Depuis leur introduction en thérapeutique anti-infectieuse, les antibiotiques n’ont pas cessé de prendre une importance majeure dans le domaine médicale. Aujourd’hui ils constituent la première arme de l’arsenal thérapeutique à la disposition des prescripteurs pour traiter les infections bactériennes. Leur découverte a favorablement transformé le pronostic de nombreuses maladies autrefois mortelles. Toutefois, leur utilisation massive et inadéquate favorise l’émergence de résistances aux antibiotiques par modification de l’écologie bactérienne. Ces résistances posent de sérieux problèmes thérapeutiques surtout lorsqu’elles touchent des espèces bactériennes extrêmement courantes et très pathogènes tels le pneumocoque, l’Haemophilus influenzae et l’Escherichia coli, et elles sont responsables en grande partie de la fréquence élevée des infections nosocomiales dans plusieurs structures de soins. C’est un problème de santé publique qui touche aussi bien les pays développés que les pays pauvres [7,35]. II a été remarqué, par ailleurs que le développement et la propagation de ces résistances sont, entre autre, liés à l’utilisation intensive ou abusive de ces produits. En effet leur utilisation obéit à des critères cliniques, bactériologiques, pharmacologiques, et économiques [29].
GENERALITES SUR LES ANTIBIOTIQUES
DEFINITION
Les antibiotiques sont des substances chimiques, élaborées par des microorganismes ou par synthèse chimique, capables d’inhiber la multiplication (bactériostatique) ou de détruire (bactéricide) des bactéries [9]. Les antibiotiques ont pour but de diminuer ou de stabiliser la quantité de bactéries présentes au niveau du site infectieux et d’aider les cellules du système immunitaire à entamer le processus de guérison. L’utilisation effrénée des antibiotiques chez l’homme et l’animal a créé une pression de sélection sur les bactéries et a favorisé l’apparition de bactéries résistantes aux antibiotiques. Ceci est un véritable problème de santé publique. Il est donc essentiel d’utiliser les antibiotiques uniquement quand cela est nécessaire, de privilégier les antibiotiques à spectre étroit et de respecter les durées de prescription. Le traitement antibiotique doit parfois être associé à un acte chirurgical pour éradiquer complètement l’infection [9].
HISTORIQUE
Bien que le mécanisme d’action des antibiotiques n’ait pas été scientifiquement compris jusqu’au 20ème siècle, le principe d’employer les composés organiques pour combattre l’infection a été connue depuis les périodes antiques. Louis Pasteur et Joubert avaient constaté que la présence de certains contaminants bactériens nuisait à la croissance d’autres espèces bactériennes. C’est ce qui a déclenché l’intérêt des microbiologistes à étudier la compétition entre bactéries. Les antibiotiques seraient donc des substances produites initialement par les microorganismes eux-mêmes afin de se protéger les uns des autres. Le médecin britannique, sir Alexander Fleming, a découvert en 1929 que la moisissure Penicillium exerçait un effet bactéricide sur les bactéries pathogènes, qui ne pouvaient se multiplier en sa présence. Grace à cette observation importante la pénicilline fut découverte. Bien que les sulfamides aient été démontrés bactéricides dès 1935, c’est l’utilisation de la pénicilline lors de la deuxième guerre mondiale (1939-45) qui a véritablement lancé l’ère des antibiotiques. Peu de découvertes en médecine ont eu autant de retentissements que celle de la pénicilline car elle a contribué à contrôler de nombreuses maladies d’origine bactérienne. Ainsi, plusieurs infections autrement mortelles comme la tuberculose, la diphtérie, la pneumonie, la syphilis et le tétanos ont pu être traitées. Force est de constater qu’au début du 3e millénaire, les maladies infectieuses sont de plus en plus présentes et que l’émergence de la résistance antibactérienne contribue à la faillite des traitements ainsi qu’à l’escalade des couts de santé. Le phénomène de la résistance bactérienne est un des plus grands défis que la médecine moderne devra surmonter, sinon nous risquons de retourner à l’ère pré antibiotique. Fleming avait déjà prévu l’apparition de la résistance des bactéries à la pénicilline. Depuis son époque, plusieurs recherches ont été entreprises afin d’accroître le nombre de nouveaux antibiotiques et de diversifier les cibles bactériennes visées par ces produits. Entre 1945 et 1980, plusieurs catégories d’antibiotiques ont vu le jour, chacun de ces produits s’avérant très efficace. La découverte de nouveaux antibiotiques s’est par contre arrêtée entre 1980 et 1990. Aucune nouvelle classe d’antibiotique, c’est- à- dire s’attaquant à une cible bactérienne inédite, n’a été commercialisée depuis plusieurs années. Cela constitue un point faible de l’antibiothérapie puisque malgré la variété des produits existants, le nombre restreint de cibles cellulaires auxquelles ils s’attaquent rend les produits massivement vulnérables lorsque des microbes parviennent à modifier ces cibles pour se protéger (développement de la résistance). La recherche de nouvelles cibles moléculaires dévient un impératif au développement de nouveaux antibiotiques efficaces [24,12].
