Dans le monde, Madagascar est réputé parmi les pays à mégabiodiversité. Cependant, le déboisement y fait disparaître 200 000 ha de forêt chaque année suite à la mise à feu et aux défrichements (GRANDIDIER in RAMAROSON, 2005). Cette déforestation est très remarquée sur la côte Est. Elle a atteint jusqu’à 111000 ha par an de 1950 à 1985 selon GREEN et SUSSMAN en 1990 (in RAMAROSON, 2005). Cette situation a sûrement mis en danger la biodiversité toute entière (disparition des espèces animales et végétales) suite à la destruction d’habitat.
La forêt classée d’Anjiro fait partie du domaine oriental et se trouve le long du corridor Ankeniheny-Zahamena. Elle renferme des espèces endémiques de faune ou de flore (RABENANDRASANA et al., 2000). Cependant, elle est touchée par cette diminution de superficie forestière qui se manifeste par la fragmentation en blocs de forêt et par la formation des savoka (RABENANDRASANA et al., 2000). Si cela continue, la forêt primaire toute entière disparaîtra d’ici quelques années.
L’une des principales causes de cette déforestation est le tavy. C’est une technique ancestrale qui est enracinée dans la tradition des Betsimisaraka. Des défrichements ont été effectués par la population des villages riverains pour la recherche de terrains nécessaires à la production et à la subsistance. Les formations herbacées constituent la phase ultime de la dégradation d’une forêt suite au tavy. Mais selon la durée des jachères, la parcelle défrichée peut être investie par des arbustes ou colonisée par d’autres espèces d’arbustes plus résistantes ou par la formation de la forêt secondaire (RAMAROSON, 2005).
Contexte et problématique
A Madagascar, les manifestations de dégradation des milieux naturels dues à l’action de l’homme sont nombreuses et elles tendent à s’amplifier en raison de la croissance démographique qui entraîne un besoin croissant en terres aménagées pour l’agriculture (RAONDRY et al., 1995). Le tavy ou culture sur brûlis constitue l’une des principales pressions entraînant la dégradation de la forêt orientale malgache. En effet, cette pratique de la culture itinérante sur brûlis fait disparaître environ 200 000 ha de forêts par an (RAONDRY et al., 1995). Faisant partie du corridor Ankeniheny-Zahamena, la forêt d’Anjiro constitue une réserve en biodiversité de l’Est de Madagascar. La documentation a permis de constater une forte pression sur la forêt et les ressources naturelles, de telle sorte que d’ici peu elle est amenée à disparaître (Cf. : carte n°1). Pourtant elle est riche en diversité spécifique, tant pour la flore que pour la faune en général (jusqu’à plusieurs centaines d’espèces d’arbres par hectare, WIKIPEDIA, 2008) et renferme des espèces endémiques de Madagascar (MITTERMEIER et al. cité par RAONDRY et al., 1995).
Des études cartographiques ont permis de constater l’existence des zones déforestées à cause de cette pratique de tavy en périphéries et même à l’intérieur de la forêt classée d’Anjiro . En effet, la zone d’Anjiro se trouve enclavée dans l’Est avec un relief très accidenté, sans grande vallée à cultiver, ce qui contraint la population riveraine de la forêt à appliquer le tavy pour obtenir des terres cultivables. Le climat, sous régime d’Alizé, présente un taux d’humidité élevé et une pluviosité abondante toute l’année. Il favorise des variétés de cultures faisant croire à l’inépuisabilité de la végétation. Les sols sous forêt sont jugés fertiles avec des conditions de drainage facile (sols en pente). De plus la technique de tavy est basée sur l’utilisation du feu et de la hache donc facile à appliquer (RASOLOFOHARINORO, 2008). Mais cette technique aggrave l’érodibilité et l’acidité du sol entraînant ainsi la diminution de sa fertilité, qui est amenée à s’étendre avec l’itinérance de cette technique.
Milieu biologique
La végétation
La végétation originelle de la région est une forêt dense humide sempervirente de basse altitude (inférieure à 800 m). Sa limite régresse régulièrement à la suite des abattages et surtout à cause du brûlis. Cette pratique, désignée sous le nom de tavy, entraîne l’installation d’une végétation modifiée : le savoka.
La forêt naturelle
La forêt tropicale humide, dite ombrophile ou pluvieuse, est un biome des zones intertropicales, caractérisé par une formation végétale arborée haute et dense sous climat chaud et très humide (WIKIPEDIA, 2008). La forêt ombrophile est la plus riche en diversité spécifique. Elle est caractérisée par des arbres de grande taille à croissance lente et qui se dotent souvent de forts contreforts. Les espèces, genres ou familles endémiques, y sont les plus élevés parmi les écosystèmes terrestres (WIKIPEDIA, 2008).
a- Forêt classée d’Anjiro
Appelée localement Analabe, la forêt classée d’Anjiro est une forêt dense humide sempervirente de l’Est dont la canopée est à 25-30 m en moyenne. Elle se trouve à 3 km au nord du village. La voûte forestière est presque toujours fermée, plus ou moins continue sauf en certains endroits où les zones défrichées donnent des formations de savoka après le « tavy ». Le sous-bois est assez dense, rendant difficile la circulation à l’intérieur de la forêt. Ainsi, la zone renferme encore des forêts plus ou moins intactes. La forêt d’Anjiro est classée suivant l’Arrêté n° 720/MFR/FOR du 9 mars 1964 (DEF, 1993). Elle est ainsi soustraite à l’exercice du droit d’usages autres que le ramassage des bois morts gisants, la récolte des fruits ou des plantes alimentaires et médicinales.
b- Forêts d’Andafaza et d’Ambohitrambo
Elles se trouvent respectivement à 2,5 km au nord-ouest et à 2,1 km à l’ouest du village. Ce sont des lambeaux de forêt dégradés qui se localisent sur des sommets des collines. Les parties versants et bas de versants sont couvertes de savoka et/ou de formation herbeuse. Elles font l’objet d’une gestion communautaire depuis 2007 par le VOI Tsirinala. Des activités de reforestation ont été effectuées par le VOI en collaboration avec le Ministère de la Santé en 2008 dans la forêt d’Andafaza. Les espèces utilisées sont celles issues de la forêt même. En effet, des plantules sauvages sont implantées sur le versant et cela dans le but d’augmenter la surface forestière. La réussite de ce reboisement sera un atout pour l’aménagement futur.
Le jardin de case
Les éléments constitutifs sont des arbres fruitiers, tels que les bananiers, les litchis, les jacquiers, les orangers, et des arbres pérennes comme les girofliers, les caféiers. Les produits issus des arbres fruitiers sont pour la plupart destinés à l’autoconsommation.
Le savoka
Le savoka occupe la quasi-totalité du terroir, environ 70 % (étude cartographique). Il est formé par des essences arbustives à croissance rapide (BOTOVAVY, 1996). On rencontre dans la zone des savoka à Rubus mollucana (ROSACEAE) et à Harunga madagascariensis (HYPERICACEAE). Après la mise en culture, la végétation se régénère et constituera la friche du futur champ de culture. Du point de vue pastoral, Rubus mollucana (ROSACEAE) est une espèce épineuse ; cette caractéristique ne permet pas au bétail de pâturer sur les friches. Les activités à mettre en place devraient être orientées en partie sur la mise à disposition du bétail de fourrage naturel. On peut aussi rencontrer dans cette formation d’autres espèces comme Aframomum angustifolium (ZINGIBERACEAE), Panicum sp. (POACEAE), Solanum nigrum (SOLANACEAE) .
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Table des matières
INTRODUCTION
Première Partie : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
I-1- Contexte et problématique
I-2- Objectifs de l’étude
I-3- Méthodologie
I-3-1- Recherche bibliographique et webiographique
I-3-2- Etude cartographique
I-3-3- Descente sur terrain
I-3-3-1- Reconnaissance
I-3-3-2- Collecte de données
a/ Observations directes
b/ Enquêtes et réunion
c/ Etude des composantes naturelles
I-3-4- Analyse et interprétation des données
I-4- Limites du travail
Deuxième partie : ATOUTS ET CONTRAINTES DE LA ZONE
II-1- Milieu naturel
II-1-1- Localisation
II-1-2- Cadre physique
II-1-2-1– Relief
II-1-2-2- Climat
II-1-2-3- Hydrographie
II-1-2-4- Ressource en sol
II-2- Milieu biologique
II-2-1- La végétation
II-2-1-1- La forêt naturelle
II-2-1-2- Le jardin de case
II-2-1-3- Le savoka
II-2-2- La faune sauvage
II-2-2-1- Les mammifères
II-2-2-1- Les lémuriens
II-2-2-3- Oiseaux
II-2-2-4- Les reptiles
II-3- Le milieu humain
II-3-1- Démographie
II-3-2- Vie sociale
II-3-2-1- Organisation sociale
II-3-2-2- Vie de relation
II-3-2-3- Education et santé
II-3-2-4- Us et coutumes
II-3-2-5- Foncier
II-3-3- Vie économique
II-3-3-1- Agriculture
II-3-3-2- Elevage
II-3-3-3- Pêche et artisanat
II-3-3-4- Exploitation forestière
II-3-3-5- Transport
II-3-3-6- Infrastructures et habitations
II-4- Bilan des atouts et blocages du terroir
Troisième partie : PROPOSITIONS D’AMENAGEMENT ET GESTION DU TERROIR
III-1- Définition du terroir
III-2- Délimitation du terroir
III-3- Occupation du sol dans le terroir et zonage
III-4- Propositions d’aménagement
III-4-1- Définitions
III-4-2- Objectifs
III-4-3- Propositions paysannes d’aménagement
III-4-3-1- Amélioration des productivités des terres et développement de la région
a- Zone de cultures et de restauration de sol
b- Zone de bas-fond : Amélioration de la technique de riziculture irriguée sur horaka
c- Zone de protection et de restauration
d- Zone d’habitation et d’infrastructures
III-4-3-2- Mesures d’accompagnement
a- Amélioration de l’éducation
b- Mise en place d’une petite pharmacie communautaire
c- Aménagement de compostière
d- Développement de l’apiculture par la formation des paysans
e- Campagne de sensibilisation sur les associations ou groupements paysans
Quatrième partie : RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES