Construire une exposition sur le fait religieux au XXeme siècle 

La mémoire du protestantisme

De l’influence d’une reine : histoire de l’union entre le Béarn et le protestantisme

Dans l’histoire de la vicomté du Béarn, les contemporains et les spécialistes d’aujourd’hui se rejoignent généralement sur la volonté d’indépendance et le particularisme qui reviennent souvent dans les écrits . En 1555, lorsque Jeanne d’Albret succède à son père Henri II de Navarre à la tête du petit Etat souverain, ces notions n’ont jamais été aussi réelles.
Avec l’arrivée du luthéranisme et des premières idées calvinistes, la France du XVIème siècle est en proie à des oppositions religieuses internes grandissantes. Le Béarn passe alors aux premières loges dans ce conflit. Marguerite de Navarre, sœur de François Ier et épouse d’Henri II de Navarre, est l’une des premières à soutenir, discrètement, ces hommes aux opinions dérangeantes aux yeux de son frère et de son mari. Dans son entourage proche, se trouve notamment l’évêque d’Oloron, Roussel, un fervent admirateur de Guillaume Briçonnet, l’un des premiers ecclésiastiques réformateurs français, qui conduira une expérience réformatrice dans son diocèse. Peu à peu, l’opinion royale se durcit vis -à-vis de ceux qui sont désormais nommés « huguenots ». A contrario, la vicomté de Béarn, forte de son indépendance, accorde une liberté toujours plus grande aux protestants. Parmi eux, quelques-uns occupent notamment une place importante au sein du gouvernement béarnais, comme Roussel . Cette situation de « non répression » nous montre alors que la politique et la religion, quelle que soit la confession, sont indissociables. C’est sur cela que Jeanne d’Albret, fille de Marguerite de Navarre et d’Henri d’Albret entend appuyer son pouvoir et sa souveraineté pour en faire un véritab le objectif de gouvernement.
Si Marguerite a jeté les prémices d’une intégration du protestantisme en Béarn, Jeanne apparait comme celle qui a réellement intégré le culte de Genève au sein de la vicomté. Dans le protestantisme, la reine de Navarre a trouvé un nouveau moyen de « [conforter] son indépendance à l’égard de la couronne de France » , de prouver la souveraineté totale de son Etat qui est de plus en plus mise à mal. Les mariages successifs avec des membres de la famille royale en sont la preuve la plus évidente : Marguerite de France avec Henri II de Navarre, Jeanne III d’Albret avec Antoine de Bourbon « premier prince de sang »et plus tard, Marguerite de Valois avec Henri III de Navarre, le futur Henri IV.
Si le royaume de France souhaite autant intégrer la vicomté de Béarn à son territoire, c’est qu’il craint l’étendue des pouvoirs de ce petit Etat. D’autant que le vicomte souverain de Béarn est également roi de Navarre. Par ailleurs, lorsque les troupes de Charles IX se trouvent repoussées en 1569 par l’armée de la reine Jeanne aux frontières du Béarn et de la Basse Navarre, le roi constate la puissance de cet Etat, dictée par l’identité protestante de la reine et de ses sujets. Aussi, la situation géographique du Béarn, proche de l’Espagne, ef fraie les souverains français. A maintes reprises, ces derniers tentent de négocier des terres au cœur même du royaume de France contre le Béarn et la Basse Navarre. Monluc, chef des armées catholiques dans le sud-ouest sous Charles IX, écrit dans ses Commentaires : « Le roy ayant de quoi récompenser dans le royaume la reyne de Navarre, pour la tenir d’autant plus soubs son obéissance ; car un roy doit tousjours désirer que ceux qui sont ses subjects, s’il sont grands et puissants, soyent dans le cœur du royaume et non aux extrémités car lors ils n’osent lever les cornes » . Le roi sait que les risques sont plus grands s’il laisse les terres frontalières à des puissants qui pourraient se retourner contre lui et faire entrer l’ennemi, notamment les Espagnols, dans le royaume.
Jusqu’à sa mort en juin 1572, Jeanne d’Albret n’a de cesse que de renforcer l’influence des idées religieuses nouvelles sur son territoire. La reine choisit de se convertir officiellement au protestantisme à Noël 1560. Après cette date, e lle met en œuvre plusieurs actions visant à supprimer l’influence catholique en Béarn. Elle fait notamment publier plusieurs ordonnances renforçant progressivement le culte protestant en Béarn. Par exemple, en 1566, par des lettres patentes, elle fait nommer le collège protestant d’Orthez établi deux ans plus tôt dans le couvent des Jacobins, Académie d’Orthez. Cela en dit long sur l’éducation, sur ce qu’elle souhaite apprendre à ses sujets au travers de la confession protestante. Si elle instaure dans un p remier temps un « simultaneum », une période de tolérance entre huguenots et catholiques, la reine de Navarre durcit sa politique, notamment en 1569 où elle ordonne la sécularisation des biens de l’Eglise catholique et l’obligation de participer au nouveau culte . Un an plus tôt, elle avait déjà décrété obligatoires le prêche et le baptême. La vision d’une souveraine défendant à tout prix l’autonomie de son pays, principalement par sa foi, renforce le sentiment de particularisme et d’indépendance chez ses sujets, sentiment qu’ils revendiquent depuis des années. Par ses Ordonnance de 1571 en 77 articles, elle définit la place de la nouvelle Eglise dont elle est laprotectrice au sein de cet Etat protestant.
La disparition de Jeanne d’Albret sonne le début de troubles qui prennent de plus en plus d’ampleur, en Navarre, mais aussi dans le royaume de France. En août 1572, Henri III de Navarre prend part à ce qui devait être un apaisement des tensions, en se mariant avec Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX et fille de Catherine de Médicis, catholiques convaincus. Cette union, loin d’apaiser les différents entre catholiques et huguenots, est l’une des causes principales du massacre de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572, soit six jours après le mariage . Cet évènement, qui s’étend jusqu’en septembre, cause la mort d’environ 4 000 Parisiens et 10 000 provinciaux . Le futur Henri IV se voit alors dans l’obligation d’abjurer la religion de sa mère.
Malgré tout, Henri tente, au possible, de protéger sa terre natale des insurrections catholiques. En 1577, il nomme sa sœur Catherine de Bourbon Régente en Béarn. La jeune femme suit les traces de sa mère Jeanne, notamment dans son attachement inconditionnel au culte protestant. Grâce à son héritage, la régente réussit à calmer les tensions et à continuer la profession de foi de sa mère, en conservant le protestantisme comme la religion majoritaire en Béarn tout en évitant au maximum les conflits avec les catholiques.

Ressources et nouveaux lieux de transmission de la mémoire : fondements et projets

Le relais de la mémoire du protestantisme ailleurs en France et dans le monde : similitudes et distinctions

La mémoire du protestantisme est internationale. Si certains musées reprennent des thèmes similaires à ceux du Béarn et du musée Jeanne d’Albret, chaque structure choisit de développer une ou plusieurs thématiques en lien avec la mémoire protestante, selon sa situation géographique, son histoire mais aussi, selon ses moyens financiers et techniques. Afin d‘étayer mon propos, j’ai choisi de prendre trois exemples de musées de ce type : le musée du Protestantisme de Ferrières dans le Tarn, le musée international de la Réforme de Genève en Suisse et le musée des Religions du monde de Nicolet, au Québec.
Le musée du Protestantisme de Ferrières est né en 1968 d’une association. En 2009, après des mois de travaux sur le nouveau site « La Ramade », il ouvre ses portes de nouveau au public, dans un bâtiment neuf. Si l’architecture et la muséographie ont été arrangées d’une manière plus contemporaine, le fil conducteur du musée reste le même : le protestantisme dans la région, de la Réforme à la laïcité. Au départ, la religion n’est pas étudiée en elle-même, mais apparait plutôt comme un enjeu sociétal. Aujourd’hui, le musée se présente comme vitrine d’une identité régionale, basée sur le protestantisme, mais pouvant accueillir des visiteurs de confessions diverses, voire sans confession particulière, dans une idée de laïcité « à la française » . De par sa collection importante, le musée de Ferrières offre un grand choix d’objets et de possibilités de mise en scène. Il dispose aussi d’une section généalogiq ue consultable sur demande. En ce qui concerne les visites, elles peuvent se faire seul ou en groupe, aidé d’un guide ou non. Des livrets sont à la disposition des visiteurs, dans plusieurs langues dont l’occitan. D’autres sont conçus pour les enfants, sous forme de livrets-jeux. Des animations sont prévues pour les groupes venant au musée, notamment une visite de Ferrières et de ses environs. Tout au long de l’année, le musée participe à divers évènements tels que le Week -end Télérama, la Nuit des musées ou encore les Journées de Patrimoine . Il organise aussi ses propres manifestations, notamment des marches découvertes au printemps et durant la période estivale.
Dans l’histoire du protestantisme, Genève demeure la ville où Calvin a élaboré sa réforme, dont le modèle se développera en Europe puis dans le monde. Elle accueille des personnages emblématiques de la confession protestante, notamment Calvin, mais elle est aussi très engagée dans la formation des futurs pasteurs. Il est donc naturel que le Musée international de la Réforme ait pris place au cœur de cette ville, à la Cour Saint -Pierre, sur l’ancien emplacement du cloître éponyme où la Réforme fut votée en 1536. Si l’idée d’un lieu d’exposition sur ce sujet précis existe depuis 1949, le musée n’est ouvert au public que depuis 2005, grâce à la création de la Fondation du Musée international de la Réforme cinq ans auparavant. Tout comme le musée de Ferrières, il présente une exposition permanente expliquant le protestantisme de la Réforme à nos jours, ainsi que des expositions temporaires sur des thèmes artistiques, scientifiques et historiques. Le point fort du MiR demeure son aspect international. Les visites peuvent donc se faire en français, anglais, italien, allemand ou néerlandais. Par ailleurs, le musée dispose d’audioguides, ce qui est souvent apprécié dans le cadre de visites de particuliers. Pour s’ouvrir toujours plus vers l’extérieur, le MiR a institué des visites guidées publiques gratuites, les « midis du MiR » chaque deuxième mardi du mois, visites d’une heure . Divers moyens et activités pédagogiques sont mis en place afin de faire participer les enfants de tous âges, dans le cadre scolaire ou privé, ainsi que les adultes venus en groupe ou en famille. D’autre part, le musée de Genève di spose de moyens techniques et financiers importants, ce qui lui permet de proposer des miroirs « parlants », des animations sonores et autres objets interactifs. Cela facilite et rend plus abordable la compréhension d’une histoire aussi que celle du protestantisme.
Au niveau international, la référence des musées en matière de religion reste le musée des Religions du Monde, situé à Nicolet, au Québec . Le fil conducteur du musée se base sur les cinq grandes religions du monde – hindouisme, bouddhisme, judaïsme, christianisme, islam – en essayant de faire passer un message de compréhension et de tolérance. Contrairement aux deux autres musées précédemment cités, le musée des religions ne se concentre donc pas sur une seule religion ou une seule confession. Il a été imaginé dans une optique de comparaison des éléments de chaque religion, que cela concerne les rituels, les objets de culte ou les acteurs.
Les expositions existent depuis 1981. Pourtant, le musée, auparavant appelé « centre d’exposition » n’a cette appellation que depuis 2001. La préservation des objets, l’étude des collections et de leur histoire, ainsi que la diffusion auprès du grand public sont les principaux objectifs. La qualité première de l’établissement reste donc la mise en valeur d’un pat rimoine religieux international, de son aspect communautaire, au travers des grandes religions mais aussi des cultes de minorités telles que les Amérindiens ou les Inuits. L’interactivité devient alors primordiale, notamment dans les activités avec les enf ants qui ne sont pas les premiers intéressés par la culture religieuse.
Quelle que soit la situation géographique, quels que soient les moyens financiers et techniques, chacun de ces musées proposent différentes manières de présenter, de diffuser et de valoriser la mémoire protestante. Chaque région possédant un lien important avec le protestantisme détient sa propre image, sa propre histoire, sa propre mémoire. Les évènements importants pour la région de Ferrières ne sont pas toujours les mêmes que ceux de Genève. Le musée des religions de Nicolet se différencie d’autant plus, puisqu’il propose une valorisation de la mémoire religieuse par la comparaison entre les confessions. Tous les cultes apparaissent égaux.

Les lieux de la mémoire protestante en Béarn

Avec une histoire forgée dans le protestantisme telle que l’est celle du Béarn, il est légitime de penser que le Béarn actuel regorge de lieux emblématiques de la mémoire protestante. Pourtant, la réalité s’éloigne fortement de cette idée. Pau, capitale béarnaise depuis des siècles, est longtemps restée l’un des bastions du protestantisme régional, de par l’action successive de Marguerite de Valois, de Jeanne d’Albret et du futur Henri IV. Après avoir annexé le petit Etat souverain, Louis XIII et son fils Louis XIV après lui, souhaitent ardemment redonner une place de premier plan au catholicisme en Béarn. Pour cela, Louis XIV envoie un intendant nommé Foucault ayant pour mission de détruire les lieux protestants de la région . Ce dernier s’exécute royaleme nt puisqu’il ne reste aujourd’hui aucun temple datant de la période post-Révocation dans la ville. Plus tard, l’Eglise Saint-Martin, accordée aux protestants par la reine Jeanne jusqu’en 1620, s’effondre en 1884.
Ne survivra que le clocher. Elle est reconstruite peu de temps après dans le quartier du château.
La répression à l’encontre des huguenots béarnais se matérialise également par des établissements catholiques, comme l’ancien couvent des Capucins, situé Louis Barthou.A l’emplacement de l’actuelle préfecture, aucune trace ne laisse penser qu’en 1623, un temple avait été construit exclusivement pour la communauté protestante . Durant les années « Pau, ville anglaise » , les anglicans font bâtir l’église Christ Church, rue Serviez, aujourd’hui temple protestant . Le patrimoine protestant anglican et écossais prédomine dans le paysage palois, par rapport au protestantisme français.
Outre les édifices religieux, d’autres bâtiments palois ont eu un lien plus ou moins fort avec le protestantisme. Une partie de l’histoire du protestantisme en Béarn s’est jouée au sein même du château de Pau . Des premières messes aux persécutions, il est devenu un lieu symbolique des souverains de Béarn et de leur foi. Face au château, le Parlement de Navarre, fondé par Louis XIII en 1620, se place à son tour au cœur des débats religieux aux XVIIème XVIIIème siècle.A quelques pas de la place Gramont, la maison natale de Jean -Baptiste Bernadotte accueille aujourd’hui le musée éponyme . Dans l’histoire du protestantisme, Bernadotte tient un rôle important puisqu’il hérite du royaume de Suède en 1818, de confession luthérienne. De par sa nouvelle place et ses origines béarnaises, il se convertit lors de son couronnement.
La ville de Pau regorge de lieux liés à l’histoire protestante en Béarn. Qu’ils soient religieux ou civils, qu’ils existent encore ou non, la capitale béarnaise conserve la mémoire de ces bâtiments.

Construire une exposition sur le fait religieux au XXème siècle

Créer une exposition sur le protestantisme en Béarn au XXème siècle requiert une connaissance et une compréhension des faits historiques. Néanmoins, dans un tel projet, les aspects techniques ont autant d’importance que la recherche scientifique. Qu’ils soient membres du personnel ou bénévoles, les acteurs du musée tiennent un rôle capital afin de faire vivre le duo histoire-muséographie, malgré la difficulté de la tâche.
La mise en scène muséographique engage une réflexion laborieuse. Plusieurs problématiques sont à prendre en compte. Une exposition convaincante doit allier une parfaite scénographie d’un sujet déterminé, un parcours de visite cohérent, ainsi qu’un choix judicieux d’objets à exposer.
Toute cette réflexion amène à une problématique plus générale : quelle muséographie choisir pour une salle d’exposition ? Harmonisation est le maître mot. Au sein d’un musée, l’agencement de la salle doit être en harmonie avec les supports choisis pour exposer les objets, mais aussi avec l’ensemble de l’établissement.

Un musée, des acteurs

Travailler au sein d’un musée d’histoire

Le musée Jeanne d’Albret, histoire du protestantisme béarnais, est un musée associatif.
Les membres de l’association ont un rôle évident dans le fonctionnement du musée. Cependant, dans ce genre d’établissement, les professionnels ont aussi leur place. Au musée Jeanne d’Albret, la présence de Mme Charlotte Abadie-Laborde et de Mme Patricia Casteits permet au musée d’évoluer, au même titre que les bénévoles.
Après l’obtention d’une licence d’histoire de l’art et d’un master en valorisation du patrimoine à l’université de Pau, Charlotte Abadie s’est rap idement plongée dans la vie professionnelle.En 2008, elle entre au musée Jeanne d’Albret comme agent de valorisation du patrimoine, aux côtés de Cécile Tison, actuellement en poste au service Ville et Pays d’Art et d’Histoire du Béarn de Gave . Evoluer au sein d’un petit musée permet de développer une pluralité de savoir-faire. Mme Abadie s’occupe tour à tour de l’accueil, des visites, des animations, ou encore de la médiation culturelle. Par ailleurs, elle participe à l’organisation d’évènements tels que les Journées du Patrimoine ou la Nuit des musées. Elle travaille également sur le musée en lui-même, au sein de la boutique et de l’inventaire, et sur l’image qu’il renvoie dans le paysage culturel de la région. A l’été 2010, elle obtient une place de chargée de mission au musée de la Chalosse . Elle y exécute des impératifs similaires. En novembre de cette même année, Charlotte Abadie succède à Cécile Tison au poste de responsable du musée Jeanne d’Albret. Depuis trois ans, ses compétences et ses responsabilités se sont multipliées. Elle est à la fois chargée de conservation du patrimoine et de communication, conceptrice d’expositions et d’évènements ou encore responsable de l’inventaire.

Etre bénévole au musée, le rôle des membres de l’association

Depuis sa création, le musée Jeanne d’Albret ne serait rien sans le bénévolat. Avec la professionnalisation de l’établissement, un travail d’équipe s’est instauré entre les bénévoles et les salariés. Chacun apporte ses connaissances et ses compétences dans un même but : assurer le bon fonctionnement du musée.
Le musée Jeanne d’Albret, histoire du protestantisme, est géré par l’association du même nom. De ce fait, cette dernière demeure propriétaire des collections présentées et conservées au musée, ou, dans certains cas, dépositaire . Afin de gérer au mieux les collections, l’association compte sur la participation de ses adhérents, environ 180 aujourd’hui. La cotisation est de 15€ pour les simples adhérents. Les étudiants et les demandeurs d’emplois bénéficient d’une réduction de 10€. Quant aux membres bienfaiteurs, le montant de la cotisation s’élève à 30€. Sont souvent considérés comme tels les membres versant régulièrement des dons au musée. Certains de ces membres sont présents depuis 1991, soit depuis la naissance de l’association. C’est le cas de M. Jean-Pierre Bost, président jusqu’en 2010, et de sa femme Béatrice . Comme je l’ai évoqué précédemment, les Bost sont issus de familles protestantes influentes en Béarn, notamment en relation avec les Cadier. Il est donc important pour eux de perpétuer l’histoire de leur région et de leurs aïeux. Mme Bost s’occupe notamment de la bibliothèque du musée. Si M. Bost a quitté ses fonctions de président depuis 4 ans, il est satisfait du travail exécuté par M. Robert Darrigrand et Charlotte Abadie. Selon ses dires, leur collaboration apporte « un élan nouveau au musée » . Cela montre que l’entente entre membres d’une association et salariés est possible.

Le musée Jeanne d’Albret, entre collaborations et désaccords

Si le musée Jeanne d’Albret continue de se développer aujourd’hui, il le doit essentiellement au travail des acteurs, bénévoles et salariés, mais aussi aux intervenants extérieurs, notamment la municipalité d’Orthez. Néanmoins, comme dans toute entreprise, l’entente entre les protagonistes peut être mise à l’épreuve sur des questions comme la muséographie. En 2001, suite à un premier accord entre la mairie d’Orthez et le musée du protestantisme béarnais, ce dernier prend le titre de « musée municipal » . La municipalité met en place le musée Jeanne d’Albret, et en laisse la gestion à l’association du musée. Avant l’arrivée de Cécile Tison, l’ancienne responsable du musée, ce soutien de la part de la mairie se concrétisait par le placement d’une personne de son choix à l’accuei l, en plus d’une mise à disposition de locaux. Le précédent maire, M. Thierry Issartel, ainsi que ses conseillers ont fait le choix de mettre en avant cette structure, afin de valoriser la commune par le biais d’un de ses lieux historiques et culturels notables. La collaboration avec la municipalité orthézienne prend aussi un aspect financier. Par un accord renouvelé chaque année, le musée Jeanne d’Albret reçoit une subvention de sa part. Grâce à ce soutien financier, l’établissement peut faire l’acquisition d’œuvres, de matériel d’exposition ou faire appel à un restaurateur par exemple.
Sans cette aide, les bénéfices obtenus par la billetterie et la boutique ne suffiraient pas. Aussi, la mairie d’Orthez, au travers de cette même subvention, ajoute une part permettant à l’association du musée de rémunérer l’attaché de conservation du patrimoine, Charlotte Abadie.
Aujourd’hui, la municipalité a changé de représentants. Ces derniers, notamment le chargé de la culture, sont favorables au développement du musée. Cependant, aucune convention n’a été encore renouvelée.
Depuis sa création, le musée Jeanne d’Albret, histoire du protestantisme béarnais, bénéficie d’un soutien essentiel de la part de la municipalité orthézienne. Avec l’élection du nouveau conseil municipal, cette collaboration doit être reconduite avant la fin de l’année. Cette entente accorde des avantages à chacun des partis. En soutenant le musée, la commune valorise son aspect patrimonial et culturel, dans une optique régionale.
Au sein du musée, ou de tout autre établissement, les diverses collaborations ne sont pas toujours mises en œuvre sans difficulté, notamment entre salariés et bénévoles. Le musée du protestantisme béarnais a vu le jour grâce à l’attachement des membres de l’association à leur histoire et à leur patrimoine. A travers la création d’un musée, ils ont souhaité partager leur passion, leurs connaissances sur le sujet de façon concrète. Dès la conception du projet muséal, leur investissement n’a pas connu de limite. Chaque membre a ac tivement participé à l’installation de la salle d’exposition puisque, au départ, seule la salle consacrée au XIXème siècle existait. Ils ont choisi, de leur propre chef, les objets, les vitrines, les tableaux disposés sur les murs, et ont créé la muséographie qui leur semblait la plus appropriée. Leur attachement au musée Jeanne d’Albret est, de ce fait, compréhensible. Mais, aujourd’hui, ce fort sentiment peut, dans une certaine mesure, constituer un risque pour le musée.

Le montage de l’exposition, une réflexion complexe

La mise en scène du quotidien et de la religion

La muséographie choisie lors d’une exposition diffère selon la thématique du musée.
Par exemple, un scénographe n’utilise pas les mêmes normes muséographiques dans un musée d’art contemporain et dans un écomusée. Au musée Jeanne d’Albret, le quotidien et la religion constituent l’essentiel de l’exposition, ce qui nécessite une mise en scène adaptée. Pour les objets issus de la vie quotidienne, la muséographie peut prendre plusieurs formes. Certains musées choisissent de recréer l’ambiance d’une époque, la vie d’une personne ou des évènements historiques en reconstituant les pièces d’antan. En Vendée, le logis de la Chabotterie de Saint-Sulpice-le-Verdon et le musée des Deux-Victoire de Mouilleron-enPareds ont, entre autre, choisi cette option de mise en scène . Edifié au tournant des XVème et XVIème siècles, le logis de la Chabotterie accueille aujourd’hui un musée, ainsi qu’un hôtel Stages effectués du 20 février au 2 mars 2012 et du 11 au 15 mars 2013 dans le cadre de la licence d’histoire. et un restaurant . La thématique adoptée dans la partie musé ale de la bâtisse est le XVIIIème siècle et la guerre de Vendée. Tout au long de la visite, le public effectue un voyage dans le temps grâce à l’aménagement complet de chaque pièce selon le thème. L’immersion est d’autant plus totale que tous les objets exposés datent d’avant 1790. Autre lieu, autre époque.
Le musée des Deux-Victoires, aussi appelé musée Clemenceau-de Lattre, symbolise la mémoire de deux grands hommes, natifs de la commune, Georges Clemenceau et Jean de Lattre deTassigny . Aujourd’hui, la partie principale du musée se trouve au sein même de la maison du Maréchal de Lattre. De façon similaire au logis de la Chabotterie, chaque pièce de la maison a été recréée selon les photographies et les écrits de la famille de Lattre, avec les objets leur appartenant. Néanmoins, la muséographie ne s’arrête pas à la reconstitution de l’intérieur. Aux étages, dans les couloirs, des vitrines et des panneaux explicatifs racontent la vie du Maréchal, jusqu’au grenier où un frise relate sa vie militaire.
Dans chacun de ces musées, la vie quotidienne s’expose de manière très concrète. Le musée Jeanne d’Albret n’a pas vocation à reconstituer l’intérieur de la maison de la reine de Navarre. Néanmoins, quelques idées peuvent être retenues dans ces exemples. Au musée des Deux-Victoires, les vitrines présentées dans les couloirs ont subi des modifications. Comme Charlotte Abadie, le directeur, M. Jean-François Bourasseau, souhaite moderniser l’exposition, tout en gardant l’esprit originel de la maison. De ce fait, il in tègre progressivement des supports muraux venant remplacer les vitrines désuètes datant des années 1970, qui s’accompagnent de panneaux explicatifs. Afin de respecter le lieu et son histoire, le choix du gris, du vert et du marron taupe est judicieux pour deux raisons. D’une part, ces couleurs rappellent l’armée et d’autre part, elles s’intègrent parfaitement à la décoration intérieure. Cet exemple montre donc qu’il est possible de mêler histoire et modernité, sans dénaturer le lieu, ni les objets exposés.
Par ailleurs, que ce soit au logis ou au musée Clemenceau-de Lattre, les nouvelles technologies sont utilisées sous différentes formes : sons, images animées, vidéos. A la Chabotterie, par exemple, une ambiance sonore spécifique a été attribuée dans chaque pièce que ce soit des voix, le crépitement du feu, le bruit des couverts ou le grattement d’une plume sur le parchemin.

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Table des matières
REMERCIEMENTS 
SOMMAIRE 
INTRODUCTION 
CHAPITRE I – PRESENTER L’HISTOIRE DU PROTESTANTISME EN BEARN AU XXEME SIECLE
CHAPITRE II – CONSTRUIRE UNE EXPOSITION SUR LE FAIT RELIGIEUX AU XXEME SIECLE 
CHAPITRE III – UNE OUVERTURE THEMATIQUE PLUS LARGE VERS UN PUBLIC NOUVEAU 
CONCLUSION
TABLE DES ANNEXES 
ANNEXES 
SOURCES 
BIBLIOGRAPHIE 
WEBOGRAPHIE 
TABLE DES MATIERES

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