CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES PARASITES INTESTINAUX DES ASTROCHELYS YNIPHORA EN CAPTIVITÉ

Historique

              L’Astrochelys yniphora est une tortue terrestre qui existait déjà depuis des centaines d’années. C’est une espèce que l’on peut considérer comme un « fossile vivant » pour l’histoire de la faune malgache.
1885 : première découverte de l’existence d’une étrange tortue caractérisée par la présence d’un « soc » ou « éperon » par M. Humblot.
1910 : Vaillant a confirmé que cette tortue était une espèce appartenant au genre Testudo ou Geochelone de Linné découvert en 1758. Ainsi il l’a nommé « Testudo yniphora » dont « ynis veut dire soc et « phora » veut dire porter d’où l’appellation de cet animal « Tortue à soc » (Vaillant & Grandidier, 1910).
1950 : Decary rapporte que l’Astrochelys yniphora se rencontre dans les forêts de bambous autour de Soalala et que cet animal est très rare (Decary 1950 in Andrianandrasana 2000).
1970 : Juvik et Blanc avaient trouvé au cap Sada que le Astrochelys yniphora a un cycle d’activités quotidiennes identiques à celui de la majorité des reptiles (Juvik et al, 1981).
1985 : Commencement des activités du projet « Angonoka » avec Don Reid (Andrianandrasana 2000)

LES PARASITES INTESTINAUX DES TORTUES

                Les tortues terrestres disposent des parasites dans leur organisme. Des nématodes (Strongyloïdes, Tachygonetria ), des Ascarides appartenant aux genres Sulcascaris et Angusticaecum, des protozoaires comme Hexamita sp peuvent être contenus dans leur tractus gastro‐intestinal. La plupart de ces parasites provoquent de l’amaigrissement, de la diarrhée et de la constipation. D’autres sont responsables des troubles respiratoires à cause de la migration larvaire dans les poumons (cas des Strongyloïdes et les Ascaridés). La voie buccale et la voie cutanée constituent les entrées principales de ces parasites intestinaux chez les chéloniens par l’intermédiaire des aliments, des boissons contaminés et par des contacts avec des objets souillés ou un animal infesté. A eux seuls ou combinés avec le stress subi par l’animal, les troubles cité ci‐dessus peuvent être visibles quand le nombre de ces parasites est trop élevé d’où le terme « hyper parasitisme » (Marc & Alain, 2006). Des dérèglements métaboliques causés par le stress, des inhibitions de l’absorption des nutriments dues au parasitisme combiné avec le caractère spoliateur de ces parasites (surtout les nématodes) conduisent à une situation défavorable pour ce reptile voire même à leur dépérissement (Klingenberg 1993).

Diagnose des vers adultes

             C’est un examen direct de parasite (vers adultes) à l’intérieur d’un cadavre lors d’une autopsie. Différents organes (Tube digestif, poumons) sont observés et incisés afin de mettre en évidence des vers adultes éventuels. Cette phase permet de déterminer :
– le mode de vie de parasite : libre ou fixe (à l’intérieur ou à l’extérieur de l’organe)
– l’emplacement préférentiel de chaque type de parasite (sur le jéjunum, dans le colon)
– le degré d’infestation par comptage des oeufs et des vers adultes rencontrés
– les lésions provoquées par ces parasites
– le mode de reproduction éventuel de ces parasites et leur biologie
Comme matériels, à part les instruments chirurgicaux pour une autopsie habituelle (bistouris, etc.), un microscope s’avère indispensable pour cette étape. Ainsi, pour chaque organe examiné, tout indice suspect de l’existence de parasite est noté. Un examen visuel suivi de la confirmation au microscope sert à identifier les parasites trouvés. Les parasites adultes trouvés sont comptés puis badigeonnés dans une solution formolée à 10% avant un examen microscopique. Ceci permet dans un délai très bref (quelque seconde) d’avoir une image très nette des vers au microscope. Après cet examen microscopique, les vers adultes rencontrés sont fixés dans une solution formolée à 10%.

INTERPRETATIONS ET ANALYSES EPIDEMIOLOGIQUES

                Dans cette étude, les parasites intestinaux des Astrochelys yniphora sont des parasites communs des tortues terrestres comme le Testude graeca, Geochelone elegans ou Testudo horsfieldii (Marc & Alain 2006). Ce sont des nématodes de genres Strongyloïdes, Pharyngodon, Tachygonetria et Oxyuris. Rappelons que dans la coproscopie quantitative, nous avons voulu évaluer le degré d’infestation parasitaire en dénombrant le nombre d’œufs par gramme de fèces. Pour cela, on part du principe qu’il y a corrélation entre le nombre de parasites présents dans l’intestin et celui des œufs trouvés dans les selles. Toutefois, cette valeur n’est guerre absolue (Troncy 1977) et peut donc varier dans l’espace et dans le temps. Durant cette étude, le taux de prévalence des parasites intestinaux des Astrochelys yniphora varie de 92% à 100% au réveil de l’animal cʹest‐à‐dire « après son hibernation » (mois de décembre). Cette période est considérée comme un point de départ du cycle de vie de cet animal et de même pour celui de ses parasites intestinaux. En effet, c’est à partir delà que les Astrochelys yniphora consomment plus de nourriture, font des longs déplacements à raison de plus de 25 m de rayon dans la nature (Pedrono 2000) et vont se reproduire. Et puisque cette tortue ne mange presque rien durant la période d’hibernation (Andrianarivo 1977) nous considérons que les parasites intestinaux présentent dans l’intestin de cette tortue à ce moment ne sont que les parasites issus de la génération du cycle précédent. A ce stade, les Astrochelys yniphora ont une charge parasitaire encore importante quel que soit leur emplacement. Rappelons qu’entre le mois de mai et novembre, les Astrochelys yniphora restent dans un domaine vital de 5 à 25 m de rayon (Pedrono 2000). Par contre, durant la période « avant hibernation » le taux de prévalence des parasites intestinaux des Astrochelys yniphora varie considérablement selon l’emplacement de ces derniers : 33% dans la nature, le double (66%) au site de relâchement et 100% à la station d’élevage en captivité. Le mode de vie de ces tortues et les traitements effectués sur elles ont alors des influences majeures sur leurs charges parasitaires. Le déparasitage systématique effectué sur les Astrochelys yniphora captives et celles relâchées au mois de décembre (réveil de l’animal) a diminué les charges des parasites intestinaux chez ces individus. Toutefois, le taux de prévalence de ces parasites reste constant chez les Astrochelys yniphora captives à cause de l’auto infestation et la ré infestation fréquent liée à la surpopulation et au stress subit par ces animaux. En ce qui concerne les Astrochelys yniphora sauvages, le déplacement des ces tortues à la recherche de la nourriture, d’une femelle (pour individus mâles) ou de l’emplacement des nids (pour les femelles en vue de ponte), fragilisent le cycle évolutif des ces parasites et rend faible le taux de l’auto infestation. Rappelons que ces parasites intestinaux des Astrochelys yniphora ont un cycle évolutif de type « monoxène » ; cʹest‐à‐dire direct et que le mode de transmission se fait directement par ingestion des aliments ou boissons souillés. Seules les Strongyloïdes pourront être transmis par voie cutanée à part la voie buccale (Euzeby 1963). Le rapport surface de l’habitat/nombre des Astrochelys yniphora sauvages ainsi que la taille du domaine vital jouent également un rôle prépondérant sur le taux de parasitisme. Dana la nature, les rencontres entre tortues sont rares; ce qui implique une baisse de taux d’infestation. De plus, certaines caractéristiques des parasites leurs rendent également vulnérables dans la nature. En effet, le genre Strongyloides affecte beaucoup plus les individus vivant en collectivités surpeuplées, sur des litières abondamment souillées, convenant fort bien au développement de forme infestante des parasites (Euzeby 1963) ; ce qui n’est pas le cas dans la nature surtout durant la période « avant hibernation » des Astrochelys yniphora. Le déplacement rend un individu en solitaire et l’Astrochelys yniphora exploite beaucoup de litières durant cette saison (Annexe 5) L’effet climatique (diminution de la température et de la précipitation jusqu’au mois d’avril) nous semble également un facteur ralentissant la prolifération de ces parasites. En effet, l’évolution des œufs de parasites en larves est fonction de la température et de l’humidité. Le cycle évolutif des Strongyloïdes par exemple peut être perturbé par une température inférieure à 25°C (Euzeby 1963). Notons qu’une diminution de température allant jusqu’au 20°C est enregistrée aussi bien dans la nature qu’à la station d’élevage en captivité à Ampijoroa durant cette période. Le mode de transmission des Strongyloïdes par voie à la fois cutanée et buccale explique la dominance en nombre de ce parasite par rapport aux autres genres de parasites présents chez les Astrochelys yniphora en dehors du pouvoir prolifique important de ce parasite. L’Astrochelys yniphora sauvage héberge des nématodes appartenant au genre « Tachygonetria ». Les Astrochelys yniphora en captivité et relâchées ne sont pas obligatoirement indemnes de ce genre de parasite car il se peut que ce parasite se situent à un développement au stade larvaire. La rareté de Tachygonetria est néanmoins nette avec un taux de prévalence inférieur à 2,8% avant ou après hibernation. Le solvant utilisé (solution saturée de NaCl) peut en être une des causes de cette rareté des œufs de Tachygonetria trouvés. En effet, vue sa grande taille la solution saturée de sel dont la densité est de 1,20 ne permet pas de flotter aussi bien ces œufs (Troncy 1977). La même explication se rapporte également sur l’absence des autres parasites chez cette tortue dans cette étude (cas de cestode). Une infestation larvaire implique aussi qu’aucun signe coproscopique ne permet pas d’en préciser la nature ; même cas pour une infestation des formes immatures de vers (cestode en croissance) ou des vers peu prolifiques (Euzeby 1963). La technique de flottaison basée sur l’utilisation de la solution saturée de sel est surtout orientée à la recherche des nématodes parasites. A la différence de certains animaux, l’âge des Astrochelys yniphora ne nous semble guère un facteur majeur en terme de degré de parasitismes intestinaux. Les adultes sont aussi bien parasités que les juvéniles ; l’acquisition d’une immunité comme chez certains vertébrés avec l’âge ne nous semble évidentes. Par contre il serait possible d’envisager l’existence d’un facteur mal connu qui peut inhiber la ponte de ces parasites à un moment donné chez les Astrochelys yniphora (comme la réaction immunitaire pour certains animaux). Dans ce cas, l’animal pourra être fortement parasité mais l’infestation semblera légère voire même inexistante si on se réfère au nombre des œufs de parasites trouvés dans les fèces. Et comme les aliments consommés par les Astrochelys yniphora sont fonctions des saisons, l’effet alimentaire (effet toxique ou effet non prolifique) chez ces nématodes parasites n’est pas écarté. En effet, certaines plantes consommées (dont nous ignorons pour le moment) peuvent avoir un effet anti‐parasitaire. Parmi tous les Asrtrochelys yniphora étudiés, nous avons trouvé (durant la période avant hibernation) trois individus qui présentent un taux de parasites exceptionnellement élevé. Ces individus viennent de Sada avec des nombres des œufs de parasites respectifs de 18500, 17050 et 20950 œufs par gramme de fèces pour les Astrochelys yniphora n°1LG, n°260 et n°262. Il s’agit probablement des cas typiques de « l’hyper parasitisme » chez les Astrochelys yniphora. Limités par le facteur temps, nous ne pouvions pas suivre ces individus pour mieux savoir sur les expressions cliniques et lésionnelles traduites par cet hyper parasitisme chez cette espèce de tortue.

