Ce travail de thèse a été soutenu financièrement par l’allocation d’une bourse de la part de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à travers son programme Allocation de Recherche pour une Thèse au Sud (ARTS) et une contribution partielle du Programme de Formation des Formateurs (PFF) des universités du Mali. Le doctorat s’est déroulé sur une période de 3 ans, avec une alternance de 6 mois de séjour entre le Mali et la France. Le travail de recherché a été effectué dans le laboratoire de l’UMR 152 (IRD-Université Toulouse 3) de Toulouse (France) et le laboratoire du Département de Médecine Traditionnelle (DMT) de l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP) du Mali.
Les différentes actions de recherches qui ont contribué à la réalisation de ce doctorat sont :
❖ Une recherche bibliographique, réalisée au DMT et à l’UMR 152,
❖ Une sélection d’espèces médicinales, la mise en place d’enquêtes auprès des tradipraticiens-herboristes, réalisées au Mali,
❖ Une préparation d’extraits bruts, réalisée au DMT
❖ Des analyses phytochimiques, réalisées au DMT (caractérisation en tube) et à l’UMR152 (déréplication).
❖ Un contrôle de qualité, réalisé au DMT (paramètres physicochimiques) et à l’UMR152 (contrôle botanique)
❖ Une évaluation des extraits in vitro, réalisée à l’UMR152
❖ Une évaluation des extraits de Terminalia macroptera in vivo, réalisée au DMT (test de toxicité, test antalgique, antipyrétique, anti-inflammatoire et hépatoprotecteur) et à l’UMR 152 (test antiplasmodial).
La recherche menée dans ce travail de thèse s’inscrit dans le souhait de pouvoir contribuer à l’amélioration de la santé de la population malienne et plus largement d’Afrique de l’ouest par le biais de la valorisation de la pharmacopée traditionnelle africaine, patrimoine culturel vivant inestimable, transmis de génération en génération, mais malheureusement menacé, et souvent déprécié.
Présentation du Mali
Géographie
Situé au cœur de l’Afrique de l’ouest, la République du Mali s’étend entre le 10ème et le 25ème degré de latitude nord d’une part et d’autre part entre le 4ème degré de longitude Est et le 12ème degré de longitude Ouest, sur une superficie de 1 241 238 km2 . Elle est limitée
❖ au Nord par l’Algérie
❖ à l’Est par le Niger
❖ au Sud-est par le Burkina Faso
❖ à l’Ouest par la Mauritanie et le Sénégal
❖ au Sud par la Côte d’Ivoire et la Guinée .
Le relief est peu élevé et peu accidenté ; c’est un pays de plaines et de bas plateaux. L’altitude moyenne est de 500 mètres. Deux fleuves traversent le Mali : le fleuve Niger et le fleuve Sénégal. Le réseau hydrographique dessert surtout le sud du pays. La partie septentrionale de cette zone est arrosée par le fleuve Sénégal et ses affluents, la partie orientale par le fleuve Niger et ses constituants. Le régime de l’ensemble de ce réseau est tropical : hautes eaux en période d’hivernage et basses eaux en saison sèche.
Climat
Le climat est sec avec une saison sèche et une saison des pluies. On distingue 3 zones climatiques :
❖ la zone soudano guinéenne : à l’extrême sud du pays avec une pluviométrie de 1500 mm d’eau environ par an.
❖ la zone sahélienne : au centre recevant 200 à 800 mm d’eau par an.
❖ la zone saharienne, qui occupe la moitié nord du pays, les précipitations y sont irrégulières, voire accidentelles et très souvent inférieures à 200 mm d’eau par an.
Division administrative
Sur le plan administratif, le Mali était découpé en 8 Régions administratives (Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao, et Kidal) et un District (la capitale Bamako) qui a rang de région. Recensement de deux nouvelles Régions sont en cours de création. Ces deux nouvelles Région sont la Région de Taoudéni et la Région de Ménaka. Taoudéni faisait partie de la Région de Tombouctou et Ménaka de la Région de Gao.
Données sociodémographiques sur la population malienne
Le Mali a réalisé quatre Recensements Généraux de la Population et de l’Habitat (RGPH) en 1976, 1987, 1998 et 2009. Selon les données du quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH), la population résidente du Mali s’élevait à 14.528.662 habitants en avril 2009 dont 51 % de femmes et 49 % d’hommes (EDSM V, 2012 – 2013). Selon les projections des données de RGPH 2009, le Mali compte une population de 18.343.000 habitants en 2016 avec 49.6% d’hommes et 50.4 % de femmes (Direction des Ressources Humaines Secteur Santé, Développement Social et Promotion de la Famille, 2017). Près de 40% des habitants du pays appartiennent à l’ethnie mandingue ; ce sont majoritairement des Bambara vivant principalement dans le district de Bamako, et dans les régions de Koulikoro et Ségou, et les Malinké (6.6 %). Après viennent les Peul (13.9 %), les Sénoufo (9%), les Soninké (8.8 %), les Dogon (8 %), les Songhaï (7.2 %), les Dioula (2.9 %), les Bwaba (2.4 %), les Touaregs (1.7 %), les Maures ou Berbères (1.2 %). L’islam est la religion de 90 % des Maliens, Quelque 9 % d’entre eux ont conservé des croyances animistes. Le christianisme est pratiqué par 1 % de la population.
Les différents systèmes de soins au Mali
Au Mali, il existe les ressources la médecine traditionnelle (Praticiens- pratiques- produits) et médecine conventionnelle, avec une organisation pyramidale de différents niveaux.
Ressource de la médecine traditionnelle
Définition de la Médecine traditionnelle (MT)
Selon l’OMS, la MT est «l’ensemble de toutes les connaissances et de toutes les pratiques, explicables ou non,transmises de génération en génération, oralement ou par écrit, utilisées dans une société humaine pour diagnostiquer, prévenir ou éliminer un déséquilibre du bienêtre physique, mental, social, moral et spirituel» (OMS, 2013).
Tradipraticiens de Santé (TPS)
Le TPS, est une personne reconnue par la collectivité dans laquelle elle vit, comme compétente pour dispenser les soins de santé, grâce à l’emploi de substances végétales, animales et minérales, et d’autres méthodes, basées sur le fondement socioculturel et religieux, aussi bien que sur les connaissances, comportements et croyances liées au bien-être physique, mental, social et spirituel, ainsi qu’aux causes des maladies et invalidités prévalant dans la collectivité.
Il existe différentes catégories de TPS, citons entre autres :
➤ Accoucheuse Traditionnelle (AT) est une personne qui est réputée dans son entourage pour aider les parturientes et dont la compétence provient d’un héritage familial ou de son apprentissage auprès d’autres accoucheuses traditionnelles.
➤ Pédiatre Traditionnelle, est une personne qui prodigue des soins traditionnels aux nouveaux nés et aux enfants à domicile et au niveau des marchés.
➤ Traumatologue Traditionnel, est un TPS, spécialisé dans la prise en charge des luxations, des entorses, les douleurs articulaires et utilise des méthodes de réduction des fractures.
➤ Herboriste Traditionnel (HT) est une personne qui détient des connaissances sur les plantes médicinales et en exerce le commerce à une place fixe, de préférence dans un marché.
Au Mali, les TPS sont organisés en associations à différents niveaux. A partir de 2002, il a été créé la Fédération Malienne des Associations des Thérapeutes Traditionnels et Herboristes (FEMATH), qui regroupe aujourd’hui 142 associations dans toutes les régions du Mali avec 10 400 TPSs.
Recours aux ressources de la MT
Au Mali, il existe 1 TPS pour 500 habitants. L’itinéraire thérapeutique commence par la famille et les tradipraticiens de santé (TPS). La MT constitue le premier recours de plus de 80 % de la population pour les soins de santé primaires. Les structures de santé sont consultées dans la majorité des cas après passage des malades chez un TPS (Diallo et Dussart, 2008). Une étude menée par l’ONG Aidemet (www.aidemet.org) en partenariat avec PSDS (Coopération Suisse), PCSM 2 (Coopération Française) de 2008 – 2009 dans la commune de Zégoua (frontière entre le Mali et la Côte d’Ivoire) a montré que 10 tradipraticiens de santé ont consulté 277 patients par mois avec comme première cause de consultation le paludisme. Cette étude a estimé en moyenne, 1 TPS pour 236 habitants. Une enquête menée en 2010 auprès des pédiatres traditionnels sur la prise en charge des maladies infantiles dans les quatre zones du Mali, a permis de recenser de nombreuses plantes médicinales utilisées dans le traitement du paludisme chez les enfants (DEA de Mme Korotoumou TRAORE, données non encore publiée). Des études conduites par le programme Faire Reculer le Paludisme en 1998 indiquent qu’au Ghana, au Mali, au Nigeria et en Zambie, plus de 60% des enfants souffrant de forte fièvre sont traités à domicile à l’aide de médicaments à base de plantes (Guedje et al., 2013, OMS, 2003).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
1. Présentation du Mali
1.1 Géographie
1.2 Climat
1.3 Division administrative
1.4 Données sociodémographiques sur la population malienne
2. Les différents systèmes de soins au Mali
2.1 Ressource de la médecine traditionnelle
2.1.1 Définition de la Médecine traditionnelle (MT)
2.1.2 Tradipraticiens de Santé (TPS)
2.1.3 Recours aux ressources de la MT
2.1.4 Les recherches en médecine traditionnelle au Mali
2.2 Médecine conventionnelle
2.3 Articulation de la médecine conventionnelle et de la médecine traditionnelle
3. Le paludisme en Afrique de l’Ouest et au Mali
3.1 Les parasites et les vecteurs du paludisme au Mali (PNLP, 2013)
3.2 Dynamique de la transmission du paludisme et niveau d’endémicité au Mali (PNLP, 2013)
3.3 Morbidité et mortalité du paludisme au Mali
3.4 Axes stratégiques de lutte contre le paludisme au Mali (PNLP, 2013)
3.4.1 La prise en charge des cas de paludisme
3.4.2 La prévention du paludisme chez la femme enceinte
3.4.3 La chimio-prévention du paludisme saisonnier chez les enfants de 3 à 59 mois
3.4.4 La lutte anti vectorielle
4. Contexte et traitements alternatifs antipaludiques
CONCLUSION GENERALE