison de sa capacité à élever les libertés civiles, les biens sécurisés et droits contractuels. De ce fait, il fournit aux agents des incitations à entreprendre des investissements et à maximiser le bien-être (Commander et al, 2010). A travers des droits de propriété définis et protégés, la démocratie donne la possibilité aux individus d’examiner librement les coûts d’opportunité et de s’engager dans un comportement entrepreneurial, comme le fait valoir North (1990).
En revanche, les régimes autocratiques ne sont pas à même de prendre des engagements afin de sécuriser de tels droits .Un argument qui trouve sa justification dans la longévité du régime en ce sens que le fonctionnement d’un tel régime dépend de son horizon (Commander et al, 2010). Cependant, Olson (1982) affirme qu’en regardant la performance économique dans les régimes démocratiques au fil du temps, ces régimes succombent à une «sclérose institutionnelle» puisque des particuliers s’organisent pour capter des rentes à leurs propres intérêts. De ce fait, certaines formes de dictatures apparaissent donc meilleures ce qui semble ambigu sur la manière dont un régime politique influence la performance économique.
Dans l’ensemble, pour ce qui est du système politique proprement dit, il est alors admis que des caractéristiques des systèmes démocratiques tels que : le pluralisme politique, les institutions de contrôle et d’équilibre, le renouvellement périodique des décideurs à travers des élections, protègent le système économique contre les comportements abusifs de la majorité des régimes autoritaires (Comeau, 2003).
L’instabilité politique quant-elle, se définie comme la manifestation de plusieurs facteurs qui ne se recoupent pas totalement mais qui doivent être pris en compte simultanément. Elle dégrade la croissance économique en détruisant les actifs physiques et humains mais aussi en détournant les dépenses publiques d’activités productives (Abessolo, 2003). Selon la Banque Mondiale (2001), elle constitue l’un des principaux facteurs qui explique le déclin de la croissance dans les pays africains depuis les années 1970. Pour Lalime (2010), elle affaiblit les institutions, décourage les investissements de toutes sortes et promeut la corruption.
Dans la littérature économique, l’instabilité politique est appréhendée par un certain nombre de facteurs. On peut citer entres autres le nombre de révolutions (Barro et al, 1993), le nombre d’assassinats, de morts ou de coup d’Etat (Alesina et al, 1996).Autant d’éléments matérialisant les perturbations sociales, et qui convergent de manière globale vers le consensus selon lequel l’instabilité politique nuit à la croissance économique dans la littérature économique.

L’effet des institutions sur la performance économique, une réalité

Après une décennie de recherche sur la relation entre les institutions et la performance économique, il n’existe pas de consensus exact sur la manière dont ses deux variables interagissent. Les différents modèles théoriques qui se dégagent, ont pour fondement la fonction de production néoclassique conformément à la nouvelle économie institutionnelle. Deux possibilités se dévoilent : Soit on applique les institutions comme facteur additionnel de production dans la fonction de production Cobb-Douglas (Ugur, 2010), soit les inclure comme extension naturelle dans la fonction de production à l’exemple de MacFarlan et al (2003). Plusieurs travaux ont mis en évidence cette relation et les conclusions qui se dégagent sont autant variées que les méthodes économétriques utilisées. Une attention particulière est accordée au choix de la variable institution. Nous distinguons les travaux de :
MacFarlan et al (2003) qui dévoilent qu’il existe une relation étroite entre les institutions en termes de « cadre et règles explicites et implicites d’une société » et la performance économique d’un pays. Ils démontrent empiriquement que la qualité des institutions influence significativement le niveau de revenu, sa croissance et sa stabilité. Les auteurs jaugent la qualité des institutions par trois critères : l’indice de gouvernance globale, la protection des droits de propriété et le contrôle du pouvoir de l’exécutif.
Efendic et al (2011) dans leurs travaux, font appel à la technique d’Analyse en Méta Régression ou MRA (bivarié et multivarié). Ils concluent que les institutions influencent positivement la performance économique.
De même, après leurs analyses théoriques ci -dessus présentées, Commander et al (2010) mènent une analyse empirique dans laquelle ils distinguent trois types d’institutions afin de voir leurs effets sur la performance économique (croissance économique et performance des firmes). Il s’agit principalement de la démocratie, les institutions liées à l’environnement des affaires et des investissements, ainsi que celles liées aux contraintes des affaires. En utilisant la méthode des moments généralisés (GMM), Il ressort des résultats peu concluants en ce qui concerne particulièrement la démocratie. Une telle conclusion s’explique non seulement par les problèmes de mesures des indices des systèmes politiques notamment leur agrégation mais aussi par les canaux de transmission14 par lesquels la démocratie affecte la croissance.
Siddiqui et al (2012) dans leurs études se démarquent des mesures classiques qui captent généralement les institutions. Ils utilisent alors un facteur institutionnel de rente politique et une technologie réduisant les risques. Portant sur 84 pays sur une période de 5 ans, leurs conclusions suggèrent un effet favorable des institutions sur la croissance en utilisant la technique d’estimation des MCO et du GMM propice pour résoudre le problème d’endogeneité.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : CONTRIBUTION DES INSTITUTIONS A LA PERFORMANCE ECONOMIQUE EN PRESENCE DE RENTES
Section I : Analyse conceptuelle autour de la notion de l’institution et de la notion de rente de ressources naturelles
Section II : Les institutions, un élement clé dans la stimulation de la performance economique
Section III : Le fonctionnement des institutions a l’épreuve des rentes de ressources naturelles
CHAPITRE II : VALIDATION EMPIRIQUE DE LA RELATION ENTRE LES INSTITUTIONS ET LA PERFORMANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE CENTRALE
Section I : Etat des lieux des économies des pays de l’Afrique Centrale sur le plan économique et institutionnel
Section II : Institutions et Performance Economique, une approche par le modèle de Mankiw,Romer et weil (1992)
Section III : Présentations et Discussions des Principaux Résultats
CHAPITRE III : EVALUATION ECONOMETRIQUE DES CANAUX RELIANT LES RENTES DE RESSOURCES NATURELLES ET LA STRUCTURE INSTITUTIONNELLE EN AFRIQUE CENTRALE
Section I : Paysage des pays d’Afrique centrale en termes de capital naturel, de rentes et vérification du caractère rentier.
Section II : Rentes de ressources naturelles et institutions, une analyse par le modèle de recherche de rente
Section III : Présentation et Interprétations des Résultats de l’estimation
CONCLUSION GENERALE

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