L’officine constitue l’un des premiers recours du client/patient face à ses problèmes de santé, compte tenu de sa proximité avec la population, de l’accueil, de la non-nécessité d’un rendez-vous, et de la gratuité du conseil. En effet, dans un contexte d’autonomie croissante des clients/patients dans la prise en charge des affections bénignes en particulier, un grand nombre de personnes franchissent chaque jour la porte d’une officine .
Cette orientation des clients/patients vis à vis de l’officine, résulte des garanties apportées par le pharmacien dans le cadre de l’exercice du monopole, mais aussi de la gratuité des conseils qui y sont prodigués. Le conseil à l’officine est un entretien que le pharmacien conduit avec un client/patient au sujet de son problème de santé ou des médicaments qu’il va prendre, pour l’éduquer sur ce qui peut survenir en relation avec le problème de santé ou la prise de traitement, et pour lui permettre de tirer le meilleur résultat .
Ainsi, le pharmacien d’officine est tenu d’améliorer la qualité des services délivrés aux clients/patients, d’apporter la preuve au quotidien de sa valeur ajoutée, et surtout de réaffirmer sa place dans le système de santé [2]. Cependant, à l’heure où le monopole du pharmacien est souvent remis en cause, le métier de pharmacien d’officine est amené à évoluer. La profession doit passer d’une pratique centrée sur le médicament à une pratique centrée sur le client/patient. Cette nouvelle approche impose de profondes modifications de la relation pharmacien-client/patient [1]. Aussi, il existe des défis à relever, notamment la formation continue des pharmaciens qui le plus souvent ne sont pas outillés en la matière. La plupart du temps, ses collaborateurs non pharmaciens se retrouvent confrontés au comptoir à des difficultés, sans forcément avoir tous les outils nécessaires pour répondre aux préoccupations des clients/patients. D’où l’intérêt de notre travail dont l’objectif consiste à proposer aux étudiants, aux jeunes pharmaciens, et aux professionnels pharmaciens, un guide d’aide au conseil, leur permettant de dispenser des conseils appropriés aux circonstances auxquelles ils seront confrontés en pratique quotidienne.
L’OFFICINE
Définition
Selon les dispositions de l’article L.598 du livre V pharmacie du Sénégal « On entend par officine l’établissement affecté à la dispensation au détail des médicaments, produits et objets mentionnés à l’article L.512, ainsi qu’à l’exécution des préparations magistrales ou officinales». Une officine peut confier l’exécution d’une préparation par un contrat écrit à une autre officine, soumise pour l’exercice de cette activité de sous-traitance, à une autorisation préalable délivrée par le directeur général de l’agence régionale de santé. (…) .
L’équipe officinale
Le personnel des officines tourne autour de trois (3) à six (6) personnes. Ce personnel est composé d’hommes et de femmes [4], notamment du titulaire et de ses collaborateurs (pharmacien assistant, préparateur, stagiaires et vendeurs).
Le pharmacien titulaire
Au Sénégal, l’article L.514 du Livre V pharmacie précise que le pharmacien titulaire doit présenter toutes les « garanties de moralité professionnelle » au moment de l’inscription et être titulaire du diplôme d’Etat de Docteur en pharmacie. Le diplôme devra être enregistré sous frais à l’ordre des pharmaciens. Aussi, il doit être de nationalité Sénégalaise ou bénéficier d’une mesure de réciprocité .
Les pharmaciens assistants
Seule catégorie de personnel que la loi impose à un pharmacien titulaire. L’assistanat obligatoire est le corolaire de l’exercice personnel retrouvé à l’article L. 579 du livre V pharmacie, qui prescrit l’obligation de l’exercice personnel, synonyme de l’assistance des titulaires d’officine auprès des confrères. Le nombre de pharmaciens dont les titulaires d’officines doivent se faire assister en raison de l’importance de leur chiffre d’affaires annuel est fixé selon la grille suivante:
❖ Un (1) pharmacien assistant pour un chiffre d’affaires annuel compris entre 150.000.000 F CFA et 300.000.000 F CFA;
❖ Un (1) deuxième pharmacien assistant pour un chiffre d’affaires annuel de 300.000.000 F CFA à 450.000.000 F CFA;
❖ Au-delà de 450.000.000 F CFA un pharmacien assistant supplémentaire par tranche de 100.000.000 F CFA en cours de réalisation (Article 1er de l’arrêté N° 9089/14/12/88).
Les préparateurs en pharmacie
La jurisprudence avait reconnu le droit de préparer et de vendre des médicaments sous la direction d’un pharmacien, sous réserve d’une formation professionnelle au gré du pharmacien qui les emploie. La formation était d’abord, exclusivement professionnelle, ensuite propre à l’officine, avec des cours théorique et pratique. Cette formation conduisait après trois années, au certificat d’aptitude professionnel d’aide préparateur en pharmacie (CAP). La loi du 8 juillet 1977 a étendu les prérogatives des préparateurs, seuls à pouvoir seconder (titulaires et assistants) pour la préparation, la vente au public des médicaments à usage humain et vétérinaire. Sur ce, les préparateurs en pharmacie doivent travailler sous la responsabilité et le contrôle effectif d’un pharmacien et doivent porter un insigne qui leur est spécifique. Au Sénégal, les candidats doivent être titulaires d’un diplôme figurant sur une liste établie par arrêté des ministres chargés de la santé et de l’éducation. Les examens sont organisés conjointement par le ministère de la santé et le ministère de l’enseignement technique. Aujourd’hui la formation est assurée à l’école nationale de développement sanitaire et sociale (ENDSS) .
Les autres catégories de personnel
Ils ne sont pas des collaborateurs légaux du pharmacien titulaire. Il s’agit des vendeurs et des stagiaires.
a) Les vendeurs en pharmacie
L’article 587 interdit d’utiliser les vendeurs pour la délivrance des médicaments. Les tâches qui leur sont attribuées consistent à ranger, mettre les médicaments en rayons, les collecter et à ne pas les délivrer. Toutefois, ils ne sont pas soumis à des exigences de compétence particulières (aucun diplôme ne leur est exigé) [4].
b) Les stagiaires
Les stages sont obligatoires en officine au cours des études de pharmacie. En effet, l’article L.588 du livre V Pharmacie autorise les étudiants en pharmacie à accomplir des actes pharmaceutiques auxquels sont habilités les préparateurs. En dehors des heures de travaux pratiques fixées par l’emploi du temps, sont autorisés à exercer des préparations :
● les stagiaires régulièrement inscrits,
● les étudiants de deuxième et troisième année dans un but exclusif de perfectionnement,
● les étudiants ayant au moins huit inscriptions validées en vue de l’examen du brevet professionnel .
En plus de ces personnes chargées de la vente et de la délivrance des médicaments, le pharmacien peut engager un personnel de soutien qui assure le nettoyage et la sécurité de l’officine.
Aménagement de l’officine
L’aménagement prend en compte le local, les comptoirs et vitrines, l’espace accessible et non accessible au public.
Le local
Les créations, transferts et regroupements d’officines de pharmacie ne peuvent être effectués que dans un lieu qui garantit un accès permanent du public à la pharmacie; et permet à celle-ci d’assurer un service de garde ou d’urgence. La superficie, l’aménagement, l’agencement et l’équipement des locaux d’une officine de pharmacie sont adaptés à ses activités et permettent le respect des bonnes pratiques de dispensation [5]. En 1963, une décision du conseil national de l’ordre français, exigeait pour le local une superficie minimale de 70 m2 , des installations de vente, un bureau pour réception clientèle, un laboratoire et un accès possible à toutes les heures (jour et nuit). Cette décision du CNO a été annulée par le conseil d’Etat qui précise que le local proposé ne doit pas être « manifestement impropre à l’exercice de la pharmacie »; il y ajoute une inspection des officines existantes et que l’officine doit disposer de locaux fermés à clé (substances vénéneuses) et « d’une armoire aux poisons » [6]. Au Sénégal, les exigences pour le dossier de création sont un plan de masse au 1/10000 visé par le cadastre, un plan des locaux coté et paraphé, et une promesse de bail ou un titre de propriété .
La présentation des comptoirs et vitrines
L’espace officinal est un ensemble d’un seul tenant y compris pour ce qui concerne les activités spécialisées d’optique-lunetterie, d’audioprothèse et d’orthopédie. Toutefois, des lieux de stockage peuvent se trouver à proximité immédiate, à condition qu’ils ne soient pas ouverts au public et ne comportent ni signalisation, ni vitrine extérieure. L’accueil de la clientèle et la dispensation des médicaments s’effectuent dans des conditions de confidentialité permettant la tenue d’une conversation à l’abri des tiers. Le mobilier pharmaceutique est disposé de telle sorte que le public n’ait directement accès ni aux médicaments, ni aux autres produits dont la vente est réservée aux officines .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: GENERALITES
I. L’OFFICINE
A. DEFINITION
B. L’EQUIPE OFFICINALE
1. Le pharmacien titulaire
2. Les pharmaciens assistants
3. Les préparateurs en pharmacie
4. Les autres catégories de personnels
a) Les vendeurs en pharmacie
b) Les stagiaires
C. AMENAGEMENT DE L’OFFICINE
1. Le local
2. La présentation des comptoirs et vitrines
3. L’espace accessible au public
a) Une priorité : la confidentialité
b) Une zone de dispensation
c) Une zone dédiée à la parapharmacie
d) Les espaces divers
e) Les espaces dédiés aux activités spécialisées
4. Les espaces non accessibles au public
a) Une zone de déballage
b) Une zone de stockage et de rangement
D. LES ACTIVITES QUOTIDIENNES DE L’OFFICINE
1. La vente des produits
a) La vente sur ordonnance
b) La vente sans ordonnance (conseil)
2. La commande des produits vendus
3. La réception et le déballage
4. Le suivi des ventes et des dates de péremption
5. Les retours et les réclamations
6. La préparation de médicaments magistraux
II. L’EXERCICE DE LA PHARMACIE D’OFFICINE
A. CONDITIONS GENERALES D’EXERCICE DE LA PHARMACIE
1. Les conditions relatives au diplôme de pharmacien
2. Conditions relatives à la nationalité
3. Garanties de moralité professionnelle et inscription à l’ordre
B. L’EXERCICE PERSONNEL DE LA PHARMACIE D’OFFICINE
III. LA DEONTOLOGIE DU PHARMACIEN D’OFFICINE
A. GENERALITES SUR LE CODE DE DEONTOLOGIE
B. DISPOSITIONS COMMUNES A TOUS LES PHARMACIENS
C. DEVOIRS DES PHARMACIENS D’OFFICINES
IV. LES RESPONSABILITES DU PHARMACIEN D’OFFICINE
A. LA RESPONSABILITE CIVILE
B. LA RESPONSABILITE DISCIPLINAIRE
C. LA RESPONSABILITE PENALE
V. LE CONSEIL A L’OFFICINE
A. DEFINITION
B. OBJECTIF
C. ACTIVITES DE CONSEIL
D. DEFIS DU CONSEIL
1. Les défis liés au Système
2. Les défis liés à l’environnement de l’officine
3. Les défis liés aux patients
4. Les défis liés au pharmacien
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. CADRE DE L’ETUDE
II. OBJECTIFS DE L’ETUDE
A. OBJECTIF GENERAL
B. OBJECTIFS SPECIFIQUES
III. METHODOLOGIE
A. COLLECTE DES DONNEES
B. ANALYSE DES DONNEES
IV. RESULTATS
A. PATHOLOGIES REPERTORIEES
1. Pathologies du tube digestif
2. Pathologies de la sphère ORL
3. Les pathologies des sphères ophtalmiques et dermatologiques
4. Les pathologies en rapport avec la douleur
5. Pathologies spécifiques et prévention
B. EXPLOITATION DU CONTENU DES FICHES DE CONSEIL PROPOSEES
C. EVALUATION DES FICHES DE CONSEIL PROPOSEES
V. DISCUSSION
A. SUR LES PATHOLOGIES REPERTORIEES
B. SUR L’EXPLOITATION DES FICHES DE CONSEIL
1. Sur la prise en charge des clients
2. Sur les demandes de conseils formulées
3. Sur les méthodes de diagnostic
C. SUR L’EVALUATION DES FICHES DE CONSEIL
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES