Dans un monde en pleine mutation et où s’affrontent à la fois l’affirmation de la démocratie et une aspiration croissante vers la mondialisation, au moment où apparaissent les techniques nouvelles de plus en plus performantes et des fléaux meurtriers ou avilissants qu’il s’agisse de la pauvreté envahissante, de la montée du SIDA, ou des luttes fratricides, il devient une nécessité absolue et un impératif d’enseigner et de transmettre les connaissances, d’actualiser continuellement techniques et méthodes d’enseignement afin d’atteindre les objectifs fixés de l’éducation .
Il semble actuellement que l’enseignement de l’histoire se heurte à de multiples difficultés. D’où les enseignants jouent un rôle clé dans la mise en scène du savoir ou d’une stratégie dans la pratique enseignante. Car l’expérience a montré que la dissémination de l’information, telle que les lignes de la conduite d’une classe basées sur l’évidence ne suffit pas seulement pour effectuer des changements au niveau des comportements des élèves. Toutefois, ceux qui assurent l’enseignement doivent d’abord actualiser ou changer leurs pratiques et appuyer leurs efforts. Ils doivent ensuite avoir l’occasion de mettre à jour leurs connaissances, compétences et attitudes par le biais d’une conscience professionnelle basée sur la recherche des biens aux élèves.i Car, l’objectif est que « les élèves soient calmes, qu’ils écoutent avec attention le cours, qu’ils obéissent aux règles de vie en commun, qu’ils soient dociles aux injonctions du professeur, qu’il respecte mutuellement, qu’ils soient polis et déférents, qu’ils soient intellectuellement disponibles, etc. et que tout cela se passe dans le bonheur général » . Les causes des difficultés des élèves peuvent être d’une part intrinsèques à la matière dans le sens que tout d’abord, « l’histoire elle même constitue un très vaste domaine, ensuite elle exige des compétences méthodologiques précises, en plus elle manipule des concepts et des terminologies spécifiques » . D’autre part, les causes des problèmes évoqués peuvent être extrinsèques à la matière. Dans cette optique, l’élève luimême par la formation qu’il a reçue dans ses classes antérieures, par son comportement passif durant le cours d’histoire et par son environnement social se présente comme étant la cause de ses propres difficultés. Par ailleurs, à leur insu, les professeurs par leur comportement participent à renforcer ces difficultés. Encore, il faut souligner l’existence d’autres facteurs qui concourent à maintenir les difficultés culturelle, conceptuelle et linguistique des élèves à savoir le système éducatif et l’environnement social. Ces facteurs n’entraînent pas uniquement l’échec des élèves mais surtout « l’échec de l’école elle-même d’où la déperdition scolaire dont les personnels enseignants sont inquiets » .
MAHAJANGA, UNE VILLE HISTORIQUE ET GEOGRAPHIQUE PARTICULIERE
Avant l’étude des facteurs de blocages de l’enseignement et l’apprentissage de l’histoire, il est indiscutablement utile de présenter le cadre historique et géographique de la zone d’étude.
Brève historique du Boina
Il est dit selon l’histoire que les Malais se sont introduits à l’Est de Madagascar du XIe au XIIIe siècle et ceci constitue le peuplement de Madagascar. Certes, ces vagues d’immigration ne sont pas les premières. « Le VIIIe siècle a vu déjà l’établissement des commerçants arabes non-islamisés au Nord-Ouest de l’ile. Ces derniers ont apporté leurs us et coutumes raison pour laquelle la tradition malgache a emprunté fortement quelques techniques et activités » . Au IXe siècle, les Arabes commerçants, navigateurs et islamisés ont sillonné la côte orientale de l’Afrique et ont occupé les littoraux du Nord-Ouest pour y établir des comptoirs et aussi contrôler les échanges avec l’arrière pays. Dans la même foulée, les dissidents persécutés de l’Islam ont quitté l’Arabie Saoudite pour répandre leur religion sur leur territoire d’accueil. « Arabes et Islamisés se sont métissés avec la population locale et donnent naissance à la tribu sakalava. Ces Arabes commerçants s’appellent les Antalaotra » . Certains chercheurs ont montré qu’ils sont venus de l’Espagne (Andalousie). En effet, la phonétique de ces deux mots se ressemble (Antalaotra et Andalousie). Etymologiquement parlant, « Anta » signifie en fait population et « Laùt» désigne loin. Toutefois « Laùt » selon la recherche de l’académicien Soudjay Bachir sous entend une étendue d’eau comme Lac Alaotra. Par contre d’autres chercheurs soulignent que les Antalaotra sont les descendants arabes du « Golfe Persique » qui ont crée la ville de Mahajanga (qui s’appelait autrefois MOJANGAYA). Selon Labatut et Raharinivonirina , la ville aurait été fondée en 1720. D’après les traditions orales, le quartier de Mahajanga Be serait le plus anciennement occupé. C’était le village des Antalaotra. Le premier village sakalava des environs était Marolaka, l’actuel quartier où se trouve le stationnement des Taxi-brousse. Bastian G., professeur d’histoire et Groison H., inspecteur de l’enseignement primaire ont écrit dans leur livre intitulé « Histoire de Madagascar » édition Librairie Hachette Madagascar en 1966 que Majunga fut fondé en 1745.
Suite aux disputes entre Andriamanetriarivo et Andriamandisoarivo, fils du grand roi du Sakalava Menabe Andriandahifotsy, le cadet part vers le Nord et prend le Boina. Il est devenu le grand roi de ce royaume et s’installe à Marovoay qui est la capitale. Il mourut vers 1710 et fut enterré à Tongay. L’une de ses descendants est Ravahiny qui est devenue reine du royaume sakalava de Boina. Elle entretenait des relations multilatérales avec le fameux roi Andrianampoinimerina. C’est surtout pendant le règne de Ravahiny que le royaume Sakalava du Boina a connu son apogée. Il a pu s’étendre sur tout le bassin sédimentaire du Boina. A la mort de Ravahiny, des querelles entre les princes héritiers viennent succomber l’hégémonie du royaume du Sakalava du Boina. « C’est le roi Andriantsoly, petit fils de Ravahiny convertit à l’islam (« le prince repentant ») commence le règne à Mahajanga en 1822 » .
Cadre géographique de la zone d’étude
Délimitation et dimension
Mahajanga est une ville portuaire de Madagascar à l’embouchure du fleuve Betsiboka à l’entrée de la baie du Bombetoka (cf. carte n°1). « C’est donc une ville côtière bordant la rive du canal de Mozambique. Il est difficile de délimiter la ville de Mahajanga mais d’après la délimitation administrative, elle est limitée à l’Ouest par le canal de Mozambique, à l’Est par les quartiers d’Antanimalandy, au Nord par le quartier d’Amborovy et au Sud par la baie de Bombetoka» . La ville est liée à la capitale à 570km le long de la RN4. Elle s’étend sur une superficie de 53km2.
La ville se découpe en deux parties (le site interne et le site externe) séparée par une zone inondable très basse, constituée par le vallon de Metzinger et la mangrove d’Antsahabingo :
– Site interne de l’agglomération, limitée à l’Est du vallon Metzinger est essentiellement urbain et suit un schéma de développement organisé s’étendant sur Majunga Be et Mangarivotra.
– Site externe, zone d’extension de l’agglomération vers l’Est et le Nord Est, à partir du vallon de Metzinger se caractérise par un sous développement très prononcé. Vingt six quartiers, repartis en sept arrondissements, constituent la ville de Majunga.
Hydrographie
« Betsiboka est le principal fleuve du Boina. Elle est formée de la réunion de sa branche mère et issue des petits massifs au Nord d’Antananarivo grossi de la Mananara et de l’Insinko » . Cette grande rivière se forme sur la bordure orientale des hauts plateaux en amont de la plaine d’Antananarivo traverse celle-ci en recevant la Sisaony et d’Andromba pour le Korinatsy, l’Isandrana et le Manevana en rive gauche ; la Manakafo, l’Andranobe et de Namokimita en rive droite. Elle reçoit en rive droite le Kamoro grossi par l’intermédiaire d’ une capture récente d’ une grande partie d’eau de la Mahajamba à qui porte la superficie globale de Betsiboka à 63.500 km2 et en fait en somme le plus grand cours d’eau malgache. Le Betsiboka achève son parcours par un delta important envahi par la mangrove dans la baie de Bombetoka près de Mahajanga ville.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE D’ETUDE
I. MAHAJANGA, UNE VILLE HISTORIQUE ET GEOGRAPHIQUE PARTICULIERE
I.1. Brève historique du Boina
I.2. Cadre géographique de la zone d’étude
II. L’ENVIRONNEMENT SCOLAIRE
II.1. Les deux établissements (cf. carte n°3)
II.2. Etude des variables relatives à l’éducation
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE : LES FACTEURS D’OBSTACLE DE L’ENSEIGNEMENT ET DE L’APPRENTISSAGE DE L’HISTOIRE
I. LA NATURE DE L’HISTOIRE
I.1. Des contraintes pour les enseignants
I.2. Des contraintes pour les élèves
II. LES PROBLEMES INSTITUTIONNELS DU SYSTEME EDUCATIF A MADAGASCAR
II.1. Médiocrité de la qualité d’enseignement
II.2. Manque d’efficacité financière
II.3. Cadre institutionnel peu favorable
II.4. Inadaptation du contenu et faible efficacité de l’enseignement
III. LES FAIBLESSES PEDAGOGIQUES ET LES TAUX D’ABSENTEISME ELEVES
III.1. Les faiblesses pédagogiques
III.2. Taux élevé d’absentéisme des professeurs du LPT
IV. LES PROBLEMES DES APPRENANTS
IV.1. Les représentations des élèves sur l’école
IV.2. Les représentations des élèves sur l’histoire
IV.3. Pourquoi dit-on échec scolaire ?
IV.4. Les facteurs de l’échec scolaire
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
TROISIEME PARTIE : REFLEXION SUR L’AMELIORATION DES CONDITIONS D’APPRENTISSAGE ET D’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE
I. NECESSITE DE DEFINIR LE MOT « APPRENDRE »
I.1. Approche d’enseignement et d’apprentissage efficace
I.2. Choisir les méthodes d’enseignement
II. LES PRINCIPES DE LA METHODE ACTIVE
II.1. Préparer et donner des présentations interactives
II.2. Faciliter l’apprentissage en groupe
II.3. Planification des changements à apporter à l’enseignement à l’avenir
III. LES SOLUTIONS STRATEGIQUES
III.1. Les élèves
III.2. Les écoles
III.3. Leur (re-) déploiement
III.4. Les moyens technico-pédagogiques
III.5. « Rendre l’école à la communauté »
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE