Contribution de la microfinance au développement du secteur agricole

Souvent négligé dans les théories économiques dominantes, le secteur financier occupe en réalité une place importante dans l’économie réelle qu’il mérite d’être plus considéré dans les stratégies de développement économique. Il fallait attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que des travaux de recherche affirmant l’impact positif du développement du secteur financier sur la croissance ne fassent leur apparition. Les banques, de par les services financiers qu’elles fournissent aux différents agents économiques (entreprises, ménages et pouvoirs publics), génèrent de la valeur ajoutée pour l’économie à travers la transformation des dépôts en crédits. Leur principal rôle est donc de servir d’intermédiaire entre les agents disposant de moyens financiers (qui vont faire « les dépôts ») et ceux qui ont besoin de financement (qui vont faire « les crédits »). La valeur ajoutée générée par le secteur dépend ainsi de l’importance de ses activités. Elle est donc d’autant plus élevée que le nombre d’utilisateurs des services financiers fournis par les banques est important.

Cependant, force est de constater que dans les Pays En Développement (PED), où la pauvreté se situe encore à un niveau très élevé, l’accès à ces services financiers (crédit, épargne) demeure largement limité pour la majorité de la population (Banque Mondiale, 2008). Le phénomène d’exclusion financière marque alors sa présence considérable dans ces pays. Il est difficile pour les banques de gérer les clients ayant une certaine difficulté financière. Le traitement de ces personnes est non seulement plus coûteux pour ces institutions financières standards car les montants correspondant à leur besoin sont généralement faibles et donc moins rentables pour ces dernières mais également leur capacité à rembourser un prêt n’est pas assurée du fait que leur revenu sont encore assez faible pour garantir leur solvabilité. Le risque qui se présente est donc assez élevé pour les banques. Ce n’est pas ainsi étonnant de voir la faible croissance du secteur financier dans les PED.

Fondements théoriques

Pour enrichir les idées et également dans la perspective d’acquérir une certaine appréhension de la réalité, toujours est-il nécessaire d’avoir en main les différents débats théoriques qui existent dans le domaine concerné.

Le rôle du système financier

Les premiers développements théoriques

Bagehot (1873) a été l’un des premiers auteurs à avoir avancé des idées sur le rôle important que pourrait jouer le secteur financier dans la croissance économique. Il a démontré dans son approche, en s’appuyant sur le cas de la Grande-Bretagne, que le développement du secteur financier permettrait au pays de mobiliser facilement l’épargne, permettant de financer ainsi les divers investissements de long terme. D’ailleurs, selon lui, le succès du développement britannique s’expliquerait en majeure partie par la supériorité de son marché financier. De par ces considérations, il en conclut que le faible développement ou l’inexistence même d’un système financier, qui est lié à l’incapacité à mobiliser les ressources, constitue un facteur de blocage dans le processus de développement économique.  Schumpeter (1911) a également apporté sa contribution à ce sujet. Il a avancé le rôle capital de l’intermédiation financière dans la croissance de l’économie réelle à travers le mécanisme d’investissement permettant aux producteurs l’adoption de nouvelles techniques de production. En effet, l’idée est que, selon lui, la disponibilité des services financiers, notamment les crédits bancaires, permettrait aux entrepreneurs de disposer suffisamment de ressources pour financer leurs projets d’investissement conduisant alors à une amélioration de la productivité via l’innovation technologique que ces investissements peuvent engendrer. Mais dans son approche, cette allocation de ressources devrait se faire de manière optimale. Autrement dit, les crédits bancaires doivent être octroyés aux entrepreneurs plus aptes à réussir le processus d’innovation. C’est ainsi que la banque a été considérée comme principal acteur dans ce contexte. C’est au banquier d’identifier les entrepreneurs les plus porteurs d’innovation capables de soutenir la croissance. De ce fait, pour Schumpeter, le développement financier contribuerait alors à la croissance par l’allocation efficace des ressources (Eggoh, 2009).

Il convient de souligner la particularité de cette approche schumpétérienne qui a mis l’accent sur l’octroi de crédit et la manière dont celui-ci est réalisé à la différence de celle de Bagehot qui, lui, s’est plutôt penché sur le processus de mobilisation de l’épargne. Pour Schumpeter, le financement des entrepreneurs peut se faire par création monétaire si l’épargne n’arriverait pas à satisfaire la demande de crédit. En effet, selon lui, l’épargne n’est pas une condition nécessaire pour l’octroi de crédit, et il appelle le crédit réalisé par création monétaire crédit essentiel, en opposition au crédit non essentiel nourri par l’épargne (Ibid.).

La théorie de la libéralisation financière 

Avant la fin des années 70, influencés surtout par la pensée keynésienne, de nombreux pays ont adopté une politique monétaire interventionniste où les autorités monétaires et politiques fixaient les taux d’intérêt à un niveau très bas de façon à encourager les investisseurs nationaux. Cette politique, accompagnée par une politique inflationniste, constitue ce que les néoclassiques ont appelé autrefois par politique de répression financière. Selon Berthelémy et Varoudakis (1996) : « La répression financière correspond aux restrictions qui limitent certains services financiers, comme le non encouragement de la concurrence entre les institutions financières, l’absence d’instruments financiers, etc. ». En effet, cette politique de répression financière diminuerait le rôle des intermédiaires financiers en se basant sur la théorie de la préférence pour la liquidité de Keynes. Bien qu’ayant connu quelques succès dans certains pays comme en Chine par exemple pour diverses raisons spécifiques, cette politique, avec un tel niveau des taux d’intérêt, décourage les agents économiques à épargner davantage tout en les incitant à détenir des actifs improductifs qui n’auront même pas d’effets réels sur l’investissement, qui est la principale source de croissance. Dans de telle pratique, la mobilisation des ressources est alors très réduite. Et cela pourrait conduire à la segmentation du système financier à cause du développement des pratiques informelles dans le processus de collecte d’épargne (Boukari, 2014).

C’est sur cette voie que certains auteurs, dont notamment McKinnon (1973) et Shaw (1973), ont avancé l’idée d’abandonner de telle politique et de passer à la libéralisation des activités financières pour assurer des services d’intermédiation bancaires adéquats et maintenir un climat de saine concurrence en assurant une affectation optimale de l’épargne vers l’investissement.

La place de la microfinance

L’accessibilité financière

L’objectif premier de la microfinance est de fournir aux plus pauvres les services financiers tels dans le secteur financier traditionnel (les banques et autres établissements de crédits). En d’autres termes, elle a donc pour but d’accroître l’accessibilité financière. En effet, l’accès aux services financiers n’est pas toujours évident dans les PED alors qu’une meilleure accessibilité financière favorisera le développement d’un pays en améliorant les conditions de vie de ses habitants sur de nombreux domaines (nutrition, éducation, santé et habitat). Il convient ainsi d’analyser les différentes réflexions proposées par divers auteurs concernant cette notion d’accessibilité financière.

Définition de l’accessibilité financière

L’accessibilité financière se traduit par la « possibilité » d’un agent économique à se procurer des services financiers formels dépendamment de sa volonté. Claessens (2006) définit « l’accès financier » ou « l’accessibilité financière » en faisant la distinction entre l’accessibilité et l’utilisation, dans un cadre d’offre et de demande. Il souligne que « l’accès » est la disponibilité ou l’offre de services financiers de qualité à un coût raisonnable alors que « l’utilisation » est la consommation réelle de services financiers. La Banque Mondiale (2008) affirme que l’accès représente l’offre et l’utilisation constitue l’intersection de l’offre et de la demande.

De la même façon, Morvant-Roux et Servet (2007) conviennent que la disponibilité d’une offre de qualité raisonnable et à un coût abordable (accès) se distingue de l’utilisation effective des services.

Les facteurs déterminants de l’accessibilité financière

Les auteurs n’ont pas tous la même conception de la notion d’accessibilité financière. Ce qui les a conduits donc à établir les différents facteurs qui conditionnent cette accessibilité suivant différentes dimensions selon leur ordre de pensée : Morduch (1999) a retenu quatre dimensions à ce propos : la fiabilité, la convenance, la continuité et la flexibilité.
▶ La « fiabilité » qui correspondrait à la disponibilité des ressources lorsqu’elles sont nécessaires ;
▶ La « convenance » qui se rapporte à la facilité avec laquelle les clients ont accès aux services financiers ;
▶ La « continuité » qui fait référence à la disponibilité en continu ou durable (accessibilité à plusieurs reprises) ;
▶ La « flexibilité » qui se réfère au fait que le produit doit être adaptés aux besoins des clients. L’abordabilité peut également s’insérer dans cette dimension en faisant référence à un prix convenable pour les clients.

Claessens (2006), quant à lui, a seulement soulevé trois dimensions : la disponibilité, la gamme et le coût.

▶ La « disponibilité » qui rejoint Morduch (1999) avec les dimensions fiabilité et continuité ;
▶ La « gamme » qui caractérise le type et la qualité des services financiers qui rejoint également en ce sens les dimensions convenance et flexibilité de Morduch (1999) ;
▶ Le « coût » qui correspondrait au prix de l’utilisation des produits financiers. Il doit s’adapter en fonction des ressources de la population.

Kumar et al. (2007), pour leur part, ont aussi identifié trois dimensions conditionnant l’accessibilité financière : l’accès physique, l’abordabilité et l’éligibilité.

▶ L’« accès physique » correspond au nombre et à la convenance des points de services ;
▶ L’ « abordabilité » fait référence aux coûts associés à l’utilisation des services ;
▶ L’ « éligibilité » se réfère aux conditions requises pour obtenir les services financiers.

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : Cadre conceptuel de l’étude
Chapitre 1 : Revue de la littérature
Section 1 – Fondements théoriques
Section 2 – Littérature empirique
Chapitre 2 : Évolution de la microfinance dans le monde
Section 1 – Généralités sur la microfinance
Section 2 – Évolution de la place de la microfinance dans les PED
Partie 2 : Analyse du cas de Madagascar
Chapitre 3 : Contexte général de l’étude
Section 1 – Contextes social, politique et économique
Section 2 – État du secteur de la microfinance à Madagascar
Chapitre 4 : Analyse empirique
Section 1 – Méthodologie
Section 2 – Résultats et discussion
Conclusion

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