Contribution a l’etude de la conservation des ressources génétiques pour leur utilisation durable

A Madagascar, les recensements jusqu’à maintenant rapportés (Perrier de la Bathie, 1936; Humbert, 1959) ont suggéré que les écosystèmes locaux sont favorables au développement de la diversité et d’un fort taux (80%) d’endémicité des espèces sauvages et apparentées que l’Ile abrite. Ce constat porte à croire que la sélection naturelle associée à la diversité des perceptions et pratiques des ethnies sont donc autant de facteurs qui peuvent régir le niveau de différenciation au sein des espèces vivrières traditionnellement cultivées par les agriculteurs malgaches.

Si le riz, Oryza sativa L. est l’aliment de base de près de 18 tribus de Madagascar, le maïs ou Zea mays.L a été façonné par les agriculteurs malgaches au moins depuis le XVIIème siècle, et ce, en se référant à l’histoire d’introduction du maïs dans les différents continents à partir de Mexique (Rebours 2000). Le maïs, la deuxième céréale à Madagascar, est exploité dans des agrosystèmes variés (Guilloteau 1966; Rakotondrabe 1978) pour diverses utilisations. Il a surtout servi comme un des compléments importants d’aliment de la population malgache lorsque le riz est encore au champ.

Aussi, dès le début des années 1960, la recherche locale s’intéresse à Zea mays L. en esquissant un programme de sélection, de conservation et de valorisation des ressources génétiques sur cette espèce (Arraudeau, 1962 ; Guilloteau, 1968).

METHODOLOGIE D’APPROCHE ET SYNTHESES BIBLIOGRAPHIQUES

METHODOLOGIE D’APPROCHE 

Le contexte de l’étude est complexe car il englobe plusieurs domaines de la production végétale dont la socio économie, la génétique et l’amélioration des plantes, les modes de conservation des ressources génétiques et les approches de diffusion de nouvelles technologies chez les paysans. Ainsi, avons-nous mis en œuvre, dans un premier temps, des recherches bibliographiques assez poussées.

Après avoir relevé les informations pertinentes, et en effectué des synthèses selon les références bibliographiques, nous avons rassemblé les données nécessaires pour aborder notre thème d’étude, soit dans les bases des données d’enquête, soit à travers les fiches d’enquêtes et des résultats d’observation des essais du FOFIFA. A noter que lorsque nous avons commencé notre stage de mémoire, ces données ont été déjà disponibles.

Par la suite, des exercices d’application de la gestion des données sur Excel, de traitements et d’analyse statistique (logiciels SYSTAT 11, STATISTICA 6, 2004) ont permis d’effectuer les travaux d’interprétation.

Enfin, des discussions fructueuses avec notre encadreur et autres spécialistes concernés par les différents domaines, ont permis de dégager les éléments principaux de nos analyses des résultats et du plan directeur de ce mémoire.

SYNTHESES BIBLIOGRAPHIQUES 

• Mode de conservation ex situ : option initiale pour contenir la diversité génétique potentielle dans le monde.

Avant les années 1970, la mise en collection ex situ des accessions constituait un mode en vogue de conservation des ressources génétiques à l’instar de la création des banques de gènes partout dans le monde pour les différentes espèces végétales (Plucknett et al. 1987). Des écotypes locaux malgaches, comme dans d’autres pays africains, avaient été collectés dans un contexte où la conservation ex situ eut été considéré comme étant un mode adéquat de conservation des ressources génétiques (CIMMYT 1993 ; PLUCKNETT et al. 1987).

• Limites du mode de conservation ex situ .

Mais ce mode de conservation a été reconnu par certains auteurs comme étant insuffisant pour contenir la totalité de la diversité potentielle et évolutive des agrosystèmes locaux (Marshal 1989 ; Frankel et al. 1995).

Par ailleurs, les conservateurs ont très tôt compris que, l’érosion génétique ainsi que la différenciation des accessions peuvent s’opérer dans la conservation ex situ, dues à la faible taille des échantillons reconduits (Marshall and Brown 1975). Il est d’autant plus compréhensible que ces problèmes sont davantage accentués dans les pays en développement où les moyens de conservation sont normalement précaires, causant la perte des grains de semences souches en stock.

A l’instar de la précarité des conditions de conservation de la collection de maïs au sein de la recherche nationale (FOFIFA), l’érosion génétique par la dérive, est quasiment inévitable. De plus, l’impact de diffusion des variétés améliorées conservées ex situ au niveau des paysans a été peu évalué dans les pays en développement. A ce propos, la conscience de sous utilisation des ressources génétiques disponibles ex situ a été déjà observée (CIMMYT, 1993) malgré les coûts générés pour assurer leur conservation.

• Mode de conservation in situ : une alternative possible de la conservation des ressources génétiques .

Ce n’est que plus tard que le mode de conservation in situ a été communément reconnu comme respectueux de l’évolution des espèces cultivées dans le contexte courant de changement des conditions naturelles de culture et sous la gestion par les paysans (FA0 1991, BERG 1992).

Plus tard, la conservation in situ a été proposée comme étant une alternative de conservation de germoplasme mais l’insuffisance de la méthodologie précise à son actif, a fait planer des doutes quant à sa mise en œuvre (Frankel 1970, Maxted et al. 1997). La vulnérabilité de la conservation in situ des plantes cultivées a été même fortement critiquée due au changement potentiel des innovations technologiques associées aux contextes évolutifs de la socioéconomie et de l’environnement (Hammer et al. 1996, Zeven 1996).

Cependant, les deux processus fondamentaux d’évolution des espèces sont biologiquement régis par la création de la diversité et la sélection (Harris and Hillmann 1989). La conservation in situ des espèces cultivées prend davantage compte de la diversité infraspécifique et de son évolution dans les agrosystèmes locaux pour une espèce cultivée donnée, mettant en avant les actions de la nature et les activités de l’homme (Altieri and Merrick 1987, Qualset et al. 1997).

La Convention sur la diversité biologique (Convention of Biological Diversity 1994 : 9) a, par la suite, appuyé sa mise en œuvre en faveur de l’article 8(j) en mettant l’accent sur « les connaissances et pratiques des communautés locales » justifiant une meilleure intégration de deux aspects conceptuels dont la conservation et l’utilisation durable des ressources biologiques.

• Evolution in situ des écotypes : avantages pour la valorisation des ressources génétiques .

La notion de « landraces » de maïs ont fait l’objet de nombreuses études de classification pour différents pays des régions du globe dont le Mexique (Welhausen et al. 1952), l’Amérique latine (Goodman et Paterniani 1969 ; Gouesnard et al. 1997 ; Ramirez et al. 1960), le Brésil (Brieger 1958), l’Europe (Brandolini 1969 ; Costa-Rodrigues 1971 ; Gerrish 1982) pour distinguer les différents écotypes.

Nombreux auteurs s’accordent à dire que le maintien des écotypes par les paysans est régi par leur capacité d’adaptation locale (Franckel et al. 1995), en particulier, aux conditions marginales de culture (Weltzien and Fischbeck 1990). La variation d’adaptation des variétés locales serait donc associée aux agrosystèmes éco régionaux, considérant les traits agromorphologiques (Bejiga et al. 1996, Damania et al 1997).

Par ailleurs, le maïs est une espèce naturellement peu adaptée à l’acidité du sol (Pandey and Gardner, 1992). Les sols acides représentent 17% des sols cultivés en Afrique (Von Uexkull and Mutert, 1995) et près de deux tiers de sols ferrallitiques des Hautes Terres et le Moyen Ouest malgaches (Razafimahatratra, 1998).

Si l’apport de l’amendement calcaire a été la solution pratique préconisée pour lever cette contrainte, le prix de ces intrants rend non faisable son application pour la majorité des paysans pauvres (The et al, 2001).

Aussi, l’existence de la variabilité génétique associée à la tolérance à l’acidité a été rapportée par nombreux auteurs (Rhue et al, 1978 ; Duque-Vargas et al, 1994 ; Pandey et al, 1994 ; Welcker C., 2005). Elle peut donc être mis à profit pour une agriculture durable et respectueuse de l‘environnement (Granados et al, 1993).

L’acidité du sol affecte les traits d’adaptation liés à la croissance et au développement de la plante (Welcker et al, 2005 ; Sierra et al, 2003). Par conséquent, elle agira sur le niveau de rendement obtenu. La vigueur des plants peut être affectée jusqu’à 70% ; le cycle de floraison serait allongé de plus d’une semaine, la taille de la plante peut être réduite jusqu’à 36% et l’intervalle de floraison mâle et femelle peut être allongé de 2,5 jours. De plus, la faible croissance racinaire due à l’acidité favorise aussi la sensibilité à la sécheresse (Edmeades et al. 1993) et à une déficience d’absorption des éléments nutritifs dont l’azote (Bänziger and Laffitte, 1997).

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1 METHODOLOGIE D’APPROCHE ET SYNTHESES BIBLIOGRAPHIQUES
1.1 Méthodologie d’approche
1.2 Synthèses bibliographiques
2 ETATS DES LIEUX SUR LES TRAVAUX DE MAINTIEN, D’EVALUATION ET DE DIFFUSION VARIETALE AU SEIN DU FOFIFA
2.1 Inventaire sommaire dans la collection ex situ du FOFIFA
2.2 Répartition des écotypes régionaux ex situ
2.3 Les collections de travail dans l’ex situ du FOFIFA
2.3.1 Avant les années 1984
2.3.2 Après les années 1984
2.4 Sites de maintenance et infrastructures
2.4.1 Localisation du site de conservation ex situ
2.4.2 Équipements et capacité de maintenance
2.5 Modalités de reconduction au champ
2.5.1 Pour les accessions de la collection
2.5.2 Pour les variétés composites en vulgarisation
2.6 Conséquence envisageable de la gestion ex situ
2.7 Système d’évaluation agronomique multilocale des variétés destinées à la vulgarisation
2.8 Présentation des variétés de références pour les régions maïsicoles
3 INVENTAIRE ET DISTRIBUTION DES VARIETES CONTEMPORAINES DE MAÏS CULTIVEES CHEZ LES AGRICULTEURS MALGACHES
3.1 Méthodologie de travail
3.2 Résultats
3.2.1 Recensement des variétés cultivées par les paysans
3.2.2 Répartition régionale des variétés cultivées
3.2.3 Répartition des variétés au niveau des villages de différentes régions
3.2.4 Estimation du taux d’adoption des variétés vulgarisées par la recherche
3.2.5 Modes d’obtention des variétés cultivées et les échanges locaux des semences
3.2.6 Connaissances locales et perceptions des paysans sur la nomenclature et l’identification des variétés
3.2.7 Agrosystèmes régionaux de la maïsiculture selon les emplacements des parcelles de culture
4 EVALUATION AGROMORPHOLOGIQUE DES VARIETES CULTIVEES DE MAÏS
4.1 Matériels et Méthodes
4.1.1 Sites et conditions d’implantation
4.1.2 Matériels
4.1.3 Dispositif expérimental
4.1.4 Descripteurs agromorphologiques
4.1.5 Analyses des données
4.2 Interprétations des résultats
4.2.1 Vérification des conditions expérimentales
4.2.1.1 Conditions des sites des essais sur les facteurs principaux : écologie régionale, amendement
4.2.1.2 Normalité et puissance des essais
4.2.1.3 Résultats de l’analyse de la variance sur les descripteurs agromorphologiques
4.2.1.4 Etude des effets des facteurs principaux et des interactions entre facteurs principaux et génotypes
4.2.1.5 Axes principaux de la variation des descripteurs
4.2.2 Représentations graphiques de la variabilité inter variétale selon les contraintes étudiées à partir des axes prioritaires
4.2.3 Tests des hypothèses sur le faible taux de maintien des variétés améliorées par les paysans malgaches
4.2.3.1 H1) Performance des variétés des paysans aux conditions défavorables de culture
4.2.3.2 H2) Nomenclature paysanne et adaptation des variétés
4.2.3.3 H3) La conservation ex situ du FOFIFA est à l’origine de la faible performance aux stress des variétés améliorées et de leur faible adoption par les paysans malgaches
5 DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
5.1 Considérations générales de l’étude
5.2 Discussions sur les résultats
5.3 Propositions de solutions
CONCLUSION GENERALE

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