Contribution à la prévention et au traitement des toxi-infections alimentaires collectives dans la restauration universitaire

Depuis sa création en 1967 pour 6000 places, l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) s’est massifiée de façon exponentielle pour atteindre 30000 étudiants en 2001 et 72962 en 2012. La conséquence directe de ce phénomène est le dépassement de la capacité d’accueil très perceptible dans le domaine de la restauration collective qui est sous la responsabilité du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD). De réels risques de Toxi infections alimentaires collectives (TIAC) existent sous l’effet de la rapidité des actions non maîtrisées d’approvisionnement en denrées, de stockage, de préparation des repas, de conservation et du nettoyage-désinfection des surfaces utilisées pour le service de repas aux étudiants dont les flux entrants sont devenus insupportables avec un personnel insuffisamment sensibilisé et formé.

Au-delà de la menace que constitue le personnel non qualifié, les risques de TIAC sont beaucoup plus accentués avec l’utilisation de grandes quantités d’aliments à un rythme où les règles d’hygiène ne sont pas assez respectées dans des cuisines obsolètes, utilisant du matériel vétuste et insuffisant.

DEFINITION

La restauration collective est l’ensemble des activités de conception, d’organisation, d’approvisionnement, de stockage, de préparation et de distribution de repas à des personnes en un lieu autre que le cadre familial communément appelé restaurant. Elle revêt deux formes :
❖ soit elle est à but social,
❖ soit elle est à but lucratif,

Dans la restauration collective à but lucratif, les mets sont vendus à un prix non subventionné. C’est le cas des restaurants des hôtels, salons de thé, des restaurants privés, fast-food, chawarma etc.… Par contre, dans la restauration collective à but social, les mets sont gratuits ou subventionnés. C’est le cas des restaurants des hôpitaux, des cantines scolaires, militaires et des restaurants universitaires. La restauration collective effectuée au COUD est subventionnée, elle a un caractère social. Les tickets de petit déjeuner et des repas coûtent respectivement 75 francs et 150 francs CFA.

RESTAURANTS UNIVERSITAIRES DE DAKAR

Depuis la réforme de 1994, la gestion et l’exploitation des restaurants est confiée à des opérateurs privés à la suite d’une procédure d’appel d’offre de marché public. Le Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) administre huit restaurants qui sont :
– le restaurant de l’ENEA (Ecole Nationale d’Economie Appliquée),
– le restaurant de la FASTEF (Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation),
– le restaurant Central (sous le pavillon A du COUD),
– le restaurant Self (sous le pavillon F du COUD),
– le restaurant Argentin (en face du service médical des étudiants),
– le restaurant de l’ESP (Ecole Supérieure Polytechnique),
– le restaurant de l’ENSETP (Ecole Nationale des Sciences de l’Enseignement Technique et Professionnel),
– et celui d’ASD (Aline Sitoe Diatta de la cité Claude).

Les opérateurs privés qui gèrent ces restaurants ne sont pas pour la plupart des cas habilités à travailleur dans la restauration collective. Certains sont à l’origine des causes potentielles de toxi-infections alimentaires collectives.

Restaurant de l’ENEA
Situé sur la route de Ouakam, ce restaurant est conçu avec des capacités techniques insuffisantes (dispositif de livraison, de conservation et de cuisson non adapté) par rapport à sa capacité d’accueil (200 couverts au maximum par repas).

Restaurant de la FASTEF
Ce restaurant se situe en face de l’Ecole de Police. Il a des capacités techniques très insuffisantes (dispositif de conservation, de cuisson, de service et d’entretien non adapté) par rapport à sa capacité d’accueil (1800 couverts au maximum par repas). Cette configuration a ses conséquences sur le niveau hygiénique.

Restaurant CENTRAL
Le Central est situé sous le pavillon A de la cité universitaire principale. Ses capacités techniques sont insuffisantes (personnel, dispositif de cuisson non adapté) par rapport à sa capacité d’accueil (7200 couverts au minimum par repas). Ce contexte déteint sur le niveau hygiénique de l’exploitation de ce restaurant qui est le plus fréquenté par les étudiants.

Restaurant SELF
Le Self est situé sous le pavillon F. Il a un défaut de conception. Les toilettes et les vestiaires sont mixtes et s’ouvrent dans la cuisine. En plus, l’eau des toilettes des étudiants suinte dans la salle à manger. Les capacités techniques sont non conformes aux normes règlementaires par rapport à une capacité d’accueil (3.500 couverts au maximum par repas). Cette situation pose des réels problèmes sur le niveau hygiénique de l’exploitation de ce restaurant qui susceptibles d’être à l’origine de toxi-infections alimentaires collectives.

Restaurant ARGENTIN
Ce bloc est situé en face du service médical des étudiants. Ses capacités techniques sont inadaptées par rapport à sa capacité d’accueil (6.500 couverts au minimum par repas). Cette présentation déteint sur le niveau hygiénique de l’exploitation de ce restaurant qui est le moins prisé par les étudiants.

Restaurant de l’ENSUT
Le restaurant de l’Ecole Supérieure Polytechnique (ESP) est situé dans l’enceinte de l’Ecole. Ses capacités techniques sont insuffisantes par rapport à sa capacité d’accueil (2500 couverts au minimum par repas). Il est très prisé par les étudiants. Sa surfréquentation déteint sur son niveau hygiénique.

Restaurant de l’ENSETP
Le restaurant de l’ENSETP est situé dans l’enceinte de l’ENSETP. Ses capacités techniques sont actuellement insuffisantes par rapport à sa capacité d’accueil (2.200 couverts au maximum par repas) et cela a des conséquences néfastes sur son niveau hygiénique.

Restaurant de la cité Aline Sitoé Diatta
Ce restaurant est situé dans l’enceinte de la Cité, en face de celle des Enseignants de l’UCAD. Ses capacités techniques sont insuffisantes par rapport à sa capacité d’accueil (5.200 couverts au maximum par repas). Ce bloc présente une situation hygiénique qui déteint sur l’exploitation.

Pour tous ces restaurants, on note une constance : insufisance des capacités. Cette situation est aussi la conséquence de la massification continue de l’UCAD au delà des erreurs de conception des blocs.

INFRASTRUCTURES 

Description

Cette description va porter sur les locaux, le matériel et les équipements. Les manquements susceptibles d’être à l’origine de toxi-infections alimentaires collectives seront mis en relief.

Locaux

La conception des bâtiments est de façon générale mal faite. Certains principes de construction portant sur l’hygiène alimentaire ne sont pas conformes:
– la séparation des secteurs sains et des secteurs souillés (principe des 5S) ;
– le non entrecroisement des courants de circulation;
– la marche en avant;

Dans certains blocs, la plonge est intégrée à la cuisine (FASTEF) et dans d’autres, les portes des sanitaires dans lesquels il n’y a généralement pas de savon, s’ouvrent directement dans la cuisine ou dans un couloir y menant. Mises à part les portes principales d’accès et des bureaux, certaines salles comme le traitement, la cuisine et les plonges n’ont pas de portes. Les raccordements entre les surfaces sont non arrondis et les sols ne sont pas en pente. Aucun dispositif de lutte contre les nuisibles n’est mis en place et le vent fait entrer la poussière par les fenêtres dont les vitres sont cassées il y a belle lurette. De réels risques de contaminations microbiennes existent dans ces restaurants.

Matériel

La dotation en petit matériel est très insuffisante par rapport au flux entrant. Le programme des pré-requis (vérification de la dotation par le COUD et le complément effectué par le titulaire) n’est pas respecté et en plus lors des mouvements d’humeur, les étudiants ramènent par devers eux tout matériel exportable du restaurant. Le matériel des cuisines est vétuste et obsolète. Le remplacement du matériau oxydable par l’inoxydable n’est toujours pas effectif et l’ensemble de ces paramètres sont en faveur de l’apparition de toxi-infections alimentaires collectives.

Equipements

Les équipements de ces restaurants sont vétustes et obsolètes. Les hottes ne fonctionnent presque pas ou tombent fréquemment en panne. La majeure partie des chambres froides ne fonctionne pas ou alors en déficience. Les contenaires servant à congeler les produits sont de seconde main et tombent souvent en panne. Les surfaces utilisées pour la coupe sont usées et ne sont pas lisses. Le remplacement des équipements oxydables par l’inoxydable n’est toujours pas effectif.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA RESTAURATION COLLECTIVE UNIVERSITAIRE DU COUD
I/ DEFINITION
II/ DESCRIPTION DES RESTAURANTS DE DAKAR
1/ Restaurant de l’ENEA
2/ Restaurant de la FASTEF
3/ Restaurant CENTRAL
4/ Restaurant SELF
5/ Restaurant ARGENTIN
7/ Restaurant de l’ENSETP
8/ Restaurant de la cité Aline Sitoé Diatta
III/ INFRASTRUCTURES
1/ Description
1.1/ Locaux
1.2/ Matériel
1.3/ Equipement
2/ Problèmes des infrastructures
IV/ FONCTIONNEMENT
1/ Près requis pour un fonctionnement optimal
2/ Fonctionnement
2.1/ Le personnel
2.2/ Réception des matières premières
2.3/ Stockage des produits
2.4/ Préparation
2.5/ Service du repas
2.6/ Hygiène des locaux
2.7/ Procédures de nettoyage et de désinfection
2.8/ Evacuation des déchets
3/ Problèmes liés au fonctionnement
V/ SURVEILLANCE DES CONDITIONS D’HYGIENE
1/ Inspection technique
2/ But de l’inspection
3/ Mise en œuvre de l’inspection
VI/ PROBLEMATIQUE DES RESTAURANTS DE DAKAR
DEUXIEME PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LES TIAC
I/ DENREE ALIMENTAIRE ET TOXI INFECTION
ALIMENTAIRE
II/ INTOXICATIONS ALMENTAIRES
CHAPITRE II : CAUSES ET PREVENTIONS DES TIAC
I/ LES CAUSES DES TIAC
1/ Causes physiques
2/ Causes chimiques
3/ Causes microbiologiques
3.1/ Sources de contamination des aliments et des repas
3.2/ Action des microbes sur les aliments et les repas
II/ LES TOXI-INFECTIONS ALIMENTAIRES COLLECTIVES
1/ Structure et Rôle de la muqueuse intestinale
1.1/ Structure de la muqueuse intestinale
1.2/ Rôle de la muqueuse intestinale
2/ Pathologies alimentaires d’origine microbienne directe de forme invasive à tropisme intestinal
2.1/ Etude de quelques TIA de forme invasive à tropisme intestinal
2.1.1/ Shigellose
2.1.2/ Salmonellose
2.1.3/ Yersiniose
2.1.4/ Campylobactériose
2.1.5/ Escherichiose de forme invasive liée à EIEC
2.2/ Pathologie alimentaire d’origine microbienne directe de forme invasive spécifique au Genre Listéria
3/ Pathologie alimentaire d’origine microbienne indirecte par pouvoir toxinique
3.1/ Pathologie alimentaire d’origine microbienne indirecte de forme toxinique
3.1.1/ Vibrion cholérique
3.1.2/ Bacilles cereus
3.1.3/ Clostridium perfringens
3.1.4/ Staphylococcus aureus
3.1.5/ Listéria mocytogène (moentérotoxique)
3.2/ Pathologie alimentaire d’origine microbienne indirecte de forme toxinique par sécrétion de toxines neurotropes : le Botulisme
4/ Pathologie alimentaire d’origine microbienne indirecte par les produits de la dégradation des aliments
III/ PREVENTION ET MAITRISE DES TIAC
1/ Prévention des TIAC par respect de l’hygiène élémentaires dans les foyers et les points de vente d’aliments et de repas
1.1/ Hygiène personnelle
1.2/ Hygiène du stockage des denrées et de la manipulation
1.3/ Hygiène dans la préparation des mets
1.4/ Hygiène de l’environnement
1.4.1/ Nettoyage et désinfection
1.4.2/ Traitement de la vaisselle
2/ Prévention des TIA par respect des sept principes de l’hygiène des aliments dans les entreprises du secteur agro-alimentaire
