Madagascar faisait, voilà 230 millions d’années, partie du grand continent du Sud, le Gondwana, mais voici environ 160 millions d’années l’Ile s’est séparée de l’Afrique et a pris sa position actuelle, située entre 400 et 450 kilomètres à l’Est du Continent Africain (IRDM, 2006). Grâce à son caractère insulaire, la grande île a toujours été considérée comme un sanctuaire de la nature. Du point de vue faunistique et floristique, Madagascar présente un taux d’endémisme générique et spécifique très élevé : 85 % de la flore, 39 % des oiseaux, 91 % des reptiles, 99 % des amphibiens et 100% des lémuriens (Dans le Défi 1 de l’engagement 7 du MAP) sont endémiques. Elle figure parmi les 34 hots spots de la diversité biologique mondiale (MITTERMEIER et al, 2004). Les espèces endémiques de Madagascar exercent un grand attrait aussi bien pour les scientifiques que pour les touristes, ou tout simplement pour le grand public (PRIMACK et RATSIRARSON, 2005). Cette biodiversité unique avec son environnement extraordinaire mérite d’être respecté, protégé et valorisée, en contribuant aussi bien au développement au niveau local, que régional et national, afin de profiter au maximum au peuple malgache (Selon le M.A.P.). Il est utile de valoriser cette diversité biologique au profit des générations aussi longtemps que possible (C.D.B, 2000). Dans cette optique, Madagascar s’est lancé dans un processus d’augmentation la superficie de ses aires protégées de 1,7 millions hectares à 6 millions d’hectares (objectif du M A P suite `à l’engagement pris par le Président de la République. à Durban en 2003 au Congrès des Parcs Mondiaux). La Réserve Spéciale de Bezà Mahafaly fait partie de cette extension, pour voir sa surface augmenter de 600 à 4.600 hectares.
La Réserve Spéciale de Bezà Mahafaly constitue un site témoin de première importance pour la conservation de la biodiversité malagasy, étant donné la richesse de sa flore et de sa faune. En effet, c’est l’unique aire protégée où peuvent être rencontrés les différents faciès de la végétation xérophytique de l’écosystème du Sud-Ouest malagasy, de la forêt galerie au bush épineux, en passant par les différentes formations de transition (RATSIRARSON et al, 2001). Elle abrite une faune riche et diversifiée adaptée à ce milieu, et caractérisée par un taux d’endémisme élevé.
MILIEU PHYSIQUE
Localisation géographique et administrative
La Réserve Spéciale de Bezà Mahafaly est située au Région Atsimo Andrefana. Géographiquement, cette réserve est localisée entre 23°38’60’’ et 23°41’20’’ de la latitude Sud et 44°32’20’’et 44°34’20’’ de la longitude Est. La Réserve fait partie du Fokontany de Mahazoarivo, de la commune rurale d’Ankazombalala (ex-Beavoha), dans le District de Betioky sud. Bezà Mahafaly comprend trois types de forêt:
• La partie occidentale se compose d’une forêt sèche de type xérophytique où domine l’espèce Alluaudia procera;
• La partie orientale est constituée par une forêt galerie, près de la rivière Sakamena avec une domination de l’espèces Tamarindus indica et Albizzia polyphylla;
• Entre les deux formations se trouve la forêt de transition qui est composée de Salvadora angustifolia, Terminalia mantali, Tamarindus indica.
Dans la forêt galerie est logée la première parcelle, qui a une surface de 80 ha. Et Dans la forêt sèche se situe la deuxième parcelle, avec une surface de 600 ha Le site de la présente étude est la forêt galerie, où se trouve la parcelle (P 1) protégée et entourée par un fil de fer barbelé. Les parties Nord et Sud de la P 1 sont utilisées par la population riveraine, comme la collecte de produit forestier tel que le miel.
Climat
La région Sud-Ouest appartient au domaine tropical, caractérisé par le climat semi-aride, et elle possède deux saisons climatiques bien différentes. Comme les données météorologiques de l’aire protégée de Bezà Mahafaly s’avèrent incomplètes car elles n’atteignent pas la norme du critère de détermination d’un climat dans une région, ainsi celles du District de Betioky-sud ont été utilisées.
Précipitations
La moyenne annuelle de précipitation de 679 mm/an et se repartit sur 55 jours de pluie. De décembre jusqu’à février, la pluie est abondante dans durant cette période. Une insuffisance de pluie et une irrégularité de sa répartition dans l’année sont constatées.
Température
Le mois le plus chaud dans cette région est novembre, la température peut atteindre jusqu’à 34,7 °C le jour. Au mois de juin s’observe le jour le plus froid, la température minimum donne 12,9 °C, avec en début de journée 2°C. Malgré ces variations de température, la région du sud de Madagascar reste chaude pendant toute l’année car entre les années 1995 et 2000, les températures moyennes annuelles se maintiennent à 25°C.
MILIEU HUMAIN
Population locale
La population riveraine de la réserve de Bezà Mahafaly est surtout composée de Mahafaly, de Antandroy et de Tanala. Les Mahafaly qui en composent la majorité et comprennent plusieurs clans, Tefandry, Temohita, Karimbila, Tetsilahy, Temaromainty, Teranomasy, et Talamay. Cette population reste attachée à la tradition ancestrale comme le témoigne l’importance des rites funéraires dans sa vie sociale, culturelle et économique. En 1993, la commune de Beavoha a recensé 8090 habitants avec une densité de 17 habitants au km2 . Ce nombre a augmenté considérablement et en 2003, il a pu être compté 9381 habitants dans la même région, donc la densité est passée à 20 habitants par km 2 (P.C.D., 2003). La répartition de la population est très inégale. La plupart de la population locale se sont installées dans la partie Nord est, le long d’une piste charretière (Bezà, Ankazombalala), et des rivages. Le plus faible pourcentage fréquente la partie sud du campement, sauf à l’extrême du sud comme Besely. Cette situation montre que les gens ont besoin des terrains fertiles et favorables à leur survie. Quant à la proximité de la réserve, le Fokontany Antarabory présente un faible peuplement par rapport au Fokontany Analafaly.
Mode de vie
La plupart des villageois de la région de Bezà Mahafaly sont illettrés. Parmi les quelques alphabétisées, plus de 80% restent au niveau primaire et très peu ont pu continuer leurs études. Presque la totalité de la population se consacre surtout à l’agriculture et à l’élevage, principalement l’élevage des zébus. Les zébus jouent un rôle social, culturel et économique très important pour eux. Les perceptions économiques et culturelles des villageois se focalisent sur la possession d’un grand nombre de bétail, en particulier les zébus et les chèvres, considérés comme un moyen d’épargne et un signe de prestige social (RAMBOANILAINA, 1996). Les aliments de base de la population riveraine de la Réserve sont composés surtout de mais, manioc et de patate douce. Le riz et la viande sont consommés occasionnellement. Le marché joue un rôle très important dans la région car c’est non seulement un lieu d’échange des biens, mais surtout un lieu social pour se rencontrer et pour les jeunes mêmes pour se courtiser. Même si la marche et les charrettes à bœufs sont les moyens de déplacement les plus courants dans la région, presque la totalité de la population, surtout les jeunes, ne ratent jamais les jours de marché. La société Mahafaly est de type patriarcal où les notables et les représentants des autorités locales sont des hommes, ce sont en général les hommes qui héritent de leurs parents et les aînés ont plus d’avantages que les cadets. Les femmes dépendent beaucoup des hommes dans leur vie.
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Table des matières
I. INTRODUCTION
II. PRÉSENTATION DU MILIEU D’ÉTUDE
2.1 MILIEU PHYSIQUE
2.1.1 Localisation géographique et administrative
2.1.2 Climat
2.1.2.1 Précipitations
2.1.2.2 Température
2.1.2.3 Humidité
2.1.2.4 Vent
2.1.3 Relief et topographie
2.1.4 Hydrographie
2.1.5 Sol
2.2 MILIEU BIOLOGIQUE
2.2.1 Végétation
2.2.1.1 Forêt-galerie
2.2.1.2 Forêt de transition
2.2.1.3 Forêt xérophytique
2.2.2 Faune
2.2.2.1 Mammifères
2.2.2.2 Autres faunes
2. 3 MILIEU HUMAIN
2.3.1 Population locale
2.3.2. Mode de vie
2.3.3 Activités économiques de la région
2.3.2.1 Agriculture
2.3.2.2 Elevage
2.3.2.3 Activités artisanales
2.3.2.4 Exploitation de sel gemme
2.4 MENACES DANS LA FORET
2.4.1 Pâturage du bétail dans la forêt
2.4.2 Collecte de bois de service
2.4.3 Chasse et collecte des espèces protégées ou menacées de surexploitation
2.4.4 Collecte de bois de chauffe
2.4.5 Collecte d’autres produits forestiers
2.4.6 Envahissement de certaines espèces floristiques
III. MÉTHODOLOGIE
3.1 RAPPEL DE LA PROBLÉMATIQUE ET DES OBJECTIFS
3. 2 MÉTHODOLOGIE PROPREMENT DITE
3.2.1 Méthodes d’approche
3.2.1.1 Investigations bibliographiques
3.2.1.2 Descente sur terrain
3.2.2 Méthode de collecte des données
3.2.2.1 Relevé de la végétation
3.2.2.2 Méthode d’observation des lémuriens diurnes
3.2.2.3 Entretien et enquête
3.2.3 Traitements et analyses des données
3.2.3.1 Analyses de la végétation
3.2.3.2 Analyse des données des lémuriens diurnes
3.3 CONTRAINTES DE TRAVAIL
IV. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
4.1 ÉLEVAGE DES ANIMAUX DOMESTIQUES
4.1.1 Eleveurs
4.1.2 Modes d’élevages des animaux domestiques
412.2.1 Elevage
4.1.2.2 Inventaire des animaux domestiques
4.1.3 Impacts d’élevages à la forêt
4.1.3.1 Mode d’accessibilité aux fourrages
4.2. ETUDES D’IMPACTS SUR L’ÉCOLOGIE DE BEZA MAHAFALY
4.2.1 Impacts de la divagation sur la flore
4.2.1.1 Impacts sur les grands arbres (D≥5 cm)
4.2.1.2 Impacts sur les régénérations naturelles (1≤D<5)
4.2.1.3 Impact sur l’état du peuplement
4.2.1.4 Impact sur Tamarindus indica, essence principale
4.2.1.5 Conclusion partielle
4. 2.2 Evaluation et hiérarchisation des impacts sur la flore
4.2.2.1 Evaluation des impacts sur la flore
4.2.2.2 Hiérarchisation des impacts sur la flore
4.2.3 Impact de la divagation sur les lémuriens diurnes
4.2.3.1 Dégradation de l’habitat dans les deux zones d’études
4.2.3.2 Changement de comportement des lémuriens
4.2.4 Impact de l’intrusion des chiens dans la forêt
4.2.4.1 Acteur de la prédation
4.2.4.2 Braconnage
4.2.5 Evaluation et hiérarchisation des impacts sur les lémuriens diurnes
4.2.5.1 Evaluation des impacts sur les lémuriens diurnes
4.2.5.2 Hiérarchisation des impacts sur les lémuriens diurnes
5.1 DISCUSSIONS
5.1.1 Elevage de bovins et des petits ruminants
5.1. 2 Impacts des animaux domestiques sur la flore
5.1.3 Impact des animaux domestiques sur les lémuriens diurnes
5.2 RECOMMANDATIONS
5.2.1 Stratégies pour limiter et pallier aux impacts des perturbations
5.2.1.1 Divagation des animaux doméstiques dans les deux zones d’études
5.2.1.2 Prédation des lémuriens diurnes
5.2.2 Actions pour limiter et pallier les impacts des perturbations
5.2.2.1 Intensification de l’information au niveau de la population locale
5.2.2.2 Réduction des impacts de la divagation dans la forêt
5.2.2.3 Restauration de la zone dégradée
5.2.3 Cadre logique pour limiter et pallier les impacts de la divagation
V. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES