Contribution à l’étude des parasites des lémuriens en captivité : Comparaison entre deux Parcs Zoologiques
Les parasites gastro-intestinaux constituent une cause fréquente de diarrhée chez les lémuriens en captivité (Junge, 2003). En effet, il a été montré que les animaux étaient plus réceptifs et plus sensibles aux maladies en captivité qu’en liberté et ceci fut attribué aux facteurs de stress supplémentaires que subissent les animaux captifs (Terio, 2004) . Les études effectuées précédemment sur les parasites internes des lémuriens consistent en un unique prélèvement d’échantillons fécaux et en l’analyse de ceux-ci. Ceci ne donne qu’un aperçu ponctuel des infestations parasitaires des lémuriens, contrairement à l’étude que nous avons menée qui implique la surveillance des variations de l’expulsion d’oeufs d’helminthes par gramme de fèces par les lémuriens durant 12 mois. A l’issue de notre étude nous aurons une connaissance des espèces parasitant le tractus gastro-intestinal des lémuriens en captivité dans chacun des parcs zoologiques ainsi que leur abondance et leur dynamique au cours de l’année. Il a été démontré que le nombre de parasites intestinaux peut varier en fonction des conditions climatiques ou de la localité et ceci chez plusieurs animaux tels que les lézards (Griffiths, 1998) les chèvres (Umur, 2005) ou les primates comme les chimpanzés (Huffman, 1997). Ainsi, après avoir fait le point des connaissances liées à cette problématique : la signification des parasites ainsi que de leur importance dans la santé des animaux, nous reverrons brièvement les travaux effectués auparavant concernant les parasites des lémuriens et évoquerons les moyens de lutte existant contre les parasites gastrointestinaux des lémuriens. La présentation des matériels et des méthodes que nous avons adoptées pour mener à bien notre étude constituera la deuxième partie de notre travail suivie de l’exposition des résultats que nous discuterons dans une quatrième partie. Nous conclurons notre travail par des suggestions afin de réduire le taux d’infestation des animaux dans chacun des parcs et les précautions à prendre lors d’échanges d’animaux entre les différents parcs Zoologiques
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE DES ETUDES SUR LES PARASITES DES LEMURIENS
Dans un premier temps, il nous a semblé nécessaire d’établir un bilan des parasites décrits chez les lémuriens. Notre étude se limite aux helminthes gastro-intestinaux pouvant être détectés à l’analyse coproscopique ou à l’autopsie. Peu de travaux ont été effectués jusqu’alors sur les parasites gastro-intestinaux des lémuriens. La plupart d’entre eux datent de plusieurs décennies et sont difficilement accessibles. Ces études très détaillées décrivent les formes adultes des parasites, les individus ont pour la plupart été prélevés à la suite d’autopsies effectuées sur un petit nombre d’animaux représentant les principaux groupes taxonomiques des lémuriens (Chabaud, 1961a) (Chabaud, 1965)(Petter et al., 1972)(Chabaud 1961b) Les parasites décrits représentent plus de 20 espèces d’helminthes différents dont 4 filaires et 1 espèce de trichure. (Chabaud, 1965) Ces travaux fournissent d’excellentes ressources pour l’identification des parasites infectant des groupes taxonomiques de lémuriens particuliers mais sont inadaptés à l’étude des prévalences chez les différentes populations de lémuriens (Faulkner, 2005) ainsi qu’à l’étude des risques pathogènes que présentent les parasites chez les prosimiens. Un travail plus récent a été effectué par RAHARIVOLOLONA (Raharivololona 2006) sur les parasites gastro-intestinaux des lémuriens du genre Cheirogaleus et Microcebus. Les analyses effectuées sur plus de 295 échantillons fécaux ont permis de révéler une vingtaine d’espèces de parasites dont certains n’ont pu être identifiés. Cette étude montre aussi une prévalence élevée des parasites chez les lémuriens du genre Cheirogaleus et Microcebus respectivement 73.1% et 90,1%. Certains de ces parasites tels que ceux appartenant au genre Ascaris peuvent potentiellement être agents de Zoonoses. D’autres recherches montrent l’infestation des lémuriens en captivité au sein du Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza par Spirocerca lupi un genre de parasite particulièrement important par ses activités pathogéniques ainsi que sa prévalence relativement élevée chez les animaux captifs. Le taux de prévalence de ce parasite au sein du PBZT variait alors entre 33 % et 100% (Blancou, 1976) (Randriasamimanana, 1998)
DESCRIPTION DU CYCLE EVOLUTIF DIRECT
Les parasites décrits précédemment partagent comme caractère commun, le cycle évolutif monoxène direct. Le cycle monoxène ou direct se divise en 2 phases de vie, l’une chez l’hôte, l’autre libre dans le milieu extérieur au cours desquelles 5 stades de développement successifs sont observés (Maupas et Seurat, 1913) :
– La phase de vie libre dans le milieu extérieur débute lorsque les œufs pondus par les femelles sont éliminés avec les fèces deƒÆ’hôte et se retrouvent dans le milieu extérieur. Leur développement sera assez rapide (10 jours) lorsque les conditions sont favorables. Les larves de premier stade évolueront après deux mues successives en larves de troisième stade (L3) infestantes pour l’hôte. Ces larves L3 qui peuvent résister plusieurs semaines dans le milieu extérieur et sont mobiles ce qui favorise leur ingestion par les hôtes présents. (phase 1 du schéma)
– La phase de vie parasitaire chez l’hôte commence après l’ingestion des larves L3 (phase 2). Ces larves parviennent rapidement au niveau de la muqueuse du tube digestif pour y pénétrer. Elles subissent alors un dégainement qui est suivi d’une mue leur permettant d’atteindre le stade 4 (phase 3), évoluant lors d’une ultime mue en stade 5 (juvénile ou préadultes) (phase 4). L’acquisition de la maturité des juvéniles nécessite environ 5 jours. L’accouplement des adultes s’effectue au niveau de la lumière de l’organe cible, permettant aux femelles fécondées (ovipares) de libérer leurs œufs dans le milieu extérieur avec les fèces de l’hôte (phase 5). Au cours des périodes favorables, la durée totale du cycle biologique des strongles digestifs est estimée à 1 mois. Les principaux facteurs intervenant sur cette durée sont la température et l’humidité qui ont une influence importante sur la vitesse du développement de l’œuf jusqu’à la larve L3. D’autre part la période prépatente de l’infestation, allant de l’ingestion des L3 au développement des adultes mâles et femelles qui est habituellement de 21 jours, peut être allongée en raison de variations produites par l’inhibition du développement des larves de stade 4 ou hypobiose des L4. Enfin la durée d’évolution de la phase parasitaire varie en fonction de facteurs dépendant de l’hôte, comme sa race, son âge ou son état de santé. Nous présentons ci dessous un schéma d’un cycle évolutif monoxène direct, pour cela nous prendrons l’exemple de l’Enterobius spp. chez l’humain.(Figure 12)
TAILLE DES ECHANTILLONS
Une limite essentielle de cette étude est la taille des échantillons que nous avons sélectionnés et sur lesquels nous avons pu mener à bien les analyses. En effet, les ressources humaines et financières à notre disposition ont limit2 l’envergure de nos recherches. Cependant le but premier de nos recherches étant de dresser un bilan de l’état du parasitisme actuellement dans les deux parcs Zoologiques, cet objectif reste compatible avec les travaux de terrain (Bandin, 2004)
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Table des matières
INTRODUCTION
I GENERALITES
I.1 Parasites
I.2 Revue Bibliographique des travaux effectues sur les parasites des lémuriens
I.2 Description des principaux genres de parasite des lémuriens
a. Lemurostrongylus
b. Pararabdonema
c. Lemuricola
d. Callistoura
e. Trichuris
I.3 Description du cycle évolutif monoxène direct
I.4 Lutte antiparasitaire
a. controle antiparasitaire en milieu zoologique
b. produits recommandés chez les lémuriens
II MATERIELS ET METHODES
II.1 Milieux d’etudes
a. Le Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza
Historique
Objectifs
b. Le Parc Zoologique d’Ivoloina
Historique
Objectifs
II.2 Matériels
a. Matériel Animal : Brève description des espèces considérées
Hapalemur
Eulemur
Lemur
Varecia
b. Matériels de pesage des animaux et de collectes des matières fécales
c. Matériels d’analyse de laboratoire
d. Matériels d’analyse des données
II.3 Méthodes
a. Sélection des animaux
b. Capture, pesage et collecte des animaux
c. Analyses des échantillons
Examen macroscopique
Examen microscopique qualitatif
Examen microscopique quantitatif
d. Analyses des données
III RÉSULTATS
III.1 Récapitulatifs des résultats obtenus
III.2 Distributions des parasites chez les lémuriens
III.3 Comparaison des moyennes des charges parasitaires entre males et femelles
III.4 Comparaison des moyennes des charges parasitaires entre entre Ivoloina et Tsimbazaza
III.5 Comparaison des charges parasitaires entre la saison sèche et la saison des pluies
III.6 Charge parasitaire et niveau des précipitations
IV INTERPRÉTATIONS, DISCUSSION
IV.1 Problèmes rencontrés et limites du protocole
a. Taille des échantillons
b. Coproscopie
c. Identification des parasites
IV.2 Discussions des résultats obtenus
a. Faune parasitaire des lémuriens en captivite
b. Spécificité d’hôte chez les parasites des lémuriens
c. Comparaison des charges parasitaire
Variations selon le sexe
Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza et Parc Zoologique d’Ivoloina
Variations saisonnières
Lémuriens en captivité et lémuriens sauvages
IV.3 Présence de parasites externes
IV.4 Lutte contre les parasites intestinaux
IV.5 Suggestions relatives à la lutte antiparasitaire
CONCLUSIONS
ANNEXES
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