Contribution à la capitalisation des processus d’élaboration des plans d’aménagement des pêcheries

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES
Pour l’obtention du Diplôme de Master « Ecologie et Gestion des Ecosystèmes Aquatiques »

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Cadre général de l’étude

Définitions des concepts et termes

Il s’avère indispensable de donner des définitions de quelques termes utilisés dans l’étude : Capitalisation des connaissances : « est un processus dont l’objet est de constituer un capital à partir des informations ou connaissances disponibles dans une organisation afin de les valoriser par leur mise à disposition auprès d’autres institutions ou acteurs. Elle est conçue pour que l’expérience de chacun ne reste pas confinée au niveau individuel, mais sert le collectif dans un mouvement de partage des connaissances, ce qui lui confère un aspect participatif dans son déroulement. La préservation et la transmission de l’expérience et des savoirs acquis facilitent la mise en œuvre de nouveaux projets ou la conduite de nouvelles actions » (Fall et Ndiaye, 2005). « Cohérence des politiques » : « Assurer la cohérence des politiques c’est veiller à ce que les politiques soient coordonnées, complémentaires et non contradictoires. » (Weston et Pierre-Antoine 2003)
Cogestion : fait de diriger ou d’administrer en commun (Encarta 2009)
Diversité biologique : La Convention sur la diversité biologique (CDB) définie de façon formelle la biodiversité dans son Article 2 comme étant la « variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces, et entre les espèces et ainsi que celle des écosystèmes ».
Effort de pêche : Selon le Rapport Scientifique et Technique N° 45 sur la dynamique des populations marines exploitées produit par Alain Laurec et Jean-Claude Le Guen en 1981 au niveau du centre océanographique de Bretagne publié par le centre national pour l’exploitation des océans, l’effort de pêche correspond à la tentative pour quantifier l’importance de l’exploitation pour un stock, dans un laps de temps donné. Cependant une définition plus récente de la FAO et beaucoup plus exhaustive, définit l’effort de pêche comme la quantité de matériel de pêche d’un type donné utilisé sur les lieux de pêche pendant une unité de temps donnée, par exemple heures de pêche à la traine par jour, nombre de fois qu’une senne littorale a été trainée par jour.( FAO 1999).
Gestion des ressources naturelles : peut être comprise comme une « utilisation organisée de la nature » (Rodary et Castellanet, 2003).
Gestion des pêches : est «le processus comprenant la collecte d’informations, l’analyse, l’élaboration, la consultation, la prise de décisions, l’attribution des ressources, la formulation et la mise en place, avec application si nécessaire, des règles ou des règlements qui régissent les activités de pêche afin d’assurer une productivité continue des ressources, et la réalisation d’autres objectifs en matière de pêche.» (FAO, 1997).
Migration : Selon la définition donnée par le dictionnaire Larousse (Larousse 2013), chez les animaux , la migration signifie un voyage annuel d’une population animale depuis son aire de reproduction jusqu’à une aire d’hivernage parfois très éloignée et voyage de retour, généralement par le même chemin. Cependant, en plus de la reproduction, la migration peut être aussi en relation avec l’alimentation et la recherche de nourriture, les conditions de température, ou la vie sexuelle …
Objectif d’aménagement : est un objectif résolument poursuivi qui sert d’orientation aux mesures d’aménagement (FAO 1999).
Partie intéressée ou le groupe d’intérêts : « s’entend de toute personne ou groupe reconnu par l’Etat ou les Etats comme ayant un intérêt légitime dans la conservation et la gestion des ressources gérées. Cette expression est plus étendue que celle de partie prenante. D’une manière générale, les catégories de parties intégrées seront souvent les mêmes pour bon nombre de pêcheries et peuvent impliquer des intérêts antagoniques : commerce/loisirs, conservation/exploitation, artisanat/ industrie, pêcheurs/ acheteurs-transformateurs-vendeurs et administrations (locales/ provinciales/ nationales) dans certaines circonstances, le public et les consommateurs pourraient être également considérés comme des parties intéressées » (FAO 1999).
Pêcherie : « peut s’entendre de la somme de toutes les activités halieutiques portant sur une ressource donnée, par exemple une pêcherie de merlus ou de crevettes. Elle peut également concerner les activités d’un type ou mode d’exploitation unique d’une ressource particulière, par exemple une pêcherie a la senne littorale ou à la traine » (FAO 1999).
Pélagique : On distingue le domaine de la pleine eau, ou domaine pélagique (du grec pelagos, « haute mer »), et le domaine du fond, ou domaine benthique (du grec benthos, « profondeur »). On parle aussi d’espèces pélagiques ou benthiques. Une espèce pélagique vit au milieu de la colonne d’eau ou près de la surface. Une espèce benthique vit en profondeur.
Plan d’aménagement : Selon la FAO (2005), l’aménagement des pêcheries est un « Processus intégré de rassemblement de l’information, d’analyse, de planification, de consultation, de prise de décisions, de répartition des ressources et de formulation et d’application des règlements ou des règles qui régissent les activités halieutiques – s’appuyant s’il y a lieu sur des mesures d’exécution – visant à maintenir la productivité des ressources et à assurer la réalisation des autres objectifs de la pêche ».
Stock : est, par définition, l’ensemble des animaux exploitables. Un stock halieutique constitue une richesse potentielle qui peut être exploitée.
« Le terme de stock a été introduit précédemment de façon simple et défini comme la fraction exploitable d’une population. Dans le cas idéal, cette population est un ensemble isolé et homogène. Le stock constitue alors une entité, indépendante d’autres stocks de la même espèce et gérée individuellement. Les événements extérieurs, par exemple la pêche dans d’autres secteurs, n’ont pas d’effet sensible ». (Laurec & Le Guen, 1981).
Upwelling: Remontée d’eau : est un phénomène océanographique qui, se produit lorsque de forts vents marins, généralement des vents saisonniers, poussent l’eau de surface des océans laissant ainsi un vide où peuvent remonter les eaux de fond et avec elles une quantité importante de nutriments. Les phénomènes de remontée d’eau se localisent par leurs résultats : une mer froide et riche en phytoplancton.

Caractéristiques de la zone d’étude

La zone d’étude ciblée par le projet se situe dans la région Ouest africaine et plus précisément, la Mauritanie et le Sénégal.
Cette zone est caractérisée par la présence d’un important phénomène d’upwelling. La zone d’upwelling située au nord-ouest des côtes africaines est l’un des quatre grands systèmes d’upwelling dans le monde où les captures se chiffrent en millions de tonnes (Toupet, 1968). L’intensité fortement saisonnière de l’upwelling entre la zone du Sahara et le Sénégal induit les changements profonds de la structure biologique de la communauté : l’écosystème passe du tropical à une influence subtropicale en quelques mois et inversement (Ould Sidi, 2005). Ce qui induit une migration saisonnière prononcée des stocks halieutiques pélagiques entre le Sénégal, la Mauritanie et la zone du Sahara. Ces modifications de la distribution latitudinale des poissons ont un fort impact sur les activités de pêche et sur les débarquements de poissons (Ould Sidi, 2005).

La Mauritanie :

La République Islamique de la Mauritanie, est située entre les 15e et 27e de latitude nord et du 5° au 17° de longitude ouest, et s’étend sur une superficie de 1.030.700 Km2, largement ouverte sur l’océan Atlantique, elle est entourée par quatre pays, dont deux sont rattachés à l’Afrique du nord arabe-berbère et deux autres à l’Afrique subsaharienne noire (Ould Mohamed, 2010). Elle est limitée au Nord par l’ex-Sahara Occidental et l’Algérie, à l’Est par le Mali, au Sud par le Mali et le Sénégal et à l’Ouest par l’Océan Atlantique. Elle bénéficie de 754 km de côtes et son plateau continental s’étale sur 34 000 km2 (figure 1).
La mer mauritanienne est l’une des plus productives du monde. Cette forte productivité est le résultat de l’action conjuguée d’un certain nombre de facteurs climatiques et géomorphologiques qui constituent des conditions environnementales exceptionnelles (Ould Mohamed, 2010).Le phénomène d’upwelling dans la région entraine une migration des espèces et des communautés dépendantes de ces ressources dans cette zone. La Mauritanie abrite une multitude de ressources marines et côtières très diversifiées. À cause de cette abondance halieutique, la mer offre aux populations riveraines de très grandes opportunités aussi bien pour leur développement économique que pour la sécurité alimentaire. Et, contrairement au Sénégal et au Maroc, la Mauritanie n’a pas de tradition maritime (Toupet, 1968).

Le Sénégal :

Situé entre 16°04 N et 12°20 N, le littoral sénégalais appartient à l’une des zones maritimes les plus productives d’Afrique de l’Ouest (Barry Gérard, 1994; JICA 20065). Il s’étend sur plus de 700 km et l’espace maritime représente environ 198 000 km², y inclus la Zone d’Exploitation Exclusive (ZEE). La pêche contribue à la satisfaction des besoins alimentaires et constitue également une source importante de revenus pour les populations (CSRP, 2012). C’est un secteur d’activités intenses qui fait travailler beaucoup d’acteurs tant au niveau de la pêche artisanale que de la pêche industrielle. La pêche artisanale fournit beaucoup d’emplois, ce qui est un atout de taille permettant ainsi à ces dernières de gagner des revenues pour assurer leur survie et celle de leurs familles (CSRP, 2012).
Les saisons marines, jointes aux conditions topographiques, imposent aux pêcheurs un certain nombre de contraintes : migrations de poissons, variations climatiques saisonnières, etc. (Gerlotto et op.cit.). La pirogue sénégalaise représente sans aucun doute le modèle d’embarcation le plus évolué de la côte ouest-africaine (Gerlotto et al. 1983).
Dans le cadre du projet PARTAGE, la zone d’étude concernée se situe sur la Grande Côte. La limitation de l’étude sur cette partie est justifiée par le fait que la zone couverte de Kayar à Saint-Louis constitue un site pilote pour mener un suivi des deux espèces (mulets et tassergals), puisqu’elle couvre leur parcours migratoire (Ndour et al. 2013). Et le diagnostic sur la courbine effectué par le CRODT (PARTAGE 2013) montre des débarquements de courbines exceptionnellement importants à Saint-Louis en 2009 (465 tonnes).
La côte nord ou Grande côte du Sénégal concentre une part importante des débarquements de la pêche artisanale sénégalaise (Ndour et al. 2013). Elle s’étend de Dakar à Saint Louis. Elle comprend des centres de pêches très importants tels que Saint-Louis, Fass Boy et Kayar en rapport avec les conditions écologiques présentes et une forte présence des communautés de pêcheurs traditionnels comme les Guet-Ndariens (Niang, 2009).

Description du projet PARTAGE :

En rapport avec le travail réalisé par Inejih (201310) dans le cadre du projet PARTAGE, le projet se décrit comme suit..

Historique du projet PARTAGE

Les figures 7 et 8 retracent l’historique du projet et montrent la chronologie des principales étapes du projet PARTAGE. La première étape, qui a été centrée sur la Mauritanie et sur les mulets, a servi de précurseur pour les deux phases (I et II) du projet PARTAGE proprement dit. La phase I mise en œuvre dans le cadre du PRCM I et, s’est étalée de 2005 à 2007 et la phase II, qui a démarré en 2008 avec un embrayage sur fonds de la MAVA11, a continué avec le PRCM II (2009-2012).
En plus du PRCM, PARTAGE bénéficie d’un appui représenté par le volet 1.4 de la convention CSRP/AFD (Fig.8). Le projet est également retenu comme un projet de démonstration dans le cadre du programme CCLME12. Ce projet de démonstration vise à promouvoir un accord sous régional sur l’évaluation des ressources sous régionales, sur les mesures politiques et les plans en matière de gestion durable des stocks transfrontaliers partagés des poissons pélagiques côtiers qui sont distribués dans la zone d’upwelling entre le Maroc et le Sénégal (y compris les eaux de la Gambie).
Le volet 1.4 vient ainsi en complément et en renforcement à la dynamique lancée depuis 2008 dans le cadre du PRCM. Il est, à ce titre, mis en œuvre pour appuyer la Mauritanie et le Sénégal afin d’élaborer, de manière concertée, les plans d’aménagement des pêcheries (de mulets, courbine et tassergal) et de créer les meilleures conditions de leur mise en œuvre. Cela se traduit en pratique par:
– Le renforcement et le développement de la recherche scientifique et de la production des connaissances en accompagnement des plans d’aménagement des pêcheries cibles du projet ;
– La contribution à l’élaboration des plans de gestion à l’échelon national et à leur mise en cohérence à l’échelle régionale ;
– La mise en place et l’accompagnement des structures de gouvernance et de gestion des PAP dans les deux pays Mauritanie et Sénégal ; et
– Le développement des compétences des pays (administration, recherche et profession et société civile) en appui à la cogestion des pêcheries.

Description du fonctionnement du projet

Le projet opère (Fig. 9) à l’échelon national à travers des coordinations nationales (assurées par les directions ministérielles chargées des plans d’aménagement des pêcheries) et des comités de pilotage nationaux et à l’échelle transnationale avec une coordination transnationale (assurée par l’UICN) et un comité de pilotage transnational présidé par les représentants des coordinations nationales. Il fonctionne sur la base de cadres contractuels13 convenus annuellement entre UICN et chacun des deux pays (à travers les directions nationales des ministères chargés des pêches). Les décisions sont prises au niveau des comités de pilotage et généralement par consensus. Les coordinations nationales signent annuellement des conventions pour la mise en œuvre des plans d’action annuels du projet et les fonds sont mis à disponibilité sur la base de contrats qui engagent les pays dans la gestion effective et opérationnelle des budgets allouées pour mettre en œuvre les plans d’actions au niveau de chaque pays.
Au niveau national, chaque pays déploie les actions selon les quatre composantes du projet (recherche, aménagement, développement et communication) dont la coordination nationale est confiée à des institutions membre du comité de pilotage national (Fig. 10).

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Table des matières

Introduction
I. Objectifs de l’étude
II. Hypothèses
Chapitre I : Cadre général de l’étude
1. Définitions des concepts et termes
2. Caractéristiques de la zone d’étude
c. Pêcheries
3. Description du projet PARTAGE
a. Historique du projet PARTAGE
b. Description du fonctionnement du projet
Chapitre II : Matériels et méthodes
1. Matériels
2. Recherche documentaire
3. Collecte des données
4. Stratégie d’échantillonnage
5. Méthode de traitement et d’analyse des données
Chapitre III: Résultats et discussions
I. Résultats
1. PAP mulets
2. PAP courbine
3. PAP tassergal
II. Discussion
1. Forces
2. Faiblesses
3. Opportunités
4. Menaces
III. Conclusions et recommandations
Références bibliographiques

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