Chez les Vertébrés, il y a une grande diversité au niveau du rythme d’activité. Certains sont dits nocturnes et d’autres diurnes. De nombreuses espèces d’Oiseaux sont diurnes, c’est-à-dire qu’ils sont actifs pendant le jour et dorment quand la nuit tombe. Alors que la plupart des Mammifères sont nocturnes, ils sont actifs pendant la nuit et se reposent le jour et certains Mammifères sont crépusculaires, ils sont actifs dans les heures autour de l’aube et au crépuscule (Fleagle, 1999 ; Elsevier, 1976). Pour les Primates, l’activité nocturne se rencontre surtout chez les Primates à traits primitifs et chez certains singes (Callicebus et Aotus) (Wright, 1978). Par contre la majorité des Anthropoïdes et certains Prosimiens évolués sont diurnes, c’est-à-dire que plusieurs espèces montrent un pic d’activité à l’aube et à la fin de la journée et ils ont une période de repos à midi pour les diurnes, à minuit pour les espèces nocturnes, et les deux si les espèces sont crépusculaires (Fleagle,1999 ; Andriatsarafara, 1988). Tous cela montrent que les Primates présentent des variabilités de mode d’activités (Fleagle,1985). Plusieurs Primates diurnes se déplacent surtout le matin et très tard dans la journée puis ils se reposent au milieu de la journée alors certains s’alimentent au début et à la fin de la journée (Fleagle, 1999).
Parmi les Prosimiens, Eulemur est un des genres de LEMURIDAE parmi les quatre reconnus dans les écosystèmes Malagasy (Pastorini et col, 2000). Ce genre présente une large distribution géographique dans toutes les forêts de Madagascar sauf dans le sud (Harcourt et Thornback, 1990 ; Pastorini et col, 2000). Eulemur collaris fait l’objet de notre étude, il est restreint aux forêts humides du sud-est de Madagascar plus particulièrement à Mandena et Sainte Luce. Nous avons choisi la forêt littorale de Sainte Luce où la dégradation est moindre et où Eulemur collaris est ainsi moins perturbé. Cette espèce est très chassée donc sa survie dans les forêts littorales est très menacée (Ralison, 2001 ; Rasolofoharivelo, 2002). Elle est frugivore et joue un rôle important dans la restauration de la forêt par la dissémination des graines contribuant ainsi à maintenir la structure originale de son habitat (Holloway, 1999).
Pour protéger cette espèce, QMM (Qit Madagascar Minerals) a fait un projet de translocation dans une nouvelle forêt de Mandena car les forêts littorales du sud-est de Madagascar subissent une modification par les activités humaines entraînant ainsi leur dégradation et leur fragmentation (Ralison, 2001 ; Rasolofoharivelo, 2002). Alors qu’Eulemur collaris présente un très grand intérêt dans la mesure où il est le plus grand Mammifère de la région et vu son classement vulnérable par l’IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) (2000). Cette espèce est une espèce parapluie ; elle a besoin d’une vaste territoire pour survivre c’est un bon indicateur pour la Conservation de la Biodiversité (Ganzhorn et col, 1999). Actuellement, les études sur l’éthoécologie des Lémuriens, menées par des chercheurs, ne cessent de croître, aussi bien dans les conditions de semi-captivité (Duke Primate Center), que dans leur milieu naturel. Peu d’études ont été faites sur l’éthoécologie de cette espèce, par rapport à celles des autres espèces de Lémuriens de Madagascar. Dans cette étude, nous avons suivi deux groupes d’Eulemur collaris de taille différente dans cette zone de conservation. Nous nous sommes intéressés sur les activités et l’habitat des groupes d’Eulemur collaris de tailles différentes. Pour cela nous posons comme hypothèse que chaque mode d’activité est la même pour les deux groupes. Ainsi le but de cette étude était d’étudier les activités des groupes d’Eulemur collaris en fonction de la taille de groupe dans la zone de conservation de Sainte Luce.
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE
La zone de conservation de Sainte Luce est située dans la région du sud-est de Madagascar. Cette zone se trouve au nord nord-est de Tolagnaro environ 45km à vol d’oiseau . Cette zone se situe à une latitude 24°46′ Sud et à une longitude 47°11′ Est. Sainte Luce fait partie de la forêt littorale de la région de Tolagnaro. Notre étude a été effectuée dans le bloc S9 de Sainte Luce, une forêt de 457 ha (Donati, 2001).
Du point de vue administrative, Sainte Luce appartient :
– au Fokontany de Manafiafy
– à la commune rurale de Mahatalaky
– à la sous-préfecture de Taolagnaro
– à la Province de Toliary
Elle est délimitée :
– à l’ouest par la Route nationale n° 12
– à l’est par la limite naturelle : l’océan indien
– au sud par Taolagnaro
– au nord par Manantenina .
HYDROGRAPHIE ET TOPOGRAPHIE
Trois grandes rivières traversant la station de Sainte Luce se déversent à la mer.
– Au nord la rivière d’Ambatomirindy qui se déverse dans un bassin d’estran à côté du village d’Ambanihazo,
– Au centre la rivière Bakika,
– Et au sud la rivière d’Antorendrika.
Les marais et les petits cours d’eau sont aussi nombreux (Raselimanana, 1993). Le relief du bloc S9 est caractérisé par un plateau sableux de 0 à 10 m d’altitude (Ralison, 2001).
LE CLIMAT
Le climat régional de Taolagnaro est de type tropical. C’est un climat chaud et humide (Cornet, 1974 dans QMM, 2000). Les valeurs obtenues pour la pluviométrie et la température sont des moyennes mensuelles de 10 ans consécutives entre 1989 et 1998 .
Pluviométrie
La région de Taolagnaro est soumise toute l’année au régime des alizés de l’est. Les vents chargés d’humidité provoquent des précipitations abondantes et participent au régime pluvial de la région (QMM, 1999). Les précipitations moyennes annuelles sur 10 ans sont de l’ordre de 1502.7 mm avec une humidité relative élevée entre 75% et 83% dont le maximum est de 2042 mm au cours de l’année 1998 et le minimum de 1157 mm en 1991 (Direction de la Météorologie et de l’hydrologie, 1998).
Température
Malgré un climat de type chaud et humide, la température moyenne annuelle est 23,7°C. La température moyenne mensuelle du mois le plus froid (juillet) est de 19,6°C et celui du mois le plus chaud (janvier) atteint 26,9°C.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : MATERIEL ET METHODES
I. SITE D’ETUDE
I.1- LOCALISATION GEOGRAPHIQUE
I.2- HYDROLOGIE ET TOPOGRAPHIE
I.3- LE CLIMAT
I.3.1- Pluviométrie
I.3.2- Température
I.3.3- Diagramme ombrothermique de Gaussen
I.4- SOLS
I.5- SITUATION GEOLOGIQUE
I.6- FLORE ET FAUNE
I.6.1- Flore
I.6.2- Faune
II. MATERIEL
II.1- MATERIEL DE TERRAIN
II.2- MATERIEL BIOLOGIQUE
II.2.1- La position systématique
II.2.2- Description de l’animal
II.2.2.1- Identification
II.2.2.2- Mode de reproduction
II.2.2.3- Le rythme d’activité
II.2.2.4- Régime alimentaire
II.2.2.5- Mode de locomotion
II.2.2.6- La répartition géographique
II.2.2.7- Prédateurs
III- METHODE D’OBSERVATION
III.1- PERIODE ET DUREE D’ETUDE
III.2- LA DETERMINATION DU GROUPE
III.3- COLLECTE DES DONNEES
III.3.1- Observations instantanées
III.3.2- La fiche de collecte
III.4- DESCRIPTIONS DES OBSERVATIONS
III.4.1- Les comportements observés
III.4.2- Estimation du support utilisé par l’animal
III.5- NIVEAU DE STRATES UTILISEES
III.6- POSTURES (FIG.2)
IV.LES METHODES STATISTIQUES
IV.1- POURCENTAGE
IV.2- TEST DE KHI-CARRE
IV.3- TEST DE STUDENT OU TEST T
V. ESTIMATION DE LA SURFACE EXPLOITEE PAR EULEMUR COLLARIS
VI. DETERMINATION DE LA DISTANCE PARCOURUE JOURNALIEREMENT
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS
I- ACTIVITES INTRAGROUPES
I.1- ACTIVITES JOURNALIERES
I.2- ACTIVITE GENERALE D’EULEMUR COLLARIS
I-2-1 Taux d’activités journalières
I.2.2- Taux d’activités journalières des individus de chaque groupe
I.3-LE TAUX DES ACTIVITES MENSUELLES
I.3.1- La répartition mensuelle des activités des deux groupes
I.3.2-Taux des activités mensuelles des individus
I.4 NIVEAUX DE STRATES UTILISES PAR LES GROUPES D’EULEMUR COLLARIS
I.4.1 LES NIVEAUX UTILISES PAR LES GROUPES
I.4.2 LES NIVEAUX DE STRATES UTILISES PAR LES INDIVIDUS FEMELLES, MALES ET LES JEUNES
I.5. LES SUPPORTS UTILISES PAR EULEMUR COLLARIS AU COURS DE CHAQUE ACTIVITE
I.5.1- LA DIMENSION DES SUPPORTS
I.5.1.1- La dimension des supports utilisés par chaque groupe au cours des différentes activités
I.5.1.2- La dimension des supports utilisés par les individus mâles, femelles et jeunes de chaque groupe
I.5.2- L’ORIENTATION DES SUPPORTS
I.5.2.1- L’orientation des supports utilisés par les individus de chaque groupe
I.5.2.2- L’orientation des supports utilisés par les individus mâles, femelles et jeunes de chaque groupe
I.6- LES POSTURES
I.6.1- POSTURE LIEE A L’ALIMENTATION
I.6.2- POSTURE LIEE AU DEPLACEMENT
I.6.3- POSTURE LIEE AU REPOS
I.7 LES ACTIVITÉS SOCIALES
I.8-LE DOMAINE VITAL DE CES DEUX GROUPES D’EULEMUR COLLARIS ET LEUR DEPLACEMENT JOURNALIER
I.8.1- LE DOMAINE VITAL
I.8.2- LES DISTANCES PARCOURUES JOURNALIEREMENT DE CHAQUE GROUPE
II- ACTIVITES INTERGROUPES
II.1- ACTIVITE GENERALE D’EULEMUR COLLARIS
II-1-1 Taux d’activités journalières
II.1.2- Taux d’activités de chaque individu
II.2-LE TAUX DES ACTIVITES MENSUELLES
II.2.1- La répartition mensuelle des activités des deux groupes
II.3-NIVEAUX DE STRATES UTILISES PAR LES GROUPES D’EULEMUR COLLARIS
II.4-LES SUPPORTS UTILISES PAR EULEMUR COLLARIS AU COURS DE CHAQUE ACTIVITE
II.4.1- LA DIMENSION DES SUPPORTS
II.4.2 L’ORIENTATION DES SUPPORTS
II.5-LES POSTURES
II.5.1- POSTURE LIEE A L’ALIMENTATION
II.5.2- POSTURE LIEE AU DEPLACEMENT
II.5.3- POSTURE LIEE AU REPOS
II.6-. LES ACTIVITÉS SOCIALES
II.6- LE DOMAINE VITAL DE CES DEUX GROUPES D’EULEMUR COLLARIS ET LA DISTANCE PARCOURUE JOURNALIEREMENT
TROISIEME PARTIE : DISCUSSIONS ET INTERPRETATIONS
I- LES ACTIVITES INTRAGROUPES ET INTERGROUPES
I.1- TAUX D’ACTIVITES JOURNALIERES ET MENSUELLES D’EULEMUR COLLARIS
I-2- TAUX D’ACTIVITES DES INDIVIDUS
II. NIVEAUX DE STRATES UTILISES PAR LES GROUPES D’EULEMUR COLLARIS
II-1- NIVEAU-ALIMENTATION
II-2- NIVEAU-DEPLACEMENT
II-3- NIVEAU-REPOS
III. LES SUPPORTS UTILISES PAR L’EULEMUR COLLARIS AU COURS DE CHAQUE ACTIVITE
III.1- LA DIMENSION DES SUPPORTS
III.2- L’ORIENTATION DES SUPPORTS
IV. LES POSTURES
IV.1- POSTURE LIEE A L’ALIMENTATION
IV.2- POSTURE LIEE AU DEPLACEMENT
IV.3- POSTURE LIEE AU REPOS
V. LES ACTIVITÉS SOCIALES
VI. LES DISTANCES PARCOURUES JOURNALIEREMENT
VII. LE DOMAINE VITAL DE CES DEUX GROUPES D’EULEMUR COLLARIS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE