Le Sénégal dispose de 700 kilomètres de côtes et d’une zone économique exclusive de près de 200 000 km². La diversité des écosystèmes littoraux se traduit par la présence d’une importante diversité biologique côtière et marine. Les fonds rocheux de la frange marine du Nord de la Presqu’île de Dakar jusqu’au Cap de Naze (Réserve Naturelle de Popenguine), les formations de mangrove (Petite Côte, Saloum, Casamance et Bas-delta du Sénégal) et la présence d’herbiers marins au large de nos côtes, offrent des opportunités à une vaste gamme d’espèces de poissons et autres produits de la mer pour se reproduire, se développer ou y hiverner (DAMCP, 2014).
L’espace littoral sénégalais est de plus en plus convoité en raison de son potentiel sur le plan écologique et socio-économique. Actuellement, il fait l’objet de fortes pressions anthropiques (plus de 75% de la population vivent sur une bande de moins de 60 km) avec le développement de plusieurs activités telles que la pêche, le tourisme et le maraîchage (DAMCP, 2013). Le secteur de la pêche revêt une importance capitale. Il représente une source importante de devises pour le pays avec 11,9% des recettes d’exportations de biens en 2013. Les activités de captures contribuent à hauteur de 1,7% au PIB courant (ANSD, 2016).
Cependant, la pêche est confrontée à plusieurs problèmes. Elle est dans un contexte de déclin général dû à la dégradation des milieux côtiers et à des pratiques inadaptées, telles que la pêche de juvéniles, la dégradation de la zone de frayère, la surexploitation des stocks, la dégradation des habitats et la pêche à l’explosif (Albaret et al., 2005). Pour faire face à la dégradation continue des milieux côtiers et à la raréfaction progressive des ressources halieutiques, le Gouvernement du Sénégal a entre autres politiques mis en place un réseau d’Aires Marines protégées (AMP). L’objectif visé à travers ce réseau est de favoriser la reconstitution des stocks par l’éradication des mauvaises pratiques de pêche et la remontée biologique des espèces marines et côtières tout en favorisant le développement de la filière touristique. Les AMPs sont donc considérées comme des outils de gestion de la pêche et de la biodiversité.
Malgré le succès médiatique des AMPs et le nombre de publications à ce sujet, il existe peu d’évidences empiriques prouvant leur efficacité. Il s’avère donc nécessaire d’évaluer les effets des AMPs sur les ressources halieutiques. C’est dans ce cadre que la Direction des Aires Marines Protégées Communautaires du Sénégal (DAMPC) a initié un programme de suivi des peuplements de poissons dans les AMPs du Sénégal. Le suivi des peuplements de poissons a démarré en 2015. L’objectif général de la présente étude est de contribuer à l’évaluation des effets de l’AMP de Joal-Fadiouth sur les peuplements de poissons. Elle vise spécifiquement à déterminer la composition et la structure des peuplements de poissons rencontrés dans l’AMP de Joal-Fadiouth.
Présentation du milieu
Milieu humain
La commune de Joal- Fadiouth est située dans la région de Thiès. Elle est distante de 70 km du chef-lieu de région, 114 km de Dakar et 32 km de Mbour, chef-lieu de département. Elle est limitée au Nord et à l’Est par la commune de Nguéniène, au Sud par la commune de Palmarin et à l’Ouest par l’océan atlantique. Sa superficie est de 5 035 ha (dont 65% des terres sont inondables en raison de faibles dénivellations). Elle dispose de 20,7 km de côte. La loi 66-20 du 01 février 1966 lui donne le statut de commune regroupant, depuis 1972, l’île de Fadiouth, la localité de Joal et la réserve de Ngazobil. Situé dans une zone où se développent d’importants phénomènes d’upwelling en saison froide, Joal est un important port de débarquement de la pêche artisanale. Pratiquée durant toute l’année, les activités pêche intéressent beaucoup d’habitants de la commune. Selon l’ANSD (2017), la commune de JoalFadiouth compte 51193 habitants.
Milieu biophysique
Le climat de la zone est de type sahélien avec une saison des pluies de 3 à 4 mois (juillet à octobre) et des températures douces de novembre à avril. La moyenne maximale des températures ne dépasse pas 29°C (Mbow, 2011). Dans la commune, les sols à Gley salés et les sols halomorphes salins caractérisent les vasières anciennes dénudées et souvent visitées par la marée favorisant avec l’évaporation le dépôt des efflorescences salines en surface sur sable ou argile (Sarr, 2005). Le relief est essentiellement plat, excepté quelques zones de bas-fonds au sud-est de Ngazobil. Les unités pédologiques de la commune de Joal-Fadiouth reposent sur des substrats caractéristiques de sols Dior, de sols Deck et de sols de bas-fonds (Sall, 2007 ; Diagne, 2012).
L’hydrologie de la façade maritime de la Petite Côte est caractérisée par une variabilité spatiale, saisonnière et interannuelle marquée. Elle est régie par deux grandes saisons, à savoir une saison froide et une saison chaude, séparées par des saisons de transition :
❖ Saison froide
Elle s’étend de novembre à mai et sa durée diminue progressivement du Nord au Sud. Les températures de surface de l’eau sont de l’ordre de 16 à 18° C et les salinités varient de 35.5 ‰ à 36 ‰ (eaux froides et salées). Le refroidissement saisonnier ne peut être imputé qu’à des mouvements de masses d’eau résultant de l’advection horizontale et des upwellings locaux sous l’influence des alizés.
❖ Transition saison froide – saison chaude
Cette transition est relativement courte. Elle a lieu entre mai et juin, soit brutalement, soit par paliers successifs. Elle correspond à l’arrivée sur le plateau continental de la couche d’eau chaude, salée et pauvre (tropicale) transportée par le contre-courant équatorial. Le réchauffement est associé à la chute brutale des alizés, c’est à dire au passage du front intertropical (FIT).
❖ Saison chaude
A partir de juillet-août, les alizés ont disparu au sud du Cap Blanc et les précipitations apparaissent. La couche de surface se dessale progressivement au cours de la saison des pluies, passant de 36 ‰ à 35 ‰. Les salinités restent élevées dans le nord en raison du fort gradient pluviométrique Nord-Sud de la zone tropicale.
❖ Transition saison chaude – saison froide
La transition saison chaude/saison froide est marquée en octobre-novembre par un refroidissement des eaux dont la dynamique est encore mal connue. Les hypothèses les plus plausibles seraient le retrait des eaux chaudes et l’installation progressive du régime des alizés provoquant des upwellings côtiers (Niang, 2009).
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Table des matières
Introduction
I. Présentation du milieu
I.1 Milieu humain
I.2 Milieu biophysique
I.3 Aire Marine Protégée de Joal-Fadiouth
II. Matériel et Méthodes
II.1 Protocole d’échantillonnage
II.1.1 Choix des stations
II.1.2 Périodicité des pêches expérimentales
II.1.3 Technique de pêche
II.2 Paramètres biologiques étudiés
II.3 Analyse et traitement des données
III. Résultats
III.1 Richesse spécifique
III.2 Abondance relative
III.3 Relation Taille-Poids
III.3.1 Coefficient d’allométrie
III.3.2 Coefficient de condition
III.4 Sexe et stade de maturité sexuelle
III.5 Structure en taille
III.6 Nature du peuplement
III.6.1 Structure écologique
III.6.2 Structure trophique
III.7 Variations spatio-temporelles
III.7.1 Répartition spatiale
III.7.2 Répartition temporelle
IV. Discussion
Conclusion