Contact de langues : etude des emprunts

Le Mali, à l’instar des ex-colonies françaises, a adopté dès l’indépendance comme langue officielle celle du colonisateur, le français, plus ses langues locales. Parmi lesquelles l’Etat malien a attribué le statut de langue à treize dont trois dominent largement les autres. À savoir le bamanakan, le peulh et le songhay. À ces trois grandes langues, s’ajoutent dix autres. Ce sont dans un ordre alphabétique, le bomu, le bozo, le dogon, le hassanya ou le maure, khassonke, le mamara, le maninkakan ou le malinké, le soninké, le senoufo et tamasheq.

Le bamanankan est une langue de type agglutinant, une langue à tons appartenant à la grande famille linguistique Niger-Congo au sein du groupe manding. Il est la langue véhiculaire la plus parlée au Mali comme langue maternelle et comme la langue seconde ou la langue tierce.

L’INSAT affirme dans son rapport de 2011 que « le bamanankan est la langue maternelle de 46 % de la population malienne.» .

Cette domination en nombre de locuteurs par le bamanankan, soit trois quarts environ de la population , s’explique tout simplement par le fait que d’autres groupes d’autres ethnies l’utilisent comme leur langue première. Et ceci est plus fréquent dans la plupart de centres urbains du sud du Mali comme à Bamako, à Koulikoro, à Sikasso, à Kayes, etc. Il est utilisé comme la langue seconde ou un pidgin dans la plupart de villes du centre ; à Bandiagara, à Mopti et un peu au nord.

« Cette proportion est nettement plus élevée en milieu urbain (62,1 %) qu’en milieu rural (41,4%). Par ailleurs cette langue est parlée par un peu plus de la moitié (51,1 %) des résidents et contrairement à ce à quoi on aurait pu s’attendre, elle est plus parlée par les habitants des villes que ceux vivant en milieu rural » .

Quant au processus d’enrichissement lexical, le bamanakan passe nécessairement par la combinaison du stock existant : la composition ( furu : marier_ muso : femme → furumuso : épouse ; wali : autrui _ muso : femme → walimuso : femme d’autrui), la réduplication (pan : sauter → panpan : sautiller, sama : tirer → samasama : tirer à petits coups), la dérivation (fɛn : chose _ -ba suff. : gros → fɛnba : grande chose ; la- préfixe _ tɛmɛ : passer → latɛmɛ : faire passer), le calque (nεgεsira → chemin de fer) et par recours à une autre langue (l’emprunt : docteur → dɔkɔtɔrɔ ; mesure → meʒiri) par création de mots nouveaux (nɛgɛso : vélo, fanga : pouvoir).

Selon la SIL MALI, on distingue plusieurs dialectes du bamanankan parmi lesquels nous avons : Koiné de Bamako, Somono, Ségou, San, Beledugu, Ganadugu, Wasulu, et Sikasso…. Mais parmi toutes ces formes dialectales du bamanankan, c’est le koiné de Bamako qui est retenu comme dialecte standard. Chaque dialecte du bamanankan est identifié par le nom de la localité ou la zone dans laquelle il est parlé, c’est-à-dire que ce soit Ségou, San, Beledougou, Wasulu… sont des lieux où ces dialectes sont parlés.

On retrouve le bamanankan sous des variantes très proches, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en Guinée . Il y’a aussi une intercompréhension entre les locuteurs du bamanankan et les locuteurs d’autres langues proches telles que le malinké, le khasonké et le sosè (Sénégal). Au sein de cette vaste diversité dialectale, nous allons baser notre étude sur le bamanankan standard de Bamako. Car nous avons remarqué que le bamanankan de Bamako est en contact direct avec la langue officielle, le français. Et que cela a duré aussi longtemps que le rapport liant les deux pays.

En effet, dans la capitale malienne, le bamanankan est la langue qui est parlée dans les rues. Il est aussi investi pratiquement dans presque tous les domaines de la vie moderne, de la musique, en passant par le cinéma, aux émissions radiophoniques et télédiffusées. Il est la langue de communication dans les transports, dans les manifestations politiques comme les campagnes électorales et les campagnes de sensibilisations citoyennes ainsi que dans la presse orale et écrite. Le bamanankan est introduit dans le système formel d’enseignement à titre expérimental depuis 1979. Il est également la langue dominante dans les secteurs informels de l’enseignement depuis fin des années 1960.(cf Dumestre, 2003.) .

À Bamako, le bamanankan demeure la langue principale de religion. Les enseignements religieux sont transmis aux fidèles via bamanankan.

Cependant, dans la même ville, on trouve aux côtés du bamanankan le français qui, étant la langue officielle, est utilisé, au-delà des concessions et des rues, dans les administrations par les administrateurs, les intellectuels et il demeure le principal médium d’enseignement. Si le bamanankan domine dans les marchés et dans les échanges quotidiens, beaucoup d’étiquettes des produits commerciaux importés au Mali sont marquées en français. En outre les nouveaux produits sont déployés ou écoulés dans les marchés maliens plus précisément dans les marchés bamakois avec des dénominations françaises ; en plus, les termes de sport sont transmis via les radios et les télés en français et en bamanankan à la fois.

Or la plupart de vendeurs et consommateurs de ces produits ne comprennent ou ne parlent que le bamanankan. Il n’y a qu’une minorité de maliens qui savent parler et écrire le français. Elle comprend notamment les administrateurs, les journalistes, les enseignants, les élèves et les étudiants. Selon Samaké. M. (2004), des statistiques ont montré que : « parler et écrire correctement le français est le privilège d’une petite très puissante de 20% de la population malienne ».

En outre, le français est considéré comme la langue de relations extérieures ou internationales et comme la langue de la législature et de la justice impliquant l’élaboration et ou promulgation des lois, toutes choses qui lui confèrent le rôle de langue du pouvoir au Mali, (Document de politique linguistique du Mali, 2014 : 29).

Cette situation a généré un contact perpétuel entre le bamanankan, langue principale et maternelle de la capitale et le français, la langue officielle minoritaire. Bambara et français occupent une position privilégiée et progressent en s’épaulant plus qu’en se concurrençant : l’administration est en français, mais le fonctionnaire est l’ambassadeur et cheval de Troie du bambara .

Ceci signifie que bien vrai que le français est utilisé pour langue de communication officielle au Mali, il n’a pas pu supplanter le bamanankan qui demeure la deuxième langue à recourir.

Sans pourtant que le statut de langue officielle soit refusé au français, en réalité, il se trouve confiné dans les institutions ou dans les administrations. Et même là le bamanankan le seconde sous forme d’alternance codique (les administrateurs passent du français au bamanankan selon les sujets et de vice versa). Excepté les administrations scolaires où il est recommandé aux élèves ou étudiants de s’exprimer en la langue attendue (le français). Dans la cour de l’école le bamanankan est la langue la plus usitée entre les élèves ou étudiants.

Dans cette situation où le bamanankan, en tant que une langue nationale, recouvre la majorité écrasante de locuteurs face au français outillé en concepts nouveaux avec moins de locuteurs, fait que le bamanankan pour ne pas se plier sous l’influence du français et pour répondre aux besoins immédiats de la communication, a besoin de s’enrichir du français en empruntant au français voisin quasiment tous ce qui lui manque pour s’ouvrir à la modernité. Outre ce phénomène, aujourd’hui, les locuteurs du bamanankan empruntent souvent pour le simple désir des mots français alors que ces mêmes mots existent en bamanankan. Et beaucoup de ces emprunts au français sont intégrés en bamanankan au point qu’il est difficile de les reconnaitre comme étant des mots empruntés. Puisque une fois intégrés phonologiquement, morphologiquement en bamanankan les emprunts sont conduits soit, à maintenir, soit avoir d’autres sens en plus le sens premier.

Notre choix s’est porté sur l’emprunt parce qu’une langue doit s’enrichir pour exprimer des concepts nouveaux ou pour exprimer d’autres réalités nouvelles. Le phénomène d’emprunt est pour une langue une source d’enrichissement lexical externe.

Il [emprunt] répond à un besoin précis de la langue emprunteuse dans la mesure où il permet d’exprimer des concepts nouveaux ou de désigner les objets inconnus de cette langue… et permet de remplir une case vide .

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Table des matières

Introduction générale
PREMIERE PARTIE : 1. Le contexte, l’emprunt linguistique
1.1 CONTEXTE
1.2 L’EMPRUNT DANS LA LITTERATURE
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE : 2. aspects segmentaux et sémantiques
Introduction
2.1 PRESENTATION PHONOLOGIQUE DU BAMANANKAN ET DU FRANÇAIS
2.1.1. Présentation phonologique du bamanankan
2.1.1.1Les consonnes
2.1.1.2. Les voyelles
2.1.2. Présentation phonologique du français
2.1.2.1. Les consonnes
2.1.2.2. Les voyelles et les semi-voyelles du français
2.2. INTEGRATION SEGMENTALE DES EMPRUNTS FRANÇAIS EN BAMANANKAN
2.2.1. Aspect phonético-phonologique
2.2.1.1 Au niveau consonantique
2.2.1.2. Au niveau vocalique
2.2.1.3 .Structures syllabiques du bamanankan/français
2.2.2. Aspects morphologiques
2.2.2.1. Cas du pluriel
2.2.2.2. Cas de l’affixation
2.2.2.3. Cas de composition
2.2.2.4. Cas d’aphérèse
2.2.2.5. Cas d’apocope
2.2.2.6. Cas de sigles
2.3. Aspects sémantiques
2.3.1. Maintien de sens
2.3.2. Restriction de sens
2.3.3. Spécification de sens
2.3.4. Elargissement de sens
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : 3Aspects suprasegmentaux
Introduction
3.1. Français
3.2. Bamanankan
3.2.1. Schèmes tonals
3.2.1.1. Schèmes tonals majeurs
3.2.1.2. Les schèmes tonals mineurs
3.3. INTEGRATION SUPRASEGMENTALE DES EMPRUNTS DU BAMANANKAN AU FRANÇAIS
3.3.1 Observation des emprunts
3.2.2 Les tons dans la composition
3.2.3 Tons dans les relations syntaxiques
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE DE REFERENCE
ANNEXES

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