Au cours des années 1980 , suite à la conjoncture économique que Madagascar a vécue, les centres de santé de base publics malgaches ont été confrontés à une pénurie chronique de médicaments et de consommables médicaux, ainsi qu’à des difficultés financières qui ont sérieusement retenti sur la qualité des services offerts. Face à cette crise, dans les années 1990 on a essayé à Madagascar différentes formules de financement communautaire dans le domaine de la santé, en passant par le système de paiement préalable, et soins payants, à la fourniture des médicaments dans le cadre des projets pilotes. C’est ainsi qu’ont vu le jour successivement le projet Pharmacie Communautaire (PHACOM), le projet Fahasalamana Iraisam-bahoaka/Initiative de Bamako (FIB/IB) et le mécanisme de Participation Financière des Usagers (PFU) en 1997. Ces mécanismes ont contribué à améliorer l’approvisionnement en médicaments dans bon nombre de CSB publics du pays.
Mais le principal reproche qui a été formulée à l’endroit de la PFU a été que ce système faisait des exclus, étant donné qu’il ne prévoyait aucun système de prise en charge des sujets socialement défavorisés. C’est ainsi qu’une interruption volontaire du système a été préconisée de septembre 2002 à septembre 2003 dans l’attente d’un système nouveau de PFU, dit « à visage humain ». A l’issue de plusieurs travaux d’études, de révisions et de remodelages des techniques de gestion et de conduite de l’ancienne PFU, un nouveau mécanisme de financement pour la santé a été adopté dans les CSB. Cette nouvelle version de la participation communautaire s’appelle FANOME ou « Fandraisana Anjara No Mba Entiko », en malgache, et « Financement pour l’Approvisionnement Non -stop en Médicament » en français. Au niveau des CSB le FANOME est surtout orienté sur l’effectivité de la participation communautaire et la prise en charge des groupes classés démunis.
ORIGINE ET ORGANISATION DU FANOME
HISTORIQUE
LA CONFERENCE D’ALMA-ATA
Au milieu des années 70, les progrès scientifiques et technologiques dans le domaine médical laissaient entrevoir la possibilité d’une résolution de nombreux problèmes de santé. Mais en même temps, on continue de constater l’accroissement et la persistance des inégalités d’accès aux services de santé dans le monde, c’est pourquoi le Directeur de l’ Organisation Mondiale de la Santé ou OMS de l’époque proposa en 1975 aux gouvernements de tous les pays, de se fixer un objectif commun pour la politique de santé : <>. Le contexte politique international de l’époque était encore bipolaire, la guerre froide était toujours présente. Et pour la première fois en 1975, le concept de Soins de Santé Primaire (SSP) est énoncé.
Bien que les Soviétiques aient émis quelques réticences sur la remise en cause des progrès scientifiques et les inégalités d’accès aux soins, ce sont eux qui dès 1976 ont proposé de financer et d’organiser une conférence internationale en faveur des SSP. Pour des raisons politiques et diplomatiques, la conférence aura finalement à Alma Ata au Kazakhstan plutôt qu’à Moscou. Après 29 mois de préparation et 18 versions différentes du document, la stratégie des SSP voit le jour en 1978 dans le but d’aider les pays à se rapprocher de l’objectif de <<Santé pour Tous en l’An 2000>>. Cette politique reconnaissait la nécessité d’examiner les relations entre les professionnels de santé et les membres de la communauté, car cette dernière constitue un facteur clé dans les réformes de santé. Ainsi le 12 Septembre 1978 une conférence internationale tenue à Alma Ata incite les gouvernements du monde entier, à tout mettre en œuvre pour assurer l’accès de tous à la santé en l’an 2000. A l’issue de cette conférence, plusieurs principes pour les SSP portant le nom de la « Déclaration d’Alma Ata » ont été adoptés.
Cette déclaration comprenait un certain nombre de mesures qui doit permettre d’associer étroitement l’individu, la famille et la communauté pour la mise en œuvre des programmes de santé afin de donner aux peuples du monde un niveau de santé leur permettant de mener une vie socialement et économiquement productive.
DES SOINS DE SANTE PRIMAIRE A ALMA ATA AU RECOUVREMENT DES COUTS DE L’INITIATIVE DE BAMAKO
Dans la déclaration d’Alma Ata, l’OMS et ses Etats membres se sont attachés à des déclarations de principes sans pour autant tenir compte des problèmes économiques des pays du sud surtout en Afrique et ; ni élaborer des stratégies précises de mise en application des SSP.
L’ETAT DU SYSTEME DE SANTE DANS LES PAYS D’AFRIQUE APRES L’INDEPENDANCE
Les pays d’Afrique souffrent d’une situation sanitaire souvent précaire, et ont pendant longtemps, offert des prestations de soins de mauvaise qualité. Si des facteurs d’ordre géographique, environnementale et économique expliquent en partie cet état de fait, d’autres raisons interviennent, impliquant la responsabilité des gouvernements. Les crédits affectés à la santé dans ces pays ont été constamment diminués en raison du poids de la dette. La très faible croissance économique dans ce pays ne permet pas d’augmenter la part de la santé dans le budget de l’Etat. De plus, les crédits sont parfois gaspillés et souvent mal répartis.
Enfin la gratuité des soins, droit fondamental inscrit dans la constitution lors de l’indépendance de bon nombre de pays Africain, n’a fait qu’engloutir la situation financière des postes de santé.
Lors de l’indépendance, plusieurs Etats africains ont opté pour un système de santé gratuit (consultation gratuit, dispensation en médicaments gratuite dans les formations sanitaires publiques de base). En plus l’approvisionnement en médicaments se fait en petite quantité suivant la disponibilité financière de l’Etat. Les médicaments importés sont des spécialités qui coûtent très chères (incluant les coûts de marque et de publicité) et pas toujours adaptés aux besoins locaux.
LES EFFETS DE LA MAUVAISE POLITIQUE DE SANTE
Il résulte de ce mauvais état du système de santé : un manque douloureux de médicaments suivi d’une détérioration des structures sanitaires publiques conduisant enfin à une très mauvaise image du système de soins dans la communauté. En conséquence, les patients se tournent vers les structures privées chères, abordables uniquement pour les plus aisés, ou bien vers les guérisseurs traditionnels et les marchands ambulants, qui fournissent des médicaments de qualité douteuse. A part cela, le système de la gratuité n’a pas survécu aux programmes d’ajustements structurels suite au déficit de la balance de paiement, que bon nombre d’ Etats africains ont connu dans les années 1980. En effet, lorsque l’Etat doit effectuer des compressions de dépense pour réduire ses déficits, il lui est plus facile de comprimer les dépenses de fournitures (comme l’achat des médicaments pour le secteur santé) que les dépenses en personnel (comme licenciement de fonctionnaire, réduction du salaire des fonctionnaires) ; de ce fait, les dépenses annuelles de ces Etats en médicaments peuvent être soumises à des variations annuelles importantes.
L’INITITIVE DE BAMAKO EN 1987
Face aux problèmes de mauvaise politique de santé sus-évoqués, les ministres Africains de la santé réunis à Bamako (au Mali) ont mis sur pied une politique de relance et de revitalisation des SSP afin de les rendre accessibles géographiquement et économiquement pour l’ensemble de la population, cette politique s’appelle INITIATIVE DE BAMAKO. Lancée en septembre 1987 lors de la 37eme Session du Comité Régional de l’OMS, l’INITIATIVE DE BAMAKO (IB) comptait 33 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine, et ellle continue actuellement à prendre essor. L’INITIATIVE DE BAMAKO a pour but d’assurer à l’ensemble de la population l’accès aux services de soins de santé primaire à prix abordables tout en maintenant les coûts ; de restaurer la confiance des usagers au sein des services de santé publics, en améliorant la qualité des prestations et en déléguant le pouvoir décisionnel aux échelons inférieurs. Afin de parvenir à ces buts, les ministres de santé Africains réunis à Bamako en 1987 ont adopté un certain nombre de stratégies, à savoir :
L’extension du réseau de SSP
Il s’agit de revitaliser et d’étendre les prestations dans les centres de santé périphériques. Ainsi, dans un système de santé de district efficace, il doit exister un réseau de centres de santé de base, implantés aussi près que possible des villages, pour répondre aux demandes de soins courants des communautés.
Le développement des médicaments essentiels génériques ou MEG
Un des buts de l’Initiative de Bamako est de permettre à tous l’accès aux médicaments à un prix abordable. Le développement des génériques est le moyen permettant de satisfaire cet objectif. Les génériques (pas de coût de marque) et l’achat par appel d’offres (baisse des coûts par la concurrence) permettent de diminuer de façon significative le coût du médicament.
De plus, les médicaments génériques permettent de rationaliser les prescriptions par l’utilisation exclusive des Dénomination Commune Internationale ou DCI plus simple. Enfin, la liste des médicaments essentiels est ceux qui satisfont aux besoins de la majorité de la population en matière de soins de santé. Ils doivent être disponibles à tout moment en quantité suffisante et sous forme pharmaceutique appropriée.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE ORIGINE ET ORGANISATION DU FANOME
CHAPITRE I : HISTORIQUE
CHAPITRE II : L’ORGANISATION DU FANOME
DEUXIEME PARTIE L’EXPLOITATION DU FANOME ET SA GESTION
CHAPITRE I : LE CYCLE D’ACTIVITE DU FANOME
CHAPITRE II : LA GESTION DES FONDS GENERES PAR LE FANOME
CHAPITRE III : SYSTEME DE SUIVI ET DE CONTROLE DU FANOME
TROISIEME PARTIE
CHAPITRE I : ETUDE DU CAS DU CSBII TANAMBAO DE LA COMMUNE URBAINE DE DIEGO
CHAPITRE II : ETUDE DU CAS AU SEIN DU CSBII DE LA COMMUNE RURALE D’ANKARONGANA
CONCLUSION