Contribution à une meilleure connaissance des produits cosmétiques « fait maison »

Jadis utilisés la plupart du temps par les femmes, les produits cosmétiques sont aujourd’hui l’apanage de tous : hommes, femmes, enfants, adultes et personnes du troisième âge. Le chiffre d’affaire mondial du secteur des cosmétiques atteignait plus de 110 milliards d’euro en 2008 et croît, selon les années de 3,5 à 5,5 % [37]. De plus en plus, on entend très souvent parler de la dangerosité des ingrédients utilisés dans les cosmétiques. Plusieurs enquêtes de journalistes et de scientifiques soulignent les origines douteuses des ingrédients ou encore le rapport entre leur fréquence d’utilisation et l’émergence de certaines maladies [41]. C’est ainsi qu’on note de plus en plus un engouement pour les produits cosmétiques « fait maison », c’est-à-dire fabriqués par un particulier pour son usage propre et personnel [47]. Cette démarche, si elle permet de garantir la nature et la composition des produits utilisés, ne donne pas une garantie de la fiabilité des formules utilisées. Analyser ces formules devient donc une nécessité afin d’accompagner ces amateurs dans leurs fabrications de produits cosmétiques.

Quelques définitions 

Produit cosmétique 

Selon l’article L .531_1 du code de la santé publique on entend par produit cosmétique : « une substance ou une préparation destinée à être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain, notamment l’épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les ongles, les lèvres et les organesgénitaux externes, ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles » [1]. Audébut des années 1920 sous l’influence du philosophe RUDOLF STEINER , des mouvements nouveaux emergent en Allemagne et en Suisse. Il s’agit, par exemple, de l’agriculture biodynamique et de la cosmétique des soins à base de végétaux créees par des laboratoires aujourd’hui trés populaires comme WELEDA ou DR HAUSHCKA qui développent différentes méthodes pour conserver et transformer les plantes selon le respect du « rythme qui porte la vie » . C’est ainsi que prendront naissance de nouvelles catégories de produits cosmétiques que nous tacherons d’expliciter dans les paragraphes suivants.

Cosmétiques BIO 

Il n’existe pas une définition règlementaire d’un produit cosmétique BIO, mais des LABELS qui donnent leurs définitions d’un cosmétique BIO [32]. Un produit cosmétique bio réunit des produits composés d’ingrédients dits ‘’bio’’ tels les huiles essentielles, les cires naturels, les huiles végétalesexcluant en partie les matières synthétiques. Le label garantit auxconsommateurs que le produit ou le service répond à des critères en matière de qualité, d’origine, de mode de fabrication, etc. Ces critères sont définis par chaque label dans un cahier de charge. Les labels sont souvent représentés par un logo apposé sur le produit.

Les labels dans leur cahier de charge définissent les ingrédients en termes de pourcentage et de provenance, de méthodes de productions admises, de substances de synthèses admises etc. La certification est quant à elle encadrée par la loi et permet de certifier que le produit répond à des normes (conformité au cahier de charge, norme de qualité). Les certifications sont délivrées par des organismes indépendants et reconnus. Elles s’adressent surtout aux différents professionnels qui interviennent dans la chaîne de fabrication des produits.

Cosmétiques « fait maisons » 

On désigne par cosmétiques « fait maison », tout produit cosmétique réalisé par un particulier, chez lui, à des fins personnelles [46]. Le produit obtenu ne peut en aucun cas être vendu ni donné à titre gracieux. Au cas contraire il doit répondre à la réglementation des produits cosmétiques [7]. Généralement ce sont des soins de beauté personnalisés [28]. On distingue principalement trois types de produits réalisables à la maison :
❖ ceux dont les ingrédients sont issus des placards de la cuisine ; leur utilisation est alors généralement extemporanée ;
❖ ceux dont la base s’achète toute prête (base lavante neutre, crème neutre, gel d’Aloe vera) et où il suffit à l’utilisateur d’ajouter les constituants de son choix comme certains actifs, des huiles essentielles ou des parfums pour obtenir un produit stable et personnalisé ;
❖ ceux dont la composition est complexe et qui nécessite des produits spécifiques (tensioactifs, émulsifiants). Les produits obtenus sont de bonne qualité et peuvent se conserver plusieurs semaines s’ils sont fabriqués dans des conditions optimales.

Comme il est le plus souvent nécessaire d’acheter de nombreux principes actifs et excipients, l’intérêt de la cosmétique maison n’est donc pas économique mais plutôt écologique et ludique. En effet, le succès des cosmétiques « fait maison » s’inscrit dans cette tendance actuelle au cocooning avec la notion de loisir créatif, intelligent, familial et écologique. Cependant, réaliser des produits qui rivalisent avec ceux de l’industrie cosmétique nécessite une bonne connaissance des matières premières utilisées ainsi qu’une bonne maîtrise de la qualité de fabrication des soins.

Notion de cosmétopée 

Aujourd’hui, avec le développement des technologies, l’utilisation de matières premières renouvelables occupe un rôle central, et est en passe de réduire la contribution de procédés peu compatibles avec les règles du développement durable. Ainsi les plantes, par leur capacité à produire une très grande variété de molécules, ont durant ces dernières décennies suscités un intérêt grandissant pour la recherche en cosmétique. Cependant, l’usage des plantes est loin d’être une nouveauté et de tout temps les hommes les ont utilisées pour leur alimentation, leur santé ou leur bien-être, faisant appel, parfois même sans le savoir, à la chimie pour en extraire les princips actifs. S’il existe depuis fort longtemps une Pharmacopée qui recense les plantes à usage thérapeutique, les travaux dans le domaine de la cosmétique traditionnelle sont encore peu recensés dans des écrits. Le concept de Cosmétopée est aujourd’hui développé pour combler cette lacune [21]. Ainsi à l’image de la Pharmacopée, la Cosmétopée serait le registre de l’usage des plantes pour le soin du corps et son bien-être. La Cosmétopée représente en ce sens un pas important de l’histoire commune qui unit les Hommes et leur environnement, et ambitionne une meilleure connaissance des usages traditionnels des plantes à visée cosmétique en vue de les préserver, d’en optimiser la valorisation dans le respect de la biodiversité et du partage équitable. Le développement du concept de Cosmétopée impulse une dynamique nouvelle en faveur de la connaissance de cet or vert que représente la « phyto-diversité » en tant que patrimoine culturel et biologique de l’humanité [22].

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Table des matières

INTRODUCTION
I. Quelques définitions
I.1. Produit cosmétique
I.2.Cosmétiques BIO
I.3. Cosmétiques « fait maison »
I.4. Notion de cosmétopée
II. Réglementation des cosmétiques « fait maison »
II.1.Au niveau mondial
II.2.Au niveau de l’UEMOA
II.2.1. Procédure d’octroi d’une autorisation de commercialisation d’un produit cosmétique
II.2. 2.Surveillance des produits cosmétiques (cosmétovigilance)
II.3. Publicité des produits cosmétiques
III. Produits cosmétiques “fait maison”
III.1.Ingrédients
III.1.1.L’abricot
III.1.2. Les argiles
III.1.3. L’ avocat
III.1.4.L’avoine
III.1.5.Le beurre de karité
III.1.6.Le concombre
III.1.7.La fraise
III.1.8.Les herbes aromatiques
III.1.9.Les huiles végétales
III.1.12.Le kiwi
III.1.13.Le lait et les autres produits laitiers
III.1.14.Le miel
III.1.15. L’ oeuf
III.1.16.L’olive
III.1.17.Le pêche
III.1.18.Le persil
III.1.19.La pomme de terre
III.1.20.Le raisin
III.1.21.Le chocolat
III.1.22.Le citron
III.1.23.Le sel de mer
III.1.24.Le sucre
III.1.25.La tomate
III.1.26.Le yaourt (nature)
III.2. Matériel utilisé
III.3.Préparation des produits cosmétiques « fait maison »
III.3.1.Règles de préparation
III.3.2.Méthodes de préparation des produits cosmétiques « fait maison »
III.3.3.Conservation des produits cosmétiques « fait maison »
III.3.4.Conditionnement des produits cosmétiques « fait maison »
III.4.Contrôle des produits cosmétiques « fait maison » : test cutané des préparations
IV. Principales sources d’informations sur les produits cosmétiques : les livres de référence
CONCLUSION

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