MODE D’ACTION DES ANTIBIOTIQUES
La particularité de cette classe thérapeutique réside dans le fait que sa cible pharmacologique est localisée, non pas dans un tissu particulier de l’organisme humain, mais dans une bactérie hébergée accidentellement ou en permanence par cet organisme. La molécule antibiotique devra donc satisfaire à la double exigence d’être la plus toxique possible pour la bactérie visée et la moins toxique possible pour l’organisme hébergeant cette bactérie [23]. Pour être actifs, les antibiotiques doivent perturber un chainon vital du métabolisme bactérien : site d’action. Les sites d’action, identiques pour une même famille d’antibiotique, concernent l’une des structures de la bactérie [13]. Les 4 principaux modes d’action des antibiotiques sont :
● Inhiber la synthèse de la paroi bactérienne, c’est-à-dire inhiber la synthèse de peptidoglycane ;
● Inhiber la synthèse de la membrane cytoplasmique ;
● Inhiber la synthèse de l’ADN bactérien ;
● Inhiber la synthèse de protéines bactériennes [9].
CLASSIFICATION DES ANTIBIOTIQUES
Bêta-lactamines
Les β-lactamines représentent la plus importante famille d’antibiotiques par le nombre de molécules disponibles et aussi par leur volume d’utilisation. Ces molécules ont la même structure chimique de base le cycle bêta- lactame. A partir de ce cycle, quatre sous-familles ont été développées, les deux premiers étant de très loin les plus importantes :
● Les pénicillines (ou pénames), dérivées de l’acide 6 –amino pénicillanique (cycle bêta-lactame + Cycle pentagonal-thiazolidine)
● Les céphalosporines (ou céphèmes), dérivées de l’acide 7 aminocéphalosporanique (cycle bêta-lactame + cycle hexagonal insaturé dihydrothiazine)
● Les carbapénèmes (caractérisés par un atome de carbone en position 1)
● Les monobactames .
Toutes ces molécules ont des caractéristiques communes et particularités propres à chaque classe d’où découlent des indications très différentes. Les bêta-lactamines sont des bactéricides sauf sur l’entérocoque sur laquelle elles sont bactériostatiques [10]. En association, Il existe une synergie entre les betalactamines et les aminosides, la rifampicine, la fosfomycine, l’acide fusidique et les fluoroquinolones. En revanche, l’action des β.lactamines est antagoniste avec les bactériostatiques [28]. Les β.lactamines se caractérisent par une absorption digestive souvent médiocre expliquant que certaines molécules disponibles à très large spectre, ne sont disponibles que par voie parentale [10].
Aminosides
Ils sont puissants, avec un pouvoir bactéricide très rapide. A l’exception de la streptomycine réservée à la tuberculose, les aminosides sont tous actifs sur les bacilles Gram négatif aérobies tels Escherichia coli, Proteus, Klebsiella pneumoniae et le bacille pyocyanique, et sur certains germes Gram positif tels que le staphylocoque, mais ce dernier devient résistant sauf peut-être à l’amikacine [16]. Ils sont essentiellement éliminés par voie urinaire sous forme active inchangée (non métabolisée). La posologie doit donc être adaptée à la fonction rénale du patient. Les aminosides (Gentamicine, Trobamycine, Kanamycine, Netilmicine…) ont une action synergique avec les bêtalactamines, les fluoroquinolones, les glycopeptides, [33].
Tétracyclines
Les tétracyclines sont des antibiotiques isolés pour la plupart de souches de Streptomyces, mais souvent produits aujourd’hui par hémisynthèse. Antibiotiques bactériostatiques à très large spectre, elles voient leur usage limité aujourd’hui par l’émergence de résistances. Les tétracyclines doivent leur nom à leur structure tétracyclique commune (noyau naphtacène-carboxamide). Les tétracyclines possèdent un caractère amphipathique par la présence de cycles lipophiles d’une part et de substituants hydrophiles d’autre part. La balance hydrophile/hydrophobe propre à chaque molécule va régir sa pharmacocinétique et surtout, sa distribution tissulaire. Sur la base de leur demi-vie, on distinguera les tétracyclines :
– de première génération: chlortétracycline, oxytétracycline, tétracycline, déméclocycline,
– de deuxième génération: doxycycline, minocycline.
Les glycylcyclines sont des dérivés semi-synthétiques des tétracyclines. La tigécycline, premier dérivé disponible, est le dérivé 9-tert-butyl-glycylamido- de la minocycline [33].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
A. GENERALITES SUR LES ANTIBIOTIQUES
I. DEFINITION
II. HISTORIQUE
III.MODE D’ACTION DES ANTIBIOTIQUES
IV. CLASSIFICATION DES ANTIBIOTIQUES
1. Bêta-lactamines
2. Aminosides
3. Tétracyclines
4. Macrolides, kétolides, lincosamides, synergistines
4.1. Macrolides et kétolides
4.2. Lincosamides
4.3. Synergistines
5. Phénicolés
6. Rifamycines
7. Quinolones
8. Polymyxines
9. Acide fusidique
10. Fosfomycine
11. Glycopeptides
12. Sulfamides
13. Nitrofuranes
14. Nitro-imidazolés
15. Oxazolidinones
16. Quinoléines
17. Lipopeptides
18. Antituberculeux
V. EFFETS INDESIRABLES, INCIDENTS ET ACCIDENTS DUS AUX ANTIBIOTIQUES
VI. RESISTANCE BACTERIENNE AUX ANTIBIOTIQUES
1. Définition
2. Mécanisme de résistance
3. Support génétique de la résistance bactérienne
B. REGLES DE PRESCRIPTION D’ORDONNANCE
1. Règle générale
2. Prescription des antibiotique
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. OBJECTIFS
1. Objectif général
2. Objectifs spécifiques
Nous avons comme objectifs spécifiques
II. CADRE DE L’ETUDE
1. Présentation de la commune de Thiès
2. Relief et types de sol
3. La végétation
4. Données climatologiques
5. Potentialités économiques
6. Démographie
7. Infrastructures de santé
III. MATERIEL ET METHODOLOGIE
1. Période de l’étude
2. Type d’étude
3. Echantillonnage
4. Questionnaire
5. Déroulement de l’enquête
6. Collecte et saisie des données
IV. RESULTATS
1. Répartition selon le sexe
2. Répartition selon les tranches d’âge
3. Répartition selon la qualification du prescripteur
4. Répartition selon la spécialité du médecin
5. Répartition des antibiotiques selon la famille
6. Répartition des antibiotiques selon la molécule
7. Répartition selon l’activité bactérienne
8. Répartition selon les associations d’antibiotiques
9. Répartition selon la durée du traitement
10. Répartition selon la posologie
11. Répartition selon la forme galénique
V. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXE