CULTURE DE Jatropha curcas
Pour assurer la bonne croissance des plants, il vaut mieux les cultiver ou les transplanter au cours de la saison des pluies, en leur apportant des engrais riches en azote comme le tourteau de Jatropha même. Notons que les graines de Jatropha sauvage transportées par les eaux de pluie poussent bien quand elles atterrissent dans un sol convenable. Pour la semence, il est capital de collecter des graines de Jatropha bien matures, saines et de les sécher avant un stockage convenable, pour obtenir un taux de germination élevé. La durée de stockage de la semence ne doit pas dépasser un an. Pour la culture, les plants doivent être distants de 2 m et la densité est de l’ordre de 2.500 pieds par hectare. En effet, le champ de trous doit être préparé à l’avance en y apportant de l’engrais fertilisant comme le fumier, ou de l’engrais vert et de la terre jusqu’à quelques centimètres du bord. Comme dimensions des trous, un carré de 30 cm x 30 cm, pour une profondeur de 40 cm, convient. Le semis ou la transplantation, selon le choix, est effectué dès que la saison des pluies commence. Le Jatropha curcas se cultive sur tout type de sol, sauf sur le sol argileux ou hydraté. Il pousse même sur des terrains marginaux peu fertiles, notamment sur les sols ferralitiques des collines. Les plantes issues de boutures sont moins résistantes à la sécheresse par rapport à celles provenant de graines, à cause de leur racine pivotante profonde et des 4 racines latérales robustes. Les racines fortes et profondes des plantes cultivées à partir des graines jouent un rôle important dans la lutte contre l’érosion.
PAR BOUTURE Les tiges robustes semi-ligneuses sont découpées pour obtenir des plants de 20 cm de longueur environ et contenant 4 à 5 nœuds. Les feuilles des extrémités sont enlevées et l’extrémité inférieure de la tige est taillée en biseau pour laisser la sève s’écouler pendant un jour. La bouture se plante en enfonçant dans le sol la partie inférieure munie de 2 nœuds. La bouture croît plus vite, mais elle donne un rendement en graines inférieur à celui de plant préparé en pépinière, selon les données techniques.
PAR SEMIS DIRECT Il s’agit de la mise en terre de deux graines de Jatropha dans chaque trou de 30cm x 30cm x 40cm, de préférence au début de la saison des pluies. Après enlèvement des mauvaises herbes, le démariage des deux jeunes plants est effectué en laissant pousser le plan robuste. L’autre plant peut être transféré dans un nouveau trou ou servir d’engrais vert.
A PARTIR DE PLANTULES PREPAREES EN PEPINIERE Le semis de Jatropha se fait pendant la saison chaude, de préférence trois mois avant la saison des pluies. Une température d’environ 25°C est favorable à la germination des graines. Pour la pépinière, une plate-bande est préparée. Il est préférable de la réaliser sous l’ombre d’un arbre, pas trop loin d’une source d’eau pour l’arrosage, et dans la mesure du possible, pas trop éloignée du terrain à cultiver. Le semis dans des sachets plastiques souvent noirs se fait trois mois avant chaque saison des pluies, selon le conseil des techniciens spécialisés. Deux graines saines sont enfoncées à 3 cm environ de profondeur dans chaque sachet contenant un bon terreau légèrement humide. On l’arrose convenablement tous les deux jours. La germination s’effectue entre 10 jours et un mois. Des recherches d’amélioration de la technique consiste à pré-germer les graines avant la mise en pot. On opère au démariage quand les plants sont robustes. L’autre plant enlevé peut être transplanté sur le sol et entretenu par arrosages réguliers. Les plantules de 2 mois environ sont transférées vers le champ pour être repiquées individuellement dans les trous.
ENTRETIEN DES PLANTS DE Jatropha curcas Le sarclage est indispensable pour chaque plante de Jatropha curcas, et les plantes intercalaires comme les cultures vivrières (haricots, piments, maïs, patate douce, arachide, soja, lentille) s’avèrent avantageuse. En effet, la monoculture est à éviter pour sauvegarder la fertilité du sol, en plus du maintien de la production des vivres. Pour améliorer la productivité, il est intéressant de tailler l’arbuste à la fin de l’hiver et de lui apporter du compost comme le cas du caféier. Le taillage produit une ramification plus importante, et donc la productivité, et facilitera ensuite la cueillette en évitant à l’arbre de prendre trop de hauteur.
RECOLTE DES GRAINES ET RENDEMENT La récolte commence à partir du 4eme mois de la floraison. La maturité des fruits sur une même grappe n’étant pas atteinte en même temps, il faut repasser tous les trois jours pour les récolter tous. Les fruits arrivés à maturité sont de couleur jaune citron. La collecte se fait à la main. On peut aussi secouer l’arbre pour faire tomber les fruits sur le sol. La productivité moyenne est de 2 à 3kg de graines par plante. Le rendement en graines est de 5 à 7t/ha.
Les éléments fertilisants majeurs
Trois principaux éléments fertilisants sont distingués : l’azote, le phosphore et le potassium. L’azote est fondamental durant toute la vie d’une plante car il assure la formation des tiges et des feuilles. Plus précisément, il entre dans la synthèse des protéines, de la chlorophylle, de l’ADN et des vitamines. Le jaunissement précoce des feuilles indique une carence en azote. Le phosphore, ou le phosphate, assure les échanges d’énergie et favorise la croissance, le développement et la reproduction des végétaux. La carence en phosphate est marquée le plus souvent par la coloration pourpre des feuilles. Le potassium, ou la potasse, agit sur la qualité des fruits et des fleurs, notamment sur la taille et la couleur. Il est indispensable à la synthèse chlorophyllienne et sert à contrôler les échanges d’eau entre la plante et le milieu extérieur. Il aide la plante à ne pas se faner très tôt pendant la sécheresse. Dans le sol, l’azote est absorbé par les racines des plantes sous forme d’ions nitrate NO3– (autrefois appelé nitrite), ou à la limite sous forme ammoniacale NH4+. Le potassium sous forme d’ions K+ et le phosphore sous forme d’ions dihydrogénophosphates (H2PO4–) ou d’ions hydrogénophosphates (HPO42–) proviennent du lessivage de la roche mère contenant du phosphate de calcium Ca3(PO4)2.
ANALYSE DU PHOSPHORE (P) (détails en annexe)
PRINCIPE : Les phosphates donnent un complexe phosphomolybdique en présence de molybdate d’ammonium, en milieu acide. Après réduction par une solution de chlorure stanneux, ce complexe développe une coloration bleue se prêtant à un dosage colorimétrique. Avec un facteur multiplicatif de 3,5, l’appareil donne la teneur en P assimilable de l’échantillon de sol. Le pourcentage de P2O5 est égal au pourcentage de Phosphore multiplié par 2,29.
CONTRIBUTION A LA LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION
Vues les quantités élevées des éléments analysés notamment l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K) dans les fruits de tomate, éléments utiles voire indispensables à la nutrition, nous pouvons dire sans ambiguïté que le compost de tourteau de Jatropha curcas est en partie la cause de ces teneurs élevées. L’azote entre dans la composition des protéines notamment les acides aminés. Ces protéines végétales par rapport aux protéines d’origine animale sont facilement assimilables par notre organisme. L’apport en phosphore de son coté est très utile pour les os et les dents en plus de sa contribution à la régularisation du pH du sang. Pour l’élément potassium il participe à la contraction musculaire, au fonctionnement des reins, à la transmission des impulsions nerveuses, à la synthèse des protéines, au métabolisme des sucres et aux différentes réactions enzymatiques. Nous pouvons conclure que l’utilisation du compost de tourteau de Jatropha curcas dans la culture vivrière conduit non seulement à une amélioration du rendement mais aussi à la qualité des récoltes (riches en éléments essentiels et en vitamines). Rappelons que l’utilisation du compost fournit des éléments nutritifs aux plantes et améliore la structure du sol au cours de la saison et des années de culture suivantes. Ceci s’explique par le fait que la dégradation de l’humus se poursuit toujours dans le sol qui facilite le prochain (amélioration de la structure du sol). La pratique de la rotation des cultures, déjà acquise par la plupart des paysans, et qui constitue entre autres une technique d’amélioration de rendement, n’est pas à écarter mais vivement souhaitée. A Madagascar, les paysans sont sollicités à l’usage de l’engrais azoté « l’urée » qui acidifie et durcit le sol. Notons que la culture de brède avec du tourteau brut de Jatropha curcas a été également réalisé. Les résultats sont satisfaisants en termes de croissance, de développement, de la réduction du cycle cultural et de rendement. Cependant, après des arrosages fréquents, les allées entre les parcelles sont devenues glissantes à cause de l’huile résiduelle dans le tourteau. D’où la nécessité du compostage du tourteau avant son utilisation directe dans les cultures pour dégrader l’huile résiduelle, ainsi que les composés toxiques. Pourtant la présence d’huile de Jatropha curcas de 1% en poids dans le compost renforce la propriété pesticide de ce dernier. Soulignons que l’huile minérale en solution de 2% est utilisée comme pesticide [89]. L’utilisation de pesticide chimique est néfaste à la santé et à l’environnement.
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Table des matières
Première partie : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE ET GENERALITES
CHAPITRE 1 : Le Jatropha curcas
1.1.1. GENERALITES SUR LE Jatropha curcas
1.1.2. DESCRIPTION DE LA PLANTE
1.1.3. CULTURE DE Jatropha curcas
1.1.4. MODES D’EXTRACTION D’HUILE DE Jatropha curcas
1.1.5. L’HUILE DE Jatropha curcas
1.1.6. LES DIFFERENTES UTILISATIONS DE LA PLANTE
1.1.7. TOURTEAU DE Jatropha curcas
CHAPITRE 2 : GÉNÉRALITÉS SUR LES ENGRAIS ET LES AMENDEMENTS DU SOL
1.2.1. GÉNÉRALITÉS SUR LES ENGRAIS
1.2.2. LES ENGRAIS MINERAUX
1.2.3. LES ENGRAIS ORGANIQUES
1.2.4. LES PRINCIPAUX AMENDEMENTS
1.2.5. ENGRAIS ET ENVIRONNEMENT
CHAPITRE 3 : LE COMPOSTAGE
1.3.1. DESCRIPTION DU PROCESSUS DE COMPOSTAGE
1.3.2. TECHNIQUE DE COMPOSTAGE
1.3.3. LES DIFFERENTES METHODES DE COMPOSTAGE
1.3.4. LES NORMES DE QUALITÉ DES COMPOSTS
1.3.5. LES AVANTAGES DE L’UTILISATION DU COMPOST ET DU COMPOSTAGE
CHAPITRE 4: GÉNÉRALITÉS SUR LE SOL
1.4.1. LES PRINCIPAUX COMPOSANTS DU SOL
1.4.2. LES TEXTURE DU SOL OU COMPOSITION GRANULOMÉTRIQUE
1.4.3. STRUCTURE DU SOL
1.4.4. AUTRES CARACTÉRISTIQUES DU SOL
1.4.5. MENACES ET ENTRETIEN DU SOL
CHAPITRE 5: GÉNÉRALITÉS SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA PLANTE VERTE ET LE CYCLE DE L’AZOTE
1.5.1. GÉNÉRALITÉS SUR LA PLANTE VERTE
1.5.2. CYCLE DE L’AZOTE
Deuxième partie : MATERIELS ET METHODES
2.1 MATERIELS
2.1.1. MATERIEL VEGETAL « Jatropha curcas »
2.1.2. AUTRES MATIERES ORGANIQUES A COMPOSTER
2.1.3. PRESSE
2.1.4. CHAMP D’EXPÉRIMENTATION
2.2. METHODE TECHNIQUE ADOPTEE
2.2.1. DESCENTE DANS L’ALAOTRA POUR UN ETAT DES LIEUX DE PLANTS DE Jatropha curcas
2.2.2. CARACTERISATION DU TOURTEAU DE Jatropha curcas AU LABORATOIRE
2.2.3. TRAVAUX DE MISE AU POINT DU COMPOSTAGE A BASE DE TOURTEAU DE Jatropha curcas AVEC PLANTES VERTES
2.2.4. PROTOCOLE DE PARTENARIAT POUR LA VALORISATION DE GRAINES DE Jatropha curcas
2.2.5. LA COLLECTE DES GRAINES DE Jatropha curcas
2.2.6. TRAVAUX DE MISE AU POINT DU PRESSAGE DES GRAINES
2.2.7. OPTIMISATION DU COMPOSTAGE A BASE DE TOURTEAU DE Jatropha curcas SANS APPORT DE PLANTES VERTES
2.2.8. ANALYSE DU SOL A CULTIVER AVANT LABOUR
2.2.9. METHODE D’APPROCHE PSYCHOLOGIQUE ET TECHNOLOGIQUE
Troisième partie : RESULTATS
3.1. ETAT DE LIEUX DE Jatropha curcas A ALAOTRA EN 2007
3.1.1. EXISTENCE DE Jatropha curcas A ALAOTRA
3.1.2. PERIODE DE MATURATION DE FRUITS DE Jatropha curcas A ALAOTRA
3.1.3. RENDEMENT EN GRAINES PAR PIEDS DE Jatropha curcas
3.1.4. QUANTITE DE GRAINES COLLECTEES SUR SITE
3. 2. PRESSAGE DE GRAINES COLLECTEES ET DES ANALYSES DU TOURTEAU
3.2.1. PRESSAGE DES GRAINES
3.2.2. ANALYSES DU TOURTEAU DE Jatropha curcas
3.3. COMPOSTAGE A BASE DE TOURTEAU DE Jatropha curcas AVEC PLANTES VERTES
3.3.1. TEMPERATURE DANS LE TAS
3.3.2. RESULTATS LIES AU RENDEMENT DU COMPOSTAGE
3.4. ACQUISITION D’UN PARTENARIAT (2009-2011)
3.4.1. ENQUETES SUR LE Jatropha curcas ET LES ENGRAIS OU LES AMENDEMENTS UTILISES PAR LES MENAGES AVANT PROJET
3.5. PRATIQUES DE COMPOSTAGE SUR SITE
3.5.1. TYPES DE COMPOSTAGE REALISES PAR DES MEMBRES DE LA COOPERATIVE
3.5.2. MATIERES ORGANIQUES UTILISEES POUR LE COMPOSTAGE SUR SITE
3.6. PRESSAGE DES GRAINES DE Jatropha curcas AVEC LA PRESSE BIELENBERG
3.6.1. EFFET DE PRECHAUFFAGE DE GRAINES AVANT PRESSAGE
3.6.2. PRESSAGE DE GRAINES PAR LA PRESSE BIELENBERG
3.6.3. QUANTITE TOTALE DE TOURTEAU PRODUIT AU COURS DE CE PROJET DE PARTENARIAT
3.6.4. TENEUR MOYENNE EN HUILE RESIDUELLE DANS LE TOURTEAU PRODUIT
3.7. OPTIMISATION DE COMPOSTAGE A BASE DE TOURTEAU DE Jatropha curcas SANS PLANTES VERTES
3.8. ANALYSES DU COMPOST PRODUIT
3.8.1. DETERMINATION DE LA TENEUR EN HUILE RESIDUELLE DANS LE COMPOST
3.8.2. ANALYSES PHYSICO-CHIMIQUES DU COMPOST A BASE DE TOURTEAU DE Jatropha curcas
3.8.3. ANALYSES BACTERIOLOGIQUES DU COMPOST PRODUIT
3.8.4. ANALYSES PHYSICO-CHIMIQUES DU FUMIER
3.8.5. EQUIVALENCE EN POIDS DES POIGNEES DE COMPOST ET DE FUMIER
3.9. ANALYSE DU SOL AVANT LABOUR
3.10. TRANSFERT DE TECHNOLOGIE AUPRES DE LA COOPERATIVE PAYSANNE
3.11. EFFETS DE COMPOST DE TOURTEAU DE Jatropha curcas ET DU FUMIER SUR DIFFERENTES CULTURES
3.11.1 ESSAI DE CULTURE DE POMME DE TERRE
3.11.2. AUTRES CULTURES
3.12. ENQUÊTES SUR L’UTILISATION DE COMPOST ISSU DU TOURTEAU DE Jatropha curcas
3.13. EFFETS DU TYPE D’AMENDEMENT SUR LA CULTURE DE TOMATE EN POT A ANTANANARIVO EN 2O15
3.13.1. EFFETS DU COMPOST DE TOURTEAU DE Jatropha curcas ET DU FUMIER SUR LA GERMINATION DE TOMATE
3.13.2. EFFETS DU COMPOST DE TOURTEAU DE Jatropha curcas ET DU FUMIER SUR LA CROISSANCE DES PLANTS DE TOMATE
3.14. EFFETS DU TYPE D’AMENDEMENT SUR LA CULTURE DE ROSIERS A MAMPIKONY- MAHAJANGA
3.15. EFFETS DU TYPE D’AMENDEMENT SUR LA CULTURE DE RIZ PLUVIAL A AMBATOLAMPY
3.16. RECAPITULATION DES RENDEMENTS MOYENS OU DE PRODUCTION OBTENUS
Quatrième partie : DISCUSSIONS
4.1. IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIO-ECONOMIQUES
4.2. VALORISATION DU TOURTEAU EN COMBUSTIBLE
4.3. PROBLEMES RENCONTRES ET SOLUTIONS PROPOSEES
4.3.1. LES PROBLEMES RENCONTRES
4.3.2. LES SOLUTIONS PROPOSEES
4.4. CONTRIBUTION A LA LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION
4.5. BESOINS EN GRAINES DE Jatropha curcas POUR LA PRODUCTION D’UNE TONNE DE COMPOST
4.6. DISCUSSIONS SUR L’APPROCHE PARTICIPATIVE
4.7. EXEMPLE D’APPROCHE POUR LA PROMOTION DE LA CULTURE DE Jatropha curcas
4.8. PROPOSITION D’UNE METHODE DE « STOCKAGE – COMPOSTAGE » DU TOURTEAU DE Jatropha curcas
4.9. PERSPECTIVES RELATIVES A LA REUNION DE DEVELOPPEMENT REGIONAL D’ALAOTRA MANGORO SUITE A NOTRE EXPOSE EN 2007
CONCLUSIONS GENERALES ET PERSPECTIVES
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