Contribution à la connaissance de la biodiversité des fonds chalutables de la côte algérienne

Les recherches sur la biodiversité marine posent un défi considérable en raison de l’immensité et de la difficulté d’accès des écosystèmes marins (Gray, 1997). Il est admis que les océans et les mers régionales sont le plus vaste sanctuaire de la diversité de la vie, où sur les 71 phylums regroupant toutes les formes de vie sur la planète « Terre », on en compte au moins 43 phylums dans les océans contre seulement 28 sur la terre (May, 1992 ; Angel, 1993 ; Wilson, 1993 ; Briggs, 1994 ; Gaston, 2000).

Botanistes et zoologistes ont entrepris depuis, il y a près de quatre siècles, la description et l’inventaire des espèces vivantes. Actuellement, le niveau de connaissance est variable selon les groupes taxonomiques. Des recensements quasi exhaustifs ne sont disponibles que pour un petit nombre de groupes zoologiques, tels que les mammifères et les oiseaux qui sont actuellement connus à plus de 95 %. Les autres groupes taxonomiques, comme les bactéries et les virus, chez lesquels les scientifiques ont plus de mal à caractériser les espèces que chez les vertébrés ou les insectes, le nombre est très certainement bien supérieur à celui connu à l’heure actuelle (Gaston, 2000 ; Lévêque & Mounoulou, 2001), où un échantillonnage efficace et de nouvelles techniques d’investigation permettront de révéler l’existence de très nombreux microorganismes marins (protozoaires ; algues ; champignons ; bactéries ; virus), il s’ajoutera toutes les formes microscopiques et macroscopiques appartenant aux règnes végétal et animal, qu’on découvrira (Angel, 1993 ; Briggs, 1994 ; Norse, 1994).

L’impact sur la biodiversité marine des phénomènes naturels et de l’activité humaine se fait et se fera ressentir vivement dans les océans et les mers régionales. Le changement climatique, les catastrophes naturelles, le trafic maritime, la pollution marine et l’urbanisation de la frange côtière portent des coups sévères à la plupart des écosystèmes côtiers par la disparition de certains gènes, espèces et écosystèmes (Veyret & Pech, 1997 ; Sax & Gaines, 2003). Ces grands problèmes de la diversité biologique peuvent s’aggraver rapidement et considérablement sous l’effet cumulatif de phénomènes naturels et anthropiques dans les écosystèmes marins. Or il est presque impossible d’évaluer l’ampleur et les effets de ces modifications tant qu’on ne connaît pas les mécanismes et les processus régissant la biodiversité marine (Angel, 1993).

A l’inverse, la connaissance de la biodiversité marine par l’étude de l’assemblage des gènes, des individus, des espèces, des populations, des peuplements, des communautés ou des écosystèmes marins, qui sont présents dans des régions géographiques déterminées, permettra de comprendre la structure et le fonctionnement des écosystèmes marins (Loreau et al., 2002 ; Willig et al., 2003). La réalisation d’un inventaire faunistique permet d’identifier les interactions biologiques, les successions et les remplacements d’espèces, qui sont autant d’indicateurs de la dynamique spatio-temporelle et de l’évolution à long terme des communautés soumises aux pressions d’origines environnementale et anthropique. La détermination des facteurs du milieu influant sur l’organisation spatiale des assemblages d’espèces est un but fréquemment visé quel que soit l’écosystème étudié (Blanc, 2000). L’étude des ressources vivantes marines ne peut plus être considérée aujourd’hui sur une approche, uniquement, d’études de dynamique des populations des espèces exploitées. Elle doit intégrer les études de dynamique des populations à l’étude du fonctionnement des écosystèmes côtiers dans une perspective de développement durable respectueux de l’environnement. Ainsi, il paraît illusoire de vouloir aujourd’hui gérer telle ou telle espèce exploitée en dehors du contexte de l’exploitation des autres espèces et du contexte écologique global dans lequel elles évoluent (Waide et al., 1999).

Situation géographique de la zone d’étude

La côte algérienne

La côte algérienne est située au sud du bassin occidental méditerranéen, elle forme avec les côtes Baléares et Sardes : le bassin algérien .

Elle s’étend de Ain B’Har (frontière tunisienne) à l’oued Kiss (frontière marocaine) sur une longueur de 1.100 km à vol d’oiseau et 1.283 km en prenant en compte les différentes sinuosités de la côte. Cette différence minime montre que la côte algérienne est rectiligne et peu découpée. De l’oued Kiss à Ras Ténès, elle présente une direction générale sud-ouest à nord-est ; par la suite et jusqu’à la frontière tunisienne, cette côte est sensiblement en ligne droite et a une direction ouest à est. Le littoral algérien est bordé sur la plus grande partie de son étendue par des hautes falaises de formations géologiques variées, il présente des échancrures plus ou moins largement ouvertes vers le nord et qui forment d’est en ouest les baies et les golfes suivants : golfe de Annaba ; golfe de Skikda ; baie de Jijel ; golfe de Béjaïa ; baie de Zemmouri ; baie d’Alger ; baie de Bou-Ismaïl ; golfe d’Arzew ; golfe d’Oran ; baie de Béni Saf ; golfe de Ghazaouet (figure 1.2.). Les baies et les golfes algériens sont généralement plus protégés à l’ouest qu’à l’est, par des pointes ou des promontoires rocheux faisant saillis vers le nord ou le nord-est. Ils forment des abris efficaces contre les vents d’ouest et du nord-ouest. C’est généralement derrière ces promontoires que la plupart des complexes portuaires algériens ont été établis.

Les zones d’étude 

Région d’El Kala

La région d’El Kala est située à l’est de Annaba à 65 km, elle est limitée à l’ouest par Ras Rosa (36°57’03’’N – 8°14’35’’E) et à l’est par Ain B’Har (36°56’45’’N – 8°36’57’’E) (figure 1.4.). L’aire maritime de la région d’El kala s’étend sur 1.484 km², le plateau continental du rivage à 100 mètres de profondeur couvre une superficie de 328 km², la partie supérieure du talus continental de 100 à 500 mètres de profondeur représente 494 km² et la partie inférieure du talus continental de 500 à 1.000 mètres de profondeur s’étend sur 662 km². Le linéaire côtier de la région d’El Kala représente environ 70 km avec une orientation ouest à est, où on observe une géomorphologie côtière variée constituée de falaises, de zones rocheuses, de plages et d’îlots entourant les principaux caps. Les pressions anthropiques recensées le long du littoral d’El Kala sont principalement les activités touristiques, qui génèrent en période estivale de quantités importantes de déchets solides, particulièrement des bouteilles en plastique et une pollution par les eaux usées domestiques, qui sont rejetées directement en mer sans traitement préalable (ANAT, 2004 a.).

Golfe de Annaba

Le golfe de Annaba forme l’aile orientale de la côte algérienne, il est situé à environ 670 km d’Alger, il est délimité par Ras El Hamra à l’ouest (36°58’02’’N – 7°47’49’’E) et Ras Rosa à l’est (36°57’03’’N – 8°14’35’’E) (figure 1.5.). Le golfe de Annaba s’étend sur 2.337 km², le plateau continental du rivage à 100 mètres de profondeur représente une superficie de 1.048 km², le bord supérieur du talus continental de 100 à 500 mètres de profondeur s’étend sur 733 km² et la partie inférieure du talus continental de 500 à 1.000 mètres de profondeur représente 556 km². Le linéaire côtier s’étend sur 80 km, où il forme un demi cercle de Ras El Hamra à l’oued Mafragh ouvert aux houles nord-est et de l’oued Mafragh à Ras Rosa, il est orienté sud sudouest à nord nord-est. Dans le golfe de Annaba se jette deux oueds :
– Oued Seybouse, cet oued est un des plus importants oueds de la côte algérienne avec une longueur de 255 km drainant un bassin versant de 5.900 km² avec débit liquide moyen de 13,4 m3 /s. Cet oued constitue l’un des collecteurs de tous les polluants issus des activités humaines de l’agglomération de Annaba.
– Oued Mafragh, qui s’étend sur une longueur de 2 km et il est l’aboutissement de l’oued Bounamoussa qui le prolonge sur 15 km à travers une vaste dépression de marécage et de terres basses de 15.000 hectares.

L’agglomération de Annaba produit une pollution hydrique d’origine domestique et industrielle affectant directement le milieu marin. L’ANAT (2004 b.) a recensé 26 points de rejets domestique et industriel entre Ras El Hamra et l’oued Seybouse, qui se déversent directement dans le golfe de Annaba sans traitement préalable dans une station d’épuration.

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Table des matières

Introduction
1ère partie : La côte algérienne
1. Situation géographique de la zone d’étude
1.1. La côte algérienne
1.2. Les zones d’étude
1.2.1. Région d’El Kala
1.2.2. Golfe de Annaba
1.2.3. Golfe de Skikda
1.2.4. Baie de Jijel
1.2.5. Golfe de Béjaïa
2. Climat
2.1. Les précipitations générales
2.2. Les températures atmosphériques
2.3. Le régime des vents
3. Courantologie et hydrologie
3.1. Courantologie générale
3.1.1. La circulation de l’eau superficielle
3.1.2. La circulation de l’eau intermédiaire levantine
3.1.3. La circulation de l’eau profonde
3.2. Courantologie côtière
3.3. Hydrologie
4. Géomorphologie et sédimentologie
4.1. Marge continentale de la Méditerranée occidentale
4.2. Marge continentale algérienne
4.3. Zones d’études
4.3.1. Région d’El Kala
4.3.2. Golfe de Annaba
4.3.3. Golfe de Skikda
4.3.4. Baie de Jijel
4.3.5. Golfe de Béjaïa
5. Biodiversité
5.1. Définition
5.2. Biodiversité dans le monde
5.3. Biodiversité marine en Méditerranée
5.4. Biodiversité marine en Algérie
2ème partie : Matériel et méthodes
1. Stratégies d’échantillonnage et de collecte des données
1.1. Plan d’échantillonnage
1.1.1. Chaluts et chalutiers
1.1.2. Campagnes de chalutage
1.2. Compilation bibliographique des données des campagnes de pêche réalisées dans le secteur oriental de la côte algérienne
1.2.1. Compilation bibliographique globale
1.2.2. Campagne du navire océanographique « Tanche »
1.2.3. Campagne du navire océanographique « Président Théodore – Tissier »
1.2.4. Campagne du navire océanographique « Thalassa »
1.2.5. Campagnes du navire océanographique « Vizconde de Eza »
2. Traitement des échantillons
2.1. Tri
2.2. Détermination et systématique des espèces
2.3. Dénombrement et estimation de la biomasse
3. Analyse des données
3.1. Caractérisation des peuplements
3.1.1. Abondance numérique et abondance pondérale
3.1.2. Densité
3.1.3. Biomasse
3.1.4. Dominances numérique, pondérale et moyenne
3.1.5. Fréquence
3.1.6. Diversité
3.2. Analyses statistiques des données
3.2.1. Statistiques élémentaires
3.2.2. Classification Ascendante Hiérarchique
4. Evaluation des ressources halieutiques
4.1. Nécessité de l’évaluation des ressources halieutiques
4.2. Calcul de l’aire balayée
4.3. Estimation de la biomasse par la méthode de l’aire balayée
4.4. Précision de l’estimation de la biomasse
5. Mise en place d’un Système d’Information Géographique (SIG)
5.1. Définition d’un SIG
5.2. Rôle de l’outil SIG à mettre en place
5.3. Méthodologie de mise en place d’un SIG
5.3.1. Inventaire des données nécessaires
5.3.2. Cartes marines
5.3.3. Référentiel géographique
5.3.4. Numérisation des données
5.3.5. Nomenclature
5.3.6. Base de données géographiques
5.3.7. Représentations cartographiques finales
3ème partie : Résultats et discussion
1. Inventaires faunistiques
1.1. Diversité ichtyologique
1.2. Répartition bathymétrique
1.3. Biogéographie
1.4. Discussion
1.4.1. Diversité ichtyologique
1.4.2. Répartition bathymétrique
1.4.3. Biogéographie
2. Définition et délimitation des peuplements
2.1. Mises en évidence des peuplements du secteur oriental
2.1.1. Campagne de la Tanche en 1924
2.1.2. Campagne du Président Théodore-Tissier en 1960
2.1.3. Campagne de la Thalassa en 1982
2.1.4. Campagne du Mohamed Sedik Benyahia en 1989
2.1.5. Campagne du Vizconde de Eza en 2003
2.1.6. Campagne du Vizconde de Eza en 2004
2.1.7. Campagnes des chalutiers professionnels en 2005 – 2006
2.2. Discussion
2.2.1. Assemblages ichtyologiques
2.2.2. Bionomie benthique
3. Structure et organisation des peuplements
3.1. Caractérisation des peuplements
3.1.1. Campagne de la Thalassa de 1982
3.1.2. Campagne du Mohamed Sedik Benyahia de 1989
3.1.3. Campagne du Vizconde de Eza de 2003
3.1.4. Campagne du Vizconde de Eza de 2004
3.1.5. Campagnes des chalutiers professionnels de 2005-2006
3.2. Discussion
3.2.1. Richesse spécifique et indices de diversité
3.2.2. Densités et biomasses
3.2.3. Principales espèces
3.2.4. Etat des peuplements ichtyologiques
Discussion générale
Conclusion générale
Références bibliographiques
Annexes

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