Contribution a la connaissance de l’implantation de la mission LUTHERIENNE

Contexte général

Notre travail qui s’intitule « Contribution à la connaissance de l’implantation de la mission luthérienne dans le sud et le sud-ouest de Madagascar de 1874 à 1924 » s’insère dans le cadre de l’historiographie religieuse. Le premier contact de Madagascar avec les occidentaux date du XVIème siècle avec l’arrivée du Portugais Diégo-Diaz et son escadre en 1500. La première tentative d’évangélisation des Portugais chez les Antanosy de Fort-Dauphin et celle animée par le Révérend Père Luis Mariano dans l’ouest de l’île : région de Maintirano, 1617-1620 sont vouées à l’échec car les « indigènes », étaient trop enclin au paganisme.

Au cours de la deuxième moitié du XVIIème siècle, la tentative d’implantation coloniale française dans l’Anosy, sud de Madagascar, sous la conduite d’Etienne de Flacourt s’accompagne d’un dessein d’évangéliser les autochtones à partir de Fort-Dauphin. Pour répondre à la requête adressée à cet effet, la Compagnie des Indes Orientales, commanditaire de la petite colonie de Fort-Dauphin, envoie des missionnaires lazaristes. Animés par leur zèle et leur foi, les prédicateurs professent le christianisme auprès des Tanosy. De l’autre côté, les colons sèment la panique dans la région : ils massacrent des hommes, pillent et incendient des villages. Ces actes de violence perpétrés par les étrangers sont lourdement ressentis par les autochtones qui n’hésitent pas à prendre les armes pour massacrer les envahisseurs.

Cadre spatial et chronologique 

Le sud et le sud-ouest malgache, qui font l’objet de la présente étude, ont été départagés entre les trois sociétés missionnaires luthériennes :
– La N.M.S. qui a ouvert le champ, dispose de toute la partie sud-ouest de Madagascar, compris entre le fleuve Manambolo au nord et la fraction nord des fleuves Fihereña et Onilahy au sud. Vers l’intérieur, l’Isalo, les régions de Vakinankaratra et de Betsileo constituent les limites de notre champ d’investigation. Et le Canal de Mozambique en est la limite ouest.
– la partie sud de Madagascar, située entre Manantenina au nord et le fleuve Menarandra au sud fut réservé à l’U.N.C.L.A. Elle englobe l’Anosy et l’Androy ;
– l’espace situé entre les deux fut la zone d’influence de la L.B.M. Cette zone correspond au pays Mahafale et à la vallée de l’Onilahy. La région de Betroka constitue la limite nord de la zone d’influence de la L.B.M. .

La date de 1874 qui est l’amont du cadre chronologique, marque les débuts des implantations de la mission luthérienne dans le sud-ouest de Madagascar, à savoir le Menabe et le Fihereña. Par contre, en aval la date de 1924 coïncide avec l’instauration de la conférence inter-luthérienne de Madagascar qui avait pour objectif d’harmoniser les stratégies des différentes missions luthériennes de la grande île. Cette nouvelle structure va tenter de contrebalancer les actions des catholiques, soutenues par l’administration coloniale française dès son implantation suivant le souhait et les recommandations de Jules Ferry comme quoi: « L’anticléricalisme n’est pas un objet d’exportation ». Parallèlement, cette fin du premier quart du XXème siècle voit aussi la participation effective des paroissiens dans la gestion des missions par le biais de la mise en place du « comité mixte ».

Les sources écrites

Les documents écrits sont constitués par des ouvrages, des revues, des récits de voyage et divers rapports. Notre premier réflexe a été de fouiller les quelques bibliothèques et centres de documentation de la ville de Toliara. Nous avons démarré par les livres et les journaux patrimoines du département d’Histoire. Ensuite, nos investigations nous ont amené tout d’abord à consulter :
– la bibliothèque « Tsiebo Calvin » de l’Université de Toliara ;
– la bibliothèque de l’Aumônerie Catholique Universitaire (Amalangy) ;
– la bibliothèque du Collège Sacré-Cœur à Tsianaloka ;
– la bibliothèque de l’Alliance Française de Toliara.

Ensuite, nous avons continué notre travail de documentation à Bezaha (vallée de la Taheza) où nous avons bénéficié d’un accueil chaleureux attesté par notre frère de sang Tsindesy, Maire de la commune de Bezaha de 1998 à 2003. Sa popularité a, sans doute, favorisé notre intégration auprès des responsables de l’établissement Dyrnés.

Le centre, réglementé par un représentant de la maison mère de l’église luthérienne d’Amérique (L.B.M.), est destiné spécialement à la formation des néophytes. La sortie de chaque promotion est précédée de soutenances de mémoire qui marquent d’ailleurs la fin de la formation. Le centre possède une salle informatique et une bibliothèque où sont classés des livres et des archives très diversifiées. Ces ouvrages, à vocation théologique, qui intéressent beaucoup le personnel d’église, n’ont pas moins d’intérêts pour les historiens. Le centre dispose également des archives récentes par rapport à la période étudiée. Le responsable nous a informé du fait que les vieux documents ont été expédiés à Isoraka.

A Antananarivo, nous avons visité le centre de documentation luthérien d’Isoraka. La bibliothèque d’Isoraka est une étape obligée pour une sérieuse recherche bibliographique, étant donnée qu’il concentre les archives en provenance de toutes les églises luthériennes de Madagascar. Dès notre première rencontre, l’archiviste, qui est d’ailleurs un ancien étudiant du département d’Histoire de l’Université de Toliara, nous a offert un accueil chaleureux.

Par la même occasion, nous avons fréquenté :
– la bibliothèque nationale à Ampefiloha ;
– le Centre Culturel Albert Camus à Analakely ;
– l’Institut Catholique de Madagascar à Ambatoroka ;
– les bibliothèques universitaires d’Ankatso ; en particulier celles des départements d’Histoire et de Géographie.

Les centres de documentation et les bibliothèques où nous avons travaillé à Antananarivo disposent des archives très intéressantes qui nous ont aidé à étoffer au mieux nos données. Cependant, nos séjours dans la capitale sont toujours brefs, à tel point que nous n’avons pas le temps de fouiller d’une manière systématique les lieux déjà visités. Ainsi, pour le bon déroulement de la recherche, un séjour prolongé dans la capitale s’impose au cours des prochaines années. La grande partie des documents relatifs à l’église luthérienne de Madagascar se trouve concentrée dans le centre archivistique de Stavanger (Norvège). Dans ce centre où de nombreuses archives sont stockées, l’Afrique, ou plus précisément Madagascar, n’a pas été oubliée. Les données relatives au présent travail sont abondantes à tel point que notre séjour de trois (03) mois (de décembre 1996 à février 1997) demeure insuffisant pour une telle investigation. Les correspondances, les ouvrages, les documents iconographiques hérités des défunts missionnaires ayant servis dans les quatre coins du monde y forment un patrimoine inestimable.

La plupart des livres et des archives disponibles au centre sont écrits en langue norvégienne. Randrianarison Philippe, un Sakalava qui réside à Stavanger depuis plusieurs années, a été engagé comme traducteur des textes norvégiens en malagasy durant le premier jumelage Høgskolen School Center et le département d’Histoire de Toliar0a. Malgré son effort dans ce domaine, des documents restent encore inutilisables pour les chercheurs étrangers qui désirent s’en servir. Nous avons également effectué des travaux de recherche chez les particuliers. Ce sont pour la plupart des responsables d’église retraités ou encore en exercices. Parmi ces derniers quelques-uns conservent encore des documents précieux se rapportant à notre sujet. On peut citer entre autres l’ouvrage collectif intitulé «Jobily», les rapports mensuels, etc… et même les correspondances. Les livres et les dossiers sont, pour la plupart, non entretenus et mal conservés : certaines pages des livres ont totalement disparues tandis que d’autres sont presque illisibles. Malgré leurs états, ils nous sont extrêmement utiles.

Les sources orales

⮕ Sources orales au service des historiens 

A part quelques groupes privilégiés du sud-est qui monopolisaient depuis longtemps le Sorabe, l’écriture n’est introduite officiellement à Madagascar qu’au début du XIXème siècle. Cette nouvelle civilisation connaît une lente expansion en Imerina avant de se répandre dans d’autres régions. Dans cette œuvre de modernisation, les missionnaires chrétiens issus de différentes sociétés ont joué un rôle très important. Malgré les efforts dans ce domaine, le taux d’analphabète reste particulièrement élevé dans le monde rural. Aujourd’hui encore, l’oralité reste un instrument d’Information, d’Education et de Communication de première importance. Les kabary lors des cérémonies, les contes le soir autour du feu … ont certainement des intérêts non négligeables, puisqu’ils véhiculent les passées héritées des ancêtres. Ainsi, à défaut de l’écriture, l’oralité est d’usage courant dans tous les domaines de la vie quotidienne. Ce qui donne à la communauté une capacité exceptionnelle d’écouter et de mémoriser l’essentiel des messages véhiculés, comme l’exprime ainsi un sage Tsimihety : « Farôrabankohoño ny teny, tômpiny edy mahatety azy » [La parole ressemble à une toile d’araignée dont elle seule puisse la parcourir]. Pour donner la preuve à l’assistance qu’il a assimilé convenablement le message, l’interlocuteur reprend les points éminents du discours avant d’émettre sa réponse. En fait, les gens de l’oralité ont une méthode appropriée pour mémoriser. A travers le message transmis de bouche à oreille d’une génération à une autre, le passé reste vivace à travers les différents récits. Les sources orales sont donc incontournables pour ceux qui veulent reconstituer le passé d’un groupe ou d’un pays. Cependant, il est à souligner que les versions des informateurs relatives à un événement peuvent être différentes, voire contradictoires. Dans ce cas, le chercheur doit avoir un esprit d’analyse et de synthèse pour qu’il puisse en faire la critique. Le plus souvent, elles confirment et complètent les renseignements obtenus à travers la lecture. Le présent travail nous offre, une fois de plus, l’occasion de démontrer les valeurs indéniables des documents oraux pour une étude historique.

⮕ Identification des personnes ressources clés 

Bien avant de descendre sur le terrain, nous avons procédé à l’identification des personnes ressources clés aptes à donner les renseignements intéressant le sujet traité. Avec l’aide des collègues et des étudiants originaires de la zone d’étude, nous avons réussi à les répertorier et à les localiser. La liste regroupe : personnel d’église, devin-guérisseurs ou encore notables, « olobe antanà ». Nous avons, dans un premier temps, envoyé une lettre accompagnée d’un questionnaire à quelques personnes considérées capables d’y répondre. La plupart des personnes contactées, constatèrent la grande lacune de cette démarche, elles pensent qu’il serait bénéfique de les interviewer sur place. Nous avons fait le même constat après la lecture d’une première lettre. Certaines questions clés ont été à peine abordées et les informations fournies méritaient d’être approfondies. Nous avons procédé ainsi avec le pasteur retraité Tahilo Gilbert, auteur de différents articles publiés dans « Ny Mpamangy » et du célèbre documentaire intitulé « Mandresy Andriamanitra ». Malheureusement, au moment où l’occasion nous a été offerte de se rendre à Amboasary-sud, il a rendu son âme quelques mois avant notre arrivée. Alors que dans l’une de ses lettres pleines d’encouragement, il avait promis de nous livrer non seulement des informations mais surtout de nombreux documents en sa possession. Le célèbre Monja Jaona que nous avons rencontré à son domicile à Andakoro (Toliara), suite à son accident qui avait eu lieu à Antananarivo, fut tellement épuisé à tel point qu’il était obligé de reporter sans cesse nos entrevues.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. Première partie : Introduction et contexte général de l’étude
I.1. Contexte général
I.2. Cadre spatial et chronologique
I.3. Choix du sujet
I.4. La problématique
II. Deuxième partie : Approche et méthode
II.1. Les sources écrites
II.2. Les sources orales
II.3. Les sources matérielles et iconographies
III. Troisieme partie : projet de plan détaille de la thèse
Introduction générale
III.1. Première partie : Cadre biogéographique et socio-culturel
Introduction de la première partie
III.1.1. Chapitre 1 : Cadre biogéographique des zones d’implantation des missions
III.1.1.1. Climats
III.1.1.2. Sols et végétations
III.1.2. Chapitre 2. Le peuplement et les activités socio-économiques et culturelles
III.1.2.1. Implantation humaine
III.1.2.2. Les principales activités
III.1.2.2.1. La cueillette
III.1.2.2.2. La pêche et le transport maritime
III.1.2.2.3. L’élevage
III1.2.2.4. L’agriculture
III.1.3. Chapitre 3. L’organisation du pouvoir clanique et « étatique »
Conclusion de la première partie
III.2. Deuxième partie : Les missions luthériennes et le sud sud-ouest de Madagascar
Introduction de la deuxième partie
III.2.1. Chapitre I : L’implantation de la mission norvégienne dans le sud-ouest de Madagascar
III.2.1.1. Arrivée et implantation de la NMS à Madagascar
III.2.1.2. La NMS et le sud-ouest malgache (Menabe et Fihereña)
III.2.2. Chapitre II : Les missionnaires luthériens d’Amérique dans l’Anosy et le Moyen-Onilahy
III.2.2.1. L’United Norwegian Lutheran Church of America (U.N.L.C.A.) dans l’Anosy
III.2.2.2. Le Lutheran Free Church (L.F.C.) dans le moyen Onilahy
III.2.3. Chapitre III : Les difficultés rencontrées
III.2.3.1. Les milieux naturels hostiles
III.2.3.2. Les conditions sanitaires précaires
III.2.3.3. L’insécurité
III.2.3.4. Incidence stratégique
Conclusion de la deuxième partie
III.3.Troisième partie : Evangélisation et Socialisation
Introduction de la troisième partie
III.3.1. Chapitre I : Les stratégies des missionnaires pionniers
III.3.1.1. Etude de la langue malgache
III.3.1.2. L’enseignement au service de l’évangélisation
III.3.1. 3. Les œuvres de charité
III.3.2. chapitre II : Mission et rapports de pouvoirs politiques
III.3.2.1. Mission et royauté locale
III.3.2.2. Les missionnaires et l’administration royale merina
III.3.2.3. Les missionnaires et l’administration coloniale française
III.3.3. Chapitre III. Bilan des œuvres
III.3.3.1. Les moyens financiers
III.3.3.2. Bilan du système éducatif
III.3.3.3. Bilan socio-politique et idéologique
Conclusion de la troisième partie
Conclusion générale
IV. Quatrième partie : Bibliographie connotée
Introduction
IV.1. Ouvrages généraux
IV.1.1. Les ouvrages et les articles relatifs à l’histoire et à l’histoire des institutions
IV.1.2. Les ouvrages et les articles relatifs à la culture et à la civilisation malgache
IV.1.3. Les ouvrages et les articles relatifs à la Géographie
IV.2. Ouvrages et articles relatifs au sud et sud-ouest de Madagascar
IV.2.1. Les ouvrages et les articles relatifs à la géographie
IV.2.2. Les ouvrages et les articles relatifs à l’Histoire, l’Anthropologie et l’Ethnographie
IV.3. Ouvrages et articles relatifs au christianisme
IV.3.1. Histoire de l’église
IV.3.2. Les missions et l’administration coloniale française
IV.3.3. La mission et les œuvres sociales
IV.4. Ouvrages et articles relatifs au protestantisme luthérien à Madagascar
IV.4.1. Histoire de l’église luthérienne
IV.4.2. La stratégie missionnaire
V. Cinquième partie : Grilles de collectes de données
CONCLUSION
Remarques

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