Contexte général
Lorsqu’on parle de développement, ce qui arrive en général dans l’esprit est la réussite économique. Mais, le sujet qui s’y rattache de plus près depuis quelques années est l’organisation paysanne moderne sous forme associative.
Avant de voir les détails, cernons d’abord ces deux thermes :
Le développement se définit en tant « qu’ensemble des transformations techniques, sociales et culturelles qui permettent l’apparition et la prolongation de la croissance économique ainsi que l’élévation des niveaux de vie ». Et l’organisation quant à elle se définit comme étant « un groupement, association, en général d’une certaine ampleur qui se propose des buts déterminés » .
Il est en effet plus difficile pour un pays, une région, un district de se développer économiquement et socialement sans qu’il y ait un développement organisationnel. Ce développement organisationnel passe par plusieurs étapes dont le plus important est l’éducation de la communauté suivie d’une sensibilisation liée à une mobilisation. L’organisation a toujours existé au sein des communautés mais sous forme traditionnelle dans la plupart des cas. Depuis quelques années, l’introduction d’une nouvelle forme organisationnelle a vu le jour avec l’entrée des programmes de développements financés par l’extérieur. Cette nouvelle organisation s’appelle le plus souvent une association, une coopérative, fédération et confédération. L’objectif étant de fournir à la communauté une meilleure condition de vie à travers les changements au niveau de la mode de vie. L’effet tache d’huile est attendue, des interventions sont souhaitées.
Etat des lieux et cadre théorique
Sociologiquement parlant : « la sociologie des organisations a pour objet la compréhension des organisations, dans le double objectif d’en produire des connaissances et d’en changer le fonctionnement. Le terme organisation désigne en sociologie un ensemble de règles durables orientées vers une fin commune et plus ou moins matérialisée par un lieu. L’organisation est donc à comprendre comme une association d’individus construite pour structurer les coopérations et induisant une répartition de rôle de chacun des acteurs, un système de communication et une hiérarchie qui pose les rapports de pouvoir » .
L’organisation est ainsi inhérente de toutes sociétés. Pays riche et pays pauvre ont tous besoin d’une bonne organisation pour mieux réussir la vie économique et sociale. La forme certes diffère d’un pays à un autre mais l’objectif reste partout le même : « faciliter l’atteinte des objectifs ». L’organisation a évolué dans le temps, elle suit l’évolution économique mais aussi elle répond à un besoin social spécifique. Dans le temps les hommes vivent en communauté, plus soudés, mais plus il y a une évolution économique, plus l’individualisme prend place. Ainsi la forme d’organisation dans les pays développés est très différente de celle qui est dans les pays pauvres. Analyser ces deux formes d’organisation en même temps serait plus complexe dans notre cas. Dans le cadre de cette recherche, notre analyse se portera plus sur l’organisation dans les pays pauvres. Elle s’orientera plus précisément sur l’organisation dans le monde rural.
A Madagascar, les formes des organisations sont les mêmes, mais demeurent spécifiques d’une région à une autre. A l’origine, l’organisation a pour base la tradition. Une organisation communautaire qui respecte les ancêtres et les anciens. La différence réside au niveau de la manifestation de celle-ci dans les organisations. Depuis quelques années, une nouvelle organisation plus moderne a bouleversé l’organisation traditionnelle. Ce sont ceux des groupements paysans. Cette structuration se manifeste sous la même forme à Madagascar, du nord au sud de l’est à l’ouest. L’objectif diffère d’un groupement à un autre mais la forme est la même et le but est d’apporter un développement dans les localités. Dans la Commune rurale de Bezaha, l’évolution des organisations paysannes est palpable. En plus des organisations traditionnelles, des groupements paysans y existent.
Etat des lieux de la Commune rurale de Bezaha
Les modes de vie, les conditions sociales, économiques et culturelles d’une localité donnée dépendent de leur situation géographique. L’attraction humaine qui a un impact sur le lieu en dépend aussi. Il est ainsi important de situer la zone d’étude et de voir les informations se rapportant à celle-ci avant la réalisation de toute recherche quel que soit le thème.
Peuplement et conditions de vie
Localisation
Bezaha est une Commune Rurale appartenant au District de Betioky Sud, il se situe à 120 km du chef lieu de District et à 167 km de la ville de Tuléar. Selon les anciens du village, Bezaha tire son nom de deux faits :
Premièrement de l’existence de plusieurs Baobab au niveau de la Commune, Zaha est le nom donné au Baobab en Malgache.
Deuxièmement du fait que les villageois ne sortent jamais de leurs cases sans une machette, Zaha est le nom donné à la machette.
Bezaha est composé de 22 Fokontany dont 4 se trouvent dans le Chef lieu de la Commune et les 18 autres: 9 dans la partie ouest, 7 dans la partie est et 2 dans la partie sud.
Il est à noter également que Bezaha est entouré de 5 Communes dont :
La Commune rurale de Besely, à l’ouest
La Commune rurale de Tongobory, au sud
La Commune rurale de Fenoandala à l’est
La Commune rurale d’Andranomangatsiaka, au sud-ouest
La Commune rurale de Manalobe, au nord-est .
Origine du peuplement
Migrations anciennes
La population de Bezaha est en général composée d’Antanosy qui ont fui Fort Dauphin vers le 17ème siècle à cause de l’invasion Merina, notamment de la guerre contre le roi Radama I. Avant les Antanosy, ce sont les Bara et les Mahafaly qui habitaient le lieu, ils ont été repoussés par les Tanosy à leur arrivée. Les Bara se sont déplacés vers le nord et les Mahafaly vers le sud. Les Antanosy se repartissent en d’innombrables petits groupes. Les trois principaux sont les Temagnalo, les Tesaka et les Tetsaragna.
Migrations récentes
Outre les Antanosy, on y trouve aussi des Antandroy, des Merina, des Mahafaly, des Betsileo et des Indiens. L’installation de quelques familles Antandroy et Mahafaly a été assez tardive, vers 1970. Ces deux groupes lignagers travaillent en tant que mains d’œuvre salariées ou en tant que bouviers. Les Betsileo et les Merina, quant à eux, sont attirés par la découverte du saphir vers l’année 2000. La plupart des Merina et des Betsileo se livrent aussi dans le commerce, ils sont les principaux concurrents des Indiens résidents depuis 03 générations.
Economie
L’économie de la Commune est basée sur l’agriculture et l’élevage. Les Antanosy qui peuplent la Commune de Bezaha vivent de l’agriculture notamment de la riziculture et de l’élevage dont des bœufs chèvres, moutons et volailles. Les petits commerces sont présents, mais ils sont surtout réalisés par les Betsileo et les Merina arrivants. L’artisanat dont le tressage des nattes et des petits paniers représente aussi une source d’argent pour certaines familles. Mais en tant qu’activité parfaitement maitrisée par tous les Antanosy, elle n’offre qu’une petite somme d’argent pour les familles qui les vendent.
Agriculture
La terre de Bezaha est très fertile malgré le développement de l’érosion qui ensable de plus en plus les rizières. Bezaha connaît 3 saisons de riz dans l’année avec une production de 2 à 3 tonnes à l’hectare. Outre le riz, on y trouve aussi d’autres productions agricoles comme le manioc, la patate douce et l’oignon. Les fruits dont les mangues, les cœurs de bœuf et les bananes représentent aussi une source d’argent non négligeable durant leur saison. En outre, ils servent aussi à la consommation familiale. Durant la saison de pluie vers le mois d’octobre jusqu’au mois de décembre, la plupart des familles se nourrissent des mangues, elles remplacent les maniocs et le riz. L’utilisation de la production agricole varie d’une famille à une autre. Mais dans la majorité des cas, celle-ci est destinée à la consommation familiale. Leurs ventes sont rares, elles ne se font que durant les périodes des fêtes : les mois de juin à l’occasion de la fête nationale et le mois de décembre à l’occasion du nouvel an. L’argent reçu de ces ventes est utilisé pour l’achat de nouveaux vêtements pour les membres de la famille. Il existe aussi des ventes exceptionnelles en cas d’évènement familial : funérailles, mariages etc.
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Table des matières
Introduction
partie I : Etat des lieux et cadre théorique
Chapitre I- Etat des lieux de la Commune rurale de Bezaha
Chapitre II- cadre théorique
Partie II : Développement et organisation paysanne
Chapitre I- Raison d’être des organisations paysannes
Chapitre II- Résistances aux organisations paysannes modernes
Chapitre III- Pouvoirs et développement
Partie III : Impacts des activités socio-économique des organisations paysannes
Chapitre I- Situation de la Commune de Bezaha face au développement
Chapitre II- adaptation de la communauté face au changement
Chapitre III- Perspectives du développement des organisations paysannes à Bezaha
Conclusion générale
Table des matières
Annexe