Inconvénients des filières intensive et/ou extensive
L’élevage intensif, avec apport d’aération pourrait être envisagé sur certains sites mais il doit être abordé avec prudence compte tenu des expériences asiatiques malheureuses enregistrées dans ce domaine. Ce choix doit s’appuyer impérativement sur des études complémentaires détaillées du contexte hydrobiologique et environnemental du site sélectionné. L’intensification nécessite beaucoup de rigueurs à la fois au niveau du choix des sites « intensifiables » afin de limiter les impacts, mais aussi sur le plan de la gestion technique. Les risques de stress en élevage, de maladies, et donc de perte pour l’éleveur sont sensiblement plus élevés que pour le semi-intensif. L’intensification est strictement liée à la sélection du site et à la capacité des eaux à produire et à supporter des rejets de matières organiques. Une eau océanique d’excellente qualité biologique peut prétendre à des productions secondaires très élevées et accepter de grandes qualités organiques sans impact significatif sur le milieu environnant. La filière d’élevage extensive (sans pompage) permet en général le développement d’une aquaculture artisanale. Cependant, à Madagascar, cette filière semble techniquement difficile à mettre en œuvre sur les tannes, compte tenu des niveaux topographiques qui ne permettent pas des apports d’eaux ponctuels et très limités en volume. Il est toutefois possible de faire une aquaculture extensive dans certaines régions de front de mer où les zones intertidales sont très étendues notamment dans les zones où la mangrove n’est pas encore stabilisée. C’est le cas des lagunes en formation ou des baies semi-fermées. L’hydrodynamique puissante de la dérive littorale et l’importance de transfert sédimentaire tendent à isoler des portions du littoral au niveau des décrochements géomorphologiques qui peuvent être utilisés dans le cadre d’aménagement d’aquaculture extensive. Il est malheureusement à craindre que le développement des élevages extensifs soit difficilement contrôlable puisqu’ils se développent au détriment des mangroves qui correspondent à un niveau topographique satisfaisant pour permettre une alimentation par marée. On sait par expérience que la destruction de la mangrove conduit à des nombreux problèmes et que des bassins construits en mangroves sont rarement productifs (problème d’acidité, niveau de matières organiques élevé…).
L’approvisionnement en géniteurs
Il s’effectue à l’aide d’une pêche effectuée aux larges pour collecter des géniteurs de bonne qualité. La pêche est effectuée à l’aide des chaluts. Les géniteurs captures sont stockés dans des bacs aérés en attendant le débarquement à terre. Les géniteurs sont ensuite sélectionnés, les malades, les faibles et les blessés sont éliminés. Le reste est alors stocké dans des bassins où sont du reste gardés plusieurs géniteurs mâles et femelles. C’est un bassin de stabulation dans lequel on donne de temps en temps de la nourriture. Ensuite, les géniteurs sont de nouveau pêchés et sélectionnés, on retient les meilleurs géniteurs qui sont stockés aux bassins de préstockage où les géniteurs présélectionnés vont suivre un régime alimentaire particulier car ils sont préparés pour la maturation sexuelle. Un mois avant une épedonculation, les géniteurs sélectionnés sont alimentés à base d’aliments frais constitués principalement des calmars frais, d’huîtres, des moules, des foies frais de zébu qui sont des aliments reconnus comme efficaces pour la maturation gonadique. L’alimentation des géniteurs provoque en effet un développement des gonades qui tendent vers leur maturation. Alors, on effectue l’induction de la maturation. Elle concerne des géniteurs spécialement avancés dans le développement gonadique. Il s’agit des géniteurs mâles et femelles qui sont sélectionnés par des critères bien précis. Parmi ces critères, il y a la robusteuse des individus, l’état d’avancement des gonades, les appendices et les corps ne présentant aucune lésion, les branchies ne montrant aucune coloration particulière, des muscles abdominaux transparents et clairs, les femelles et les mâles ne présentant aucune difformité au niveau des gonades. Les géniteurs ainsi choisis sont alors transférés dans des bacs où ils vont subir pour le cas des femelles l’épedonculation. Il s’agit d’une manipulation qui consiste à ligatter le pédoncule oculaire des géniteurs de manière à ce qu’un des deux yeux arrête son fonctionnement, l’épedonculation a été vérifiée comme provoquant une accélération de maturation gonadique. Il faut alors attacher la base du pédoncule oculaire et suivre l’évolution du développement des gonades.
