Soutenance mémoire
La diversité de la faune et de la flore de Madagascar la classe parmi les pays génétiquement les plus riches dans le monde. En effet, le taux d’endémisme y est très élevé car 78% des espèces existent seulement dans la Grande Ile (MYERS et al, 2000). La richesse et la diversité de la flore sont remarquables car 85% des espèces floristiques sur près de 12.000 espèces sont endémiques (GUILLAUMET, 1984). Ainsi, si l’on combine l’importance de l’endémisme et de la biodiversité, aussi bien pour la faune que pour la flore, Madagascar se classe au sixième rang mondial (MITTERMEIER et al, 1998).
Actuellement, la riche en biodiversité de ces écosystèmes malgaches connaît une dégradation sans pareil, à cause essentiellement des activités humaines ; et pour des raisons commerciales, de subsistance ou tout simplement de vandalisme. De ce fait, Madagascar est aujourd’hui considérée comme parmi les « hotspots » au monde, ceci non seulement en raison de l’extrême richesse et de la diversité exceptionnelle de sa faune et de sa flore dont la plus grande partie est endémique mais aussi à cause du grand problème que pose le rythme croissant de déforestation menaçant la flore elle-même et aussi la faune qui s’y abrite. Concernant l’écosystème naturel du Sud-Ouest de Madagascar, SUSSMAN et al, (1994), SMITH (1997) énoncent que cet écosystème est un type de milieu naturel unique et très sensible. En effet, 95% des espèces floristiques et 48% des genres sont endémiques de cette région méridionale. Sa végétation est caractérisée par une formation forestière dense sèche dans la série bioclimatique « fourré à DIDIEREACEAE et à EUPHORBIACEAE ». Malheureusement, cet écosystème est également menacé de disparition. Les activités agropastorales notamment l’élevage extensif du bétail constitue une des principales causes de la perte en biodiversité dans cette région (RAZAFINDRAKOTO, 1997).
La prolifération de certaines espèces floristiques introduites ou autochtones ont des impacts négatifs sur l’équilibre écologique de l’écosystème naturel. En fait, cette prolifération d’espèces envahissantes entraîne généralement une diminution de la biodiversité végétale. Cela est dû au caractère très compétitif des espèces envahissantes qui leur permet d’éliminer les espèces moins agressives. Ces invasions sont d’autant plus gênantes que l’espèce concurrencée est rare, protégée ou à valeur patrimoniale. Ainsi, selon la Convention sur la diversité biologique / Programme des Nations Unies pour l’Environnement – 2001, « Les invasions biologiques sont considérées au niveau mondial comme la deuxième cause d’appauvrissement de la diversité biologique, juste après la destruction des habitats ». Toutefois, ce récent éveil mondial aux menaces causées par les espèces envahissantes n’a pas été reflété à Madagascar, probablement parce que l’impact du déboisement, érosion et feu sur la biodiversité de l’île emporte de loin sur la menace perçue d’organismes envahissants.
MILIEU PHYSIQUE
Situation Géographique et Cadre Institutionnel
La Réserve Spéciale de Beza Mahafaly se trouve dans la province autonome de Toliara, dans la région « Atsimo-Andrefana » de Madagascar. Plus précisément, elle se localise à 35 km au Nord- Est de Betioky-Sud, dans la Commune de Beavoha, Quartier de Mahazoarivo, et appartient à la forêt Mitabe-Sakamena . Elle est située entre 23°38’60 » et 23°41’20 » de latitude Sud et 44°32’20 » et 44°34’20 » de latitude Est (RATSIRARSON et al, 2001). Elle est instituée en Réserve Spéciale* botanique et zoologique par le décret N°86/168 du 04 juin 1986. Cette Réserve Spéciale a une superficie d’environ 600ha, et se divise en deux parcelles dont la première a une superficie de 80ha et la seconde 520ha (RAZAFINDRAKOTO, 1997).
-la première parcelle est une forêt galerie. Elle est localisée sur les berges de la rivière Sakamena, qui se déverse dans le fleuve Onilahy à dix kilomètres de la Réserve. Cette parcelle est divisée par des layons de façon à former des placettes carrées de 100m x 100m . La limite de cette parcelle est matérialisée par des rangés de fils de fer barbelés.
-la seconde parcelle, où est principalement axée la présente étude, est une forêt xérophytique. Elle est localisée au Sud-Ouest de la première parcelle, et matérialisée par des plantations de haies vives d’Opuntia sp. et plus récemment d’Alluaudia procera. Entre ces deux parcelles non contiguës c’est-à-dire entre la forêt galerie et la forêt xérophile se trouve la forêt de transition (RAZAFINDRAKOTO, 1997).
Climat
Les données météorologiques (température et pluviométrie) propres à la région de Beza Mahafaly présentent encore des lacunes pour être utilisées dans cette recherche, nous avons utilisé celles de la région de Betioky-Sud qui est la station la plus proche de notre région d’étude. Ces données météorologiques de 1961 à 1990 de la région de Betioky-Sud sont représentées à l’annexe.
Les courbes ombrothermiques de GAUSSEN mises au point par WALTER et LIETH associent sur le même graphique les Températures et les Précipitations. Elles montrent tous les renseignements climatiques possibles, entre autres les Températures, les Précipitations et les Indices Pluviométriques.
D’après ce diagramme, la région d’étude présente les caractéristiques suivantes :
-la pluviométrie moyenne annuelle est faible : 679 mm/an, se répartissant sur 55 jours.
-les mois arrosés se situent de novembre à mars (respectivement 61,3 mm, 160,1 mm, 168,6 mm, 128,4 mm et 74,1 mm). La pluviométrie atteint son maximum aux mois de décembre (160,1 mm) et de janvier (168,6 mm). Ce sont donc les mois les plus arrosés.
-les mois écologiquement secs durent sept (7) mois, qui se situent de mois d’avril au mois d’octobre.
-la température moyenne annuelle est 25,03°C. Si le mois de juillet est le mois le plus froid dans la région avec 13,2°C, elle peut atteindre une valeur maximale de 35,4°C au mois de novembre.
En d’autres termes, la région d’étude est caractérisée par deux saisons distinctes :
-une saison chaude et humide (P>2T) qui dure cinq (5) mois (novembre à mars)
-une saison sèche (avril à octobre) .
Ainsi, la région de Beza Mahafaly fait partie du domaine à climat tropical chaud et aride, à hiver frais du Sud de Madagascar.
Relief et topographie
La région de Beza Mahafaly est dominée par un relief de glacis ou formation quaternaire à pente longitudinale et à large interfluve dont la zone d’altération est moins profonde. Ce relief est relativement plat avec des successions de plateaux peu nivelés. L’altitude varie de 130 à 170 m, avec une pente faible ne dépassant pas 3%. Sur les collines, cette pente peut atteindre 40 à 50% et même devenir abrupt (RATSIRARSON et al, 2001) .
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Table des matières
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
1-1- PROBLEMATIQUE
1-2- FINALITE ET OBJECTIFS
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
2-1- MILIEU PHYSIQUE
2-1-1- Situation Géographique et Cadre Institutionnel
2-1-2- Climat
2-1-3- Relief et topographie
2-1-4- Hydrographie
2-1-5- Sol
2-2- LE MILIEU BIOLOGIQUE
2-2-1- La végétation
2-2-2- La faune
2-3- LE MILIEU HUMAIN
2-3-1- Démographie
2-3-2- Mode de vie
2-3-3- Activités économiques de la région
2-3-3-1- L’agriculture
2-3-3-2- L’élevage
2-3-3-3- Les autres activités
2-4- LES FACTEURS DE MENACES SUR LA FORET
2-4-1- Pâturage du bétail dans la forêt
2-4-2- Collecte de bois de service
2-4-3- Chasse et collecte des espèces protégées ou menacées de surexploitation
2-4-4- Collecte de bois de chauffe
2-4-5- Collecte d’autres produits forestiers
2-4-6- Envahissement de certaines espèces floristiques
CHAPITRE 3 : METHODES DE TRAVAIL
3-1- RAPPEL DE LA PROBLEMATIQUE ET DES OBJECTIFS
3-2- INVESTIGATION BIBLIOGRAPHIQUE ET CARTOGRAPHIQUE
3-2-1- Bibliographie
3-2-2- Etudes cartographiques
3-3- CHOIX DE LA ZONE D’ETUDE
3-4- METHODOLOGIE DE RECHERCHE
3-4-1- Observations
3-4-2- Enquêtes
3-4-3- Caractérisation de la couverture végétale
3-4-3-1- Type et unités d’échantillonnage
3-4-3-2- Les paramètres à relever
3-4-4- Etude de l’envahissement d’Opuntia sp
3-4-4-1- Les conditions exigées par Opuntia sp
3-4-4-2- Etude de la biologie d’Opuntia sp
3-4-4-3- Influences de l’envahissement d’Opuntia sp
3-4-5- Moyens de mis en œuvre
3-4-5-1- Moyens humains
3-4-5-2- Moyens matériels
3-5- TRAITEMENTS ET ANALYSES DES DONNEES RECOLTEES
3-5-1- Données des observations et des enquêtes
3-5-2- Données de l’inventaire de la forêt xérophytique
3-5-3- Données issues de l’étude d’Opuntia sp
3-6- LIMITES DU TRAVAIL
CHAPITRE 4 : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
4-1- SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
4-1-1- Définitions des plantes envahissantes
4-1-2- Mode d’introduction
4-1-3- Caractéristiques
4-1-4- Description d’Opuntia monacantha
4-1-4-1- Position systématique de l’espèce
4-1-4-2- Description détaillée de l’espèce
4-1-4-3- Phénologie de l’espèce
4-1-5- Quelques points essentiels sur la biologie de l’espèce
4-1-6- Historique
4-1-7- Habitat et répartition
4-2- LES ESPECES D’OPUNTIA RENCONTREES DANS LA REGION DE BEZA MAHAFALY
4-3- ZONES D’OCCUPATION ET UTILISATIONS D’OPUNTIA MONACANTHA
4-4- ANALYSE SYLVICOLE ET ETUDE DE L’ENVAHISSEMENT D’OPUNTIA MONACANTHA
4-4-1- Analyse structurale des espèces floristiques
4-4-1-1- Structure floristique
4-4-1-2- Structure spatiale
4-4-1-3- Structure totale
4-4-2- Etude de l’envahissement d’Opuntia monacantha
4-4-2-1- Vitesse de propagation d’Opuntia monacantha
4-4-2-2- Modes de propagation de l’espèce
4-4-2-3- Etat de la population d’Opuntia monacantha
4-4-2-4- Les conditions exigées par l’espèce
4-4-2-5- Influences de l’envahissement d’Opuntia sp
CHAPITRE 5 : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
5-1- L’ENVAHISSEMENT D’OPUNTIA MONACANTHA
5-2- STRATEGIE DE CONSERVATION ET DE GESTION DE LA FORET CONTRE LES PLANTES ENVAHISSANTES
CHAPITRE 6 : CONCLUSION
