Contribution à la Recherche de la Durabilité des Exploitations Agricoles

« S’il peut exister une science de développement agricole, son objet réel ne peut être constitué que par les modes de production eux-mêmes et leurs transformations ». Afin d’aboutir à l’efficacité de toutes interventions de développement agricole consistant en l’amélioration de ces processus de production, le passage à l’analyse de la complexité des systèmes de production et de la rationalité socio-économique des paysans sont obligatoires (Marcel MAZOYER, 1986). Or, depuis la conférence de Rio de 1992 sur le développement durable, le concept de développement agricole est devenu plus exigeant car toutes interventions qui visent à améliorer ce mode d’exploitation doivent aussi considérer la possibilité de régénération des ressources naturelles et de continuité de l’exploitation de ces ressources. Ceci a donné naissance au concept de l’agriculture durable (Etienne LANDAIS, 1997). Aussi, le PADR qui est le référentiel du développement rural malagasy, oriente-t-il la promotion de la production agricole suivant l’application des techniques de fertilité et conservation des sols et des autres ressources naturelles renouvelables (PADR). L’enjeu consiste donc à tester et adapter les techniques agricoles suivant des exigences sociales, humaines, économique et écologique des systèmes de production en place.

Dorénavant, « si l’on veut aider les paysans à rendre leurs moyens de subsistance durable, la compréhension du fonctionnement des exploitations agricoles et de la manière dont les familles – exploitations décident de l’utilisation des ressources sont d’importance primordiale « (C. REIJNTJES, 1995). Dans le cas de la commune rurale d’Ampitatafika qui est notre zone d’étude, le développement agricole est mené par une dynamique des pratiques paysannes résultant de la variation au fil du temps des différentes conditions d’existence des exploitations, à la lumière des conditions biophysiques dont la fertilité du sol, de la maîtrise de l’eau, ainsi que des conditions humaines. Néanmoins, malgré cette capacité d’adaptation et ce changement spontané que l’on peut rencontrer auprès des exploitations agricoles, on ne peut pas dire que, d’une façon générale, ces pratiques offrent les meilleures performances possibles tant sur le plan économique qau’écologique auprès de ces exploitations. Il ne réseulte que de l’optimisation de la production faite compte tenu de leurs contraintes et opportunités respectives.

LE PROGRAMME 4D

Le programme de recherche 4D est une entité créée en 2003 qui a pour objectif de comprendre les interactions entre d’une part les stratégies économiques des individus et des communautés et d’autre part les modes d’exploitation des ressources naturelles. L’originalité de son approche réside sur l’intégration des stratégies démographiques, économiques et de gestion des ressources. Le programme œuvre dans la commune rurale d’Ampitatafilka. Plus précisément, le programme se veut de déceler, au niveau de la zone d’étude, les relations existantes entre fécondité et niveau de vie, entre ce dernier et utilisation des ressources naturelles, entre stratégie démographiques et gestion des ressources naturelles. Pour la mise en œuvre de ces objectifs, le programme se dote d’une équipe pluridisciplinaire oeuvrant dans le domaine de la recherche. Notre étude s’insère dans le cadre de cette perspective, dans le but à long terme de déterminer les relations entre le niveau de vie des paysans leur utilisation des ressources naturelles. L’enquête référence 4D est la première étape d’un dispositif de recherche intégré effectuée par le programme à travers 1621 ménages des neufs fokontany de la commune. L’enquête référence a été conçue à la fois comme génératrice de résultats mais aussi comme base de sondage et d’hypothèses pour des études plus détaillées.

CONCEPTS ET PRINCIPES METHODOLOGIQUES

L’agriculture durable comme concept

L’expression « développement durable » est actuellement en vogue. Mais que signifie exactement le terme « durabilité »? Selon le dictionnaire, il signifie « la continuité d’un effort, la capacité de pouvoir durer et ne pas chuter ». Dans notre étude nous attribuons à ce terme la capacité de rester productif tout en maintenant la base des ressources. Toutefois, beaucoup se réfèrent à une définition, plus large selon laquelle l’agriculture est durable si elle est:

• Écologiquement saine : qu’elle préserve la qualité des ressources naturelles et qu’elle améliore la dynamique de l’ensemble agro système.
• Économiquement viable : qui permet aux agriculteurs de produire suffisamment afin d’assurer leur revenu et de fournir un profit suffisant pour garantir le travail et les frais engagés.
• Socialement équitable : que la répartition des ressources et du pouvoir satisfont les besoins de chaque membre de la société, et sont assurés les droits concernant l’usage des terres et l’accès à un capital approprié ainsi que l’accès au marché.
• Humaine : que toute forme de vie est assurée et que la dignité fondamentale de tout homme est respectée.
• Adaptable : que les communautés rurales s’adaptent aux différents changements tels accroissements de la population, politique, demande du marché.

Ces critères peuvent être contradictoires et abordés selon des points de vue différents et des intérêts divergents: l’exploitant peut chercher à maximiser son revenu à travers des prix élevés de ses produits, alors que le gouvernement préfère assurer un approvisionnement en nourriture à des prix abordables pour la population. Ainsi, un équilibre entre ces intérêts contradictoires doit être un souci dans les prises de décision. En matière de développement agricole, l’accroissement de la production est souvent la priorité alors que la productivité de tout écosystème a des limites. Ce qui nous emmène à dire que lorsque les limites de l’offre sont atteintes, la demande doit être modifiée.

Grille d’évaluation de la durabilité des exploitations agricoles

L’une des variables prédominantes au sein des systèmes d’exploitation est la prise de décision dans les ménages paysans quant aux objectifs et aux méthodes utilisées. Ils sont en fonction des ressources disponibles. Cette prise de décision s’exprime et sur le choix de spéculation et sur la quantité de production que l’exploitant effectue. Ainsi, les choix stratégiques menés par les paysans résultent de l’état de leurs ressources.
• L’environnement biophysique et socio-économique favorisent-il l’exploitation ou nuisent à cette dernière?
• Les caractéristiques spécifiques des individus membres de chaque ménage sont-elles des atouts ou des blocages pour les exploitations ? D’après le travail de synthèse des documentations et d’observations d’une équipe de recherche de l’ILEIA, « les ménages paysans semblent avoir en commun plusieurs objectifs, que l’on peut classer ainsi : productivité, sécurité, continuité, et identité « . Ces objectifs peuvent constituer pour les agents de développement un cadre d’évaluation de l’état et des possibilités de développement des systèmes agricoles en terme de durabilité.

La productivité

La productivité au sein de l’exploitation agricole exprime la valeur positive que l’exploitant cherche à prioriser dans son exploitation. Pour ce faire, les paysans peuvent prioriser plusieurs critères, mais nous voulons voir les critères relatifs à la rationalité socio-économique des paysans. Marc DUFUMIER affirme que la connaissance de ces rationalités socio-économiques constitue une étape incontournable pour tout développement agricole. Ces critères sont : la rémunération du travail familial, la recherche de l’auto subsistance, la productivité de la surface cultivée, et le taux de profit. En d’autres termes, on cherche à évaluer la quantité produite par unité de surface, de main d’œuvre, de capital, de temps. Une attention particulière est portée sur la productivité des intrants fertilisants qui constituent des ressources rares dans la majorité des exploitations agricoles de la zone d’étude.

La sécurité

La recherche de la sécurité revient à minimiser les risques de perte de production ou de revenus résultant des modifications de processus écologiques, économiques ou sociaux. Puisque le problème lié aux aléas climatiques comme l’inondation, la sècheresse, la grêle constitue le principal problème des exploitations agricoles de la zone d’étude, on a axé notre étude sur la mesure de la pression de ce problème sur les exploitations. Ayant vu que le problème climatique va de paire avec la possession de terre irriguée au sein de l’exploitation, alors l’importance de ces types de terroirs, définis précédemment parmi les variables d’analyse, permet bien d’appréhender la pression de ce problème dans l’exploitation. Cette recherche de la sécurité a une incidence sur les choix stratégiques et technique de l’exploitation comme la pratique de la diversification culturale. Une attention particulière est donnée à l’évaluation de la sécurité alimentaire et le degré de la dépendance des exploitations pour ce qui est de leur approvisionnement en intrants ou la commercialisation de ses produits. Ces deux critères constituent, les principaux objectifs des paysans en terme de recherche de sécurité (Conway, 1987).

La continuité

Cet objectif de continuité consiste pour l’exploitant agricole à la recherche de la stabilité, et de transmission de la même condition d’exploitation à ses enfants. On parle donc ici de la transmissibilité de l’exploitation agricole. Nombreux sont les critères permettant d’évaluer la continuité des exploitations agricoles. Ces critères peuvent être classés en trois volets principaux :
• La préservation des ressources naturelles ;
• La compétence de l’agriculteur en matière de gestion de l’exploitation qui s’exprime par sa capacité de reproduire ses capitaux productifs ;
• La capacité d’adaptation de l’exploitant aux divers changements des conditions d’existence de son exploitation. Mais, comme cette étude n’est q’une contribution à l’amélioration de la durabilité des exploitations agricoles, elle se limite aux volets socio-économiques de la réalité paysanne. En effet, le volet écologique mérite d’être traité à part, vu l’étendue de ce sujet. Ainsi, notre recherche s’est limitée sur la détermination de la possibilité de reproduction du capital productif de l’exploitation, ainsi que la capacité d’adaptation des paysans aux divers changements sur l’environnement des exploitations agricoles.

L’identité
« L’identité se définit comme étant le degré d’harmonie liant le système de production et les techniques culturales individuelles avec la culture locale et la conception qu’ont les personnes de leur place » Elle recouvre divers aspects, tels que les préférences de chacun, le statut social, les traditions culturelles, les normes sociales et la satisfaction spirituelle.

Comme cette étude consiste à analyser les pratiques techniques et socio-économiques dans l’utilisation des ressources naturelles principalement le sol, nous voulons estimer le degré de préférence des paysans sur leurs terroirs. Cela peut être dégagé du calcul du facteur de Ruthenberg au niveau des différents terroirs. Les paysans auront tendances à fréquenter les parcelles qu’ils préfèrent le plus, donc les parcelles où le facteur de Ruthenberg est le plus grand. A part cela, nous voulons situer l’impact des normes sociales relatives aux pratiques techniques et socio-économiques des paysans.

Encadré  : Grille d’évaluation de la durabilité des exploitations agricoles 

Le niveau de réalisation des objectifs définis précédemment constitue une grille d’évaluation des exploitations agricoles en terme de durabilité. En fait, l’évaluation du niveau de réalisation des objectifs de productivité et de sécurité permet de déterminer la viabilité socio-économique. Tandis que l’objectif de continuité correspondent à la reproductibilité du capital productif et l’adaptabilité des pratiques paysannes. Et l’objectif d’identité permet d’évaluer l’équitabilité sociale et humaine des pratiques paysannes.

Principes méthodologiques

Comme énoncé auparavant, notre analyse s’oriente sur l’étude des pratiques techniques et socioéconomiques des paysans. Cette démarche présente un avantage, si bien qu’elle constitue un moyen privilégié pour analyser le fonctionnement des systèmes de production comme l’a clairement noté Pierre MILLEVILLE lorsqu’il a écrit : « la caractérisation des pratiques, l’évaluation de leurs effets et les raisons de leur mise en œuvre, constituent pour l’agronome une grille de lecture des systèmes de production ». Ainsi, cette étude va passer par trois points :
• « les modalités des pratiques »,
• « leur opportunité », et
• « leur efficacité »

