Contribution à l’étude de la pharmacopée traditionnelle Burkinabé

De nos jours, presque toutes les maladies connues dans le monde existent en Afrique. Mieux, notre continent est le plus agressé par certaines d’entre elles. La faiblesse des ressources financières et l’absence de sécurité sociale de nos populations limitent l’accès aux soins et aux produits pharmaceutiques. Pour palier à cela, le Burkina Faso a adhéré à l’initiative de Bamako, dont le but est d’assurer la disponibilité des médicaments génériques à faible coût (SOMBIE, 2009) ; (MINISTERE DE LA SANTE, 1996) ; (ZOMY-GUEU, 2005). Après plusieurs années de fonctionnement, cette initiative qui a permis d’améliorer l’accessibilité financière aux médicaments semble ne pas tenir toutes ses promesses. En effet, on assiste toujours à la désertion ou à la fréquentation tardive des formations sanitaires et à l’utilisation des médicaments de la rue (POUSSET, 2004). Le recours à la médecine traditionnelle assure environ 80% de la couverture sanitaire des populations burkinabés en médicaments de première nécessité (BOGNOUNOU et COLL., 2002). Ceci explique l’intérêt porté par les autorités à la promotion de cette médecine traditionnelle ; d’autant plus que la flore burkinabé est riche et diversifiée (MONE, 2007). Mais cette flore est insuffisamment répertoriée ou étudiée.

C’est dans cette optique que nous avons mené pendant trois mois une enquête ethnobotanique dans la région des Cascades, pour recenser les plantes utilisées par les populations pour traiter les cinq principales pathologies rencontrées au niveau des formations sanitaires. Cette enquête a pour but de contribuer à l’étude de la pharmacopée traditionnelle burkinabé. Ainsi, notre étude s’articulera autour de deux grands points : une première partie portant sur la présentation du cadre de l’étude, et une deuxième partie traitant de l’enquête proprement dite.

Présentation géographique du Burkina Faso et situation géographique de la région des Cascades

Présentation géographique du Burkina Faso

Le Burkina Faso est un pays sahélien enclavé situé en Afrique de l’ouest. Il couvre une superficie de 274 200 km² et est limité par six pays : le Mali au nord, le Niger à l’est, le Bénin au sud-est, le Togo et le Ghana au sud et la Côte d’Ivoire au sud ouest. Son climat tropical de type soudanien alterne une saison sèche d’Octobre à Avril et une saison pluvieuse de Mai à Septembre. La végétation est de type soudano-sahélien. Le réseau hydrographique est constitué de nombreux cours d’eaux dont les principaux sont le Mouhoun, le Nakanbé et le Nazinon. La population du pays est estimée à environ 15.264.735 habitants. Le taux brut de natalité est estimé à 46,1 pour mille et l’espérance de vie à la naissance est de 53,8 ans. La population vit à près de 90 % en milieu rural et la densité est de 48 habitants/ km². La répartition de la population sur le territoire national est hétérogène, variant de 11 à 122 habitants/ km². La faiblesse des ressources naturelles et celle des prix de ces ressources sur le marché mondial, l’aridité des sols et la démographie explique en partie le retard de croissance du pays. L’agriculture représente 32% du produit intérieur brut et occupe 80% de la population active. Il s’agit essentiellement de l’élevage, mais également, surtout dans le sud et le sud-ouest des cultures du sorgho, du mil, du maïs, d’arachides, de riz. La principale culture de rente est le coton. Les ressources minières exploitées sont : le cuivre, le zinc, le fer et surtout l’or. Le territoire national burkinabé est divisé en 13 régions, 45 provinces, 359 communes et 8000 villages.

Situation géographique de la région des Cascades

Située à l’extrême sud-ouest du Burkina Faso, la région des Cascades est limitée à l’Est par la région du Sud-Ouest, au nord par la région des Hauts Bassins, à l’Ouest par la République du Mali et enfin au Sud par la République de Côte d’Ivoire (figure 2). Elle a une superficie de 18405 km² soit 6,7% du territoire national (DRED/Cascades, 2006).

Situation administrative

La région des Cascades est dirigée par un gouverneur et couvre deux provinces dirigées par des hauts commissaires : ce sont la province de la Comoé, avec pour chef-lieu Banfora, et la province de la Léraba, avec pour chef-lieu Sindou. Ces deux provinces comprennent 17 départements dont 9 pour la province de la Comoé et 8 pour la province de la Léraba (cf.figure3). De plus, la région compte au total 275 villages administratifs, 3 communes de plein exercice que sont Banfora, Niangoloko, Sindou et 14 communes rurales (DRED/Cascades, 2006).

CADRE PHYSIQUE ET NATUREL

Climat et pluviométrie

La région des Cascades bénéficie d’un climat sub soudanien et marqué par deux types de saisons qui sont : la saison pluvieuse humide qui dure d’Avril à Octobre et la saison sèche qui dure de Novembre à Mars. La température moyenne annuelle oscille entre 17°c et 36°c. Les précipitations annuelles varient de 1000 à 1200 mm. La région fait partie des zones les plus arrosées du pays (MONE, 2007).

Hydrographie

Le réseau hydrographique comprend plusieurs cours d’eaux : naturels, artificiels, permanents et non permanents. Les plus importants parmi les permanents sont la Comoé et la Léraba :
• La Comoé : c’est un cours d’eau sur lequel plusieurs barrages ont été édifiés. Il prend sa source dans la partie septentrionale de la province de la Comoé, dans les départements de Bérégadougou, Banfora, Tiéfora et coule vers le Sud où il rencontre la Léraba avec lequel il forme une frontière naturelle entre la province de la Comoé et la Côte d’Ivoire. Ses principaux affluents sont Lakoba et Pa.
• La Léraba : c’est un cours d’eau constitué de deux branches essentielles : la Léraba orientale et la Léraba occidentale. La première prend sa source dans le département de Samogohiri au sud de la province du Kénédougou. Les deux branches se rejoignent dans le département de Niangoloko pour tenir lieu de frontière entre le Burkina Faso et la République de Côte d’Ivoire. En plus de ces deux principaux fleuves, il existe également des barrages dont les principaux sont :
– Le barrage de Tourny (barrage hydroélectrique)
– Le barrage de Niofila (barrage hydro-agricole)
– Les barrages de Bodadjougou, Tiéfora, Koutoura.

Relief
La région des Cascades est assez accidentée surtout dans sa partie Ouest. Trois unités topographiques y sont présentes. Ce sont les montagnes, les plateaux et les plaines. Les montagnes d’altitude moyenne sont essentiellement situées dans la province de la Léraba. On y trouve le mont Ténakourou qui est le plus haut sommet du pays. Les plateaux sont les principaux éléments du relief de la région. L’érosion provoque le démantèlement de ces plateaux qui laissent apparaître parfois des formes en escalier ou des reliefs réniformes (pics de Sindou). Les plaines sont de vastes étendues parcourues par d’importants cours d’eau qui provoquent des inondations par endroits pendant l’hivernage (OUATTARA et COLL., 2005) ; (TRAORE et COLL., 2006) ; (MONE, 2007).

Sols, végétation et faune

Sols
52% des sols de la région des Cascades sont propices à l’agriculture. Ils sont essentiellement constitués de cuirasses et de granites. On y trouve également des sols ferrugineux tropicaux lessivés, indures, peu profonds avec gravillons ; des sols ferrugineux tropicaux lessivés modaux et des sols profonds.

Végétation
La pluviométrie et la nature des sols favorisent l’émergence de plusieurs types de végétation. Les superficies des savanes et des forêts claires sont beaucoup plus importantes que celles des galeries forestières se trouvant le long des cours d’eau. On rencontre :
– La savane boisée où se trouvent des espèces telles que Parkia biglobosa, Pteliopsis suberosa, Bombax costatum, Vitellaria paradoxa, Terminalia macroptera, Adansonia Digitata, etc.
– La savane arborée, formée d’espèces comme Isoderlina doka, Pterocarpus erinaceus, Khaya senegalensis, etc.
– La forêt claire, composée d’espèces comme Afzelia africana, Daniellia oliveri, Chlorofora excelsa, Acacia seyal, etc.
– La forêt galerie, surtout le long des cours d’eaux avec une végétation composée d’Antiaris africana, Berlinia grandiflora, etc.
– On peut noter surtout la présence des peuplements de Borassus akeasii (Rôniers).

L’étude réalisée par GUINKO (1984) cité par MONE (2007) relève la présence de 301 espèces végétales surtout des ligneuses dans la réserve partielle de faune de la Comoé-Léraba. La région des Cascades compte de nos jours 13 forêts classées de Djiefoula et Logoniégué formant une seule entité qui est la réserve partielle de faune Comoé-Léraba totalisant 284.250 ha soit 15,79% de sa superficie totale. Le tapis herbacé, majoritairement formé d’Andropogon sp., Loudetia sp., Hypparhenia sp., etc., est toujours soumis aux caprices des feux de brousse en début de saison sèche (DRECV/Cascades, 2006).

Faune
La région abrite un potentiel faunique appréciable et diversifié. Selon les inventaires effectués en 2004 par l’UCF-CL, 18 espèces animales ont pu être inventoriées dans les forêts classées de Boulon-Koflandé, la forêt classée et réserve partielle de faune de la Comoé-Léraba et la réserve de faune de Folonzo. Il en est de même pour l’inventaire ornithologique effectué en 2006, on dénote la présence de plusieurs espèces d’oiseaux (MONE, 2007) ; (TRAORE et COLL., 2006) ; (OUATTARA et COLL., 2005).

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE DE L’ETUDE
I. SITUATION GEOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE DE LA REGION DES CASCADES
I.1. Présentation géographique du Burkina Faso et situation géographique de la région des Cascades
I.1.1. Présentation géographique du Burkina Faso
I.1.2. Situation géographique de la région des Cascades
I.2. Situation administrative
II. CADRE PHYSIQUE ET NATUREL
II.1. Climat et pluviométrie
II.2. Hydrographie
II.3. Relief
II.4. Sols, végétation et faune
II.4.1. Sols
II.4.2. Végétation
II.4.3. Faune
II.4.4. Potentiel halieutique
III. CADRE HUMAIN
III.1. Population
III.2. Données socioculturelles
III.3. Mouvements migratoires
IV. SITUATION ECONOMIQUE DE LA REGION DES CASCADES
IV.1. Activités socioéconomiques
IV.1.1. L’agriculture
IV.1.2. L’élevage
IV.1.3. Industries, mines
IV.1.4. Tourisme et artisanat
IV.1.5. Chasse
IV.1.6. Exploitation des produits forestiers
V. SITUATION SANITAIRE DE LA REGION DES CASCADES
V.1. Profil épidémiologique de la région
V .1.1. Principales pathologies
V.1.2. Maladies à potentiel épidémique
V.2. Situation des formations sanitaires disponibles dans la région
V.3. Pharmacopée et médecine traditionnelle de la région
DEUXIEME PARTIE : ENQUETE ETHNOPHARMACOLOGIQUE
I.METHODOLOGIE
I.1. Type d’étude
I.2. Echantillonnage
I.2.1. Populations étudiées
I.2.2. Critère de sélection des sites et des personnes
I.2.3. Critère de sélection des pathologies
I.3. Instrument de collecte de données
I.4. Traitement des données
I.5. Identification botanique des plantes
I.6. Difficultés rencontrées
II.RESULTATS ET COMMENTAIRES
II.1. Données sur la population d’étude
II.2. Résultats par problème de santé
II.2.1. Les plantes utilisées contre le paludisme
II.2.2. Les plantes utilisées contre les infections respiratoires aiguës
II.2.3. Les plantes utilisées contre les affections de la peau
II.2.4. Plantes utilisées contre les maladies diarrhéiques
II.2.5. Les plantes utilisées contre les affections de l’appareil digestif
II.3. Les plantes et leurs indications thérapeutiques
II.4. Les raisons du recours à la phytothérapie
II.5. Lieux d’approvisionnement
II.6. Préparation et mode d’administration des remèdes
II.6.1. Formes galéniques rencontrées
II.6.2. Mode d’administration des remèdes
II.6.3. Les parties utilisées
II.7. Précautions particulières et contre-indications
II.8. Evaluation du niveau de satisfaction
III.DISCUSSION
CONCLUSION
ICONOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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