Contribution à la connaissance des stocks de carbone et de l’adaptation des populations aux changements climatiques des parcs agroforestiers

L’agriculture a toujours occupé une place importante dans l’économie sénégalaise. D’ailleurs elle représentait 5,2% du PIB en 2007 contre 6,6% en 2006 et 8,1% en 2005. En outre, 59,3% de la population sénégalaise vit en milieu rural (ANSD, 2007). Durant la période coloniale déjà, les plans de développement économique et social étaient pour l’essentiel basés sur une augmentation des exportations, principalement d’arachide. Aussi le bassin arachidier (ancien bassin arachidier) était-il considéré comme un pôle géographique central dans l’élaboration des politiques agricoles au regard de l’importance de la production arachidière qu’il assurait (Sakho, 2004). En 1960, l’Etat devenu indépendant adopta le Programme Agricole (PA) en considération des avantages financiers que procurait l’agriculture d’exportation. Ce programme était mis en œuvre par le biais de Coopératives agricoles à travers des subventions aux engrais et autres intrants. Au-delà des coopératives, la forte implication de l’Etat à travers le PA s’est traduite par la mise sur pied de structures paraétatiques comme l’Office National pour la Coopération et l’Aide au Développement (ONCAD) et la Société de Développement et de Vulgarisation Agricole (SODEVA). Ces dernières étaient respectivement chargées d’assurer la vulgarisation agricole et la formation des paysans, puis de l’approvisionnement en intrants, de la commercialisation et de la collecte d’arachide. En outre, cette politique arachidière s’est accompagnée de la promotion de l’extension des terres cultivées à travers le projet de conquête des « Terres Neuves ». Ainsi, l’ancien bassin arachidier va s’étendre au détriment du couvert arboré, pour atteindre maintenant les régions de Tambacounda, Kolda et Ziguinchor (Nouveau Bassin Arachidier). Toutes ces mesures ont conduit les paysans à se focaliser sur deux types de cultures (arachide et mil), et sur la réduction des techniques de fertilisation traditionnelle comme l’agroforesterie.

La mauvaise gestion de ces structures paraétatiques a lourdement influé sur les charges des pouvoirs publics, alors contraints d’avaliser les ajustements structurels recommandés par la Banque Mondiale (BM) et le Fond Monétaire International (FMI). Cela a co nduit à l a libéralisation du secteur agricole via la Nouvelle Politique Agricole (NPA) en 1984. Cette dernière s’est traduite par le désengagement brutal de l’Etat à travers la suppression de ses subventions.

La NPA couplée à la péjoration climatique des années 1970 et à la forte croissance démographique ont conduit à une dégradation accrue des ressources naturelles. On a ainsi assisté à un déclin de la production arachidière, à l’accentuation de l’érosion des sols et à un effondrement de leur fertilité. Le couvert arboré a été dégradé et les zones de pâturage envahis par des agriculteurs causant alors des conflits divers. En dépit de cet appauvrissement de la végétation arborée, quelques reliques ont  subsistées sous forme de parcs à Acacia dominés par Acacia tortilis dans le nord du bassin et Faidherbia albida dans le centre et le sud (Pélissier, 1966) .

Cadre conceptuel 

❖ Agroforesterie
Terme collectif pour les systèmes d’utilisation des terres où des plantes ligneuses pérennes (arbres, arbustes…) croissent en association avec des plantes herbacées (cultures, pâturage) ou le bétail, en arrangement spatial, en rotation, ou les deux. Ces interactions sont généralement de type écologique et économique entre les arbres et d’autres composantes du système (Lundgren, 1982 cité par Young, 1997). Il s’agit en effet d’un terme générique qui regroupe un ensemble de systèmes d’utilisation des terres qui se distinguent par les types de composantes en jeu sur un même espace (ligneux, non ligneux et animaux) et leur mode d’agencement (spatial et temporel). L’adoption d’un système est souvent dictée par les caractéristiques des espèces en présence, mais aussi par l’environnement socioéconomique et culturel. Dans ces systèmes, les liens établis sont à bénéfices réciproques et caractérisent des pratiques intégrant l’environnement physico-chimique, les espèces végétales et leur arrangement, le mode de gestion et le fonctionnement socio-économique (Na Abou, 2004).
❖ Changement climatique
Pour la CCNUCC dans son article 1, les changements climatiques sont « des changements du climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables ». Cependant, pour le GIEC, il s’agit d’« une variation statistiquement significative de l’état moyen du climat ou de sa variabilité, persistant pendant une période prolongée (généralement des décennies ou plus). La différence entre ces deux définitions tient du fait que la CCNUCC attribue une origine anthropique au changement climatique et une origine naturelle à la variabilité climatique.
❖ Séquestration du carbone
C’est le retrait naturel ou anthropique de l’atmosphère d’une quantité de CO2 à travers le processus de la photosynthèse. Ainsi on entendra par potentiel de séquestration de carbone, la quantité de CO2 atmosphérique susceptible d’être emprisonnée par la biomasse ligneuse.
❖ Vulnérabilité aux changements climatiques
Il s’agit de la susceptibilité que présente un système naturel ou hum ain à être marqué négativement par un stress climatique. C’est le résultat de l’interaction entre des caractéristiques intrinsèques du système (sensibilité et capacité d’adaptation) et son exposition à un changement climatique, et qui indique le degré à partir duquel il peut être atteint négativement. Selon le système considéré (naturel ou hum ain), on parle de vulnérabilité biophysique ou sociale.
❖ Adaptation aux changements climatiques
L’adaptation selon le GIEC correspond à « l’ajustement des systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques présents ou futurs ou à leurs effets, afin d’atténuer les effets néfastes ou d’exploiter des opportunités bénéfiques ». Les stimuli peuvent s’exprimer ou simplement demeurer potentiels. En fonction de ses caractéristiques intrinsèques, et de l’exposition à un stress climatique, un système se modifie et s’ajuste perpétuellement pour maintenir sa stabilité. Dans le cas particulier des systèmes humains, cet ajustement s’effectue à travers la mobilisation des ressources (naturelles, techniques, financières, humaines et sociales) dont disposent des individus, en vue de réduire leur susceptibilité et leur exposition à des effets et/ou impacts révélés ou potentiels. L’adaptation pourrait ainsi être perçue comme un ajustement durable et permanent des moyens d’existence et/ou des pratiques et comportements des populations en réponse à un risque climatique, ses effets ou à son impact. Il s’agirait donc d’une prise en charge des effets/impacts résultant d’une modification dans les paramètres climatiques ; et qui se traduirait par leur anticipation ou leur atténuation systématique. Pour Mbow (2009) le terme adaptation est l’«ensemble des stratégies d’ajustement d’un système pour atténuer les impacts des changements climatiques, de tirer partie de la nouvelle situation ou de se résigner aux conséquences ». Il ressort dès lors que l’adaptation aux changements climatiques se résume pour un système, selon ses ressources, à faire front aux effets et/ou impacts des stress climatiques, les exploiter ou simplement subir leurs impacts.

Estimation de la quantité de carbone 

La biomasse a été retenue comme paramètre d’entrée pour évaluer le potentiel de carbone. En effet, selon Brown et al. (1997) elle fournit une bonne estimation du potentiel de carbone de la végétation car 50% de la biomasse est carbonée.

L’estimation de la biomasse aérienne et racinaire, ainsi que l’estimation de la quantité de carbone, ont été réalisées à partir d’Excel. Pour ce faire, la méthode d’évaluation indirecte a été utilisée. Il s’agit d’une méthode non de structive basée sur l’utilisation d’équations mathématiques ou de tables exprimant la biomasse d’une composante d’un individu en fonction de caractéristiques facilement mesurables (Rondeux, 1999). Cette méthode est rapide et permet de couvrir une grande zone. Selon Hairiah et al. (2001), un grand nombre de ligneux peut ainsi être échantillonné Dans un souci de comparaison, nous avons utilisé aussi un facteur de conversion par défaut (rapport de la biomasse souterraine/biomasse aérienne) pour la deuxième valeur de biomasse racinaire.

Enfin, les biomasses aérienne et racinaire des ligneux de chaque parcelle a été convertie en quantité de carbone par le facteur 0,5 recommandé par le GIEC (1996). Ainsi, nous avons déterminé la quantité totale de carbone en sommant le carbone de la biomasse aérienne et le carbone de la biomasse racinaire1 (obtenue en appliquant une équation allométrique à la biomasse aérienne) dans un premier temps, puis celui de la biomasse racinaire2 (obtenue en appliquant un facteur de conversion à la biomasse aérienne) dans un second temps. Toutefois, il faut noter que du fait de la saisonnalité des récoltes, l’évaluation de leur biomasse n’a pas été envisagée.

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Table des matières

Introduction générale
I-Matériel et méthodes
II-Présentation de la zone d’étude
II.1-Cadre Biophysique
II.1.1-Climat
II.1.1.1-Pluviométrie
II.1.1.2-Température
II.1.1.3-Vents
II.1.2-Géologie et géomorphologie
II.1.3-Hydrologie et hydrogéologie
II.1.4-Pédologie
II.1.5-Végétation, flore et faune
II.2-Cadre humain
II.2.1-Caractéristiques de la population régionale
II.2.2-Caractéristiques de la Communauté Rurale de Touba Toul
II.2.3-Contexte socio-économique
II.2.3.1-Activités agricoles
II.2.3.2-Activités pastorales
II.2.3.3-Gestion des ressources agroforestières
III-Structure du parc et potentiel de séquestration du carbone
III.1-Caractérisation structurale du parc à Kad
III.1.1-Analyse des classes de diamètre
III.1.2-Etude de la distribution spatiale
III.2-Estimation de la quantité de carbone
IV-Impacts de la variabilité et des changements climatiques et options d’adaptation
IV.1-Perception de la variabilité et du changement climatiques
IV.2-Perception des impacts et effets du climat
IV.3-Options d’adaptation
IV.4-Discussion
Discussion et Conclusion générales
Perspectives
Références bibliographiques
Annexes

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