2.1/ Séparation des secteurs sains et des secteurs souillés : 5S
2.2/ Marche en avant
2.3/ Non entrecroisement des courants de circulation
2.4/ Mécanisation maximale des opérations
2.5/ Utilisation précoce et généralisée du froid et de la chaleur
2.6/ Ordre, nettoyage et désinfection
2.7/ Formation
3/ Maîtrise de la Qualité et prévention des accidents alimentaires par l’implantation d’un système d’assurance qualité : le HACCP
3.1/ Présentation générale du HACCP
3.2/ Nécessité d’e l’application du HACCP
3.2.1/ Inefficacité du contrôle classique
3.2.2/ Moyen de prévention
3.3/ Démarche HACCP
3.3.1/ Les principes de démarche HACCP
3.3.2/ Interprétation des sept principes de la démarche HACCP
3.4/ Analyse des risques et identification des points critiques
3.4.1/ Analyse des risques
3.4.1.1/ Diagramme de fabrication d’un plat cuisiné
3.4.1.2/ Identification des risques
3.4.1.3/ Classification et estimation des risques
3.4.1.3.1/ Risques critiques
3.4.1.3.2/ Risques graves
3.4.1.3.3/ Risques majeurs
3.4.1.3.4/ Risques mineurs
3.4.1.4/ Evaluation des risques
3.4.2/ Identification des points critiques de maîtrise (PCM)
3.4.3/ Etablissement de valeurs critiques
3.4.4/ Mesures de surveillance
3.4.5/ Surveillance
3.4.5.1/Définition
3.4.5.2/ Méthodes d’évaluation
CHAPITRE III : DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT DES TIAC
I/ DIAGNOSTIC D’UNE TIAC
1/ Découverte des Intoxiqués
2/ Diagnostic de l’intoxication aiguë
2.1/ Anamnèse
2.2/ Diagnostic clinique
2.3/ Diagnostic biologique et toxicologique
2.3.1/ Déterminer l’origine alimentaire d’une pathologie
2.3.2/ Apprécier la date et l’heure du repas suspect
2.3.2.1/ Distribution des cas dans le temps
2.3.2.1.1/ Durée d’incubation
2.3.2.1.2/ Durée d’exposition
2.3.2.2/ Distribution des cas dans l’espace
2.3.3/ Identification de l’aliment responsable
2.3.4/ Orienter l’étiologie : corrélation entre Signes cliniques-
aliments suspects et germes incriminés
2.3.5/ Identifier l’agent pathogène par l’analyse microbiologique
II/ TRAITEMENT D’UNE TIA
1/ Traitements symptomatiques
1.1/ Premier secours
1.2/ Etats de détresse
1.3/ Spécificité de l’élimination du toxique dans l’organisme
1.3.1/ Emploi de méthodes anti-déshydratation :(eau, sucre et sel)
1.3.2/ Emploi de méthodes anti-infection : les antibiotiques
2/ Traitement de quelques TIA de forme invasive
2.1/ Traitement d’une Salmonellose
2.2/ Traitement d’une Shigellose
2.3/ Traitement d’une Yersiniose
2.4/ Traitement d’une Campylobactériose
2.5/ Traitement d’une Escherichiose (EIEC)
2.6/ Cas du traitement des quelques Parasitoses
2.6.1/ Amibiase intestinale aigue
2.6.2/ Amibiase (ou Giardiase)
3/ Traitement d’une TIA de forme toxinique
3.1/ Traitement d’une TIA de forme toxinique par la réhydratation
3.2/ Traitement de quelques formes toxiniques par les antibiotiques
3.2.1/ Traitement d’une TIAC liée au Vibrion cholérique
3.2.2/ Traitement d’une TIA liée au Clostridium perfringens
3.2.3/ Traitement d’une TIA liée au Clostridium botulinum
3.2.4/ Traitement d’une TIA liée au EPEC (Escherichi coli entéropathogène)
3.2.5/ Traitement d’une TIA liée au Staphylococcus aureus
3/ Corrélation : signes cliniques observés, aliments suspects par
l’enquête, germes généralement incriminés et mode de traitement
III/ LES OBJECTIFS DU RAPPORT
1/ Problématique des TIAC
2/ Cadre d’étude
3/ Objectifs globaux
4/ Objectifs spécifiques
TROISIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CONCLUSION

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