Contribution à l’ecobiologie de la grande nacre pinna nobilis (linné, 1758)

Les Pinnidés de Méditerranée sont représentés essentiellement par trois espèces du genre Pinna, P. nobilis (LINNE, 1758), P. rudis (LINNE, 1758) et P. fragilis (PENNANT, 1777) (fig. I à VI, annexe). P. nobilis est considéré comme le plus grand mollusque bivalve méditerranéen après le bivalve indopacifique Tridacna maxima (RÖDING, 1798) dont les valves peuvent atteindre une longueur totale de 130 cm ; alors que celles de P. nobilis n’excèdent guère les 100 cm de longueur (LOZET et DEJEAN-ARRECGROS, 1977; CHAUMETON, 1979; BEAUFORT, 1987; FISCHER et al., 1987; D’ANGELO ET GARGIULLO, 1991; WEINBERG, 1992 ; ZAVODNIK et al., 1991).

En Méditerranée, notamment en zone ouverte, les grands champs de nacres inféodés aux herbiers de posidonie qui ont été soumis aux différentes nuisances humaines, ne sont plus que des reliques confinées à des endroits très limités (BEAUFORT, 1987; VINCENTE, 1990; LOQUES et OBOLENSKY, 1992; MAURIN et al., 1994). En effet, leurs effectifs ont connu une chute spectaculaire depuis l’avènement de la plongée sous-marine dans les années 1950. La nacre est toujours recherchée par les plongeurs et les chasseurs sous-marins à des fins commerciales ou de décoration. Sur les côtes méditerranéennes, les travaux de recensement des nacres par relevés visuels sont assez nombreux, aussi bien en zone ouverte qu’au sein des réserves marines (VICENTE et al., 1980; MORETEAU et VICENTE, 1982; COMBELLES et al., 1986; GIACOBBE, 1987; BUTLER et al., 1993; VICENTE et DE GAULEJAC, 1993; TLIG ZOUARI, 1993; CHARRIER, 1999; SILETIC et PEHARDA, 2003; RABAOUI et al., 2006). De part son euryhalinité, ce bivalve a pu même s’installer dans les milieux lagunaires, où des densités assez élevées ont été trouvées, comme c’est le cas dans le lac de Vouliagmeni en Grèce (KATSANEVAKIS, 2005) et dans la lagune de Bizerte en Tunisie (RABAOUI et al., 2005). En raison de sa raréfaction dans les eaux méditerranéennes, des essais de transplantation de P. nobilis ont été même réalisés en milieu contrôlé (DE GAULEJAC et VICENTE, 1990).

Sur les côtes algériennes, la situation est différente puisque nous ne disposions d’aucune information sur les aires de répartition et les biotopes de prédilection des Pinnidés en général et de P. nobilis en particulier. A notre connaissance, aucune donnée sur son écologie et sa biologie n’est disponible. La littérature traitant de ce sujet est disparate, seuls quelques signalements ponctuels sont donnés par certains auteurs dans le cadre de projets de création de réserves marines (ANONYME, 2004, 2005; GRIMES et al., 2005). Le long du littoral Est algérien, la présence des Pinna a déjà été signalée par DERBAL et KARA (2005) dans le golfe d’Annaba et par PERGENT et al., (1991) et SEMROUD et al., (2005) sur les côtes d’El-Kala. Toutefois, les études portant sur sa biologie et son écologie sont absentes.

Milieu d’étude

Situation géographique

La zone d’étude s’étend du cap de Garde (Ras El Hamra) au Nord à la jetée du Lion à quelques centaines de mètres du port d’Annaba au Sud, soit un transect linéaire côtier d’environ 10 km. La zone prospectée est située entre la longitude Est 7° 45’ et 7° 48’ et la latitude Nord 36° 53’et 36° 59’ (fig. 1).

Bathymétrie

La profondeur maximale entre le cap de Garde et la Jetée du Lion n’atteint pas les 40m. Le contour de la côte, jonché de posidonie, ne dépasse pas 30 m au niveau du Cap de Garde, et 16 m pour les autres sites. Au cap de Garde, le plateau continental est très restreint (4,5 miles) puis il s’élargit dans le golfe jusqu’à (14,5 milles) (VAISSIERE et FREDJ, 1963). Le dénivellement est rapide et les isobathes – 10, -20, – 30, – 40 et – 50 m sont très rapprochés. Au Cap de Garde, à partir de la côte, on peut atteindre la profondeur de 20 m sur une distance de 30 m, alors qu’au niveau des autres plages la pente est plus douce (fig.2).

Nature du fond

La zone étudiée est caractérisée par un fond rocheux au relief accidenté. Les travaux du Laboratoire Central d’Hydraulique de France (ANONYME, 1976), montrent que les caractères géologiques et sédimentologiques confèrent aux fonds sous marins un aspect particulier qui module la composition qualitative et quantitative de la faune et de la flore qui la colonisent. Entre le cap de Garde et la ville d’Annaba, la morphologie et la nature rocheuse de la côte, ainsi que l’étendue des vases terrigènes n’ont guère permis l’installation de sables ou de prairies de posidonie. Les peuplements marins sont donc liés plus spécifiquement au substrat dur rocheux, qui est le prolongement sous marin du cap de Garde et du plissement qui le constitue. Concernant la nature du sédiment, les sables et les sables fins non siliceux, sont formés en général par plus de 90% de calcaire, constitués de fragments de squelettes et de tests construits par les invertébrés marins (LECLAIRE, 1972). La nature du fond de la zone d’étude se présente sous différents aspects. (fig. 3)

– En face des côtes à falaises et à roches, le fond est rocheux et couvert de posidonie (Cap de Garde, CRF : Centre de Repos Familial de l’armée) (fig. 4).
– En face des plages de sable, le fond est sablonneux (Ain Achir, Rezgui Rachid, Rizi Amor) (fig. 5).
– En face des plages de sable, le fond est sableux recouvert d’un herbier de posidonie à partir de 3 m de profondeur (Belvédère, Refes Zahouane) (fig. 6).

Dans la zone Nord de la baie, les sables tapissent les fonds jusqu’à vers – 20 m. Ils sont caractérisés par la présence de minéraux métamorphiques et des teneurs en calcium généralement inférieures à 20 %. En respectant la granulométrie des sables, nous trouvons, en allant de la côte vers le large, un sable grossier jusqu’à 10 m, du sable moyen jusqu’à 15 m, et du sable fin à partir de 15 m. Par endroits le fond est caractérisé, par de la roche couverte d’algues et de posidonie, par du sable fin et par des prairies de posidonie entrecoupées par des clairières (LECLAIRE, 1972). La posidonie est généralement de type très clairsemé (BOUHAYENE, 2002) et s’étale de la côte à plus de 30 m de profondeur selon les lieux .

Hydrologie

L’hydrologie est l’un des facteurs qui conditionnent le développement des Pinnidés dans la zone d’étude. Elle peut avoir une influence sur la nutrition par la dispersion du plancton dans la colonne d’eau, et la fixation des jeunes nacres au substrat. Pour comprendre les différents phénomènes liés à l’hydrologie du golfe, nous avons exploité les données du L.C.H.F (1976).

Les houles

Le golfe d’Annaba reçoit directement les houles du large, du Nord Ouest à Est NordEst. Celles d’origines Ouest et Ouest Nord-Ouest y pénètrent après diffraction autour du cap de Fer, puis des caps Toukouch et de Garde. Elles se présentent à l’entrée du golfe venant de l’Ouest. L’amplitude des houles dépasse exceptionnellement 6 m pour une période de 10 à 12 secondes. Une telle houle est susceptible de provoquer théoriquement une oscillation des grains de 0,1 à 0,2 mm jusque dans les fonds de 50 à 60 m. En moyenne, l’amplitude est de l’ordre de 1m, et peut engendrer une oscillation des grains à des profondeurs de 10 à 15 m. Les houles de secteur nord-est, les plus fréquentes, ont lieu d’avril à octobre. D’après les observations des vents les plus violents à la station météorologique du cap de Garde.

Les courants

Selon les données de l’Administration des Ponts et Chaussées et du L.C.H.F (ANONYME, 1976), les courants qui longent le golfe d’Annaba, se présentent de la manière suivante :
– Un courant général dirigé vers l’Est, pouvant atteindre une vitesse de 1 à 2,5 nœuds et passant au large à quelques milles des côtes.
– Un courant dirigé vers l’Oued Mafrag, pouvant atteindre une vitesse de 0,5 à 1,5 nœuds en longeant la côte.
– Un courant de 0,5 à 1,5 nœuds qui circulerait plus près des côtes, entre le cap de Garde et l’Oued Mafrag, et qui pourrait s’inverser par tempête d’Est.

Les courants littoraux de faible amplitude joueraient un rôle majeur dans le transport du naissain à partir du cap vers d’autres secteurs du golfe. Les courants qui se déplacent du Nord au Sud en tournoyant dans le sens horaire sous l’effet de la force de Coriolis, faciliteraient la fixation de ces larves tout le long de la côte (fig. 7).

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : GENERALITES
1. Milieu d’étude
1. 1. Situation géographique
1. 2. Bathymétrie
1. 3. Nature du fond
1. 4. Hydrologie
1. 4. 1. Les houles
1. 4. 2. Les courants
1. 5. Paramètres physico-chimiques
1. 5. 1. Température et salinité
2. Taxonomie
2. 1. Position systématique
2. 2. Caractéristiques de la famille des Pinnidés
2. 3. Caractéristiques du genre P. nobilis
2. 4. L’espèce Pinna nobilis
2. 4. 1. Répartition géographique
2. 4. 2. Morphologie et anatomie
2. 4. 3. Habitat et écologie
2. 4. 4. Quelques fonctions physiologiques
2. 4. 4. 1. Nutrition
2. 4. 4. 2. Respiration
2. 4. 4. 3. Reproduction
2. 4. 5. Commensalisme
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
1. Technique d’inventaire
1. 1. Plongée en suivant la lisière de la posidonie
1. 2. Plongée sur transect
1. 3. Plongée sur carroyage
1. 4. Plongée sur cercles concentriques (technique de la chèvre)
2. Stratégie d’inventaire
3. Identification des pinnidés
4. Marquage et repérage
5. Biométrie
6. Epibiontes
7.Age et croissance
CHAPITRE III : RESULTATS
1. Les Pinnidés dans la baie d’Annaba
1. 1. Inventaire
1. 2. Structure démographique
1. 3. Proportions des spécimens juvéniles et adultes
1. 4. Répartition des pinnidés par secteur
1. 5. Répartition des pinnidés selon la nature du fond
1. 6. Répartition des Pinnidés selon la profondeur
1. 7. Epibiontes de P. nobilis
1. 7. 1. Epiflore
1. 7. 2. Epifaune
1. 7. 3. Répartition des épibiontes par secteur
2. Biométrie
3. Croissance
CHAPITRE IV : DISCUSSION
1. Ecologie de Pinna : Inventaire, habitat, répartition et structure démographique
2. Biologie et croissance
CONCLUSION

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