Construire sa polyvalence en tant que professeur des écoles

Les difficultés rencontrées

                 Vu que ma situation professionnelle était axée auparavant sur l’expertise, j’ai rencontré de nombreuses difficultés dans la construction de ma polyvalence pendant cette année de PES. Lorsque j’ai dû accomplir plusieurs fonctions en même temps ou différents rôles l’un après l’autre, il m’a fallu gérer au mieux ces journées de professeur des écoles. Par exemple, dans la même journée, après ma classe, je suis intervenu en APC6 de 16h à 16h30 auprès de 2 élèves en difficulté sur la maitrise de l’alphabet, suivi d’une réunion avec des parents d’une élève de 16h30 à 17h puis d’un conseil de maitres de 17h à 18h. Quant à mes moments de préparation d’apprentissages et d’intervention avec les élèves, il a été parfois difficile de se sentir légitime dans certaines disciplines avec une formation et une longue expérience en sciences. Par exemple, par manque d’expertise dans l’univers sonore, j’ai travaillé sur les instruments de musique sans avoir expliqué les trois grandes familles d’instruments. Ou encore, j’ai dû revoir et approfondir des notions en français tel que le ductus des lettres en cursive. Au-delà des savoirs disciplinaires, certains objectifs d’apprentissages sont parfois difficilement atteignables ou partiellement couverts :
 soit en n’adaptant pas la bonne pédagogie (par exemple, en phonologie, j’ai travaillé l’identification des phonèmes avant de travailler sur les syllabes et les rimes)
 soit par manque de recul et d’expérience (par exemple les consignes n’étaient pas adaptées et compréhensibles ou l’explicitation de l’enseignement n’était tout simplement pas formulée),
 soit par la non-considération de l’hétérogénéité des élèves (le but est de ne pas creuser l’écart mais aussi de ne pas combler cet écart entre les « bons » élèves et ceux en difficulté. Les élèves peuvent simplement réussir à leurs échelles. Par exemple, j’ai essuyé un échec dans un exercice où il fallait séparer par un trait les mots dans des phrases : six élèves sur dix-neuf élèves n’avaient pas assez assimilé la notion de mots et un besoin de différenciation s’est fait jour et a impliqué une recherche d’adaptation (en entourant les mots seulement) (cf Annexe 1)
De plus, pour des raisons d’exemplarité, je dois être modélisant auprès des élèves. Il est alors nécessaire de m’améliorer sans cesse, que ce soit, pour rester dans la discipline du français, au niveau de ma syntaxe, du parler professionnel ou de mon écriture au tableau. Et quand bien même j’étais à l’affut pour rectifier la moindre maladresse ou moment qui pouvait s’avérer compliqué lors de ces multiples actes de polyvalence mentionnés ci-avant, il a été difficile pour moi d’admettre le « droit à l’erreur » en cette année de stagiaire. C’est le revers de la conscience professionnelle : toujours bien faire, dans la toute-puissance, dans le contrôle total, de peur de nuire à l’apprentissage des élèves. Il était ainsi laborieux d’accepter, voire d’anticiper toutes les difficultés professionnelles en intervenant sur plusieurs fronts, même en connaissance de cause. Ceci a été travaillé et analysé à travers un GAP (Groupe d’Aménagement de Parcours) avec un collègue PES qui avait constaté qu’il était très difficile de se risquer à l’inconnu et de présenter quelque chose que nous croyons ne pas maîtriser ! 7 Enfin, personnellement, allier en plus de l’enseignement polyvalent en classe « les casquettes » d’étudiant à l’Inspé et de père de famille n’est pas si aisé. Il faut sans cesse optimiser sa gestion de temps professionnelle, étudiante et personnelle afin de satisfaire tout le monde et surtout soi ! Toutes les difficultés rencontrées dans la construction de ma polyvalence pendant cette année de PES m’ont permis en même temps de m’interroger sur la complexité du métier de professeur des écoles. C’est pourquoi, tout d’abord, j’ai voulu comprendre l’origine institutionnelle et historique de la polyvalence.

L’origine institutionnelle et historique de la polyvalence

                 La polyvalence est ancrée dans les écoles depuis plus de cent ans. En rendant l’école primaire obligatoire et gratuite à tous (de 6 ans à 13 ans) en 1882, de nombreuses écoles ont dû être créées et ouvertes à classe unique et, par souci économique, un seul et unique instituteur, qui enseigne à la fois toutes les disciplines et à tous les niveaux. La polyvalence de l’instituteur est alors née. D’autant plus, l’existence du certificat d’études (diplôme né en 1866 et supprimé en 1989) qui sanctionnait la fin de l’enseignement primaire en France en attestant l’acquisition des connaissances de base (écriture, lecture, calcul mathématique, histoire-géographie, sciences appliquées) a renforcé et institutionnalisé la polyvalence de cet enseignant unique dans sa classe. Au-delà d’un diplôme, ce certificat d’études représentait un « sésame » essentiel pour entrer encore plus facilement dans la vie active. Mais encore, après avoir lu quelques articles sur le sujet8 et vécu quelques expériences personnelles, la construction de toute polyvalence est bornée par différentes limites. Sans vouloir chercher absolument une excuse à ces difficultés, il me semble opportun de réfléchir et d’analyser ces limites auxquelles j’ai été confronté.

Un unique enseignant, et alors ?

                Le fait d’être un enseignant unique permet d’avoir une meilleure connaissance des besoins des élèves. Ce lien privilégié permet ainsi de déceler les particularités des élèves (par exemple un « trouble dys » ou une précocité) et de faire les démarches appropriées afin que l’élève soit le mieux pris en charge possible (dans les deux exemples, une demande de PAP (Plan d’accompagnement Personnalisé) est formulée). D’autre part, du fait d’une gestion complète de la semaine avec les élèves, le professeur des écoles peut rectifier au mieux les apprentissages et ajuster ses pratiques tout en maitrisant le temps pédagogique. Il est alors possible d’ajuster le travail entre les disciplines d’une séance sur l’autre dans une même journée ou équilibrer sur la semaine lorsqu’il y a des priorités. Le fait d’avoir sa propre classe tout au long de l’année scolaire, même en décloisonnant ou en échangeant des services, donne ainsi de la souplesse dans l’emploi du temps et de connaitre encore mieux ses élèves. De plus, l’unicité du maitre d’école permet de favoriser le « devenir élève » et d’installer une stabilité (au travers des rituels par exemple) tout en prenant en compte la dimension de socialisation de l’enfant (respect des règles, contraintes de travail) au sein de la classe. Il est également plus aisé de rebondir lors de difficultés (en français par exemple) en positivant sur les réussites observées des élèves (en mathématiques par exemple) afin d’accroitre la confiance en soi et un climat de classe bienveillant et propice aux apprentissages. Enfin, un PE unique dans une classe contribue ainsi à la fois à l’édifice d’un collectif groupe-classe et à la construction identitaire des élèves en les connaissant et en les différenciant de mieux en mieux. Le PE unique réussit alors à faire émerger le désir d’apprendre de par la connaissance de ses élèves et leurs affinités, et aide les élèves à dépasser leurs connaissances initiales dans une pédagogie motivante. Le fait de gérer ses élèves (de niveaux différents possibles) tout au long de l’année, à travers toutes les disciplines exigées dans les Instructions Officielles et avec l’aide de la communauté éducative, nécessite, pour la réussite des élèves à l’école primaire, un enseignant polyvalent. Mais comment ai-je perçu les différentes « facettes » (ou types) de la polyvalence du professeur des écoles et leurs enjeux ?

Conclusion : ma nouvelle vision de la polyvalence

             Pour conclure, en se basant sur le référentiel30, cette réflexion sur la polyvalence m’a permis de comprendre que toutes les compétences exigées font apparaitre une certaine complexité du métier d’enseignant à l’école primaire. Celle-ci met en exergue la polyvalence dans toutes ses dimensions à la fois relationnelle, disciplinaire et interventionnelle qui correspond à un idéal et devient, pour ma part, un de mes axes majeurs de formation continue pour les raisons suivantes :
 Un PE unique polyvalent dans une classe contribue à la fois à l’édifice d’un collectif groupe-classe et à la construction identitaire des élèves en les connaissant et en les différenciant de mieux en mieux.
 La polyvalence permet de développer les apprentissages dans la durée, de façon non décousue en favorisant l’articulation des notions entre elles, les transferts des connaissances et des compétences.
 L’enseignant polyvalent fait émerger le désir d’apprendre de par la connaissance de ses élèves et leurs affinités, et aide les élèves à dépasser leurs connaissances initiales dans une pédagogie motivante.
 Une atmosphère de classe, en conférant un statut de stabilité à l’unique enseignant, est propice aux apprentissages.
 Travailler avec l’humain et sa singularité complexifie la tâche et fait orienter logiquement le PE vers un poste « multitâches » ou de polyvalence.
 Le PE doit posséder un grand pouvoir d’adaptation au bénéfice de la réussite des élèves.
La polyvalence n’est pas un vain mot et se joue sur plusieurs fronts. D’un côté, le PE doit devenir expert pour chacun des domaines d’apprentissage en enseignant toutes les disciplines. De l’autre côté, il doit être capable de s’adresser à tous les enfants dans leur diversité d’âges, de culture ou de capacités physiques et intellectuelles, ainsi qu’aux différents acteurs œuvrant dans les apprentissages, mais également capable d’intervenir dans plusieurs écoles sur une semaine. La polyvalence représente donc plus qu’un pilier de l’école primaire, jusqu’à constituer les fondations mêmes de l’édifice pour en assurer la stabilité. Cet écrit réflexif m’aura permis au moins de prendre conscience qu’il sera difficile, voire quasi impossible d’être réellement polyvalent en fin de carrière. Au-delà de cette vision idéale de la polyvalence, échafaudée tout au long de ma pratique, je me sens, à ce jour, tout à fait épanoui professionnellement, à l’aise et à ma place dans ma classe. La collaboration avec ma binôme et l’ATSEM est construite de façon à instaurer un partage explicite de la classe. Les élèves évoluent dans une ambiance sereine, respectueuse et propice aux apprentissages. J’ai pu faire partager également les valeurs de la République en développant l’esprit critique ou en respectant la pensée des autres.

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Table des matières

1. INTRODUCTION : CONTEXTE DU STAGE
2. CONSTRUIRE EN UN AN UNE LEGITIMITE POUR EXERCER, COMPTE TENU DES MULTIPLES FACETTES DE L’ENSEIGNANT POLYVALENT : PAS SI FACILE !
2.1 Les difficultés rencontrées
2.2 L’origine institutionnelle et historique de la polyvalence
2.3 Les limites de la polyvalence
3. MAIS QUE PEUT APPORTER LE FAIT D’ETRE L’UNIQUE ENSEIGNANT DE LA CLASSE, ET QUI PLUS EST, POLYVALENT ? ET COMMENT LA POLYVALENCE PEUT-ELLE SE MANIFESTER AU SEIN DE MA CLASSE ?
3.1 Un unique enseignant, et alors ?
3.2 Les enjeux de la polyvalence
3.3 Des actes divers pour expérimenter ou observer la polyvalence
3.4 Comment j’essaie d’améliorer sans cesse ces faits de polyvalence
6. CONCLUSION : MA NOUVELLE VISION DE LA POLYVALENCE
7. BIBLIOGRAPHIE
8. ANNEXES
9. RESUME

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