Depuis l’antiquité, les plantes médicinales sont traditionnellement utilisées par l’homme, et même par les animaux pour se guérir de certaines maladies et blessures. Actuellement, elles servent de matières premières pour l’obtention de substances actives. Leur source inépuisable et renouvelable, leur moindre toxicité, et surtout les vertus pouvant en être tirées : tels sont les principaux atouts de ces «merveilles naturelles ». La recherche de nouvelles activités à l’issus de ces végétaux utilisant des méthodes de plus en plus modernes ne cesse de croître et de s’améliorer, et plusieurs ont déjà abouti à des propriétés pharmacologiques variées : des anesthésiques, des anti-inflammatoires et antimicrobiens, des antiparasitaires, des antioxydants, voire même des anticancéreux. Madagascar, très connue pour sa biodiversité, tant végétal qu’animal, figure parmi les pays légendaires en matière d’abondance en plantes médicinales et aromatiques. De ce fait, il est devenu le centre d’attention des chimistes naturalistes et biologistes chercheurs, même les médecins et les maîtres parfumeurs, en vue de nouvelles découvertes au profit de l’humanité. Pavonia urens est une plante très abondante de notre île. Connue sous le nom malgache de « Tsontsona », elle est très utilisée par les tradipaticiens pour soigner plusieurs sortes de plaies suppuratives. Mais jusqu’à ce jour, ces affirmations n’ont pas été encore démontrées.
La famille des MALVACEAE
Généralités
La Malvaceae, appelée également Mauve, est la famille dans laquelle appartient Pavonia urens, comme de nombreuses autres plantes à fleurs et contient plus de 200 genres avec près de 2300 espèces dont la plupart sont des herbes ou des arbustes , mais certains sont des arbres et des lianes. [1] [2] Les genres les plus répandues en termes de nombre d’espèces comprennent : l’Hibiscus (300 espèces), le Sterculia (250 espèces), le Dombeya (225 espèces), le Pavonia (200 espèces), et le Sida (200 espèces).
Description botanique
Ce sont des plantes à fibres cellulosiques. Leurs feuilles alternées, simples ou diversement lobées, ont pour la plupart des formes d’étoiles ; au limbe à la nervation palmée. Quant à leurs tiges, ils contiennent des canaux et des cavités muqueuses. Les poils sont fréquents. Et le plus souvent, ses fruits sont sous forme de capsules ou de noix. La plupart des espèces sont entomophiles (pollinisées par les insectes), de raison que l’autopollinisation est souvent évitée par protandrie, c’est-à-dire que les gamètes mâles sont développés avant les gamètes femelles.
Ecologie et distribution
La famille est cosmopolite, présente dans presque tous les pays du monde, et absente seulement des régions très froides. Elle est particulièrement abondante dans les régions tropicales d’Amérique du Sud, dans les pays africains, et est représentée plus minoritairement dans les régions tempérées et autour de la Méditerranée. Madagascar, comme l’archipel d’Hawaii, en possède de nombreux genres et espèces endémiques.
Quelques Malvaceae à vertus antimicrobiennes
Plusieurs plantes appartenant à cette famille sont réputées pour leurs vertus antimicrobiennes:
➤ Sida spinosa, utilisé pour le traitement des infections en médecine traditionnelle. Des études effectuées par SELVADURAI et ses collaborateurs ont pu démontrer son activité sur certains bactéries et champignons : test à partir des extraits de feuilles sur Staphylococcus aureus, Bacillus subtilis, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa, Candida albicans et Aspergillus Niger. [4]
➤ Sida urens, une Malvacée abondante au Burkina Faso, utilisée traditionnellement dans l’Ouest de ce pays pour le traitement des maladies infectieuses et particulièrement contre la carie dentaire bactérienne et la fièvre. Cette plante est aussi recensée dans la flore de plantes médicinales asiatiques. Elle possède également des propriétés analgésiques. KONATE a confirmé que les fractions riches en polyphénols présentent une activité antinociceptive remarquable, et sont très sensibles sur les germes testés. [5]
➤ Hibiscus sabdariffa, nommée la roselle est connue être une forte antibactérienne, anti-inflammatoire et analgésique. Elle est très utilisée en phytothérapie pour de nombreux traitements : sa capacité antimicrobienne lui permet de calmer la toux et de dégager les voies respiratoires ; c’est aussi un antiseptique urinaire et un diurétique. Les fleurs remédient aux douleurs menstruelles.
Quelques Malvaceae à vertus antioxydantes
➤ Adansonia digitata, connue sous le nom de Baobab est une MALVACEAE à tant de vertus qui la rendent bénéfique au transit intestinal. La poudre de la pulpe du fruit du baobab est un antioxydant naturel puissant. [7]
➤ Abelmoschus esculentus (Hibiscus esculentus), le gombo, est un légume typique de l’alimentation africaine. Il est également abondant dans le Sud de l’Europe, en Inde, au Moyen-Orient, aux Antilles et en Amérique du Sud. Des études in vitro ont démontré un certain potentiel antioxydant des extraits de cette plante. Ceci est dû à sa richesse en composés antioxydants tels que la quercétine, présente en très grande quantité ; la vitamine C, le -carotène, la lutéine et la zéaxanthine.
Autres utilisations
Cette famille de plante prend une grande importance, tant sur ses valeurs ornementales – comme les Hibiscus en chine – que dans l’agroalimentaire et surtout dans le domaine de la médecine. Elle trouve particulièrement place dans l’industrie textile, notamment dans la fabrication de fibres textiles : les genres Urena, comme Urena lobata, fournissent des fibres de très bonne qualité. La famille des Malvaceae constitue donc un élément non négligeable, et surtout à prendre en considération sur le plan industrielle.
Pavonia urens
Généralités
Plante originaire d’Afrique tropicale, de Madagascar et de La Réunion, Pavonia urens est particulièrement connue sous le nom de « la Pavonie brûlante », en rapport à l’irritation provoquée par les poils piquants de ses tiges et feuilles. Historiquement, le nom générique du genre : Pavonia est donné en l’honneur du botaniste espagnol José Antonio Jiménez Pavón (1754-1840) connu pour ses travaux sur la flore du Pérou et du Chili, effectués lors d’une expédition entre 1777 et 1788.
Description botanique
C’est une herbe ou sous-arbrisseau au port buissonnant pouvant atteindre 3 mètres de hauteur. Ses tiges sont cylindriques, dressées et recouvertes de nombreux poils piquants. Ses feuilles alternées et polymorphes sont portées par des pétioles très tomenteux, longs de 10cm à 20cm. Les plus typiques sont sous forme d’étoiles, à lobes triangulaires, aiguës, marge grossièrement dentée et ciliée. Les feuilles prépondérantes restent nettement plus discrètes, mais toutes sont manifestement tomenteuses, comme la tige et les pétioles. Cette plante possède des fleurs axillaires, presque sans pédoncules et très rapprochées l’une de l’autre. Leur calice extérieur est composé de sept à neuf folioles et ciliées. La corolle est campanulée (en clochette) de couleur rose, rouge foncé au centre, composée de 5 grands pétales, séparés à leurs sommets. Elles renferment des étamines peu nombreuses, toute placées à l’extrémité du tube, dont les filaments sont couleur de chair, et les anthères sont écarlates et réniformes. L’ovaire est très velu, globuleux, pentagone, surmonté d’un style simple, qui se divise en dix filaments épais, velus de couleur pourpre et globuleux à leur extrémité. Le fruit est une capsule à 5 méricarpes, demeurant incluse dans le calice persistant. Chacun des méricarpes, couvert de courtes écailles, se révèle triaristé à son sommet.
Position dans la classification systématique
La classification botanique du Pavonia urens dans le règne végétal se résume comme suit :
Règne : Végétal
Embranchement : Spermaphyte
Sous-embranchement : Angiosperme
Classe : Dicotylédone
Ordre : Malvales
Famille : MALVACEAE
Genre : Pavonia
Espèce : urens
Nom vernaculaire : Andriambavisoravo ou aussi Tsontsona à Madagascar, Pavonie brûlante à La Réunion.
Origine : Afrique tropicale, Madagascar, Réunion.
Ecologie et distribution
Elle se trouve principalement dans la lisière des bois et des broussailles, mais aussi dans les endroits où la végétation d’origine a été détruite. Cette plante se rencontre la plus souvent dans les localités où la pluviométrie n’est pas trop faible, et généralement elle ne supporte pas le froid excessif. C’est pourquoi elle n’est rencontrée que dans la plupart des régions africaines, comme présentée sur la figure suivante. [9] Voici un aperçu des principales régions où l’on peut rencontrer Pavonia urens en Afrique.
Ethnobotanique
Selon BRINK et al en 2012, elle est couramment utilisée en médecine traditionnelle africaine [11] :
➤ En RDC (République Démocratique du Congo), la racine raclée et ramollie s’applique sur les blessures, et comme emplâtres sur les fractures et les luxations. Les feuilles sont cuites à l’eau et sont appliquées sur les yeux en cas de capacité visuelle faible.
➤ En Tanzanie, des préparations à base de racine se prennent pour traiter les troubles d’estomac et la pneumonie. La feuille broyée est également prise contre les problèmes d’estomac.
➤ Au Burundi, la décoction des racines et feuilles est donnée pour traiter la diarrhée des bébés, celle des feuilles peut également être prise contre la toux et les bouffées délirantes.
➤ A Madagascar, la racine est utilisée contre les maux d’estomac et la décoction de parties aériennes est inhalée en cas de fièvre. Certains l’utilisent aussi pour soigner les furoncles, les abcès et les plaies infectieuses.
Travaux antérieurs
En Tanzanie, des chercheurs ont déjà prouvé une activité antifongique et antibactérienne sur ses extraits de racine au méthanol, à l’acétate d’éthyle et à l’eau [11] [13]. Les résultats suivants ont pu être dégagés :
➤ L’extrait méthanolique à 2.5g/ml inhibe la croissance de Pseudomonas syringue et Staphylococcus aureus, et est sensible à Aspergillus fumigatus, mais n’a aucun effet sur Candida albicans
➤ et l’extrait acétate d’éthyle à 0.5g/ml est plutôt intéressant pour inhiber la croissance de Candida albicans et Aspergillus fumigatus. Par ailleurs, ses vertus antioxydantes n’ont jamais été sujet de quelconques études.
Ces dernières décennies, de nombreuses recherches ont été effectuées sur l’activité antimicrobienne de milliers de plantes. La résistance aux antibiotiques des germes pathogènes depuis plusieurs années en est la principale cause, étant donné que la seule alternative fiable est la recherche des antimicrobiens naturels issus de plantes médicinales ou de leurs huiles essentielles.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES
Chapitre 1 : Généralités sur la plante
Chapitre 2 : L’activité antibacterienne
Chapitre 3 : L’activité antioxydante
Chapitre 4 : La phytochimie
Chapitre 5 : La chromatographie sur couche mince
PARTIE 2 : APPROCHES EXPERIMENTALES
Chapitre 6 : Préparation des extraits
Chapitre 7 : Criblages phytochimiques
Chapitre 8 : Tests biologiques
Chapitre 9 : Chromatographie sur couche mince
PARTIE 3 : PRESENTATION DES RESULTATS ET DISCUSSUIONS
Chapitre 10. Résultats des extractions
Chapitre 11. Résultats des criblages phytochimiques
Chapitre 12. Résultats des tests biologiques
Chapitre 13. Résultats des chromatographies sur couche mince
Chapitre 14. Identification des familles chimiques des substances antioxydantes
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES