Les troisièmes cycles des études médicales se doivent d’être des écoles professionnalisantes, permettant aux jeunes médecins généralistes d’être efficaces dès le début de leur activité professionnelle. (1) Comme le définit la WONCA Europe en 2002 (2), les médecins généralistes ou médecins de famille, sont le médecin traitant de chaque patient, chargés de dispenser des soins globaux et continus à tous ceux qui le souhaitent indépendamment de leur âge (sic). Cela implique donc une formation adéquate pour la prise en charge de tous ces patients et notamment pour celle des enfants.
La pédiatrie est définie par l’Académie Nationale de Médecine (3) comme une branche de la médecine spécialisée dans l’étude et le traitement des maladies des enfants, de la naissance à dix-huit ans, en proposant une prise en charge globale, physique, psychologique et sociale. Cette spécialité aux champs d’action très variés s’adresse à un être en développement et un adulte en devenir, ainsi qu’à ses parents qu’il faut savoir écouter et comprendre afin de les rassurer et de répondre à leurs attentes. (4) La pédiatrie est en plein essor grâce aux diverses avancées médicales, ce qui entraîne l’apparition de sur-spécialités parmi les pédiatres. Ce développement laisse alors vacant le champ de la pédiatrie générale.
Cela explique que la pédiatrie représente une part importante de l’activité d’un médecin généraliste en France. En effet, selon l’INSEE (5), au 1er janvier 2019, on recensait en France 15 357 481 enfants de moins de 18 ans, soit 22.9% de la population française. Pour se faire soigner, cette population pédiatrique possède deux recours en médecine libérale, les pédiatres libéraux et les médecins généralistes. En 2017, on comptait en France 88 137 médecins généralistes et 7257 pédiatres dont 33% seulement exercent en libéral.
En Normandie, la population des moins de dix-huit ans en 2017 compte 768 431 enfants. (7) La population médicale comporte 4114 médecins généralistes inscrits au Conseil de l’Ordre et 290 pédiatres dont 27% exercent en libéral, soit 78 pédiatres libéraux installés dans la région. (6) Cela donne une faible densité médicale avec 1 médecin généraliste pour 187 enfants et seulement 1 pédiatre libéral pour 9814 enfants. De plus, on note une grande disparité entre les départements normands, avec une meilleure couverture médicale, notamment en Seine Maritime et dans le Calvados. Or, on note une franche diminution des effectifs depuis 2007 avec une baisse de 9.1% du nombre de médecin généraliste sur le territoire français (6). En ce qui concerne les pédiatres, leur nombre a plutôt tendance à stagner depuis 2004, mais la part des praticiens s’installant en libéral continue de diminuer, ce qui participe aux difficultés d’accès aux soins ambulatoires.
Descriptif de la population étudiée
Constitution de l’échantillon
Pendant la période d’inclusion, trente quatre questionnaires ont été complètement remplis. Parmi eux, trois d’entre eux n’ont pas réalisé leur internat à Rouen (Rennes, Paris VII et Marseille), et deux d’entre eux l’ont réalisé en dehors de la période ciblée (2000 et 2015). Après exclusion de ces cinq questionnaires ne répondant pas aux critères d’inclusion définis précédemment, l’échantillon est donc constitué de vingt neuf questionnaires exploitables.
Profil sociodémographique
Le profil type des professionnels ayant participé à notre étude est un médecin d’environ trente trois ans, de sexe féminin, installé en zone urbaine et exerçant exclusivement en libéral. Les différentes caractéristiques sociodémographiques de notre échantillon sont décrites cidessous.
Sex ratio
L’échantillon est majoritairement féminin avec 23 femmes (79.3%) pour 6 hommes (20.7%).
Age
L’âge moyen des participants est de 33.5 ans, avec des bornes allant de 29 à 41 ans.
Année de passage de l’ECN
Les critères d’inclusion comprenaient les promotions d’internes de médecine générale ayant débuté leur internat entre 2004 et 2014.
Type d’activité professionnelle et lieu d’exercice
Dans notre échantillon, 18 des 29 médecins sont installés avec une activité libérale exclusive, 7 d’entre eux sont remplaçants avec une activité libérale exclusive, et 2 ont une activité mixte libérale et hospitalière. Pour 2 de ces médecins, leur activité est à la fois libérale et universitaire (chef de clinique de médecine générale). Concernant leur lieu d’activité, 15 des médecins, soit 51.7% de l’échantillon, exercent dans une zone urbaine. Pour 9 d’entre eux (31.1%), leur activité se situe dans une zone semi rurale, et 5 exercent en zone rurale (17.2%).
Nombre de consultations
En moyenne, les médecins répondeurs réalisent 25.9 consultations par jour, avec une répartition allant de 20 à 40 consultations par jour.
Activité pédiatrique
L’activité pédiatrique représente moins de 5 consultations par jour pour 9 de ces médecins, soit 31% de l’échantillon. La majorité d’entre eux (19 personnes, soit 65.5%) réalisent entre 5 et 10 consultations de pédiatrie par jour, soit environ un tiers de leur activité journalière. Pour l’un d’entre eux (3.5% de l’échantillon), cette activité pédiatrique représente plus de la moitié de ses consultations (entre 10 et 20 par jour).
Formation reçue en pédiatrie
Une partie du questionnaire concernait la formation reçue par les médecins pendant leur internat.
Les stages en pédiatrie
Une première question recensait les stages pédiatriques réalisés, ainsi que leur durée . La totalité des médecins de notre échantillon a réalisé au moins un stage de pédiatrie, dont 14 ayant effectué un semestre complet dans un service d’urgences pédiatriques et 8 dans un service hospitalier pédiatrique. Pour 5 d’entre eux, ils ont réalisé un semestre couplé de 3 mois dans chaque unité. Enfin, les deux derniers ont effectué seulement 3 mois de pédiatrie pendant leur internat. Concernant la PMI, 12 médecins seulement ont réalisé leurs 8 demi-journées de formation, soit 41.4% de notre échantillon. La formation pratique reçue pendant les stages est donc disparate, allant de seulement trois mois dans un service hospitalier de pédiatrie ou d’urgences pédiatriques sans réaliser le stage de PMI jusqu’à un stage couplé de trois mois dans chaque unité associé aux 8 demi journées de PMI.
Formations complémentaires en pédiatrie en dehors du DES
Une deuxième question concernait les formations complémentaires auxquelles les médecins ont pu participer de leur propre initiative en dehors du DES de médecine générale, soit pendant leur internat soit depuis le début de leur activité professionnelle.Parmi les différentes formations possibles en pédiatrie, on retrouve principalement la Formation Médicale Continue (FMC) sur des thèmes pédiatriques pour 8 d’entre eux soit 27% de l’échantillon. L’un d’eux mentionne un abonnement à une revue médicale pédiatrique et la participation à un congrès de pédiatrie. 72.4% de l’échantillon n’a bénéficié d’aucune formation complémentaire en pédiatrie en dehors de celle reçue pendant leur internat.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. MATERIEL ET METHODE
2. RESULTATS
2.1. Descriptif de la population étudiée
2.1.1. Constitution de l’échantillon
2.1.2. Profil sociodémographique
2.1.3. Formation reçue en pédiatrie
2.1.3.1. Les stages en pédiatrie
2.1.3.2. Formations complémentaires en pédiatrie en dehors du DES
2.2. Résultats principaux
2.3. Résultats secondaires : les situations cliniques
2.3.1. Prise en charge des pathologies aiguës
2.3.2. Prise en charge des pathologies chroniques
2.3.3. Accompagnement de la période néonatale
2.3.4. Suivi du développement de l’enfant et prévention
3. DISCUSSION
3.1. Forces et limites de l’étude
3.1.1. Les points forts de l’étude
3.1.2. Les limites de l’étude
3.2. Importance des terrains de stage proposés
3.3. Formation médicale continue pédiatrique
3.4. Retentissement de la formation pédiatrique reçue
3.5. Situations cliniques problématiques
3.5.1. Prise en charge des pathologies aiguës
3.5.2. Prise en charge des pathologies chroniques
3.5.3. Accompagnement de la période néonatale
3.5.4. Suivi du développement de l’enfant et prévention
3.6. Pistes d’amélioration
3.6.1. Accès à des stages de pédiatrie libérale
3.6.2. Promouvoir la formation médicale continue
3.6.3. Favoriser la relation médecin généraliste – médecin spécialiste
3.6.4. Développer la communication avec les CMP et les acteurs sociaux
4. CONCLUSION
ANNEXE 1 : Questionnaire
ANNEXE 2 : Tableau 5 : Situations cliniques
ANNEXE 3 : Table des graphiques et tableaux
BIBLIOGRAPHIE