Contexte historique de l’enfant adopté
Qu’est-ce que l’adoption
L’adoption existe depuis longtemps dans beaucoup de cultures. Pour un parent prendre la décision d’adopter est un choix. C’est une envie de filiation. Les contextes de vie de l’enfant avant son adoption sont extrêmement variés et diffèrent d’une situation à l’autre ce qui rend chaque adoption unique. Le processus de l’adoption coûte cher et dure longtemps.
Normalement, l’adoption n’est pas de chercher un enfant pour une famille mais bien de trouver une famille pour un enfant. En effet, les intérêts de l’enfant doivent être au cœur de toute démarche d’adoption. L’adoption en Suisse est uniquement plénière et a plusieurs effets. Les trois principaux sont que l’enfant adopté acquière un statut juridique identique à un enfant biologique du couple. Le deuxième est que l’adoption rompt les liens de filiation antérieurs que l’enfant pouvait avoir. La troisième est que l’enfant mineur adopté acquière le droit de cité de ses nouveaux parents .
L’adoption peut être nationale ou internationale. Pour un enfant né en Suisse, les parents biologiques ne peuvent pas donner leur consentement à une adoption nationale sans respecter le délai de six semaines après la naissance de l’enfant. Il est important de souligner aussi que l’enfant doit donner son accord à l’adoption s’il est capable de discernement. Lors d’une adoption internationale, tous les partenaires devraient être attentifs à ne pas oublier l’objectif souligné plus haut que c’est un enfant qui cherche une famille et pas l’inverse. De plus, l’OPE invite les futurs parents à se tourner vers les pays ayant signé la convention de la Haye. Cette convention a été ratifiée le 29 mai 1993.
Lien d’attachement
Je vais dans ce chapitre décrire ce qu’est le lien d’attachement, comment il se développe et comment par des attitudes éducatives adéquates il se construit au mieux. Pendant de longues années, les psychologues déduisaient que la fonction du lien d’attachement était uniquement alimentaire. Mais John Bowlby soulève une fonction du comportement d’attachement, qu’il publiera dans ses livres en 1964. Selon lui, le lien d’attachement sert à la protection d’un être à l’égard des prédateurs. Quant à Mary Salter Ainsworth elle définira le lien affectif « … comme un lien durable avec un partenaire qui prend une importance particulière du fait qu’il devient unique et non interchangeable. » « L’attachement, au sens qui lui est donné dans la théorie de l’attachement, est le lien très particulier qu’un petit enfant va construire avec les quelques figures qui sont le plus souvent là, dans son entourage immédiat, et qui concourent à l’élever. » (2006, p.130) Cette définition simple est tirée du livre de Jan-Louis le Run, Antoine Leblanc et Isabelle Cluet. Les figures le plus souvent présentes constitueront donc la base de sécurité de l’enfant. Cette base de sécurité permet à l’enfant d’explorer le monde qui l’entoure en toute confiance car il sait qu’il peut y revenir en cas de besoin. En effet, grâce à la proximité physique au début de la vie qui se transforme progressivement en un concept émotionnel et mentalisé, l’enfant sait qu’une figure protectrice, de soutien est disponible s’il en a le besoin. Mary Salter Ainsworth travaillera en collaboration avec John Bowlby. Grâce à elle il comprend la place importante que prennent les émotions dans l’organisation et l’expression de l’attachement. En effet, pour lui les émotions ont des fonctions d’autocontrôle et de communication lors d’une relation d’attachement. L’angoisse, la peur, la colère, la tristesse et le sentiment de sécurité sont des réactions émotionnelles aux ruptures du lien d’attachement.
Contexte historique de l’enfant adopté
Chaque enfant avant son adoption vit une histoire différente. Les adoptions internationales cumulent plus de risques pour l’enfant car le passé n’est pas toujours connu. Ce passé de l’enfant influencera la relation avec ses futurs parents et cela commence par la séparation avec sa figure d’attachement principale. L’enfant aura différentes réactions lors de la séparation avec cette dernière. Ces réactions seront influencées par différents facteurs.
L’âge de l’enfant, la durée, la participation d’un substitut et la participation de l’enfant constituent ces facteurs .
Selon la combinaison âge de l’enfant et durée de la séparation, l’impact sur ce dernier peut être pathologique. En effet, plus l’enfant est jeune et plus la durée est longue plus les risques de préjudices pour l’enfant sont grands. Lors d’une séparation, l’enfant pourra avoir plusieurs réactions tel que la protestation puis la dépression voire même l’apathie. Parfois les enfants deviendront insatisfaits, exigeants et agressifs. La perte d’apprentissage acquis comme la propreté, la parole, peut aussi être un signe de protestation face à la séparation. Cette séparation peut aussi avoir des conséquences sur la capacité relationnelle de l’enfant.
Cependant la présence d’un substitut influence aussi la réaction de l’enfant à cette dernière. Durant cette période si l’enfant est pris en charge par un adulte connu qui est attentif à ses besoins il peut surmonter son désarroi d’être séparé de sa figure d’attachement. Selon Denise Bourgault et Françoise de la Harpe (1989) il y a différents atouts que le milieu d’accueil de l’enfant doit posséder pour atténuer les problèmes que la séparation peut engendrer
Besoins spécifiques de l’enfant adopté
Les enfants adoptés ne sont pas vierges quand ils arrivent, parfois ils ont une grande méfiance envers toutes les personnes censées les protéger. C’est pourquoi, ils doivent apprendre à reconstruire la confiance envers eux-mêmes et envers ceux qui l’entourent.
Certains, suite à leur parcours ont des difficultés avec des troubles de l’alimentation, des troubles du sommeil, des colères excessives ainsi que des mouvements stéréotypés. Face à ces difficultés l’enfant adopté a besoin d’être soutenu par les adultes qui l’entourent pour ne pas rentrer dans un cercle vicieux. En effet, ces différents symptômes peuvent provoquer son rejet par son nouvel environnement social. Ce parcours spécifique de l’enfant adopté compliquera son acquisition à l’autonomie .
Selon certaines conditions de vie avant l’adoption, certains enfants n’ont pas eu la possibilité d’exercer leur développement sensoriel et perceptif. En effet, si l’enfant n’a pas eu la chance d’expérimenter, de découvrir autre chose que les murs de son orphelinat et les cris de ses camarades, il pourrait avoir des troubles neurosensoriels. Lors de son arrivée dans son pays d’adoption, il pourrait avoir peur des bruits, découvrir avec frayeur de nouvelles textures, odeurs et matières. Il faudra avec patience reprendre toutes les expériences que fait un enfant dès son plus jeune âge, tranquillement afin que l’enfant décode les textures du monde.
Difficultés spécifiques liées à l’adoption
Le lien d’attachement peut être rompu pour plusieurs raisons. Dans le cadre de ce travail deux raisons sont particulièrement pertinentes. La première est la vie en orphelinat, la deuxième est l’adoption après qu’un lien d’attachement à une figure parentale ait été effectué. C’est la complexité de l’histoire de l’enfant qui rend chaque travail sur le lien d’attachement particulier. Sherrie Eldridge est une psychologue américaine qui a été adoptée. Elle identifie différents comportements qui peuvent montrer qu’un enfant a du mal à tisser une relation de confiance avec son entourage. Le Docteur Foster Cline a aussi créer une liste de symptôme pour aider les professionnels et les parents à savoir quand il faut investir plus loin .
De la naissance à un an :
Durant cette période, différents signaux peuvent mettre un professionnel de l’enfance en alerte sur les difficultés de l’enfant à tisser des liens. Si durant les six premiers mois l’enfant fuit le regard de la personne qui s’occupe de lui cela peut être un premier signe. Un autre comportement anormal serait que les babils, les pleurs et les autres manifestations orales sont irrégulières. Lorsque le bébé n’aime pas que l’adulte le porte ou le touche et qu’il le montre physiquement en se cabrant et en résistant, c’est aussi un comportement anormal. Si le bébé est passif, trop calme ou au contraire s’il est difficile ou facilement irritable ainsi que s’il manque de tonus cela peut montrer un manque dans la relation de confiance. De même lorsque le bébé refuse les démonstrations d’affection de ses parents .
De un à cinq ans :
Lorsqu’un enfant s’accroche de manière excessive à l’adulte et pleure pour un rien cela peut être un comportement qui montre que l’enfant a du mal à établir un lien d’attachement. Il peut avoir des colères violentes, fréquentes qu’il ne semble pas maitriser. Un seuil de tolérance haut à la douleur et à ce qui est désagréable comme le manque de confort, une chaleur trop rude ou au contraire un grand froid sont aussi des signaux d’alerte. Le mensonge devant l’évidence, le manque de conscience morale ainsi que le manque de réflexion de cause à effet sont aussi des symptômes qui devraient alerter les professionnels.
Lorsque l’enfant à des préoccupations pour le feu et des questions persistantes sans queue ni tête ainsi que des bavardages incessants cela peut aussi donner un signe aux professionnels d’observer l’enfant plus attentivement. L’enfant n’est pas capable de rester seul ou de jouer seul sauf quand il le souhaite. Il n’apprécie pas toujours les contacts physiques.
Impact de l’adoption sur le développement
Lorsque les enfants ont fait des séjours dans des orphelinats où le personnel est en nombre insuffisant et n’est pas formé pour s’occuper de bébés, ceux-ci peuvent développer des carences affectives. Ils seront avides des soins qu’ils n’ont pas reçus tout en les refusant. Le décalage qu’il existe entre leur développement physique et affectif rend plus difficile encore la tâche pour combler cette carence. L’enfant souffrant de carence affective va solliciter une demande affective intense des personnes qui s’occupent de lui. Cependant comme déjà soulevé, quelque chose l’empêche de profiter des réponses car à l’origine on s’est dérobé à ses demandes. Dans ce chapitre, les impacts sur le développement moteur, le développement cognitif, le langage et le développement affectif et social seront détaillés .
La motricité
Il arrive que les enfants adoptés aient été sous-stimulés sur le plan physique et psychologique, de plus parfois ils ont été mal nourris. Ces deux aspects peuvent modifier les critères utilisés habituellement pour contrôler le développement moteur de l’enfant .
Lors de leur arrivée dans leur nouvelle famille, des retards du développement moteur global sont observés chez dix à septante pour cent des enfants adoptés. Plus l’enfant est âgé lors de l’adoption, plus les retards seront fréquents et sévères. De plus, trois mois après l’arrivée de l’enfant dans sa famille d’adoption, grâce aux bons soins des nouveaux parents et une bonne alimentation, le processus s’inverse et l’enfant repart sur la voie de la normalité. Pour évaluer le retard normalement acceptable chez un enfant adopté, il est possible de compter un mois de retard pour chaque trois mois d’institutionnalisation après que l’enfant ait atteint l’âge de six mois.
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Cadre de recherche
1.1.1 Illustration
1.1.2 Thématique traitée
1.1.3 Intérêt présenté par la recherche
1.2 Problématique
1.2.1 Question de départ
1.2.2 Précisions, limites posées à la recherche
1.2.3 Objectifs de la recherche
1.3 Cadre théorique et/ou contexte professionnel
1.3.1 Qu’est-ce que l’adoption
1.3.2 Lien d’attachement
1.3.3 Contexte historique de l’enfant adopté
1.3.4 Besoins spécifiques de l’enfant adopté
1.3.5 Difficultés spécifiques liées à l’adoption
1.3.6 Impact de l’adoption sur le développement
1.3.7 Encadrement du groupe d’enfants face à l’enfant adopté
1.4 Cadre d’analyse
1.4.1 Terrain de recherche et échantillons retenus
1.4.2 Méthode de recherche
1.4.3 Méthode de recueil de données et résultats de l’enquête
2 Développement
2.1 Introduction au traitement des données
2.2 Présentation des données
2.2.1 Adoption
2.2.2 Soutien de l’enfant adopté
2.2.3 Lien d’attachement
2.2.4 Besoins spécifiques de l’enfant adopté
2.2.5 Difficultés spécifiques liées à l’adoption
2.2.6 Développement de l’enfant adopté
2.2.7 Encadrement du groupe d’enfants face à l’enfant adopté
3 Conclusion
3.1 Résumé et synthèse des données traitées
3.2 Analyse et discussion des résultats obtenus
3.2.1 Adoption
3.2.2 Soutien de l’enfant adopté.
3.2.3 Lien d’attachement
3.2.4 Besoins spécifiques de l’enfant adopté
3.2.5 Difficultés spécifiques liées à l’adoption
3.2.6 Développement de l’enfant adopté
3.2.7 Encadrement du groupe d’enfants face à l’enfant adopté
3.3 Limites du travail
3.4 Perspectives et pistes d’action professionnelle
3.5 Remarques finales
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