Le pré-grossissement des larves
Le pré-grossissement dure environ 45 à 60 jours. La densité des Post-larves varie de 20 à 2000 PL/m². La fertilisation des bassins est resurveillée et le taux de renouvellement de l’eau est imposé à 40% par jour. Le taux de survie des PL atteint facilement 80% et plus. La technique d’élevage larvaire en eau claire1 doit être suivie d’une phase de pré-grossissement. Le pré-grossissement présente de nombreux avantages en facilitant la manipulation des jeunes crevettes puis sont devenues beaucoup plus résistantes que les premières post-larves lors des transports d’un bac à un autre, puis vers les bassins d’élevage définitifs. Des précautions doivent être prises pour éviter l’apparition et la prolifération rapide des infections telles que le champignon parasite des branchies, le Fusarium. Il est indispensable de permettre aux postlarves de retrouver en particulier le comportement d’enfouissement et de rechercher de la nourriture. Ceci doit se faire dans des conditions aussi sûres que possibles vis-à-vis des agressions des prédateurs naturels des jeunes crevettes.
Les Rotifères
Au dessus de 20°C, les Rotifères comme le Brachionus plicatilis ne s’enkystent plus. Donc la consommation par les Mysis est faisable (également pour les Zoés III). Le Brachionus est également réputé riche en HUFA (Highly Unsaturated Fatty Acide ou Acide gras fortement insaturés) et sa production massive est facile. Cependant, ce sont des grands consommateurs des protéines et dont le stockage en magasin est impossible. Les larves de Rotifères de dimension 50 à 100um constituent de belles proies vivantes adaptées à la boucle de Zoé III. Les adultes de dimensions supérieures offrent également une large gamme de choix prédateurs. Les Rotifères ont été surtout exportés en écloserie depuis des années 40.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA CREVETTICULTURE A MADAGASCAR
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA CREVETTICULTURE MALGACHE
Section I : Les caractéristiques de la crevetticulture de Madagascar
§1- Historique
A- Dans le monde entier
B- A Madagascar
§2- Typologie des projets aquacoles et espèces présentes à Madagascar
A- Typologie des projets aquacoles existant à Madagascar
B- Espèces présentes à Madagascar
§3- Elevage de crevettes pratiqué à Madagascar
A- Le choix d’espèce et de la filière
1-L’espèce exploitée
a- Description de Penaeus monodon
b- Distribution géographique de P. monodon
2-Le choix de la technique d’élevage
a- Choix d’un élevage semi-intensif
b- Inconvénients des filières intensive et/ou extensive
B- La localisation géographique de l’aquaculture crevettière
Section II : Le développement de la crevetticulture malgache
§1- Les facteurs de développement : les atouts
A- Géniteurs
B- Potentialités existantes
C- Climat
D- Sols
E- Main d’œuvre
F- Marché ouvert
G- Régime d’Entreprises Franches
§2-Les contraintes de développement
A- Logistique
B- Caractéristique du site
C- Climat
D- Social
Section III : Présentation des fermes malgaches
§1-Les aquacultures industrielles
A- AQUALMA du Groupe UNIMA
B- L’AQUAMEN EF
C- SOMAQUA
D- AQUAMAS
E- LGA Farm
§2-Les fermes à petite échelle
CHAPITRE II : SYSTEME D’ELEVAGE DES CREVETTES PENEIDES
Section I : L’élevage des Pénéides
§1- Les principales étapes d’une crevetticulture actuelle
A- L’obtention des Post-larves
B- Le grossissement
C- L’affinage
§2- Les différentes étapes pour la production des crevettes
A- La production des larves
1- L’approvisionnement en géniteurs
2- La ponte
3- L’incubation
4- L’élevage larvaire de P.monodon
a- Le stade des Nauplii
b- Le stade des Zöés
