Les forêts de l’Est de Madagascar ont été considérées parmi les zones prioritaires en matière de conservation de la biodiversité dans le monde (Mittermeier et al., 2004). Ces forêts contiennent un niveau d’endémisme remarquable et sont défrichées avec un taux très alarmant (De Gouvenain et Silander, 2003). La station forestière de Tampolo est l’une des principales reliques les mieux conservées de la forêt littorale orientale, et un réservoir naturel représentatif de la flore rencontrée dans ce type de forêt. Environ la moitié de ces espèces est connue de ces forêts littorales uniquement et par conséquent, vu la pression anthropique qui pèse sur ce type de végétation, est menacée (Ratsirarson J. et S. M. Goodman, 2005). Conscients de la situation sur l’appauvrissement et la dégradation de la Biodiversité, le peuple et le gouvernement malgache ont pris des mesures pour conserver l’environnement en mobilisant les partenaires internationaux. Ainsi de grands efforts ont été faits pour conserver la Biodiversité en utilisant l’approche basée sur l’écosystème et en établissant un nombre croissant d’aires protégées (MEEF, PNUE et GEF, 2017). Le projet COKETES porte sur la conservation d’espèces clés, endémiques, menacées et de valeur économique. Ces actions se répartissent sur 16 sites distribués le long des forêts littorales, de basse et moyenne altitude de l’Est et les zones humides autour des forêts sèches de l’Ouest. La forêt de Tampolo, sur la côte Est de Madagascar, classée Nouvelle Aire Protégée (NAP) figure parmi ces sites. Le projet cible au total 20 espèces de plantes et une espèce d’oiseau. Et selon leur répartition et leur localisation, 13 des espèces seulement, qui sont toutes des plantes, concernent le site Tampolo : Calophyllum chapelieri, Asteropeia amblyocorpa, Canarium lamianum, Canarium abovetum, Symphonia fasciculata, Cordyla haraka, Ocotea racemosa, Tina thouarsiana, Faucherea tampolensis, Labramia bojeri, Leptolaena multiflora, Dalbergia baronii, Dalbergia madagascariensis.
PROJET COKETES
Objectif et généralité
L’objectif du projet est de promouvoir la conservation et l’utilisation durable de la Biodiversité basée sur « l’approche espèce », en complétant la tendance actuellement dominante basée sur « l’approche écosystème », par le développement, la mise en œuvre et la diffusion des stratégies locales participatives pour les espèces clés endémiques, menacées et économiquement importantes. Le projet est mis en œuvre dans 16 sites distribués dans différentes régions écologiques de Madagascar ayant des contextes environnementaux, sociaux et économiques variés. Le défi est de démontrer comment les facteurs écologiques, sociaux et économiques peuvent être combinés pour la conservation et l’utilisation durable des espèces clés. En outre, la diversité génétique des espèces cibles serait mieux gérée en assurant leur conservation dans des sites différents de leurs habitats naturels.
Espèces ciblées
Conformément au titre du projet, les espèces ont été sélectionnées selon trois critères principaux : endémicité, menace et valeur économique. Ainsi 20 espèces de plantes ont été identifiées pendant le processus d’élaboration du PIF et la liste a été légèrement améliorée pour refléter les critères recommandés par les partenaires participants dans l’atelier de conception PPG (le 8 mai 2014). Une espèce d’oiseau migrateur endémique (Ardeola idea) a été inclue pour mettre en œuvre l’approche de conservation intégrée et l’utilisation durable. Parmi les critères utilisés pour cibler les espèces endémiques, les menaces ont été considérées. La plupart des espèces clés sélectionnées sont menacées et sont incluses dans la liste rouge de IUCN ; de plus, certaines espèces sont incluses dans l’annexe II de la CITES .
Les espèces cibles sont distribuées comme suit :
– 1 espèce en danger critique (CR),
– 7 espèces en danger (EN) dont 3 sont dans l’annexe II de la CITES,
– 8 sont vulnérables (VU) et 4 d’entre elles sont dans l’annexe II de la CITES,
– 5 espèces ont des données indisponibles (DD) mais sont connues comme étant surexploitées .
Les espèces ligneuses exploitées par la population locale
Les produits forestiers peuvent être subdivisés en deux catégories : le bois (ou produits forestier ligneux) et les produits forestiers non ligneux ou PFNL (produits forestiers autres que le bois ; Rajoelison, 2008). En sylviculture, compte tenu de la fonction de production de la forêt, quatre assortiments de bois sont rencontrés dans la classe des produits forestiers ligneux : bois d’œuvre, bois de service et bois d’énergie qui est l’ensemble du bois de chauffe et charbon de bois. Leur classification est basée sur leurs principales utilisations, qui elles, sont conditionnées par la qualité et les dimensions du bois.
Le bois d’énergie se dit de toutes les applications du bois en tant que combustible. Il regroupe le charbon de bois et le bois de chauffe d’où la dénomination de combustibles ligneux. Les bois d’œuvre sont tous les bois ayant des dimensions qui peuvent encore passer au sciage ou à d’autres transformations du bois tel le tranchage ou le déroulage (Ratsaramiarina, 1995). Ils sont utilisés dans les constructions, l’ameublement ainsi que les travaux artisanaux. Ils constituent à cet effet les matières premières. Dans cette étude, les bois d’œuvre ont été définis comme étant les bois utilisés pour l’ameublement et la construction de pirogue et les bois de construction sont une catégorie à part entière utilisés pour la construction d’habitats (cases traditionnelles ou tout autre style de bâtiment).
La principale raison de l’exploitation des ressources ligneuse est la construction des habitations. En effet, 78% de ces espèces sont toutes employées comme bois de construction par les ménages.
Presque les deux tiers des ménages exploitent les Faucherea tampolensis (Nanto mena), Labramia bojeri (Nanto fotsy), Leptolaena multiflora (Amaninombolahy mena) et Asteropeia sp. (Tambonana). Cela s’explique par le fait que ces essences font partie de celles les plus usitées pour la fabrication des cases. Elles constituent les bois de construction pour les piliers, qui requièrent des bois ayant des propriétés dur et durable, permettant de supporter les maisons pour une dizaine d’année.
85% des ménages exploitent l’Uapaca littoralis (Voapaka), une espèce encore très dominante dans la partie peu perturbée de la forêt (Andriamihaja, 2013). Cette essence est ainsi la plus employée. L’Aucoumea klaineana (Okoumé) et l’Eucalyptus sp. (kinina), des espèces très répondues dans les zones de reboisement, figurent aussi parmi les plus exploitées avec respectivement 72% et 78% des exploitants.
Lorsque le taux de ménages utilisant une espèce est égal ou supérieur aux deux tiers, en générale, l’espèces en question est classée à la fois par ses utilisateurs comme bois de construction, bois d’énergie et bois d’œuvre. C’est le cas des Faucherea tampolensis (Nanto mena), Leptolaena multiflora (Amaninombolahy mena), Uapaca littoralis (Voapaka), Aucoumea klaineana (Okoumé) et Eucalyptus sp. (kinina).
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Table des matières
PARTIE 1 : INTRODUCTION
PARTIE 2 : PROJET COKETES
2.1 Objectif et généralité
2.2 Espèces ciblées
2.3 Présentation des sites
PARTIE 3 : METHODOLOGIE
3.1 PROBLEMATIQUES ET HYPOTHESES
3.1.1 Contexte et problématique
3.1.2 Hypothèses de travail
3.2 MILIEU D’ETUDE
3.2.1 Cadre physique
3.2.2 Cadre biologique
3.2.3 Cadre socio-économique
3.3 MATERIELS ET METHODES
3.3.1 Investigation bibliographique
3.3.2 Enquêtes socio-économiques
3.3.3 Observation directe
3.3.4 Traitement et analyse des données
3.3.5 Schéma méthodologique
3.3.6 Cadre opératoire de recherche
PARTIE 4 : RESULTATS
4.1 Les espèces ligneuses exploitées par la population locale
4.3 Valorisation des espèces clés
PARTIE 5 : DISCUSSION ET RECOMMMANDATION
5.1 Discussion sur la méthodologie
5.2 Discussion sur les résultats
5.3 Vérification des hypothèses
5.4 Recommandation
PARTIE 6 : CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES