Le Sénégal, situé entre 12° 30′ nord et 11o 30′ ouest, se présente en véritable Finistère de l’Afrique occidentale, largement ouvert sur l’océan atlantique avec 700 km de côte. C’est un pays de 196192 km2 , c’est un pays limité au nord et à l’est par le fleuve Sénégal constituant ainsi respectivement sa frontière avec la Mauritanie et le Mali, au sud par les deux Guinées et à l’ouest par l’océan atlantique. Cette position stratégique a fait du Sénégal un grand pays de pêche. Le secteur de la pêche est l’un des piliers de l’économie nationale. Avec une production annuelle de 400 000 tonnes environ et un chiffre d’affaires estimé à 200 milliards de Fcfa, la pêche contribue à hauteur de 40 % aux recettes en devises du pays (Statistiques de l’Agriculture du Sénégal). Parmi les produits qui sont exploités figurent par ordre de priorité (pour l’année 2001) :
• les poissons avec 418 947 tonnes,
• les mollusques avec 14 877 tonnes,
• enfin les Crustacés avec 7 359 tonnes.
Il est maintenant unanimement reconnu que le secteur de la pêche sénégalaise est confronté à une crise qui se matérialise par une raréfaction de la ressource. La définition de mécanismes de gestion durable apparaît alors comme une nécessité incontournable. Dans le cas particulier des huîtres des estuaires du Saloum, il ne se pose pas un problème de raréfaction de la ressource. Cependant, la gestion de ce stock naturel est très problématique du fait de la méconnaissance de sa biologie et des mauvaises pratiques de récolte. La connaissance de la biologie des organismes exploités est un paramètre fondamental dans la définition de ces mécanismes Quelques travaux ont été réalisés sur la biologie de l’huître des palétuviers (Blanc, 1948 ; 1962, 1970 ; Diadhiou, 1995). Il ressort de ces études une évaluation de plusieurs paramètres relatifs à l’écologie et à la biologie de cette espèce. Le suivi annuel de la température et de la salinité dans les bras de mer de Joal-Fadiouth montre les variations suivantes :
• une période froide correspondant aux mois de janvier et de février, avec une température de 24°C ;
• une période relativement chaude correspondant à la saison sèche (mars à juin), avec des températures qui varient entre 26 °C et 27 °C ;
• une période chaude correspondant à la saison des pluies (août et septembre), avec des températures maximales (33 °C) enregistrées en septembre (Blanc, 1962).
Les variations de la salinité sont liées à l’insolation, les vents dominants et les précipitations. Au cours d’une même période, elle peut passer de 0,93 0/00 en marée basse à 25,65 0/00 en mimarée et à 32,04 0/00 en marée haute (Blanc, 1970). Le suivi de la température pendant une période de deux ans dans le bôlong sud de Karabane montre une reproductibilité de ce paramètre d’une année à l’autre. Une période chaude est notée entre avril et septembre, avec une température moyenne de 30 °C. Une période moins chaude est notée entre octobre et mars avec une température moyenne de 20 °C (Diadhiou, 1995). Par contre, les variations de la salinité dans le bôlong de Karabane ne sont pas reproductibles d’une année à l’autre. Les valeurs maximales de la salinité sont supérieures à 40 0/00 et les valeurs minimales tournent autour de 35 0/00.
Les conditions hydrologiques favorisant la ponte, le développement larvaire et la fixation du naissain avoisinent une température de 27°C, une densité de 1016 à 1019 et une salinité comprise entre 24 0/00 et 29 0/00 (Blanc, 1962). Dans les eaux chaudes du Sénégal la croissance de l’huître est continue. A sept mois, C. gasar atteint déjà la moitié de la taille qu’elle aura à quatre ans. Entre un et deux ans, la croissance se ralentit, l’huître se transforme, la valve inférieure se creuse en même temps que la coquille commence à s’épaissir (Blanc, 1962).
Description
Définition et classification
L’huître est un invertébré marin de l’embranchement des mollusques. Le corps est protégé par une coquille dure composée de deux valves, qui sont jointes par un ligament charnière et maintenues ensemble par un muscle puissant. L’huître n’est pas douée de d’appareil de locomotion sauf au début de sa croissance. Elle mène une vie sédentaire dans l‘eau salée, sur le fond des baies, des criques et des estuaires. Elle se fixe d’ordinaire sur les rochers, les objets durs immergés, sur les racines de palétuviers, parfois en grappes volumineuses.
Règne : Animal
Embranchement : Mollusques
Classe : Bivalves ou Lamellibranches
Ordre : Filibranchia
Sous ordre : Anisomyaria
Famille : Ostreidae
Genre : Crassostrea
Espèce : Crassostrea gasar
Répartition géographique de Crassostrea gasar
D’après Blanc (1962), l’espèce Crassostrea gasar est rencontrée uniquement en Afrique de l’Ouest, sa limite nord étant constituée par le Sénégal au niveau du marigot de la Somone (14°30 de latitude nord et 17°05 de longitude ouest). Vers le Sud, elle se rencontre jusqu’en Angola. Des études plus récentes ont montré la présence de l’espèce sur les côtes orientales de l’Amérique du Sud (Lapègue, 1999) où sa présence est toujours liée à celle de la mangrove. Partout en Afrique de l’Ouest l’espèce est présente mais est souvent désignée sous le nom de Crassostrea tulipa. Au Sénégal l’espèce est principalement présente dans les zones suivantes:
– la zone estuarienne de Joal-Fadiouth ;
– les estuaires du Saloum ;
– les estuaires de la Casamance.
Reproduction
Crassostrea gasar fait partie du groupe des huîtres ovipares. Ainsi, les produits génitaux sont rejetés à l’extérieur de la coquille et la fécondation se fait au hasard des rencontres entre ovules et spermatozoïdes. De 1948 à 1955, Blanc (1962) a étudié l’action du milieu sur la reproduction de C. gasar et a montré que les conditions hydrologiques favorisant la ponte et l’éjaculation, le développement des larves et la fixation des naissains avoisinent une température de 27 °C, une densité de 1016 à 1019 et une salinité de 24 à 29 /oo. Selon Marteil (1957), une salinité égale ou inférieure à 34 o /oo favorise le développement des gonades, la ponte et l’évolution des larves tandis qu’une salinité plus élevée pourrait contrarier soit le développement des œufs, soit provoquer une déficience alimentaire préjudiciable à la formation des produits génitaux ou à la survie des larves. La sexualité de l’huître est particulière. En effet, l’huître est un hermaphrodite successif vu que son sexe change suivant les années. Une première année elle sera femelle puis deviendra mâle la seconde année (Ranson, 1951).
Anatomie : situation des organes reproducteurs
Chez Crassostrea gasar, l’organe reproducteur se situe entre la cavité cardiaque (celle-ci est au dessus du muscle adducteur), l’hépatho-pancréas et les branchies (Pl I fig.2 & fig.3). Dorsalement, il contourne la masse viscérale et se prolonge sur l’autre face du corps de l’animal. L’appareil reproducteur comprend la glande génitale proprement dite et le canal excréteur (Ranson, 1951). La glande génitale se compose de deux parties qui fusionnent dorsalement et enveloppent la masse viscérale comme une selle. La gonade n’est pas visible à l’œil nu après le frai (Galtsoff, 1964), mais en période de reproduction, elle occupe toute la zone comprise entre les diverticules digestifs et le manteau. Le canal génital principal donne naissance à d’innombrables petits canaux latéraux se terminant en cul de sac qui se subdivise en petites poches secondaires. Dans l’épithélium de ces dernières se développent les produits génitaux œufs ou spermatozoïdes. Leur émission se fait par des gonoductes qui débouchent dans deux cloaques génito-urinaires. Les caractères sexuels secondaires sont absents (His, 1970 cité par Dioh, 1976).
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Table des matières
INTRODUCTION
Généralités
1- Description
1-1- Définition et classification
1-2- Répartition géographique de Crassostrea gasar
2- Reproduction
2-1- Anatomie : situation des organes reproducteurs
2-2- Description de la gamétogenèse et cycle sexuel
2-2-1- Description des gamètes
2-2-1-1- Structure des gamètes
2-2-1-1-1- Description des cellules germinales mâles
• Les spermatogonies
• Les spermatocytes
• Les spermatides
• Les spermatozoïdes
2-2-1-1-2- Description des cellules germinales femelles
• Les ovogonies
• Les ovocytes pré-vitellogéniques
• les ovocytes en vitellogenèse
2-2-1-2-ultrastructure des gamètes
2-2-1-2-1-ultrastructure des gamètes mâles
2-2-1-2-2-ultrastructure des gamètes femelles
2-2-2- Gamétogenèse
2-2-2-1- La gamétogenèse mâle
• les spermatogonies
• les spermatocytes I
• les spermatides
• -les spermatozoïdes
2-2-2-2- La gamétogenèse femelle
2-2-3- Cycle sexuel
Stade I
Stade II
Stade III
Stade IV
Stade V
Matériel et Méthodes
1-Matériel
I-1- Site d’étude
1-2-Matériel biologique
1-2-1- Echantillonnage
1-2-2- Extraction de la région de la gonade
2-Méthodes
Résultats et Discussion
1- Résultats
1-1- L’appareil reproducteur
1-2-Stades de maturité sexuelle et gamétogenèse
1-2-1-Chez le mâle
1-2-1-1- Stades de maturité sexuelle
• Stade 0
• Stade I
• Stade II
• Stade III
1-2-1-2-Gamétogenèse
• les spermatogonies
• les spermatides
• les spermatozoïdes
• Synchronisme
1-2-2-Chez la femelle
1-2-1-1-Stades de maturité sexuelle
• Stade 0
• Stade I
• Stade II
• Stade III
• Stade IV
• Stade V
• Synchronisme
1-2-1-2-La gamétogenèse
I-3- Le cycle gonadique et dynamique de la reproduction
1-4- Aspect global de la reproduction
2- Discussion
2-1- Morphologie de la gonade
2-2- Gamétogenèse
2-3- Stade de maturation et cycle de la gonade
2-4- Cycle sexuel
Résumé et perspectives
CONCLUSION
Références bibliographiques