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Table des matières

INTRODUCTION
Chapitre I. RAPPEL DES CONNAISSANCES ACTUELLES SUR LES ASTROCHELYS YNIPHORA
I.A. ESPECE ETUDIEE
I.A.1 Historique
I.A.2 Taxonomie
I.A.3 Description de l’animal
I.A.3.1 Physionomie
I.A.3.2 Reproduction
I.A.3.3 Habitat
I.A.3.4 Physiologie
I.A.3.5 Anatomie
I.A.4 Les populations d’études
I.A.4.1 Astrochelys yniphora en captivité
I.A.4.2 Astrochelys yniphora relâchée
I.A.4.3 Astrochelys yniphora sauvage
I.B. LES PARASITES INTESTINAUX DES TORTUES 
Chapitre II. MATERIELS ET METHODES
II.A. ZONES D’ETUDE
II.A.1. Ampijoroa
II.A.2. Beaboaly
II.A.3 Sada
II.B. PARAMETRES D’ETUDE
II.B.1. Paramètres épidémiologiques et statistiques
II.B.2. Paramètres clinique et para clinique
II.B.2.1. examen clinique individuel
II.B.2.2. Coproscopie
II.B.2.3. Coproculture
II.B.2.4. Diagnose des vers adultes
Chapitre III. RESULTATS 
III.A. EXAMEN CLINIQUE INDIVIDUEL 
III.B. COPROSCOPIE
III.B.1 Coproscopie qualitative
III.B.2 Coproscopie quantitative
III.C. COPROCULTURE
III.D. DIAGNOSE DES VERS ADULTES 
Chapitre IV. DISCUSSION 
IV.A. INTERPRETATIONS ET ANALYSES EPIDEMIOLOGIQUES
IV.B. INTERPRETATIONS CLINIQUE ET PARA CLINIQUE 
SUGGESTIONS
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE

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