Les modalités des pratiques
Nombreux sont les pratiques paysannes que l’on peut rencontrer dans la zone d’étude. Pour éviter de se perdre dans des particularités de ces pratiques, il est nécessaire de dresser une typologie des exploitations agricoles. L’objectif est donc de repérer et de décrire, à travers la totalité des exploitations agricoles du milieu, les pratiques qui expliquent la diversité de ces dernières. Ce qui revient à dire que nous devons partir de la base de données déjà établie par le programme 4D. Les critères d’élaboration de notre typologie relève de l’appréhension de la réalité agraire du milieu. Après avoir conçu la typologie à partir de la totalité des exploitations agricoles, un échantillonnage de 36 exploitations a été procédé pour effectuer une étude de cas qui compte pour l’analyse fonctionnelle.

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Table des matières

INTRODUCTION
2-3-3- L’étude de l’efficacité des pratiques
Cette troisième partie vise surtout à mesurer la performance des pratiques. C’est au cours de cette phase que la détermination de la durabilité des exploitations est mise en œuvre. Pour cela,
l’évaluation du degré de réalisation des objectifs des paysans, relatifs à la recherche de cette durabilité, permet d’apprécier l’efficacité de ces exploitations
2-1-2- Interprétation : La valeur des différents terroirs
1 –OPPORTUNITE DES PRATIQUES
LISTES des ANNEXES
Annexe 1 Le milieu biophysique
Le tableau suivant montre les caractéristiques des différents cyclones tropicaux ayant
intéressé la région d’Ampitatafika durant les dix dernières années
Un barrage de dérivation a été érigé à « Masoandro » depuis 1957 pour résoudre le problème de maîtrise d’eau. Pourtant, cette mesure n’a apporté qu’un conflit d’intérêt entre les « fokontany » qui
se situent en amont et ceux qui se trouvent en aval du barrage
3-3-Situation hydrique des « fokontany »
1 ACTIVITES AGRICOLES
2- LES AUTRES ACTIVITES
2-1- L’activité commerciale
2-2- Le salariat agricole
Annexe 6 : Avantages comparatifs des zones et leurs principaux problèmes
Avantage
« Ampitatafika »
Annexe 8 : GRILLE D’ENQUETE SUR LES EXPLOITATIONS AGRICOLES
RESUME
REMERCIEMENTS
GLOSSAIRE
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ENCADRES
SOMMAIRE
2-3-3- L’étude de l’efficacité des pratiques
Cette troisième partie vise surtout à mesurer la performance des pratiques. C’est au cours de cette phase que la détermination de la durabilité des exploitations est mise en œuvre. Pour cela,
l’évaluation du degré de réalisation des objectifs des paysans, relatifs à la recherche de cette durabilité, permet d’apprécier l’efficacité de ces exploitations
2-1-2- Interprétation : La valeur des différents terroirs
1 –OPPORTUNITE DES PRATIQUES
LISTES des ANNEXES
Annexe 1 Le milieu biophysique
Le tableau suivant montre les caractéristiques des différents cyclones tropicaux ayant
intéressé la région d’Ampitatafika durant les dix dernières années
Un barrage de dérivation a été érigé à « Masoandro » depuis 1957 pour résoudre le problème de maîtrise d’eau. Pourtant, cette mesure n’a apporté qu’un conflit d’intérêt entre les « fokontany » qui
se situent en amont et ceux qui se trouvent en aval du barrage
3-3-Situation hydrique des « fokontany »
1 ACTIVITES AGRICOLES
2- LES AUTRES ACTIVITES
2-1- L’activité commerciale
2-2- Le salariat agricole
CONCLUSION
Annexe 6 : Avantages comparatifs des zones et leurs principaux problèmes
Avantage
« Ampitatafika »
Annexe 8 : GRILLE D’ENQUETE SUR LES EXPLOITATIONS AGRICOLES
ANNEXE

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