Le paludisme est la maladie parasitaire qui tue le plus dans le monde. Il demeure l’une des premières causes de morbidité, surtout chez l’enfant africain de moins de 5 ans. Le paludisme constitue au Sénégal un problème majeur de santé publique. Il représente 5,62 % des motifs de consultation des services de santé avec une mortalité proportionnelle de 7,14 % (Rapport PNLP 2008) (Programme national de lutte, 05/2015).
800 000 cas de paludisme sont notifiés chaque année au niveau des structures de santé dont 20% de cas graves et 10% de décès, soit environ 7 000 décès/an. (DIATTA, 2004). Le paludisme est aussi la première cause d’avortements et d’accouchements prématurés. Il occasionne de lourdes pertes économiques surtout en milieu rural et contribue ainsi à l’aggravation de la pauvreté et à la dégradation de la santé des populations. Aussi bien dans la capitale que dans les régions les populations restent attachées à l’utilisation des plantes médicinales non seulement par commodité et pour des impératifs socioculturels mais également par nécessité. Une nécessité liée souvent au fait que l’accessibilité aux médicaments modernes de qualité n’est toujours pas facile et lorsqu’ils sont disponibles, les prix de revient souvent élevés sont un frein à leur emploi et pour se soigner les populations rurales puisent de la flore locale.
A travers le monde les pharmacopées traditionnelles jouent et continuent de jouer un rôle très important dans la découverte de nouvelles molécules d’intérêt thérapeutique et particulièrement dans la lutte contre le paludisme. Face à l’apparition de résistance du parasite responsable, Plasmodium falciparum, aux médicaments de synthèse classiques, les ressources végétales constituent une grande opportunité. La médecine traditionnelle offre une masse considérable d’informations sur les plantes médicinales qui sont non seulement à bon marché et abondantes, mais aussi une partie intégrante de la réalité socioculturelle et selon le programme faire reculer le paludisme en 1998 plus de 60% des enfants souffrants de forte fièvre, sont traités à domicile à l’aide de médicaments à base de plante (Rôle des pharmacopées traditionnelles, 2012). Et aujourd’hui la meilleure option de traitement est la thérapie combinée à base d’artémisinine (ACT). L’artémisinine est un principe actif isolé d’une plante Chinoise Artemisia annua.
Au Sénégal nous disposons de nombreuses plantes médicinales pour traiter plusieurs affections. Le traitement par les plantes encore appelé phytothérapie existe en Afrique bien avant l’arrivée de la médecine conventionnelle. Elle est très courante en milieu rural et même en ville et elle a prouvé son efficacité dans de nombreuses maladies notamment le paludisme c’est la raison pour laquelle elle survit et tend même à se développer parallèlement et de façon complémentaire à la médecine conventionnelle malgré les succès enregistrés dans ce domaine et les efforts réalisés par les structures publiques à différents niveaux pour améliorer la couverture sanitaire et la qualité des soins. Les populations font toujours recours aux plantes médicinales pour différentes raisons :
– Accessibilité de la médecine traditionnelle,
– Insuffisance de couverture sanitaire malgré les efforts de l’Etat,
– Disponibilité des plantes médicinales,
– Pour des raisons d’ordre socioculturel et économique lié aux habitudes, aptitude et croyance.
GENERALITES SUR LE PALUDISME
DEFINITION DU PALUDISME
Le paludisme est une maladie grave, multiforme et mortelle. A l’origine, le nom «paludisme» est dérivé du mot ancien «palud» qui signifie «marais», parce que les larves des moustiques s’y concentrent (Luttercontrelepaludisme.fr, 2014). Le paludisme est une maladie parasitaire provoquée par la multiplication chez l’Homme d’un protozoaire du sang et des tissus nommés plasmodium, transmis par l’intermédiaire des piqûres de moustiques femelles du genre anophèles. Quatre espèces affectent l’homme :
– Plasmodium vivax
– Plasmodium malariae
– Plasmodium ovale
– Plasmodium falciparum, responsable de l’immense majorité Des décès. (Vaubourdolle ,2007) (Leke et al., 2010).
FORMES EPIDEMIOLOGIQUES (LEKE et al., 2010)
Les conditions de développement de l’anophèle expliquent la répartition géographique du paludisme avec des aspects épidémiologiques différents qui sont les suivants :
● Paludisme endémique à transmission permanente dans la totalité des zones équatoriales intertropicales où la pluviométrie est importante et quasi permanente.
● Paludisme endémique à transmission saisonnière dans les zones subtropicales (32° de latitude Nord à 25° de latitude Sud), durant la saison des pluies et le début de la saison sèche, exemple : en zone de savane et de sahel.
● Paludisme à transmission sporadique avec expression épidémique dans certaines régions où le paludisme ne sévit pas habituellement, où le paludisme est instable (en altitude par exemple), la transmission peut s’effectuer à la suite de circonstances climatiques particulières ; le paludisme s’exprime alors sous forme d’épidémie.
LA TRANSMISSION (Pulcini, 2005)
La transmission se fait par piqure nocturne d’un moustique femelle du genre anophèle porteuse du parasite. Une seule piqure peut suffire pour transmettre la maladie. Ce moustique ne fait pas de bruit.
LE SUJET RECEPTIF (Pulcini, 2005)
Il n’y a pas d’immunité naturelle chez l’Homme vis-à-vis du développement du paludisme. Le développement d’une immunité peut être :
➤ Relative : prémunition protège des formes graves du paludisme.
➤ Réversible : donc perdue en cas de séjour prolongé en zone dépourvue de paludisme.
➤ Se développant progressivement lors de réinfections régulières et répétées : les enfants ne sont protégés qu’à partir de 6 ans environ. En dessous de cet âge, ils sont la principale victime des formes graves du paludisme. Les sujets drépanocytaires hétérozygotes ont des accès moins graves à P. falciparum mais peuvent être impaludés.
L’AGENT PATHOGENE
Classification (SY O, 2006)
L’agent pathogène du paludisme appartient :
● Phylum des Apicomplexa
● Classe des Sporozoae
● Sous classe des Coccidia
● Ordre des Eucoccidiidae
● Sous ordre des Haemosporina
● Famille des Plasmodiidae
● Genre Plasmodium
Quatre espèces sont parasites pour l’homme, celles-ci sont regroupées en deux sous-genres :
● Sous-genre Plasmodium : P. vivax, P. ovale, P. malariae.
● Sous-genre Laverania : P. falciparum.
Plasmodium vivax et P. falciparum sont les plus rencontrés.
Le cycle évolutif du parasite (Assous, 1999)
Les sporozoïtes, présents dans les glandes salivaires des moustiques femelles Anophèles, sont inoculées à l’homme au cours de la piqure. Ils circulent par voie sanguine jusqu’au foie. Dans le foie les sporozoïtes matures se transforment en schizontes intra-tissulaires. Puis ils retournent au courant sanguin sous forme de mérozoïtes et sont responsables de la phase symptomatique lorsqu’ils ont envahi et détruit des globules rouges. Néanmoins, quelques parasites restent quiescents dans le foie sous forme d’hypnozoïtes (qui n’existent que pour P. vivax et P. ovale) sont à l’origine de rechutes. Une fois dans le courant sanguin les mérozoïtes envahissent les globules rouges et évoluent en différentes formes asexuées : anneau ; trophozoïte et schizonte. Les schizontes matures lysent les globules rouges parasités et libèrent une nouvelle génération de mérozoïtes qui vont à leur tour envahir d’autres globules rouges. Dans quelques globules rouges des parasites vont évoluer en formes sexuées (gamétocytes mâles et femelles). Lorsqu’ils sont prélevés par les moustiques femelles anophèles le gamétocyte mâle perd son flagelle pour produire des gamètes mâles qui vont féconder les gamètes femelles et produire un zygote. Le zygote évolue en oocyste dans l’intestin du moustique. Les oocystes matures sont à l’origine des sporozoïtes qui migrent dans les glandes salivaires du moustique et le cycle est bouclé. Il faut noter que celui-ci peut être remplacé comme vecteur par l’échange de seringue entre toxicomanes et transfusion sanguine si le donneur est impaludé.
LE VECTEUR DU PALUDISME
Classification (MOUSTIQUES VECTEURS, IFMT.AUF, 08/2014)
● Règne : Animal
● Embranchement : Invertébré
● Classe : Insecte
● Sous-classe : Ptérygota
● Ordre : Diptère
● Sous-ordre : Nématocères
● Famille : Culicidae
● Sous-famille : Anophelinae
● Genre : Anopheles
Cycle biologique de l’insecte (Paludisme ou malaria, 2014)
L’insecte vecteur est un diptère du genre Anopheles, donc un moustique, largement répandu dans les régions intertropicales. Une vingtaine d’espèces sont dangereuses dont A. gambiae, A.funestus (tous deux en Afrique intertropicale), A. minimus(la péninsule indochinoise). Ce malfaisant animal piqueur hématophage affectionne les régions chaudes et humides, aime peu l’altitude et ne parcourt qu’un à deux kilomètres par jour. Seule la femelle pique l’homme et la nuit seulement; son vol n’est pas bruyant et sa piqure est peu douloureuse. Le jour, elle se dissimule dans les endroits retirés et sombres. Un repas sanguin permettra à la femelle de constituer puis de pondre ses œufs (isolement) sur des surfaces liquides : eaux courantes ou stagnantes, limpides ou saumâtres. Chaque espèce a ses préférences. Leurs œufs donnent naissance, comme chez tous les moustiques à des larves aquatiques puis à des nymphes et à l’insecte ailé.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE PALUDISME
I. DEFINITION DU PALUDISME
II. FORMES EPIDEMIOLOGIQUES
III.LA TRANSMISSION
IV. LE SUJET RECEPTIF
V. L’AGENT PATHOGENE
1. Classification
2. Le cycle évolutif du parasite
VI. LE VECTEUR DU PALUDISME
1. Classification
2. Cycle biologique de l’insecte
VII. PHYSIOPATHOLOGIE
VIII. DIAGNOSTIC
1. Clinique
1.1. La primo-invasion
1.2. Accès rythmés
1.3. Accès périodiques ou intermittents
1.4. Accès pernicieux ou neuropaludisme
2. Examens de laboratoire non spécifiques
3. Diagnostic direct
4. Diagnostic biologique indirect ou immunologique
IX. TRAITEMENT
1. Traitement du paludisme simple à P. falciparum
2. Traitement du paludisme grave à P. falciparum
3. Traitement du paludisme à P. vivax, P. malariae, P. ovale
X. LA CHIMIOPROPHYLAXIE
1. Lutte anti vectorielle
2. Prévention par des antipaludiques
XI. VACCINATION CONTRE LE PALUDISME
CHAPITRE II : EXEMPLES DE PLANTES UTILISEES DANS LA PHYTOTHERAPIE ANTIPALUDIQUE
I. QUINQUINAS
II. ARTEMISIA ANNUA
III. PHARMACOPEE AFRICAINE
DEUXIEME PARTIE: ENQUETE ETHNOBOTANIQUE
CHAPITRE I : PRESENTATION SOMMAIRE DE LA REGION DE MATAM
I. SITUATION GEOGRAPHIQUE
II. CADRE PHYSIQUE
III.ORGANISATION ADMINISTRATIVE
IV.DEMOGRAPHIE : Effectif et accroissement
V.CADRE ECONOMIQUE
VI.EDUCATION
VII.SANTE
CHAPITRE II: METHODOLOGIE
I. CADRE D’ETUDE
II. TYPE D’ETUDE
III. POPULATION D’ETUDE
IV. ECHANTILLONNAGE
V. ENTRETIEN
VI. TRAITEMENT DES DONNEES
VII. INSTRUMENT DE COLLECTE DES DONNEES
VIII. DIFFICULTES RENCONTREES
1. Difficultés liées à l’entretien
2. Difficultés liées à l’identification des plantes
3. Difficultés liées au climat et aux déplacements
CHAPITRE III : RESULTATS DE L’ENQUETE
I. CONSIDERATION DES ACTEURS
II. INVENTAIRE DES PLANTES UTILISEES DANS LE TRAITEMENT DU PALUDISME
1. Classification des plantes par famille botanique
2. Répertoire des plantes citées
III. MONOGRAPHIE
1- Azadirachta indica A. Juss. – Meliaceae – Dicotyledones
2- Combretum glutinosum Perr. ex DC. – Combretaceae – Dicotyledones
3- Guiera senegalensis J.F. Gmel. – Combretaceae – Dicotyledones
4- Zanthoxylum zanthoxyloides (Lam.) Watermann – Rutaceae – Dicotyledones
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE