Depuis quelques décennies, les relations entre les êtres humains et l’environnement retiennent de plus en plus l’attention mondiale. En effet, chaque minute de chaque jour, le monde perd 23 ha de forêts (Alliance WWF/Banque Mondiale, 2000) En outre, le rythme d’épuisement des ressources forestières tropicales a augmenté considérablement au cours des dernières décennies. Les chiffres de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’Agriculture révèlent que le taux de déforestation des régions tropicales est passé de 11,3 millions d’hectares en 1980 à 15,4 millions d’hectares en 1990. Au rythme actuel, la planète perd donc annuellement 0,8% de ses forêts tropicales. Les problèmes identifiés concernent essentiellement la destruction de la biodiversité, le sort des populations autochtones, le rôle des forêts dans le ralentissement de l’échauffement de la planète et notamment les futures implications de l’exploitation non durable des ressources.
La FAO a ainsi estimé que la contribution annuelle des produits forestiers dans l’économie mondiale est de 400 000 millions de dollars et que la foresterie assume des besoins de subsistance et crée près de 60 millions d’emplois dont 80% dans les pays en développement. Les pertes issues de la dégradation forestière sont donc élevées. De récentes recherches en Amazonie ont également révélé que la valeur potentielle des PFNL non vendus provenant de forêts naturelles peut coûter plus de 2 380$/ha.
L’importance de ces enjeux a eu pour conséquence la mobilisation politique de divers acteurs à différents niveaux. Plusieurs groupes non gouvernementaux dans les pays industrialisés ont préconisé le boycottage de bois tropical. Des acteurs gouvernementaux au niveau international ont introduit le concept de « développement durable » et plus particulièrement l’ « aménagement forestier durable » dans les forums politiques du monde. Ces préoccupations ont abouti à la proposition présentée par certains groupes dans les années 90, relative à la « certification de l’aménagement forestier durable », soit un instrument faisant appel aux lois de marché et pouvant faire office d’incitation positive à la gestion durable des forêts. Cet instrument potentiel n’a pas manqué d’attirer un intérêt considérable. Et actuellement, la certification forestière est devenue une réalité.
Cadre institutionnel : le CFPF
Depuis ses 27 années d’existence, le Centre a acquis une notoriété nationale du point de vue exploitation forestière dont les recherches menées servent de référence dans de nombreux domaines d’étude. Les objectifs initiaux du CFPF ont été de :
-maintenir les superficies forestières actuelles par le suivi de l’encadrement des exploitations forestières, l’appui aux exploitants forestiers et l’appui au service forestier local
-régulariser l’exploitation des ressources forestières par la formation du personnel de la filière bois, la mise au point de techniques adaptées à la structure et à la composition de la forêt
-produire du bois d’œuvre tout en maintenant le maximum de biodiversité animale et végétale. En effet de 1979 à 1993, le Centre a effectué des exploitations forestières et à partir de 1993, il s’est plutôt orienté vers les communautés villageoises et a avancé vers la promotion de la recherche et l’écotourisme.
Le contexte de l’éco-certification forestière
Définitions de l’éco-certification
L’éco-certification est une procédure qui porte généralement sur un produit. Elle certifie qu’un produit est élaboré dans des conditions durables aussi bien des points de vue économique qu’écologique et selon des conditions de travail acceptables sur le plan éthique.
Mais la présente étude porte essentiellement sur l’éco-certification forestière ou certification forestière. Suivant les institutions, l’éco-certification forestière est définie comme un processus, un instrument ou une vérification indépendante : « La certification forestière est le processus par lequel un organisme tiers indépendant assure qu’un produit ou un processus répond bien à des normes spécifiées » (WWF, 2004) « La certification des forêts est un moyen de vérifier si un massif forestier particulier est bien géré et, par la labellisation du bois, de garantir au consommateur que par son achat des produits ligneux labellisés, il apporte son soutien à la gestion forestière durable » (OIBT, 2005) « L’écocertification est une procédure destinée à valoriser le bois, au moyen d’un audit et d’un suivi périodique qui attestent la qualité d’un aménagement forestier, pour en faire un produit de qualité, conforme aux normes internationales du FSC » (Forest Stewardship Council, Mexico) « La certification forestière est un des instruments de marché qui vise à promouvoir la gestion durable des forêts » (OY, 2002) .
La certification forestière peut donc être définie comme étant à la fois un outil et une stratégie pour la mise en œuvre d’une gestion durable des ressources forestières.
Elle a deux objectifs principaux :
➤ Améliorer la gestion de la forêt
➤ Faciliter l’accès du bois certifié au marché
Elle a deux composantes :
➤ La certification de l’aménagement forestier ou audit forestier qui comprend l’examen de l’aménagement forestier, sur le terrain, par rapport à des critères définis et l’examen de documents tels que le plan de gestion, l’inventaire, etc.
➤ La certification de produits qui s’applique à toute la filière bois dont le transport et la transformation de grumes, l’exportation et toute transformation ultérieure .
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Table des matières
I.INTRODUCTION
II.LE MILIEU D’ETUDE
II.1 Les différents facteurs du milieu d’étude
II.2 Cadre institutionnel : le CFPF
III.METHODOLOGIE
III.1 Rappel de la problématique et des objectifs de l’étude
III.2 Méthodologie proprement dite
III.2.1 Etudes cartographiques
III.2.2 Recherches bibliographiques
III.2.3 L’inventaire forestier
III.2.3.1 Stratification
III.2.3.2 Echantillonnage
III.2.3.3 Traitement et analyse des données
III.2.4 Les investigations socio-économiques
III.2.4.1 Méthode accélérée de recherche participative
III.2.4.2 Entretien avec des personnes ressources
III.2.5 Recherche sur Internet
III.2.6 Contraintes de travail
IV. RESULTATS ET ANALYSES
IV.1 GENERALITES
IV.1.1 Le contexte de l’éco-certification forestière
IV.1.1.1 Définitions de l’éco-certification
IV.1.1.2 Avantages et inconvénients de la certification forestière
IV.1.1.3 Le Forest Stewardship Council
IV.1.1.4 Procédures et coûts de la certification forestière
IV.1.2 La certification forestière à Madagascar
IV.1.2.1 L’expérience du CARE à Masoala
IV.1.2.2 L’administration forestière malgache et la certification forestière
IV.1.2.3 L’Alliance WWF/Banque Mondiale et la certification forestière
IV.2.La forêt de Kirindy et les besoins du marché vert
IV.2.1 Les normes de gestion durable exigées par le marché vert
IV.2.1.1 Principe 1 : Respect de la législation malgache
IV.2.1.2 Principe 2 : Sécurité foncière, droits d’usage et responsabilités
IV.2.1.3 Principe 3 : Droit des peuples autochtones
IV.2.1.4 Principe 4 : Relations communautaires et droit des travailleurs
IV.2.1.6 Principe 6 : Impact environnemental
IV.2.1.7 Principe 7 : Plan d’aménagement
IV.2.1.8 Principe 8 : Suivi et évaluation
IV.2.1.9 Conclusion partielle
IV.2.2 Participation durable au marché vert du point de vue potentialités
IV.2.2.1 Notion de durabilité
IV.2.2.2 Potentialités de la forêt de Kirindy
IV.2.2.3 Les essences exploitables de la forêt
IV.2.2.4 Rotation déduite de l’exportation dans la région
IV.2.3 La situation du marché des produits certifiés
IV.2.3.1 Majoration incertaine du prix des bois certifiés
IV.2.3.2 Le marché des produits certifiés
IV.2.4 Le marché d’exportation pour Madagascar
IV.3 Les impacts sociaux potentiels de l’éco-certification
IV.3.1 Sensibilisation de la population riveraine
IV.3.2 Légalisation de la jouissance des droits d’usage
IV.3.2.1 L’utilisation quantitative villageoise des ressources forestières
IV.3.2.2 Les ressources forestières de Kirindy utilisables par les communautés locales
IV.3.3 Construction d’infrastructures
IV.3.3.1Réseaux routiers
IV.3.3.2 Services médicaux et éducatifs
IV.3.4 Développement communautaire
IV.3.4.1 Emploi
IV.3.4.2 Diversification des activités génératrices de revenu
IV.4 L’éco-certification des PFNL de la forêt de Kirindy
IV.4.1 Le miel
IV.4.2 Les plantes médicinales
V. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
V.1Discussions
V.1.1 Sur la méthodologie
V.1.2 Sur les résultats
V.1.3 Discussions sur les points positifs et négatifs de l’éco-certification
V.2 Recommandations
V.2.1 Suivi de la législation actuelle
V.2.2 Etablissement d’une base de données et orientation vers les reboisements
V.2.3 Formation dans le domaine de la certification
V.2.4 Appui des bailleurs de fond
V.2.5 Certification de Kirindy en tant que Forêt de Haute Valeur pour la Conservation
VI.CONCLUSION