c- Le stade des Mysis
5- Le pré-grossissement des larves
6- Le grossissement
§3- L’alimentation, la nutrition et les causes de mortalités progressives
A- Les aliments utilisés
1- L’alimentation naturelle
a- Alimentation naturelle végétale
a. 1- La fertilisation des bassins en culture semi-intensive
a.1.1- Les engrais organiques
a.1.2- Les engrais chimiques
a.1.3–Les méthodes d’application des engrais dans les bassins
b- Alimentation naturelle animale
b.1- Les Rotifères
b.2-Les cladocères et les Copépodes
b.3-Artémia
2- L’alimentation artificielle
B- Besoins nutritionnels des crevettes
1- Les protéines et les acides aminés
2- Les lipides
3- Les vitamines
C- Les causes de mortalités progressives
1- Les conditions d’élevage
2- Les maladies
D- Les Géniteurs Specific Pathogen Free (SPF)
Section II : les matériels et les méthodes de conduite d’élevage
§ 1- Les matériels d’élevage
§ 2- Les méthodes de conduite d’élevage
A- Les paramètres physico-chimiques
B- Les procédures sanitaires
1- Les observations
a- L’observation microscopique
b- L’observation visuelle
2- Le siphonage
3- Le changement d’eau
C- Le contrôle du niveau sanitaire
1- Les contrôles microbiologiques
2- Les contrôles pathologiques
a- L’histologie
b- La biologie moléculaire
B- Le suivi de la croissance
1- La croissance pondérale
2- La croissance en taille
C- Les marquages
CHAPITRE III : CONDITIONNEMENT DU PRODUIT ET MANAGEMENT DE LA QUALITE
Section I- La maîtrise du processus de traitement
§1-Conditionnnements des crevettes aquacoles
A- A la réception
B- Le lavage
C- Le pré-triage
D- Le trempage dans la solution MBS
E- Le calibrage
F-Le saumurage
G- Le pesage
H- La mise en plateau de congélation
I- La congélation
J-Le démoulage
K- Le stockage à la chambre froide
§2-Les 5 points critiques
Section II : L’amélioration du système qualité d’hygiène de l’établissement et du produit
§1-La gestion de la qualité
A- Le HACCP
1-Définition
2-Mise en place de l’autocontrôle dans l’entrepôt frigorifique des crevettes
selon la démarche HACCP
3-Principes de la démarche HACCP
B- Le service qualité
C- Le HACCP, système d’assurance qualité
1-Procédures de surveillance
2-Actions correctives
3-Expertise de la qualité
D- Objectif de la gestion de la qualité
E- Les avantages procurés de la gestion de qualité
§2-La nécessité de la certification
§3-La lutte contre les animaux nuisibles
A- Les conditions d’hygiène
B- Réalisation de traitements
1- La dératisation
a- Pose d’appât
2- La désinsectisation
C- Problèmes rencontrés
1-Les solutions apportées
2- Les suggestions
DEUXIEME PARTIE : IMPACTS SUR L’ECONOMIE MALGACHE DE LA CREVETTICULTURE
CHAPITRE I : PORTEES ECONOMIQUES, SOCIALES ET ENVIRONNEMENTALES DE L’AQUACULTURE DE CREVETTES
Section I : Les impacts de la crevetticulture
§1-Les crevettes, sources de devises étrangères
A- L’impact de l’augmentation de devises dans l’économie
1- L’incidence sur la balance des paiements
2- L’incidence sur le chômage
§2-La crevetticulture et le développement local et régional
A- Les impacts positifs au niveau socio-économique
1- Une création d’emplois directs
2-Une création d’emplois indirects
3-Une ouverture d’un nouveau marché
4-Une redynamisation de l’économie locale
5-Une amélioration des infrastructures
B- Les impacts négatifs au niveau socio-économique
C- L’évaluation et la récapitulation de ces impacts
§3-Les impacts sur l’Environnement
A- La détermination de ces impacts
1-Elements biophysiques pouvant être perturbés
2-Les impacts par phase de mise en œuvre du projet
B- Les listes d’impacts probables
Section III : Les mesures d’atténuation des impacts probables négatifs
§1-Les mesures générales
§2-Les mesures spécifiques
A- Les mesures d’atténuation spécifiques sur le milieu physique
B- Les mesures d’atténuation spécifiques sur le milieu biologique
C-Les mesures d’atténuation spécifiques sur le milieu humain
CHAPITRE II : STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DE LA CREVETTICULTURE RESPONSABLE ET DURABLE
Section I : L’étude du Schéma d’Aménagement de l’Aquaculture de Crevettes à Madagascar
§1-Identification des sites
A- Les zones présélectionnées
1-Hydrobiologie
2-Température et amplitudes thermiques
3-Marée et courants
B- La stratégie d’exploitation proposée sur la base de ces critères
1-Aménagement des « tannes »
2-Elever les espèces locales
3-Filières d’élevage
4-Développement en accord avec les populations locales
5-Desenclavement et mise en place de lourdes infrastructures
6-Savoir-faire et formation
§2-Résultas de l’étude
Section II : Le Code de conduite pour l’aquaculture de crevettes responsable et durable
§1-La nécessité du Code de conduite
§2-Application et Dispositions générales
A- Application du Code de conduite
B- Dispositions générales
§3-Obligations de promoteur et rôles de l’Administration
A- Obligations du promoteur
B- Rôles de l’Administration
CHAPITRE III : PERSPECTIVES D’AVENIR DE LA CREVETTICULTURE MALGACHE
Section I : La performance de production
§1-La tendance de la production
A- Les rendements
B- Les problèmes rencontrés par les fermes malgaches
§2- Les principaux pays producteurs et les caractéristiques des marchés d’exportation
A- Les principaux pays producteurs
1-En Asie
2-En Amérique latine
B- Les caractéristiques des marchés
1-En Amérique
2- En Europe
3- En Japon
§3- Le prix des crevettes aquacoles à l’exportation
Section II : Les principales contraintes de la crevetticulture malgache
§1-Les principales contraintes
A- Pour les aquacultures industrielles
B- Pour les aquacultures artisanales
C- Les suggestions
D- La nécessité de la coopération bilatérale sur la crevetticulture
E- Au niveau de l’Etat
Section III : La lutte de préservation de l’Avenir de la filière
§1-Les différentes actions de repositionnement
A- La diversification des technologies et des systèmes de production
B- L’adaptation des stratégies commerciales aux segments de marché visés
C- Le dispositif national de surveillance zoosanitaire
§2-Le plan de gestion environnemental
A- Le programme de suivi
B- La préservation de la mangrove
1- Recréer la mangrove disparue
2- Sauvegarder la végétation intacte
3- Replanter des pieds de palétuviers
§3-Les recommandations apportées à la crevetticulture responsable et durable
A- Définition des rôles du secteur public et privé dans le développement d’une crevetticulture responsable et durable
1-Axe stratégique 1 : Amélioration des systèmes de production
a- La détermination des systèmes de production
b-La disponibilité et l’accessibilité des intrants
2-Axe stratégique 2 : Promotion de l’aquaculture
a- La vulgarisation adéquate
b- La recherche
c- L’éducation et la formation des acteurs
d- L’appui à la commercialisation de produit
3-Axe stratégique 3 : Amélioration de la Gestion de la filière
a- La restructuration de la filière
b- La mise à jour de la réglementation
c-La mise en place d’un système de contrôle, de suivi et d’évaluation
B- Les observations pour le développement d’un programme de surveillance et de contrôle des maladies des crevettes à Madagascar
C- Les recommandations générales
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
REPERTOIRE DES TABLEAUX
LISTE DES PHOTOS ET DES GRAPHIQUES
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